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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/329

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année 1772.

8781. — À MADAME ***[1].
2 mars.

Madame, mon âge de près de quatre-vingts ans et une longue maladie sont mon excuse de vous remercier si tard, et de ne vous pas écrire de ma main.

Si vous êtes Italienne, le Tasse a été votre maître ; c’est Addison, si vous êtes Anglaise.

J’étais mourant quand M. Bourgeois m’apporta votre présent, et je ne pus avoir le bonheur de le voir. Tout ce que je puis faire est d’adresser mes remerciements chez votre libraire. Il a imprimé une tragédie qui vaut beaucoup mieux que la mienne ; je serais plein de jalousie, si je ne l’étais de reconnaissance. Êtes-vous une Anglaise qui a voyagé en Italie, ou une Italienne établie à Londres ? Dans l’une ou dans l’autre supposition, le génie de Shakespeare et l’élégance d’Addison vous ont inspirée.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus respectueuse estime, madame, vôtre, etc.

8782. — DE CATHERINE II[2],
impératrice de russie.
À Pétersbourg, le 20 février (3 mars) 1773.

J’espère qu’il n’est plus question de la colère que vous aviez, le 1er décembre[3], contre les majestés impériales de l’Église grecque et de la romaine. J’aurais tâché de l’apaiser sur-le-champ, si vous ne m’aviez envoyé un mémoire de ce M. Aubry pour lequel vous souhaitez une patente d’associé de l’Académie de Saint-Pétersbourg. Par là vous m’avez mise en négociation avec tous les savants possibles, et ce Congrès n’a pas été plus heureux que celui de Fokchani, quoiqu’il n’ait pas donné lieu à d’aussi mauvais propos. Avec peine ai-je réussi à faire donner la réponse ci-jointe à M. Aubry. Il me semble qu’il y a un peu d’humeur dans les réflexions de nos académiciens ; il me paraît qu’ils auraient pu dire simplement : Nous n’avons guère pensé jusqu’ici à ce que vous nous proposez, quoique nous eussions la chose sous nos yeux tous les jours ; mais nous vous envoyons ce que nous en avons trouvé dans notre bibliothèque, et parce que l’impératrice nous demandait une réponse, ergo nous l’avons faite telle quelle[4].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances, etc., publiée par la Société impériale de l’histoire de Russie, tome XV, page 304.
  3. Voyez lettre 8697.
  4. Séance de l’Académie du 50 janvier 1775.

    Le secrétaire lut et communiqua : Extrait d’une lettre adressée à Sa Majesté l’impératrice par M. de Voltaire, suivie d’un Prospectus. M. de Voltaire s’intéresse