Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/136

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Je sais, en attendant, que l’auteur est un monstre d’insolence et d’ingratitude[1]. Le chien qui suivait Diogène était moins méprisable que lui.

Permettez que je vous adresse un exemplaire d’une brochure[2] plus abominable que tous les livres de Jean-Jacques Rousseau ; elle est pour M. le marquis d’Argence. Ce n’est pas le prétendu marquis d’Argens, compilateur fort plat des Lettres juives, qui est à Berlin ; c’est le marquis d’Argence, maréchal de camp, en son château, près d’Angoulême. C’est un homme très-instruit qui veut réfuter ce détestable ouvrage : il est prodigieusement rare, et, Dieu merci, il ne fera nul mal.

On ne veut donc pas imprimer l’Èloge de Crébillon[3] ? J’étais curieux de le voir.

Je crois frère Thieriot en chemin ; je voudrais bien que vous pussiez en faire autant. Vale.


4918. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, près Genève, 4 juin.

Monsieur, j’ai reçu par M. le prince de Galitzin la lettre du 19-30 avril, dont vous m’honorez. J’avais déjà eu l’honneur de vous mander plusieurs fois[4] que M. de Soltikof était parti pour l’Angleterre ; qu’il avait écrit à Votre Excellence, et que je n’avais aucune de ses nouvelles. Je viens d’apprendre dans le moment que la sœur de l’hôte chez qui il demeurait à Genève a reçu des lettres de lui, datées de Hambourg, il y a environ deux mois. Il lui mandait qu’il allait s’embarquer pour la Russie. Il faut qu’il n’ait demeuré que très-peu de temps en Angleterre, et qu’il se soit hâté de revenir auprès de vous. Je suppose qu’à présent il est à Pétersbourg, Vous le trouverez instruit dans presque toutes les langues de l’Europe, et je suis persuadé encore que Votre Excellence n’aura pas perdu le fruit de ses bienfaits.

Il n’en est pas de même de M. de Pouschkin ; on prétend qu’il en prison à Paris pour ses dettes. Je ne regrette point les deux mille ducats qu’il m’apportait ; mais je regrette infiniment les médailles qui faisaient une suite complète, et qui servaient à l’Histoire de Pierre le Grand.

  1. Dans Beuchot, ces premières lignes terminent la lettre du 28 mai, n° 4911.
  2. Les Sentiments de Meslier.
  3. Voyez tome XXIV, page 345.
  4. Ces lettres sont perdues.