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Figure 5. — Flan du fourneau à la hauteur du foyer.
Figure 6. — Deux petites tringles de bois ajustées ensemble par des petites chevilles.
Figure 7. — Trépieds en fer.
(Curaudau.)


LIÈVRE, (Lepus timidus. Lin.) quadrupède du genre de son nom, dans l’ordre des Loirs. (Voyez ce mot.)

Caractères génériques, selon M. Linnæus : Deux dents incisives à chaque mâchoire, les supérieures creusées d’un sillon qui les fait paraître doubles ; les inférieures plus petites.

Caractères spécifiques : La queue courte, les oreilles plus longues que la tête, et noires à leur sommet.

Les bois, les montagnes et les plaines découvertes servent également de demeure aux lièvres, si l’on peut cependant regarder comme demeure une carrière d’agitations et de courses provoquées par des peurs sans cesse renaissantes. La foiblesse et la timidité composent le caractère de ces animaux et font le tourment de leur vie, depuis les premiers instans de leur existence jusqu’à ce que les coups ou les pièges de l’homme en tranchent le cours. Un lièvre qui meurt naturellement est un phénomène ; une mort violente termine presque toujours une vie agitée par l’excès de la crainte, et par des poursuites qu’un art meurtrier multiplie et combine avec trop d’ardeur, pour que des êtres aussi foibles n’en soient pas bientôt les victimes.

C’est dans ces derniers temps sur-tout que la guerre contre les lièvres s’est allumée avec le plus de fureur. Le droit exclusif de la chasse conservoit cette espèce sur notre territoire ; son abolition l’a fait presque entièrement disparaître. En cette occasion, comme en beaucoup d’autres, l’intérêt particulier, qui ne s’occupe que de lui seul et ne recherche que les jouissances du moment, l’a emporté sur l’intérêt public, qui ne doit pas laisser à la discrétion de tous l’existence des animaux sauvages, dont la terre, les airs et les eaux sont peuplés, et dont la quantité entretient l’abondance des subsistances. Le gibier et le poisson se multiplioient sous la sauve-garde d’une portion privilégiée de citoyens ; ils ont péri dès que l’on a cru qu’ils étoient la propriété de la généralité des habitans ; la masse des subsistances s’est appauvrie, parce que la consommation du gibier épargnoit celle des animaux domestiques. (Voyez les articles Lapin et Étang, dans lesquels j’ai donné plus de développement à ces principes d’économie publique, méconnus par des hommes à grands talens, mais qui n’envisageoient l’intérêt général que sous un aspect, tandis qu’il se compose de diverses parties, opposées en apparence, mais qui tendent toutes à sa plus brillante prospérité ; je ne parle pas de la licence, toujours disposée à blâmer ce qui contribue à la contenir, elle n’existe que par le désordre et la confusion.

Indépendamment des ressources que les lièvres fournissent pour nos alimens, leur dépouille, de même que celle des lapins, est employée dans les manufactures. (Consultez encore l’article du Lapin). Notre commerce, avant la révolution, tiroit du Levant et de la Sicile, par la voie de Marseille, une forte quantité de peaux de lièvres que nos fabriques consommoient. La Morée seule en fournissoit annuellement près de dix mille, sans compter une quantité à peu près pareille que les Grecs de cette contrée transportoient eux-mêmes à Trieste ou à Venise, ou qu’ils vendoient à d’autres nations européennes. Depuis quelques années, les Anglais avoient tourné leurs regards vers cette branche d’exportation, et le succès de leurs premiers essais les encouragea à continuer ce commerce.

À présent que nos relations commer-