Cours d’agriculture (Rozier)/BOULET

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 408-409).
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BOULET. Jointure inférieure, située entre le canon & le paturon. Nous disons qu’un cheval est bien planté, quand la face antérieure du boulet se trouve environ deux ou trois doigts plus en arrière que la couronne. S’il avance autant que cette dernière partie ; s’il est sur une ligne perpendiculaire au genou & au canon, le cheval est droit sur ses membres, & cette situation défectueuse annonce qu’il est ruiné ; dans le cas aussi où le boulet est sur une ligne perpendiculaire à la pince, le cheval est bouté ou bouleté. (Voyez Bouleté) Cette position est si contraire à sa conformation primitive, qu’il est totalement à rejeter. Il en est encore une vicieuse, à laquelle on ne sauroit trop faire attention ; c’est celle où cette partie se trouve, par une erreur de la nature, rejetée trop en dehors ou trop en dedans ; alors le cheval est d’autant plus mal articulé, qu’elle ne répond d’aucune manière juste & positive à la ligne du canon ; & l’extrémité, dans ce cas, perd une grande partie de sa force. S’il est mal tourné ; si sa face antérieure est dévoyée intérieurement, le pied suivant cette direction, nous disons que le cheval est cagneux ; & panard, lorsqu’elle regarde la face externe. Ces défauts peuvent encore provenir du genou & du coude. Des boulets menus & petits sont la plupart trop flexibles, & cette flexibilité est un indice presque certain de leur foiblesse. Cette partie ainsi conformée, l’animal communément se lasse & se fatigue dans le plus léger travail, elle est bientôt gorgée ; & l’enflure dissipée, il y reste ou il survient des molettes. (Voyez Molette) Son enflure provient aussi d’un travail excessif ; assez fréquemment alors le boulet est couronné, c’est-à-dire qu’on y observe une tumeur qui l’environne ; elle provient encore d’un repos trop long, d’une infinité d’autres causes, telles que d’une luxation, d’une entorse, d’une contusion. (Voyez ces mots) Tout cheval foible des reins, dont les membres sont peu proportionnés, qui est mal planté, serré, cagneux, panard, se coupe & s’entre-taille. La lassitude, la paresse, le défaut d’habitude de cheminer, une vieille ou mauvaise ferrure, des rivets qui débordent, la froideur de l’allure, sont encore autant de points à observer dans l’animal auquel on peut reprocher ce défaut. Le cheval qui s’entre-taille s’atteint toujours au même endroit ; de-là la chûte du poil & l’atteinte. (Voy. Atteinte) Celui qui s’attrape, se frappe au contraire en différens lieux ; & la partie atteinte n’étant pas toujours la même, il n’y a aucune impression apparente du coup : selon l’endroit où il a porté, l’animal boite dès le premier pas qu’il fait, & la claudication cesse après qu’il en a fait quelques autres. Quand il est las, il bronche en s’attrapant ; il tombe même, s’il chemine avec vîtesse ou s’il galoppe. Ce défaut, qui est une preuve d’une foiblesse naturelle, & qui provient d’une mauvaise action des jambes qui se croisent sans cesse, doit faire rejeter un cheval, parce que ce vice tient à sa constitution, & qu’il est irréparable. M. T.