Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/372

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urines et par le piétinement des chevaux ; sans plus de précaution on remplit les trous avec des pierres et de la terre ordinaire. Les urines continuent de pénétrer cette portion du sol ; ou bien, si l’écurie est garnie de pavés, les urines séjournent dans les intervalles et se convertissent, en plus grande partie, en vapeurs nuisibles. Elles imprègnent aussi la terre, moins cependant que dans le cas précédent, où l’on observe que le sol est pourri à une profondeur d’un, deux, trois ou quatre pieds, ce qu’on découvre en faisant creuser dans cet endroit.

Il est encore une autre cause non moins funeste : ce sont des écuries où il y a sur-tout une place où un des animaux tombe malade ; on l’en retire quand il est attaqué ; mais celui qui lui succède subit le même sort, et la mortalité se perpétue, à moins que des circonstances indépendantes de l’intention ne fassent donner une nouvelle destination à l’emplacement devenu le tombeau des animaux. Consultés dans des cas pareils, nous étant rendus sur les lieux, convaincus que la localité recéloit la cause du mal, nous avons fait fouiller le terrain, et c’est à quatre, cinq ou six pieds de profondeur que nous avons trouvé les débris d’un ou de plusieurs cadavres enfouis dans le logement même, suivant le conseil de quelques prétendus sorciers qui entreprenoient par-là de préserver les autres animaux. (V. Charmes.)

3°. Les alimens de mauvaise qualité, tels que des pailles rouillées, des foins vaseux et poudreux, (Voyez Charbon.) Le vert (voyez ce mot) que l’on donne aux vieux chevaux, et à tous ceux dont les viscères, et sur-tout la poitrine, sont affaiblis, ne tarderoit pas de les faire périr de cachexie si on ne se hâtoit de supprimer cet aliment. La cachexie est souvent bien difficile à guérir ; il est plus simple et plus raisonnable de l’empêcher de naître.

Moyens préservatifs de la cachexie. Ils consistent, 1°. À laisser séjourner le moins possible les animaux dans les pâturages humides, dans les momens surtout où il règne des brouillards épais, sur les terrains aquatiques, et à préférer toujours ceux où les plantes sont plus fines, plus savoureuses, à se procurer des fourrages secs, et à ajouter à ces alimens du sel de cuisine, dont les animaux sont très-avides. (V. Sel.)

2°. On remédieroit mal au défaut de nourriture, en donnant tout à coup des alimens en abondance ; il en résulteroit d’autres accidens : (voyez Pléthore, Maladie rouge) ce n’est que par degrés qu’il faut augmenter la ration.

3°. Si le nombre des animaux permet de les traiter chacun en particulier, on remédiera à l’affaiblissement, qui est le principal caractère de la maladie, par des boissons fermentées, telles que le vin, le cidre, ou la bière, et par des panades, auxquelles on ajoutera les baies, ou l’extrait de genièvre.

4°. Si la cachexie dépend d’une suppuration supprimée, on se hâtera d’appliquer les vésicatoires sur la partie même, ou de passer un ou deux sétons à une partie commode dans le voisinage, et d’administrer l’infusion de fleurs de sureau, ou de coquelicot, auxquelles ou ajoutera le sel ammoniac. On bouchonnera de temps en temps le cheval ou le bœuf ; on les enveloppera d’une couverture, et on les placera dans un logement salubre, et à l’abri des courans d’air.

L’huile empyreumatique animale, mêlée à l’essence de térébenthine, (Voyez Huile empyreumatique) convient, dans toutes les cachexies dont nous avons parlé, comme moyen de remédier soit à la foiblesse, soit aux affections vermineuses qui en sont la suite.

On évitera les ravages causés par l’enfouis sage dans les lieux qu’habitent les animaux, en faisant faire des fosses profondes dans quelque endroit inculte ou