« Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/211 » : différence entre les versions
Pywikibot touch edit |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<nowiki /> |
<nowiki /> |
||
« Oh ! mon cher seigneur, dit-elle en s’asseyant sur ses genoux, si vous saviez comme j’ai souffert pendant votre absence et quelle peine j’ai eue pour vivre ! Vous m’aviez emporté mon âme dans votre dernier baiser, et vous ne m’aviez pas laisse la vôtre, méchant ! J’étais comme une morte, ou comme un corps pris de sommeil ; mes larmes seules, roulant en gouttes silencieuses le long de ma figure, faisaient voir que j’existais encore. Lorsque tu n’es pas là, ô Fortunio de mon cœur, il me semble que le soleil s’est éteint dans la solitude des cieux ; les lueurs les plus vives me paraissent noires comme des ombres ; tout est dépeuplé ; toi seul es la lumière, le mouvement et la vie ; hors de toi, rien n’existe : oh ! je voudrais me fondre et m’abîmer dans ton amour, je voudrais être toi pour te posséder plus entièrement ! |
|||
― Oh ! mon cher seigneur, dit-elle en s’asseyant |
|||
sur ses genoux, si vous saviez comme j’ai souffert |
|||
pendant votre absence et quelle peine j’ai eue |
|||
pour vivre ! Vous m’aviez emporté mon âme dans |
|||
votre dernier baiser, et vous ne m’aviez pas laisse |
|||
la vôtre, méchant ! J’étais comme une morte, ou |
|||
comme un corps pris de sommeil ; mes larmes |
|||
seules, roulant en gouttes silencieuses le long de |
|||
ma figure, faisaient voir que j’existais encore. |
|||
Lorsque tu n’es pas là, ô Fortunio de mon cœur, |
|||
il me semble que le soleil s’est éteint dans la solitude |
|||
des cieux ; les lueurs les plus vives me paraissent |
|||
noires comme des ombres ; tout est dépeuplé ; |
|||
toi seul es la lumière, le mouvement et la vie ; |
|||
hors de toi, rien n’existe : oh !je voudrais me fondre |
|||
― Cette petite fille s’exprime très bien dans son indostani ; c’est dommage qu’elle ne sache pas le français, elle écrirait des romans et ferait un bas-bleu très agréable, se dit Fortunio à lui-même en s’amusant à défaire les tresses de Soudja-Sari. |
|||
et m’abîmer dans ton amour, je voudrais être |
|||
toi pour te posséder plus entièrement ! |
|||
― Mon gracieux sultan veut-il prendre un sorbet, mâcher du bétel, ou boire de l’arack ? Préférerait-il du gingembre de la Chine confit, ou une noix muscade préparée ? dit la Javanaise en soulevant ses beaux yeux. |
|||
― Cette petite fille s’exprime très bien dans son |
|||
indostani ; c’est dommage qu’elle ne sache pas le |
|||
français, elle écrirait des romans et ferait un bas-bleu |
|||
très agréable, se dit Fortunio à lui-même en |
|||
s’amusant à défaire les tresses de Soudja-Sari. |
|||
⚫ | |||
― Mon gracieux sultan veut-il prendre un sorbet, |
|||
mâcher du bétel, ou boire de l’arack ? Préférerait-il |
|||
du gingembre de la Chine confit, ou une |
|||
noix muscade préparée ? dit la javanaise en soulevant ses beaux yeux. |
|||
⚫ |
Dernière version du 16 avril 2020 à 07:00
« Oh ! mon cher seigneur, dit-elle en s’asseyant sur ses genoux, si vous saviez comme j’ai souffert pendant votre absence et quelle peine j’ai eue pour vivre ! Vous m’aviez emporté mon âme dans votre dernier baiser, et vous ne m’aviez pas laisse la vôtre, méchant ! J’étais comme une morte, ou comme un corps pris de sommeil ; mes larmes seules, roulant en gouttes silencieuses le long de ma figure, faisaient voir que j’existais encore. Lorsque tu n’es pas là, ô Fortunio de mon cœur, il me semble que le soleil s’est éteint dans la solitude des cieux ; les lueurs les plus vives me paraissent noires comme des ombres ; tout est dépeuplé ; toi seul es la lumière, le mouvement et la vie ; hors de toi, rien n’existe : oh ! je voudrais me fondre et m’abîmer dans ton amour, je voudrais être toi pour te posséder plus entièrement !
― Cette petite fille s’exprime très bien dans son indostani ; c’est dommage qu’elle ne sache pas le français, elle écrirait des romans et ferait un bas-bleu très agréable, se dit Fortunio à lui-même en s’amusant à défaire les tresses de Soudja-Sari.
― Mon gracieux sultan veut-il prendre un sorbet, mâcher du bétel, ou boire de l’arack ? Préférerait-il du gingembre de la Chine confit, ou une noix muscade préparée ? dit la Javanaise en soulevant ses beaux yeux.
― Fais apporter toute la cuisine, ― j’ai la