Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/417

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que vous jetterez au feu si vous la condamnez, et que vous ferez voir à M. le comte de Maurepas si vous l’approuvez ? Je lui donne, par mon dernier vers, la louange la plus flatteuse. Je lui dis qu’il a des amis, et c’est votre amitié qui fait son éloge.

Est-ce que vous ne voulez pas donner un musicien à Pandore ?

Est-ce que vous pensez qu’on ne peut rien tirer de cette Mme Prudise[1], en lui faisant faire par pure faiblesse ce qu’on lui fait faire au théâtre anglais par une méchanceté déterminée, qui révolterait nos mœurs un peu faibles et trop délicates ? Le rôle du petit Adine me paraît si joli ! Laissez-vous toucher, et que je fasse quelque chose de cette Prudise.

J’ai lu Édouard. Je vous suis très-obligé de la bonté que vous avez eue de m’envoyer la traduction d’Ortolani[2] ; elle me paraît assez belle.

J’ai répondu à Gresset une lettre polie et d’amitié ; je le crois un bon diable.

Adieu, mon adorable ami ; toujours sub umbra alarum tuarum[3]. Je suis bien persécuté, tout va de travers ; mais vous m’aimez, Émilie m’aime, c’est la réponse à tout.


1260. — À M. DE FORMONT.
À Bruxelles, 1er avril.

Vous voilà dans l’heureux pays
Des belles et des beaux esprits,
Des bagatelles renaissantes,
Des bons et des mauvais écrits.
Vous entendez, les vendredis,
Ces clameurs longues et touchantes
Dont Lemaure[4] enchante Paris.
Des soupers avec gens choisis
De vos jours filés par les Ris
Finissent les heures charmantes ;
Mais ce qui vaut assurément
Bien mieux qu’une pièce nouvelle
Et que le souper le plus grand,
Vous vivez avec du DefFant ;

  1. Ce nom du principal personnage de la Prude a été changé en celui de Dorfise.
  2. Ortolani a traduit quelques chants de la Henriade. Voyez plus haut, lettre 1012.
  3. Psaume xvi, v. 8.}}
  4. Voyez la lettre 1258.