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tirans de tous ceux qui subsistent sur cette branche, & ils serviront, lorsque l’année d’après on taillera leur pousse du fort au foible, à fournir de nouvelles bifurcations ou fourches, & ainsi de suite. Quant aux arbres en espalier & en éventail, comme la base de leur taille ne porte pas sur la bifurcation, rien n’est plus facile que la taille du fort au foible. Un seul coup-d’œil sur les bourgeons indique la place où l’on doit tailler.

D. Après s’être conformé aux quatre grands principes fondamentaux, ne reste-t-il plus rien à faire pour la taille d’hiver ?

R. Il faut palisser soit avec des loques, soit sur des alaises, les mères branches, celles du second ordre & les bourgeons ; enfin les assujettir de manière que les coups de vent & autres accidens ne les dérangent pas de la direction qu’on leur a donnée. Quant aux ligatures, elles seront lâches, c’est-à-dire, qu’entre elles & l’écorce, il reste un vuide proportionné au volume que les branches ou bourgeons doivent acquérir pendant l’année. Si la ligature est trop serrée, il se formera un bourrelet, & ce bourrelet, (consultez ce mot) est très-nuisible a la végétation ; que si on est contraint de serrer fortement une grosse branche, soit pour la faire plier, soit pour lui faire prendre une nouvelle direction, cette opération n’aura lieu que petit à petit, & tous les quinze jours on resserrera le lien ; mais entre les points de contact du lien sur l’écorce, on aura soin de glisser de la paille ou des paquets de chiffons, afin que le lien ne meurtrisse pas l’écorce. (Consultez les mots palissage, pêcher)

CHAPITRE III

De la Taille d’été.

La taille d’été a pour objet l’ébourgeonnement, le cassement ou pincement & le palissage. Consultez ces mots, afin d’éviter les répétitions. En quoi consiste la taille d’été du jardinier qui n’a aucun principe ? Dans le courant de juin, ou au plus tard dans le commencement de juillet, il arrive & commence une suite d’arbres gros ou petits, jeunes ou vieux, sains ou souffrans, peu lui importe ; il arrête tous les bourgeons de l’année à trois ou quatre yeux, soit au sommet, soit sur les côtés des arbres : voilà sa taille d’été. Que résulte-t-il de cette absurde manipulation ? aucun bien & beaucoup de mal. La taille est faite à contretemps, puisque l’œil supérieur du tronc du bourgeon qu’il a laissé, se développera & poussera presqu’aussi long que si on n’avoit pas touché au bourgeon ; & sur le bas de ce bourgeon, les yeux resteront simplement à bois, tandis que l’objet de la taille d’été est de les disposer à se changer en boutons qui fourniront par la suite le bois à fruit. Ce n’est encore rien ; il faudra à la taille suivante de l’hiver, rabattre au dessous de la seconde poussée : on aura donc sans nécessité & très-mal à propos, 1°. dérangé le cours de la sève dans sa plus grande impétuosité ; 2°. employé la sève à nourrir en pure perte du bois que l’on retranchera ; 3°. supprimé les ressources que la nature offroit d’elle-même à l’arbre, pour se charger de fruits. Le propriétaire se plaint en-