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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/364

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un pouce, ou même un demi-pouce d’écartement au sommet suffit pour que les oiseaux, en s’y posant, ne puissent, de leurs pattes, envelopper les deux pièces. L’adresse de l’oiseleur est de les leur présenter de manière qu’ils soient forcés de percher ou sur un des côtés de la lame, ou sur les arêtes de la rainure ; dans ces deux cas, en serrant prestement sa ficelle, il est certain de les arrêter ou par les pattes, ou par les ongles.

Pour attirer les oisillons autour de cette embûche, l’oiseleur est obligé de frouer. (Voyez Appeau.) Il peut contrefaire le abouchement de la chouette ; et, lorsqu’il a des oiseaux vivans, il est bon d’en attacher quelques uns au pied de la loge pour servir de moquettes ou appelants. On force aussi de temps à autre ces mêmes oiseaux à crier ; et ces cris attirent toujours les pinsons, les mésanges, les grimpereaux, les verdiers, les fauvettes et autres, que la curiosité ou l’instinct de porter secours à leurs pareils attire en foule vers tous les pièges de cette espèce, où l’homme s’arme, pour leur destruction, du sentiment que la nature leur avoit donné pour un effet contraire, celui de leur conservation. Il est facile de s’épargner la peine de se construire des loges dans les bois, en se servant d’une Hutte ambulante, (Voyez ce mot) avec laquelle on peut se transporter à son gré d’un lieu a un autre, et se saisir des postes les plus favorables. C’est un sûr moyen de rendre sa chasse beaucoup plus fructueuse. (S.)


BRANDES. En terme de forestier, ce mot est synonyme de branches : les belles forêts sont couvertes de brandes. En langage de veneur, les brandes sont les plantes ou les bruyères qui croissent dans les clairières et autour des forêts, et parmi lesquelles les cerfs vont viander ou pâturer. (S.)


BRÈME. Le nom de brème a été appliqué à un poisson de mer du genre des spares, et quelquefois aux carpes qui n’ont ni laitances, ni ovaires, et qui, par conséquent, ne sont d’aucun sexe. Mais le poisson qui fait le sujet de cet article est la vraie brème, (cyprjrius brama Lin.) espèce voisine de la Carpe. (Voyez ce mot.) Nos aïeux l’appeloient brame ; et Rondelet remarque avec raison qu’elle seroit bien nommée en latin, cyprinus latus, (carpe large) parce qu’elle a beaucoup de ressemblance avec la carpe, par ses habitudes, la figure et la grandeur de ses écailles, et la forme de son corps, si ce n’est qu’il est plus large et plus aplati. La tête est petite, si on la compare à la grandeur du corps, et elle paroît tronquée ; la mâchoire supérieure est un peu plus longue que l’inférieure, et le poisson l’avance considérablement, et la retire à volonté ; de grosses lèvres bordent la bouche, dont l’ouverture est petite. Cette forme du museau de la brème a paru assez singulière pour servir de point de comparaison parmi le vulgaire ; lorsque les habitans des rives de la Loire veulent signaler quelqu’un dont la bouche est difforme, ils disent qu’il a la bouche d’une brème.

Ce poisson n’a point de barbillons ; son dos est convexe et tranchant, sa ligne latérale courbée vers le bas, sur laquelle on distingue environ cinquante points noirs ; chacune des mâchoires est armée de cinq dents larges à la base et terminées en pointe. On compte trente-deux vertèbres à l’épine du dos, et quinze côtes de chaque côté. Il y a douze rayons à la nageoire du dos, vingt-neuf à l’anale, dix-neuf à la nageoire de la queue, échancrée en croissant, dix-sept aux pectorales, et neuf aux ventrales, au dessus desquelles est un appendice, caractère particulier à cette espèce. Le