Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/175

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rière-saison, d’imiter, avec de petites boulettes de cire traversées d’un fil, les baies du buisson ardent, et de les réunir en grappes : pour les colorer en rouge vif, on fait fondre deux onces de cire, et l’on y mêle trois gros de vermillon, puis on trempe ces grappes artificielles dans ce mélange liquide. J’ai décrit à l’article Geai un rejet portatif dont le mécanisme est le même que celui du rejet à ressort de fil de fer de M. Clavaux. Les seules différences essentielles consistent en ce que dans le premier, le ressort résulte du ploiement d’une baguette souple et élastique ; ce rejet convient très-bien aussi pour les grives, et se place commodément sur les baies et buissons, ou au bord des taillis. Quelques oiseleurs exécutent ce même piège dans les petits bois, et sans y couper les branches dont ils ont besoin ; mais ils se servent du plant vif et sur pied. Pour cela, ils choisissent d’abord un petit arbre montant, droit et assez fort, à la proximité duquel il y ait des brins de taillis flexibles. On élague le petit arbre de ses branches à la partie où l’on se propose de placer son appât, et on le perce d’outre, en outre, à cet endroit nettoyé, d’un trou fait avec une vrille ou vilebrequin : ce trou doit être environ du diamètre d’une plume à écrire. Cela fait, on attache une ficelle, à laquelle est noué un collet de crin, à un brin de taillis flexible qui puisse s’incliner assez vers ce trou pour que le collet passe de l’autre côté ; on l’y arrête par une marchette sur laquelle on étend le collet, comme dans les autres rejets, et le piège est tendu. Les fruits attachés après l’arbre et au dessus de la marchette ne doivent être accessibles à l’oiseau que moyennant qu’il se pose sur le petit bâton dont la chute le livre au jeu du collet. On propose, pour la grive de gui, un cerceau autour duquel pendent à différentes hauteurs une quantité de collets. Ce cerceau attaché par trois cordes, est placé dans l’arbre où le gui croît, et suspendu au dessus de cette plante, de manière que la touffe de gui soit toute entourée de collets comme d’une haie. C’est ainsi que nombre de draines trouvent la fin de leurs voyages. J’ai dit plus haut que les grives qui, en général, sont peu méfiantes, tomboient aussi dans les collets, et dans les pipées ; c’est sur-tout la dernière espèce qui rend fructueuses les pipées tardives, c’est-à-dire, celles qui se font jusqu’en novembre, parce que cette grive est celle qui passe la dernière.

Les chasseurs qui aiment à tirer les grives au fusil les attendent avec succès, lors des vendanges, au moment où elles se retirent, le soir, des vignes dans les bois et haies où elles vont coucher et chercher leur asile. Appesanties et étourdies par les vapeurs du raisin, elles ne se retirent pas sans se reposer une ou deux fois sur les arbres qui se trouvent sur leur route ; les chasseurs les y attendent cachés, et les tuent à loisir : la Hutte ambulante (Voyez ce mot) est beaucoup employée à cet usage.

On a d’ailleurs, pour les attirer en tout temps sous le fusil, des appeaux qui imitent leur cri. Cette initiation se produit en outre très-bien, et assez aisément, en plaçant le bout du doigt index dans la bouche et le pressant fortement des lèvres, comme si on vouloit le sucer. Si on le retire alors avec vitesse, il se fait un petit sifflement très-propre à appeler la grive. Les Provençaux tuent une grande quantité de ces oiseaux à la chasse à l’arbret, (Voyez Becfigue.) Ils ont, pour cette chasse, des appelants ou grives en cage qu’ils nourrissent avec des figues hachées dans du son, mêlées à des raisins noirs.

Les filets que l’on tend plus spéciale-