Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques/18

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6 décembre 1990 Documents administratifs 18.

IV.6. Anomalies : verbes en -otter ou -oter et dérivés

6. Anomalies : on mettra fin aux hésitations concernant la terminaison -otter ou -oter, en écrivant en -otter les verbes formés sur une base en -otte (comme botter sur botte) et en -oter les verbes formés sur une base en -ot (comme garroter sur garrot, greloter sur grelot) ou ceux qui comportent le suffixe verbal -oter (exemples : baisoter, frisoter, cachoter, dansoter, mangeoter, comme clignoter, crachoter, toussoter, etc.). Dans les cas où l’hésitation est possible, on ne modifiera pas la graphie (exemples : calotter sur calotte ou sur calot, flotter sur flotte ou sur flot, etc.), mais, en cas de diversité dans l’usage, on fixera la graphie sous la forme -oter. (Voir Analyse 7, Graphies 10, 11, 12, 13.)
Les dérivés suivront le verbe (exemples : cachotier, grelotement, frisotis, etc.).

IV.7. Emprunts : francisation de la graphie

7. Emprunts : on francisera dans toute la mesure du possible les mots empruntés en les adaptant à l’alphabet et à la graphie du français. Cela conduit à éviter les signes étrangers (diacritiques ou non) n’appartenant pas à notre alphabet (par exemple, å), qui subsisteront dans les noms propres seulement. D’autre part, des combinaisons inutiles en français seront supprimées : volapük deviendra volapuk, muesli deviendra musli (déjà usité), nirvâna s’écrira nirvana, le ö pourra, selon la prononciation en français, être remplacé par o (maelström deviendra maelstrom, déjà usité) ou oe (angström deviendra angstroem, [1] déjà usité, röstis deviendra roestis, [1] déjà usité). Bien que les emplois de gl italien et ñ, ll espagnols soient déjà familiers, on acceptera des graphies comme taliatelle (tagliatelle), paélia (paella), lianos (llanos), canyon qui évitent une lecture défectueuse. (Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)

IV.8. Emprunts : graphies multiples

8. Emprunts : dans les cas où existent plusieurs graphies d’un mot emprunté, on choisira celle qui est la plus proche du français (exemple : des litchis, un enfant ouzbek, un bogie, un canyon, du musli, du kvas, cascher, etc.). (Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)

IV.9. Emprunts : le suffixe nominal -er des anglicismes

9. Emprunts : le suffixe nominal -er des anglicismes se prononce tantôt comme dans mer (exemples : docker, révolver, starter) et plus souvent comme dans notre suffixe -eur (exemple : leader, speaker) ; parfois deux prononciations coexistent (exemples : cutter, pull-over, scooter). Lorsque la prononciation du -er (final) est celle de -eur, on préférera ce suffixe (exemple : debatter devient débatteur). La finale en -eur sera de règle lorsqu’il existe un verbe de même forme à côté du nom (exemples : squatteur, verbe squatter ; kidnappeur, verbe kidnapper, etc.). (Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)

IV.10. Néologie : mots nouveaux dérivées de noms en -an ou -on

10. Néologie : dans l’écriture de mots nouveaux dérivés de noms en -an, le n simple sera préféré dans tous les cas ; dans l’écriture de mots nouveaux dérivés de noms en -on, le n simple sera préféré avec les terminaisons suffixales commençant par i, o et a. On écrira donc par exemple : -onite, -onologie, -onaire, -onalisme, etc. (Voir Analyse 7.)

Remarque générale

Remarque générale. Il est recommandé aux lexicographes, au-delà des rectifications présentées dans ce rapport et sur leur modèle, de privilégier, en cas de concurrence entre plusieurs formes dans l’usage, la forme la plus simple : forme sans circonflexe, forme agglutinée, forme en n simple, graphie francisée, pluriel régulier, etc.

V.– Tableau synoptique des correspondances entre analyses, règles, graphies et recommandations

TABLEAU SYNOPTIQUE DES CORRESPONDANCES
entre analyses, règles, graphies et recommandations
Analyses Règles Graphies Recomman-
dations
1 1 1, 2, 3 1, 2
2 2    
3.1
3.2
3.3
 
3
4
4, 5
6, 7
 
 
3, 4
 
4 5    
5 6    
6 7 8, 9 4, 5, 7, 8, 9
7   10, 11, 12, 13 6, 10
1 Il y a risque de prononciation défectueuse quand deux lettres successives peuvent être lues comme une seule unité graphique, comme les lettres o et i, a et i, o et u, a et u. Exemples : génito-urinaire, extra-utérin. Pour résoudre la difficulté, la terminologie scientifique préfère parfois le tréma au trait d’union (radioïsotope, sur le modèle de coïncidence). Toutefois l’Académie a estimé qu’on pouvait conserver le trait d’union en cas de contact entre deux voyelles (contre-attaque, ou contrattaque avec élision comme dans contrordre). De même elle a jugé utile le recours éventuel au trait d’union dans les mots formés de plus de deux composants, fréquents dans le vocabulaire scientifique. Par ailleurs, on rappelle que le s placé entre deux voyelles du fait de la composition se prononce sourd : pilosébacé, sacrosaint.

Suppléments :

  1. a et b Note du Wiki-éditeur : dans angstroem et roestis, le o et le e sont écrits sans ligature dans le Rapport et ne forment donc pas un « e dans l’o » (œ).