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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome47.djvu/590

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CORRESPONDANCE.
8450. — DE M. HENNIN[1].
30 décembre.

Point de peste, monsieur, on ignore ce qui a donné lieu ai ce bruit. C’est la cour de Parme qui l’a répandu par ses courriers. Toute l’Italie a été en l’air. Le cordon de troupes se formait déjà en Piémont. Turin était fermé. Il résulte de ceci une preuve de la vigilance de toutes les puissances sur le plus terrible des fléaux, et de la promptitude avec laquelle on couperait la communication, en cas d’une véritable contagion. Je suis très-aise de finir l’année par vous donner le correctif d’une mauvaise nouvelle. Il ne me faudra pas, je crois, beaucoup de protestations pour vous convaincre de la sincérité des vœux que je fais pour que l’année 1772 vous voie toujours le même.

P. S. Douze ou quatorze soldats hongrois morts en arrivant à Crémone avaient répandu l’alarme. La cour de Parme a envoyé des courriers pour démentir ceux qu’elle avait fait partir.

8451. — À M. ***,
sur le procès criminel
intenté dans lyon contre plusieurs personnes accusées de viol
et de parricide.

Le procès criminel[2] concernant la Lerouge et les Perra partage toujours toute la ville et tout le pays de Lyon en deux factions très-animées. On attend du nouveau parlement de Paris un jugement qui éclaire tous les esprits et qui les calme.

L’intérêt que j’ai été obligé de prendre à cette cruelle affaire sera mon excuse auprès de monsieur le rapporteur, à qui je prends la liberté d’exposer mes réflexions.

Je crois apercevoir que cet événement horrible, avec toutes ses circonstances, est fondé sur un fait dont il n’a pas encore été question dans tout le procès.

Il me semble très-probable que la fille Lerouge, allant chercher son chat chez sa voisine la Forobert, à neuf heures du soir, dans une allée obscure qui conduisait à une fosse de latrines que l’on curait alors, soit tombée dans cette fosse, et ait été étouffée sur-le-champ.

C’était le temps où les vidangeurs avaient quitté leur ouvrage, qu’ils reprirent deux heures après. Ils avaient vraisembla-

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Voyez lettres 7783 et 8302 ; et aussi tome XVIII, page 276.