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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/140

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on nous les doit. Riquet[1] s’y oppose. Pouvez-vous nous donner la protection de l’archevêque ? Il faut se lier quelquefois avec ses anciens ennemis contre des ennemis nouveaux.

Je suis un peu en guerre avec Genève, pour avoir recueilli chez moi une centaine de Genevois, et pour avoir établi sur-le-champ une manufacture considérable rivale de la leur. Je suis obligé de bâtir plus de maisons que je n’ai fait de livres. M. le duc de Choiseul me soutient de toutes ses forces, il fait son affaire de la mienne ; Mme la duchesse de Choiseul l’encourage encore, et nous lui avons les dernières obligations. La tolérance universelle est établie chez moi plus qu’à Venise.

Mme de Choiseul est intime amie de Mme du Deffant.

Vous voyez d’un coup d’œil la situation délicate où je me trouve.

Elle l’est bien davantage par rapport à votre Encyclopédie ; Panckoucke pourra vous en informer.

Voilà bien des fardeaux pour un malade de soixante-seize ans.

Mandez-moi, s’il vous plaît, si M. et Mme de Choiseul ont souscrit, ou s’ils l’ont oublié ; il est très-nécessaire qu’ils souscrivent.

Portez-vous bien, mon grand et véritable philosophe, et vivez pour faire respecter la raison et l’esprit.

N. B. Je crois la Grèce entière libre, au moment que je vous parle ; voulez-vous que nous allions y faire un tour ?

7950. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Sans-Souci, 7 juillet.

Que le saint-père ait fait brûler[2]
Un gros tas de mes rapsodies,
Je saurai, pour m’en consoler,
Me chauffer à leurs incendies,
Et mettre aux pieds de Jésus-Christ,
En bon enfant de saint Ignace,
Tout ce que j’ai jamais écrit
Sans l’assistance de la grâce,
Suffisante comme efficace.

Mais ce suisse du paradis.
Était ivre, ou du moins bien gris,

  1. Riquet de Bonrepos, procureur général au parlement de Toulouse.
  2. Voyez les lettres 7893 et 7912.