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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/031-040

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Fascicules du tome 2
pages 21 à 30

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 31 à 40

pages 41 à 50


rapporte dans sa Rhétorique que l’on avoit dit d’un homme qui avoit le visage plein de boutons & tout bourgeonné, vous eussiez dit, à voir son visage, que c’étoit un panier plein de müres.

Les serins deviennent malades quelquefois d’une espèce de bouton, qui se forme sur leur croupion. Il faut, autant qu’on le peut, le leur laisser percer eux-mêmes. S’ils ne peuvent le percer, il faut le couper par la moitié avec une pointe de ciseaux bien fins. Hervieux.

On dit aussi, Des boutons de petite vérole, de farcin.

Bouton, en termes de Chirurgie, est un instrument de fer rond par le bout, & qu’on fait rougir pour guérir certaines plaies, comme les fistules lacrymales, où l’on met un bouton de feu. Cauterium. Les Maréchaux disent aussi qu’il faut mettre un bouton de feu à chaque bouton de farcin pour le guérir.

Bouton de feu est encore un nom qu’on donne au cautère actuel propre à brûler les ose, pour consumer les exostoses & les caries. Voyez le Dict. de M. Col de Villars.

Bouton est encore le nom d’un instrument de Chirurgie dont on se sert pour l’opération de la taille. L’usage de cet instrument est de pénétrer dans la vessie, pour retourner les pierres qui sont mal chargées dans le tenettes, & pour savoir, après la sortie d’une pierre, s’il n’y en a point d’autres.

Bouton, en termes d’Artillerie, est un long bâton tourné sur lequel on attache une peau de mouton, la peau tournée en dehors, qui sert à nettoyer le dedans du canon après qu’il a tiré.

On appelle Bouton de cuiller de canon, un bois sur lequel une cuiller de cuivre est clouée. On s’en sert à retirer les gargousses de l’ame du canon.

Bouton, en termes de Guerre, est le petit corps rond qu’on met au bout d’une arme à feu pour servir de mire, & tirer plus droit. Le bouton d’un canon, d’une arquebuse. Il y a encore le bouton de la culasse du canon, qui est à son extrémité. On appelle aussi bouton la tête de la lanterne, du refouloir, & de l’écouvillon.

Bouton, en termes de Serrurier, est ce morceau de fer attaché au pêne d’une ferrure pour l’ouvrir sans clef. On le dit aussi des verroux, des targettes.

Les essayeurs d’or appellent aussi boutons, les petites parties d’or ou d’argent qu’on leur fournit pour essayer à quel titre sont ces métaux. Il pese ordinairement dix-huit grains, & est de la grosseur d’un bouton.

Pour faire l’essai de l’or, ou de l’argent, on fait fondre & chauffer dans une coupelle une certaine quantité de plomb proportionnée à la quantité d’or, ou d’argent, qu’on veut essayer ; & on fait chauffer ce plomb jusqu’à ce qu’il soit bien clair, ce qu’on appelle bien découvert : on prend alors la matière de l’essai avec de petites pincettes, on la porte dans la coupelle, on ferme les registres, & on la laisse bouillir jusqu’à ce qu’elle ait paru de couleur d’opale, & qu’elle ait été fixée en forme de bouton au fonds de la coupelle. C’est ce qu’on appelle bouton d’essai, ou simplement bouton. Voyez Boizard, Trait. des Monn. Part. I. ch. 19.

Bouton, se dit aussi des poignées de fer ou de laiton, qui sont au-devant des portes, & qui servent à les tirer & fermer. Il y en a de simples, il y en a de ciselées.

Bouton, Terme de Luthier. C’est ainsi que les Luthiers appellent aussi un morceau de bois tourné en forme de gros bouton, où la queue du violon est attachée.

On appelle aussi dans les Académies de jeun des boutons, les faux dés, les dés chargés.

Bouton. Terme d’Artificier. C’est l’extrémité de la tétine du culot arrondie en forme de zone sphérique, du milieu de laquelle s’éleve la broche qui forme l’ame de la fusée.

Bouton. Terme de Conchyliologie. C’est la même chose que bosses & tubercules. On entend cependant par bouton, l’élévation ronde qui se trouve dans le centre d’une spirale, & qui s’éleve par-dessus. En latin Umbo.

BOUTON DE MER. Voyez Oursin, coquillage, Alabastrus marinus, concha.

On dit proverbialement qu’une chose ne tient qu’à un bouton ; pour dire, qu’elle tient à peu de chose. La soûtane de ce Gentilhomme ne tient qu’à un bouton ; pour dire, qu’il la quittera aisément pour se battre. On dit d’une chose qu’on méprise, qu’on ne donneroit pas un bouton. On dit aussi, d’un jeune homme qui, à son entrée dans le monde, a commencé d’une manière à faire attendre beaucoup de lui, qu’il s’est mis le bouton bien haut.

BOUTONNE (la) rivière de France, dans le Poitou, où elle a sa source à Chef-Boutonne. Elle est navigable à Saint Jean d’Angéli, & tombe dans la Charente au Port de Carillon.

BOUTONNEMENT. s. m. Action de pousser des boutons. Le boutonnement des Plantes. Ce mot se trouve dans le Boudot au mot de Gemmatio.

BOUTONNER. v. a. Passer des boutons aux lieux destinés pour les recevoir, soit gances, soit boutonnières. Globulis astringere, constringere. Boutonner son habit. Se boutonner.

Boutonner la bonnette. Terme de Marine. C’est un terme dont quelques-uns se servent pour dire lacer la bonnette maillée. Ils disent aussi déboutonner.

Boutonner. v. n. Terme de Jardinage & de Botanique. Pousset des boutons. Gemmare. Gemmascere. Nos arbres, nos rosiers commencent à boutonner.

Boutonné, ée. part. & adj. On appelle un pourpoint boutonné, celui dont les boutons sont passés dans les boutonnières ; & non pas celui-là qui est garni seulement de boutons. Globulis astrictus. Un visage boutonné, celui qui est chargé de boutons. Vultus papulis rubens.

Boutonné, en termes de Blâson, se dit des roses, & autres fleurs, lorsque les feuilles sont d’un émail, & le milieu ou le bouton d’un autre. Globatus. On le dit aussi d’un rosier qui a des boutons épanouis.

On dit figurément d’un homme mystérieux & caché dans ses discours, que c’est un homme toujours boutonné. Boutonné jusqu’au nœud de la gorge. Acad. Fr.

BOUTONNERIE. s. f. Marchandise de Boutonnier. Globurum officina.

BOUTONNIER. s. m. Ouvrier qui fait des boutons. Globulorum opifex. On le dit de même de celui qui les vend.

BOUTONNIÈRE. s. f. Petite fente surjettée ou garnie de gance ou de galon, dans laquelle on passe des boutons pour fermer les ouvertures d’un habit, ou pour l’attacher. Fissura cui globulus inseritur.

Boutonnière, se dit en Chirurgie, pour une incision faite au périnée, afin de procurer, par le moyen d’une canule, le cours des urines, des graviers & du pus, dans certaines rétentions d’urine, causées par des fongus de la vessie.

BOUTOU. s. m. Espèce d’arme dont se servent les Caraïbes. C’est une sorte de massue d’environ trois pieds & demi de long, platte, épaisse dans toute sa longueur de deux pouces, excepté à la poignée, où son épaisseur est un peu moindre. Le Boutou va un peu en élargissant depuis sa poignée jusqu’au bout. Il est fait d’un bois très-dur, très-pesant, & coupé à vives arêtes, en sorte qu’il n’y a point de coup de Boutou qui ne casse un bras ou une jambe, ou qui ne fende la tête en deux parties ; car ils se servent de cette arme avec beaucoup d’adresse & de force. Ils gravent plusieurs compatimens sur leurs Boutous, & remplissent les hachures de plusieurs couleurs. Le P. Labat, Voyage, T. II.

BOUTS-RIMÉS, BOUT-SAIGNEUX. Voyez Bout.

BOUTRIOT. s. m. Espèce de butin dont se servent les cloutiers d’épingles, pour faire la petite cavité du poincon. Encyc.

☞ BOUTTE. Voyez Boute.

BOUTURE. s. f. Terme d’Agriculture. Une branche de plante ligneuse que l’on coupe des deux côtés, & que l’on plante par un bout tout droit, ou en la pliant dans une terre assez humide, afin de lui faire pousser des racines. Talea, clavola, clavula.

☞ Plusieurs espèces de plantes reprennent de bouture. On ne sauroit trop multiplier les expériences sur les boutures. Cette façon de se procurer des plantes sans le secours des graines renferme trop d’avantages pour être négligée.

☞ Il ne faut pas confondre la bouture avec la marcotte. La bouture est une branche séparée du tronc, coupée par le bas en forme de coin, que l’on plante pour prendre racine. La marcotte est une branche tenant à l’arbre qui lui donne la vie, couchée en terre, & qu’on sévre quand elle a pris racine.

☞ Mariotte, en parlant des boutures, dit que la branche que l’on coupe par le bas en forme de coin, étant mise en terre, la moëlle qui est fort grosse dans les arbres qui reprennent de bouture, s’imbibe comme une éponge de l’humidité de la terre, & qu’elle la transmet aux petites fibres qui sont entre l’écorce & le bois ; d’où ensuite elle est poussée en partie vers le bas pour produire des racines, & en partie vers les nœuds qui sont exposés à l’air, pour enfler les boutons & produire les branches.

M. Duhamel qui trouve cette explication bien vague, observe qu’il n’est pas certain qu’il soit important à la reprise des boutures que les arbres aient beaucoup de moëlle. Le saule, dit-il, l’if, le buis, l’oranger, &c. reprennent aisément de boutures, & cependant ces arbres ont peu de moëlle.

On appelle improprement boutures, certains rejettons enracinés qui naissent au pied de quelques arbres, comme autour des pruniers, pommiers, &c.

Bouture, chez les Orfèvres, est une eau préparée pour blanchir l’ouvrage, ou une lessive faite avec du sel de tartre pour blanchir l’argent. On l’appelle aussi boulure ; mais elle n’est plus guère en usage, à cause qu’on le blanchit au feu.

Dans les Monnoies on appelle bouture, une drogue composée de lie de vin séche émiée, de sel, &c. qui sert au blanchiment des espèces.

BOUVAR. s. m. Nom que quelques Angevins donnent à une espèce de poire, appelée par d’autres Rondette d’Anjour ; par d’autres Amadonte ; par d’autres la Merveille d’hyver, & communément Petit-oin. La Quint. Voyez Petit-oin.

BOUVART. s. m. C’est le nom d’un jeune bœuf. Il y a des cantons où on l’appelle Bouveau, dans d’autres on dit Bouvillon. Ce dernier est le plus usité.

Bouvart, Ancien terme de monnoie. On appelle Bouvart un gros marteau dont on frappe les médailles, & monnoies lorsqu’elles ne sont point faites au moule ni au moulin. On se servoit de ce marteau avant l’invention du balancier.

BOUVEAU. Voyez Bouvillon.

BOUVEMENT. s. m. Outil de Menuisier qui sert à pousser une doucine, différent du bouvet en ce que son profil est une cimaise.

BOUVERIE. s. f. Etablie à mettre les bœufs. Boum stabulum. Les Marchands Bouchers ont des bouveries où ils mettent des bœufs, en attendant qu’ils les tuent. Les Marchands Forains se plaignirent que les Bouchers de Paris mettoient les bœufs qu’ils avoient achetés dans des étables, ou bouveries découvertes, sales & mal saines, & que cela causoit la mort précipitée de plusieurs bœufs. De la Mare.

BOUVET. s. m. Espèce de rabot dont se servent les Menuisiers. Il y a des bouvets à rainures & à languettes, & d’autres à fourchement. ☞ Le bouvet qui fait les rainures se nomme bouvet mâle & celui qui forme les languettes, bouvet femelle. Il y a d’autres bouvets qui prennent différens noms suivant leurs différens usages.

BOUVIER, ière, s. m. & f. Qui conduit ou qui garde les bœufs. Bubulc’us. On le dit figurément des gens grossiers, mal appris, qui sont sans civilité.

Bouvier, est aussi une constellation céleste. Bootes, Arctophylax. Voyez Bootes.

Bouvier, est aussi le nom d’un petit oiseau qui aime beaucoup les mouches. Il a le corps allongé, ainsi que le bec, qui est d’un brun roussâtre. Sa tête & son dos sont de couleur plombée, mêlée de couleur de cendre, & jaunâtre ; sa gorge est semée de tâches noires, ses aîles sont d’un noir jaunâtre diversifié de blanc ; sa queue est longue & noire ; par les côtés elle est blanche. Ses jambes & ses pieds sont noirâtres. Ces oiseaux suivent les bœufs & les vaches à cause des mouches qu’ils trouvent à leur suite, & de-là on leur a donné de nom de Bouviers. Muscicapus boarius dictus.

Il y en a encore une autre espèce, nommée en quelques endroits Borin. Il est un peu plus grand que le Roitelet. Son bec est gréle & aigu, & très-propre à attraper des mouches. Le haut de sa tête, ainsi que son cou & son dos, sont d’un cendré lavé. Le dessus de sa tête, son gosier, sa poitrine & son ventre, sont d’une couleur blanche tirant sur le jaune. Le haut de ses aîles est d’un gros gris cendré ; le bas de même, mais plus blanchâtre. Son croupion est blanc ; sa queue, qui est composée de douze plumes, est longue de trois doigts, & de la même couleur que ses aîles ; ses jambes & ses pieds sont d’un rouge éclatant ; ses ongles sont assez longs & très-menus.

Bouvier. s. m. Bublea. Petit poisson de rivière qu’on appelle autrement Peteuse. Il est long de trois ou quatre doigts, plat, & large de près d’un pouce. Il est couvert de grandes écailles de couleur argentine ; il se tient toujours dans la boue, en sorte qu’il est fort sale quand on le pêche. Sa gueule est petite & sans dents, & sa queue est fourchue. Les Médecins disent qu’il est apéritif. Lemery.

☞ BOUVINES. Voyez Bovines.

BOUVREUIL. s. m. Rubicilla. Espèce d’oiseau de la grosseur d’une allouette, qui a le bec noir, & de la forme à-peu-près de celui d’un perroquet, la tête, les aîles, & la queue noires, le dos gris d’ardoise, & le ventre d’un beau rouge. La femelle en est différente en ce qu’elle a le ventre gris. Le chant de cet oiseau est agréable.

☞ BOUXENG, ville d’Asie, dans la province de Korassan.

BOUXIÈRES. Nom de lieu. Il est à une lieue de Nanci, & est renommé par ses Chanoinesses. Les Chanoinesses de Bouxières étoient autrefois des Religieuses Bénédictines, fondées au commencement du XIIe. siècle par Gocelin, Evêque de Toul. Elles se sont sécul&risées sous le titre de Chanoinesses. Bouxières signifie un lieu planté de buis.

☞ BOUZANNE (la) ou Bouzine. Rivière de France au Berry, qui a sa source aux confins de la Marche, près d’Aggurande, & se perd dans la Creuse au-dessous d’Argenton.

BOUZE DE VACHE. Voyez Bouse.

BOUZIN. s. m. Terme de Carrier & de Maçon. Voyez Boursin.

BOX.

☞ BOXBERT. Petite ville avec un château, chef-lieu d’un petit bailliage du Palatinat du Rhin, en Franconie, quoiqu’elle appartienne à l’Electeur Palatin avec son territoire.

☞ BOXMEER. Ville du Comté de Zupthne, sur les frontières du Duché de Clèves.

☞ BOXTEHUDE. Petite ville d’Allemagne, au Cercle de Basse-Saxe dans le Duché de Brême, sur la rivière d’Est. Buxtehuge.

☞ BOXTEL. Petite ville du Brabant Hollandois, à quatre lieues de Breda, à deux de Bois-le-Duc.

BOY.

BOY. s. m. Nom d’homme. Baudelius. Voyez Baudille.

BOYAR. Senator. Boyarus. s. m. Terme de relation. C’est ainsi qu’on appelle les grands Seigneurs en Moscovie, Magnates, selon l’opinion de Becman : il dit que les Boyars sont ce qu’on appelle ailleurs grande noblesse : il ajoute que le Czar dans ses Diplomes, nomme les Boyars avant les Vaivodes. Quelques-uns écrivent Bojar, ou Bojare.

Boyar, ou Boyare, est aussi le nom qu’on donne aux Nobles de Transylvanie, qui sont parens ou alliés des anciens Vaivodes. Ce nom signifie Seigneur.

☞ BOYARD. s. m. Espèce de civière à bras, dont le fond est un grillage, dans laquelle, dans la fonte du lard de baleine, on place le lardet, les crotons, afon que le suc des uns & l’huile des autres puisent s’égouter dans les bacs. Encyc.

BOYAU. s. m. Les conduits ou tuyaux par où passe tout ce qui sort de l’estomac, auquel ils sont continus. Interaneum, Intestinum. Les boyaux ou intestins sont des corps longs, ronds, creux, & continus depuis le pilote jusqu’au fondement. Ils sont situés sous l’épliploon dans le ventre inférieur, dont ils remplissent presque toute la capacité, qui est depuis le ventricule jusqu’à l’os pubis. Ils sont attaché au dos par le moyen du mésentère qui les lie ensemble, de manière que les grêles sont au milieu du ventre à la région umbilicale, & les gros à la circonférence. Dionis. Quoique les boyaux ne fassent qu’un seul conduit qui va depuis l’estomac jusqu’au fondement, néanmoins on les divise en grêles, ou menus, & en gros. Les grêles sont au nombre de trois ; le duodenum, le jejunum & l’iléon. ☞ Le duodenum, ainsi nommé parce qu’il a environ douze travers de doigt de longueur. Le jejunum, ainsi appelé, parce qu’on le trouve presque toujours vide ; & l’iléon qui tire son nom des tours & retours dont il s’entortille.

☞ Les intestins gros sont aussi au nombre de trois, le cœcum, le colon, & le rectum. Le premier n’a qu’une ouverture. Les douleurs que l’on sent dans le second, se nomment coliques. Enfin le troisième qui nous représente une ligne droite, a environ un pied de longueur & trois doigts de largeur.

Les Anatomistes disent qu’ils ont ordinairement sept fois la longueur du corps dont on les a tirés. Tauvri. Dionis. Cette étendue & les différentes circonvolutions étoient nécessaires tant pour y retenir, plus long-tems le chyle, & le faire fermenter par le mêlange de la bile & du suc pancréatique, que pour le séparer d’avec ses excrémens, & le rendre par le moyen de ces deux liqueurs, plus coulant & plus subtil. D’ailleurs si l’homme n’avoit qu’un boyau, il seroit obligé de manger sans cesse, comme font les loups cerviers & les cormorans, à cause qu’ils ont les boyaux fort courts ; & comme il arrivoit en effet à un homme dont parle M. Dionis, pag. 170. qui n’avoit qu’autant de boyaux, qu’il en falloit pour aller du ventricule à l’anus. Les Médecins les appellent intestins. Les Transactions Philos. n. 107 p. 146. ou Tom. II. p. 111. parlent d’un homme dont les boyaux étoient tout renversés. On dit qu’il y avoit dans la bibliothèque de Constantinople un Homère écrit sur un boyau de dragon, long de six vingt pieds.

Ménage dérive ce mot de botellum, diminutif de buoto, ou vuoto, qui signifie vide. Borel le dérive de voye, d’où est venu, dit-il, le nom de long boyau, qui est une voie longue & étroite. Il prétend qu’on disoit autrefois voyeau ; pour dire, les boyaux des animaux, à cause qu’ils servent de voye aux viandes & excrémens. Du Cange témoigne qu’on disoit autrefois boël & bouël, & croit qu’il vient de botulus, qui signifie aussi boudin.

Boyau-grac. C’est le troisième & le dernier des gros boyaux, qu’on appelle autrement le droit, ou le rectum. Omasum. Il est ainsi nommé, parce que sa partie extérieure est environnée de beaucoup de graisse.

En termes de Fauconnerie, on dit, appétit de boire & faire boyau. Elargir le boyau de l’oiseau. Pour élargir le boyau de l’oiseau, donnez-lui léger pât trempé une nuit en vinaïgre, & sur le pât mettez du sucre ou du miel écumé, ou lui donner de l’eau sucrée.

Franc-Boyau, en termes de Vénerie, c’est le gros boyau, où passent les viandes du cerf que l’on met avec les menus droits. Salnove.

Descente de boyau, est un boyau qui tombe dans les bourses, quand on a fait quelque effort, ou par quelqu’autre cause. Hernia, ramex.

Corde a boyau, se dit des cordes faites de boyaux d’animaux, coupés & tors, dont on fait les cordes de raquettes, & de plusieurs instrumens de Musique, comme violons, violes, luths, théorbes, guitarres. Nervus. Les Anciens se servoient de cordes de lin avant qu’on eût songé à mettre en usage les cordes à boyau.

On dit, en termes de manège, qu’un cheval a beaucoup de boyau, lorsqu’il a beaucoup de flanc, beaucoup de corps, qu’il a les côtes longues, & qu’elles ne sont ni plattes ni serrées. On dit aussi qu’un cheval est étroit de boyau, pour dire, qu’il n’a point de corps.

Boyau, en termes de Guerre, est un fossé couvert de son parapet qui sert de communication à deux tranchées, quand on fait deux attaques. Fossa.

☞ C’est aussi, en parlant d’une tranchée faite pour assiéger une place, chaque partie de la tranchée qui va en ligne droite. On fait un boyau de communication d’une tranchée à l’autre.

On dit proverbialement, je l’aime comme mes petits boyaux.

On dit d’une chose longue & étroite, c’est le chemin de Ville-Juif, long boyau : ou même absolument, c’est un boyau ; ce qui se dit ordinairement des appartemens trop étroits. On dit encore d’une chose dégoutante, qu’elle feroit vomir tripes & ’boyaux.

On dit, pour se moquer de ceux qui se plaignent de quelque petite plaie ou coupure, si tes boyaux sortent par-là, tu en mourras. On dit aussi d’un homme de bon appétit, qu’il a toujours dix aunes de boyaux vides pour festoyer ses bons amis. Toutes ces expressions sont basses.

BOYAUDIER. s. m. Artisan qui fait & prépare les cordes à boyaux, tant pour les raquettes, que pour les instrumens à corde. Nervorum opifex. Le rôle du Conseil de 1691, se sert du mot Boyaudier, & non pas de Boyautier ; & c’est le nom que ces ouvriers ont par leurs statuts, & qu’ils se donnent eux-mêmes.

BOYCININGA. s. m. Sorte de serpent du Brésil. Voyez Boicininga.

BOYE. Terme de Marine. C’est la même chose que Boue ou Basile.

BOYER. Terme de Marine, est une chaloupe flamande, mâtée en fourche, qui a deux semelles pour mieux aller à la boulien sans dériver.

☞ BOYEZ. s. m. pl. Prêtres idolâtres des Sauvages de la Floride. Chaque Prêtre a son idole particulière, & le Sauvage s’adresse au Prêtre de l’idole à laquelle il a dévotion. L’idole est invoquée par des chants, & la fumée de tabac est son offrande. Encyc.

☞ BOYLE. Petite ville d’Irlande, dans la province de Connaught, au Comté de Roscommon.

BOYLE. s. m. Nom propre d’homme. Voyez Baudille.

BOZ.

☞ BOZA. Espèce de boisson qu’on fait en Turquie avec de l’orge & du millet qu’on cuit ensemble, & qu’on laisse ensuite fermenter.

BOZEL. s. m. Terme d’Architecture. Membre rond, & qui a la figure d’un anneau. Torus. C’est la même chose que le Tore.

BOZINE. s. f. Vieux mot. Trompette.

☞ BOZYCHISTRAN. Ville de Grèce, dans la Lavadie propre. Voyez Plevron.

BRA.

BRABANÇON, ONE. s. m. & f. Qui est du Brabant. Brabantius, Menapius, Ambivaritus. On trouve ce nom dans quelques Auteurs, pour dire une homme de Brabant ; mais aujourd’hui il ne se dit plus guère. On use de périphrase, & l’on dit plus communément les habitans, les peuples du Brabant, &c. On appelle Campine Brabançonne, une petite contrée du Brabant Hollandois, dans la Mairie de Bolduc.

On appeloit autrefois Brabançons des troupes d’aventuriers, ou de bancits, qui faisoient le métier de la guerre, & se donnoient à qui les payoit le mieux ; & on les appeloit ainsi, parce que la plupart étoient de Brabant. On les nommoit autrement Routiers, à cause qu’ils étoient toujours en route pour aller par-tout où ils étoient commandés. Le P. Daniel dit qu’on les nommoit aussi Cotereaux. Il y envoya ses Capitaines & ses Brabançons qui les taillerent en pièces. G. Du Moulin. Le Roi d’Angleterre, irrité du soulevement de la Bretagne, envoya les Brabançons ravager les terres de Raoul de Fougères ; mais les gens de Raoul ayant taillé en pièces ceux qui portoient des vivres aux Brabançons, le reste du obligé de se retirer. Lobineau. Le Roi Philippe Auguste les renvoya aussitôt (les Bretons) du côté de Pontorson & de Mortain avec le Comte de Boulogne, Guillaume de Barres, une grande quantité de Gendarmes François, & les Routiers ou Brabançons qui s’étoient rendu à lui à Falaise, & qui avoient mieux aimé prendre parti dans ses troupes, que de ne plus faire la guerre. Id. Philippe Auguste étant sorti de Mante pour aller à Gisors, le Roi d’Angleterre, suivi de plus de quinze cens hommes de troupes réglées, & outre cela, d’une très-grande multitude de ces bandits appellés Brabançons, ou Cotereaux. P. Dan.

BRABANÇONE. Terme de Fleuriste. Tulipe qui est blanc de lait, pourpre, & qui a un peu de rouge. Cult. des Fl.

BRABANT. Province des Pays-Bas, bornée au nord par la Hollande & par la Gueldre ; au couchant par la Zélande & la Flandre ; au midi par les Comtés de Hainaut & de Namur ; au levant par le pays de Liége, qu’on y comprenoit autrefois, de même que le Duché de Limbourg. Maty. Brabantia.

Quelques Auteurs dérivent ce nom de Brennus, nom propre du fils de je ne sai quel Roi de la Bretagne, c’est-à-dire, d’Angleterre. D’autres disent qu’il vient de Bratuspantium, Ville ancienne des Gaules dont parle César, L. II. Comm. C. 13. Mais Bratuspantium n’étoit point du pays que nous appelons aujourd’hui Brabant, puisqu’il étoit entre Beauvais & Amiens. D’autres le dérivent de Salvius Brabon, parent de C. César. D’autres de Gotofridus Barbatus, Godefroy le Barbu, Comte de Louvain. D’autres enfin d’une contrée de ce pays, nommée le Brachbant, ou le Burbant. Le Brabant a titre de Duché, & a eu long-temps ses Ducs particuliers.

Le Brabant se divise en quatre quartiers, sçavoir, de Louvain, de Bruxelles, d’Anvers & de Bolduc. On le distingue plus ordinairement aujourd’hui en Brabant Espagnol, Brabant Hollandois, & Brabant Walon. Le Brabant Espagnol, Brabantia Hispanica, c’est la partie méridionale du Duché de Brabant, où sont Louvain, autrefois capitale de tout le Duché, Bruxelles, qui l’est maintenant, Anvers & Malines. Le Brabant Hollandois, Brabantia Hollandica, ou Batavica, c’est la partie septentrionale du Brabant, qui comprend la Mairie de Bolduc, la Baronie de Bréda, & le Marquisat de Berg-op-Zoom. Le Brabant Walon, c’est-à-dire Gaulois, est une petite contrée du Brabant Espagnol, entre les villes de Nivelle & de Gembours, ainsi appelé, parce que le langage qu’on y parle est un vieux François. Maty.

On trouve Breibant dans les Diplomes de l’Empereur Othon le Grand, rapporté par Mirœus, & par le P. Mabillon, Acta SS. Ben. T. V. p. 300. Il y a sur l’histoire du Brabant, Adriani Barlandi Chronica Ducum Brabantæ ; Melchior Barlœi Brabantias ; Topographia Historica Gallo-Brabantiæ, par Jacq. Le Roi, imprimée à Amsterdam e 1693. in-fol. Castella & Prætoria Nobilium Brabantiæ in-fol. à la Haye en 1699. Antonii Sanderi Chorographia Brabantiæ, à Bruxelle, fol. 1659. Antiquitates Belgicæ Brabantiæ, par Jean-Bapt. Gramaye à Louvain 1708. in-fol.

BRABANTES. s. m. pl. Prexillas-crudos. Sortes de toiles d’étoupes de lin, qui se fabriquent aux environs de Gand, Bruges, Courtrai & Ypres.

BRABÉ. s. m. dans Oribase, est une plante haute d’une coudée, qui pousse de chaque côté des rameaux garnis de feuilles semblables à celles de la passerage, mais plus souples & plus blanches. Ses fleurs sont blanches & disposées en parasol, comme celles du sureau. Dic. de James.

BRABEUTE. s. m. ce mot, purement grec signifie arbitre du prix.

☞ C’étoit parmi les Grecs le nom d’un Officier qui présidoit aux jeux publics & solennels, & qui étoit le juge & l’arbitre des prix. ☞ Cette charge, qui étoit une espèce de magistrature pour juger ceux qui remportoient le prix à la course & autres exercices, étoit fort considérable, non seulement chez les Grecs, mais aussi parmi les Perses. Dans la Grèce, au moins tant qu’elle fut libre, on choisissoit les Brabeutes entre les plus illustres personnages de toutes les villes de la Grèce. Quand ils exerçoient leur charge, ils avoient une couronne sur la tête, un habit de pourpre, & une baguette à la main, pour marque de leur pouvoir. Ils étoient assis dans un endroit séparé de la foule, qui s’appeloit plethrum, πλέθρον. C’étoit un asile inviolable, d’où ils prononçoient leurs jugemens avec un pouvoir absolu. Les prix que l’on distribuoit s’appeloient Brabeïa, Βραϐεία, & les couronnes, Thomiplectes, θεμιπλέκτους, pour marquer que c’étoit Themis elle-même qui les avoit faites & pliées de ses propres mains. Le nombre de ces juges, ou Brabeutes, n’étoit point fixe. Tantôt il n’y en avoit qu’un, quelquefois neuf, souvent sept. Βραϐεὺς, qui distribue les prix. Voyez Athletes et Athlothethes.

BRAC. Voyez Bracque.

☞ BRACCIANO, Braccianum, Bracennum, Brygianum. Petite ville d’Italie, dans la province du patrimoine, avec titre de Duché, sur un lac de même nom.

BRACELET. s. m. Ornement que les femmes portent au bras. Armilla, brachiale. Bracelet de ruban, de perles, de pierreries. Les Amans regardent comme une faveur d’avoir des bracelets des cheveux de leur Maîtresse. Anciennement à Rome les hommes portoient des bracelets aussi-bien que les femmes, & en ornoient leurs bras. Dac. On mettoit les bracelets sur divers endroits des habits, & on les plaçoit le plus ordinairement depuis le haut du bras jusques sur les doigts. Capitolin dit que Maximin avoit le pouce si gros, qu’il se servoit du bracelet de sa femme comme d’un anneau, qu’il portoit au doigt. La matière des bracelets étoit différente, comme elle l’est encore. La plus ordinaire étoit l’or. Les hommes & les femmes en portoient indifféremment, mais les filles n’en portoient jamais, qu’elles ne fussent accordées. Elles se seroient fait tort d’en porter auparavant. Thomas Bartholin a fait un Traité des bracelets des Anciens ; De armillis Veterum.

Ménage dérive ce mot de braciletum, diminutif de bracile, qu’il trouve écrit dès le temps de Justinien. Bracile, dans la vie de S. Germain qui est à la fin du VIIe siècle signifie Cingulum ; & quoique Bollandus, Act. Sanc. Febr. T. III. p. 266, croie que bracile ait signifié le lien dont on attachoir les braies, & qu’il soit formé de bracæ, ou bien qu’il fut pris pour la courroie dont on attachoit la chaussure ; il peut cependant, aussi-bien que le diminutif, avoit été ensuite appliqué à d’autres choses. Voy. encore sur ce mot Hafetnus, Disquisit. Monastic. L. V. Tract. IV. disq. 4.

Du Cange dérive ce mot de brachiala, qui étoit un ornement que les hommes, aussi-bien que les femmes, portoient au bout de leurs manches ; & dit que c’est, ce qu’en termes de Blason, on a appelé dextrochères. Tout ces mots viennent de brachium, le bras ; parce que c’est un ornement du bras. Les Grecs ont fait aussi Βραχιόνον, pour dire la même chose de Βραχίων, le bras.

Bracelet. Terme d’Anatomie. Ligament du poignet. Armilla. C’est ce ligament circulaire, qui embrasse, en formant un cercle dans la région du carpe, toute la multitude des tendons qui servent à la main. Comme il est assez facile de le diviser en plusieurs autres, il y a des Auteurs qui le distribuent en deux, l’un qui environne le dedans du carpe, qui est fort large, & qui rapproche tous les tendons des muscles fléchisseurs ; l’autre qui est placé sur la partie supérieure du carpe, & qu’on divise en six autres plus petits, attachés les uns aux autres, & entortillés autour des muscles extenseurs, sur lesquels ils sont arrangés, comme autant de bagues. Dict. de James.

Bracelet. C’est aussi un instrument de cuir rembourré d’étoffe, dont se servent les Doreurs sur métal, pour se couvrir le bras gauche au-dessus du poignet, pour éviter de se blesser, lorsque pour polir leurs ouvrages, ils s’appuient fortement sur l’étau. Cet instrument sert encore à plusieurs autres ouvriers.

Bracelet, se dit d’un instrument de fer maillé & hérissé de pointes, que des personnes mortifiées se mettent autour du bras.

On dit que les passemens sont mis en bracelet quand ils sont disposés en rond sur les manches. Les Pages de la grande Ecurie du Roi ont leurs passemens en bracelets : ceux de la petite Ecurie les ont en quille, ou en large.

BRACHER. s. m. Braconarius. Voyez Braconier.

Bracher, ou Brasseyer, v. n. en termes de Marine, est faire la manœuvre des cordages pour tendre ou détendre les branles.

BRACHET. s. m. Vieux mot, sorte de chien de chasse. Indagator canis. Borel dit qu’on l’a appelé ainsi à cause qu’il a les pieds courts. C’est apparemment la même chose que Braque.

On a dit aussi autrefois brachet pour bracelet.

BRACHIAL, ALE. adj. m. & f. Terme d’Anatomie, qui se dit en général des différentes parties qui composent le bras. Mais on donne particulièrement ce nom à l’artère placée le long de l’humerus, & aux deux muscles de l’os du coude. Brachialis. Il y a le brachial externe, & le brachial interne. Le brachial interne est ainsi nommé, parce qu’il occupe la partie interne du bras ; il est caché sous le biceps, & prend son origine de la partie antérieure & supérieure de l’humerus, & va s’insérer à la partie supérieure & interne du cubitus, pour fléchir l’avant-bras conjointement avec le biceps. Le brachial externe, ainsi nommé, parce qu’il occupe la partie extérieure du bras, est une masse de chair qui prend son origine de la partie postérieure de l’humerus, & va s’insérer à l’olocrane par une forte aponeurose qui lui est commune avec deux autres. Dionis. Voy. aussi Tauvry, P. II, C, 18. L’artère axillaire passe imméditament au-devent du tendon du grand pectoral. Là on en change le nom, & on lui donne celui d’artère brachiale. Elle descend le long de la partie interne du bras sous le muscle coracobrachial, & l’ancone interne, le long du bord interne du biceps, derrière la veine basilique, donnant de petits rameaux de côté & d’autre aux muscles voisins, au périoste & à l’os. Winslow.

Les nerfs brachiaux en général sont au nombre de six cordons à chaque côté. L’an 1697. M. Duvernei en caractérisa cinq par ces noms, le musculo-cutané, ou cutané externe, le médian, le cubital, le cutané interne & le radial, prenant pour une branche du radial celui que je regarde comme un cordon principale, & que j’appelle axilaire ou articulaire. Winslow.

BRACHIO. On a ainsi appelé le petit d’un Ours.

BRACHITE. s. m. & f. Brachites. Nom de Secte. Les Brachites étoient Sectateurs de Manès, & une branche des Gnostiques. Ils troublerent toute l’Eglise dans le troisième siècle.

BRACHMANES. s. m. Ce sont les Philosophes ou Sages des Indiens. Ils se sont rendus célebres dans l’antiquité par leur genre de vie tout-à-fait austère. Il y en a encore aujourd’hui dans les Indes qui portent le même nom, & qui vivent de la même manière que ces anciens. Les Portugais les nomment Brames, qui est le nom ancien des Prêtres Indiens. D’autres les appellent Bramines ; c’est ainsi que l’écrit toujours l’Auteur de l’Ambass. de Holl. au Japon. Plusieurs croient qu’ils ont pris ce nom du Patriarche Abraham, qu’il appeloient en leur langage Brachma, ou plutôt ils l’ont pris de leur Dieu Brahma, que quelques-uns croient être Abraham. C’est pourquoi Postel leur donne le nom d’Abrachmanes.

Le P. Thomassin, qui rappelle l’origine de tous les morts à la langue hébraïque, croit que le nom Brachmanes vient de l’hébreu barach, fugit, aufugit, fuir, s’enfuir, parce que les Brachmanes se retirent à la campagne, & vivent dans les déserts. On peut aussi, suivant le même Auteur, dériver le nom des Brachmanes d’un autre mot hébreu ; c’est barac, benedicere, orare, prier, bénir ; parce que c’étoit là l’occupation des Brachmanes, qu’ils avoient apprise de Noé, de qui ils descendoient.

Les Brachmanes vivent d’herbes, de légumes & de fruits, s’abstenant de toutes sortes d’animaux ; ils n’en peuvent même toucher aucun sans se rendre immondes, & ils regardent cela comme une grande impiété. Ils passent la plus grande partie du jour & de la nuit à chanter des Hymnes en l’honneur de la Divinité, ils prient & jeûnent continuellement. La plûpart d’entr’eux vivent seuls & dans la solitude, n’étant point mariés, & ne possédant aucun biens. Il n’y a rien qu’ils souhaitent tant que la mort, & ils considèrent cette vie comme une chose onéreuse, attendant avec impatience que leur ame se sépare de leur corps. C’est la description que Porphyre fait des anciens Brachmanes dans son livre De abstinentia animalium. Les Brachmanes tiennent les opinions de Pythagore, dit le P. Kirker, & ménent la vie qu’il menoit, comme il paroît par Maffée & par les autres histoires des Indes ; ou plutôt Pythagore avoit pris des Brachmanes ses opinions & sa maniere de vivre. Les Grecs leur donnerent le nom de Gymnosophistes. Les Indiens disent que les Brachmanes tirent leur origine du fameux Philosophe Xaca. Voyez leurs mœurs, leurs sectes, leurs opinions, &c dans le P. Kirker, China ill. P. III, c. 4, 5, 6, 7, où sont les figures de leurs lettres. Voyez aussi le même Auteur, Œd. Æg. T. III, p. 21, & suiv.

Les Brachmanes sont parmi les Indiens des gens considérables & pour leur naissance & pour leur emploi. Selon les anciennes fables des Indes, leur origine est céleste, & c’est un sentiment commun qu’ils ont encore dans les veines le sang des Dieux dont on les croit descendus. Bouh. Vie de Xav. L. II, le Dieu Brama, disent-ils, pour avoir des enfans, se rendit visible, & engendra les Brachmanes, dont la race s’est multipliée à l’infini. Id. On dit aussi Bramin & Bramine & ''Brâme, en parlant de ceux d’aujourd’hui, Voy. ces mots ; mais en parlant des anciens, il faut toujours dire Brachmanes.

BRACHYCATALEPTIQUE. adj. m. & f. Terme de Poësie grecque & latine. Ce mot signifie proprement qui est court, & qui manque de quelque partie. Il ne se dit que des vers. Brachycatalepticus, a, um. Un vers ïambe brachycataleptique est un vers ïambe qui manque d’un pied. Les Latins appellent ce vers mutilis ; & la Croix, dans son art de Poësie latine, rapporte pour exemple ce vers de trois pieds au lieu de quatre :

Musæ Jovis gnatæ.

Ce mot est grec, composé de βραχύς, bref, & καταληπτικὸς, deficiens, de la proposition κατὰ, & λείπω, linquo.

☞ BRACHYGRAPHIE. s. f. mot formé du grec Βραχύς, brevis, & γράφω, scribo. L’art d’écrire en abrégé. Ces abréviations étoient appellées notæ, & ceux qui faisoient profession d’écrire ainsi, notarii, Scribes.

BRACHYPNÉE. s. f. Brachypnæa. Terme de médecine. C’est une respiration courte & lente, symptôme ordinaire de la léthargie, selon Galien, l. 3, de differ. respir c. 8. Cependant Hippocrate, l. II, Epid. s. 3, &c. entend par Brachypnée une respiration courte sans lenteur, telle qu’on la remarque dans les fièvres & les inflammations. Ce mot est grec, Βραχύπνοια, composé de Βραχύς, bref, court, & de πνοὴ, haleine, respiration. Col. de Villars.

BRACHYSCIEN, ENNE. adj. Qui est d’un climat où l’ombre des corps est courte, a peu d’étendue. Brachycsius, a, um. Les Brachysciens sont les habitans de la zone torride, des pays compris entre les deux tropiques ; & on les nomme ainsi, parce que l’ombre des corps est très-courte dans leur pays. Ils recoivent les rayons du soleil plus verticalement que les autres peuples.

Ce mot est grec, & vient de βραχύς, bref, & σκιὰ, ombre.

☞ BRACKEL. Voyez Brakel.

BRACKENHEIM, petite ville, à deux lieues de Haillebron, sur la rivière de Zaber. Elle appartient au Duc de Wirtemberg.

☞ BRACKLAU, ou Braclaw. Braclavia, ville de Pologne, dans la Podolie, sur la rivière du Bog, capitale du Palatinat auquel elle donne son nom. Cette petite province est entre le Palatinat de Kiovie, la Valachie, & le haut de la Podolie.

☞ BRACLEY. Ville d’Angleterre, en Nothamptonshire, Brackletum.

☞ BRACON. s. m. Vieux mot, qui se dit encore aujourd’hui en hydrolique ; bracon d’une porte d’écluse, console, potence, appui qui soutient cette porte. Telamo.

BRACONNER. v. n. Chasser furtivement sur les terres d’autrui. Les Ordonnances défendent de braconner.

BRACONNIER. s. m. Borel croit que ce mot signifioit un coupeur de bois, à cause de ce que dit Froissard, que chacun devoit trousser derrière soi un braconnier. Lignator.

Braconnier, est aussi, selon d’autres, la même chose que Bracher, c’est-à-dire, un homme qui a soin des chiens de chasse, appelés en françois & en allemand Bracs, & en latin braccones. Le mot Braconarius se trouve en ce sens dans une Charte, d’Henri II, Roi d’Angleterre rapportée dans le Monasticum Anglican. T. II, p. 283.

☞ Aujourd’hui on appelle Braconnier, celui qui chasse furtivement, sans droit & sans permission sur les terres d’autrui, de quelque manière qu’il prenne le gibier.

☞ Quelquefois même on donne ce nom à ceux qui ayant une personne de chasse, tuent sans aucun ménagement le plus de gibier qu’ils peuvent, & dépeuplent une terre.

☞ BRACQUE. Voyez Brague.

☞ BRACTEA. Terme de Botanique par lequel on désigne une feuille singulière qui accompagne certaines fleurs, & qu’on nomme feuille florale, comme au Tilleul.

BRADYPEPSIE, ou Bradupepsie. s. f. Bradypepsia. Terme de Médecine. C’est une digestion lente, foible, imparfaite, & par conséquent un symptôme de l’action diminuée du ventricule qui ne cuit les alimens que fort lentement. Ce mot est composé de Βραδὺς, lent, tardif, & de πέψις, coction. Col de Villars.

BRAGANCE. Ville de Portugal dans la province de Tralosmontes, sur la rivière de Sabor aux confins de la Galice & du Royaume de Léon. Bragantia, Bragantium à 14°. 50’ de longitude, & à 41°. 32’, de latitude, dit M. Corneille. Ferrarius, qui avec d’autres Auteurs l’appelle Cœliobriga, ne la met qu’à 13°. 5’, de long. & à 42°. de latitude. Bragance est divisée en ancienne & nouvelle ville. L’ancienne, qui est sur une hauteur, fut bâtier par Bigo, Roi d’Espagne, l’an du monde 2015, d’où l’on prétend apparemment que lui vient son nom. La nouvelle ville, ou la cité, est au pied de la montagne. Bragance; que les Portugais nomment Braganza, a titre de Duché. Les Ducs de Bragance tirent leur origine des Rois de Portugal, par Alphonse de Portugal premier du nom, Duc de Bragance, Comte de Barcellos & de Guimaraens, fils naturel de Jean I, Roi de Portugal, & d’Agnès Pérez. Jean II, Duc de Bragance fut mis sur le thrône de Portugal en 1640, & c’est son petit-fils qui règne aujourd’hui en Portugal. Voyez la Révolution de Portugal & l’Hist. de Portugal, par M. le Quien de la Neuville, T. I, p. 29.

BRAGARD. s. m. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois brave, ajusté, mignon. Comptus, concinnus, elegans. Ch. est. Dict.

BRAGUE. Ville Archiépiscopale de Portugal, capitale de la province d’entre Douro & Minho, & située sur la rivière de Cavado, Bragua, Braccara, ou Bracara Augusta, Augusta Braccarum. Brague est une des plus anciennes villes d’Espagne. L’itinéraire d’Antonin la nomme Bragara. L’Archevêque de Brague, qui est Seigneur spirituel & temporel de la ville, prétend être Primat d’Espagne, parce qu’Alphonse I, ayant délivré Brague de la puissance des Maures en 1240, tous les Evêques d’Espagne se soumirent à l’Archevêque de cette ville. L’Archevêque de Toléde lui dispute cette dignité. Voyez M. de la Neuville, Hist. de Portugal, T. I. p. 24, 25, 26. Rodrigue d’Acunha, Archevêque de Brague, a donné une histoire ecclésiastique des Archevêques de cette ville. Elle est en Portugais en 2 vol. in-fol. à Brague 1634.

Brague. s. f. Terme de Marine. C’est le cordage qui arrête le recul du canon. On l’appelle aussi bracque, ou drague. Ce cordage passé sur les affuts, est amarré à deux boucles de fer, placées de chaque côté des sabords.

Brague, est aussi un terme de Luthier. C’est un morceau de bois autour du corps du luth pour cacher les éclisses.

BRAGUER. Terme burlesque, pour dire, mener une vie joyeuse ; faire le fanfaron. Gloss. sur Marot.

BRAGUES. s. f. pl. Divertissement en amour, ou tout ce qui peut servir à la vie joyeuse. Gloss. sur Marot.

Bragues, Brages, Braie, en latin Braccæ, femoralia. Vieux mots de notre langue, venus du celtique : ils signifient haut de chausses, culottes. Ces mots sont encore en usage en quelques provinces. Le Limousin qui retient beaucoup de mots du langage celtique, dit Bragas. Les Bragues sont des culottes fort amples à la façon de celles des Suisses de la Garde ; on les arrête sur le genou, où elles bouffent extrêmement. Tout le monde sait que la partie des Gaules où ces hauts-de-chausses étoient en usage, s’appeloit Gallia braccata. De brages, ou plutot bragues, est venu Grégues.

BRAGUETTE. Voyez Braie, ou Brayette.

☞ BRAHILOW. Brahilovia, Brakovia. Petite ville de Pologne, en Valaquie, aux confins de la Moldavie.

BRAHIN, adj. Vieux mot. Stérile. Il est dans le roman de la Rose.

☞ BRAHMA. Voyez Brama.

BRAI, ou BRAY. Voyez Bray.

☞ BRAID-ALBAIN. Albania. Province d’Ecosse, dans la partie septentrionale, au Sud-est de Lochaber.

BRAIE. s. f. Linge qui couvre depuis la ceinture jusqu’aux genoux, comme caleçons, haut-de-chausse. Femoralia. C’est ce qu’on appelle autrement bragues, brages, ou brais, mort celtiques qui avoient donné le nom à la Gaule Narbonnoise de Gallio braccate ; c’étoit une espèce de haut-de-chausse, ou, selon d’autres, une espèce de saye court. Du Cange croit que c’étoit la partie de l’habit qui couvroit les cuisses, comme font nos hauts-de-chausse, que le mot venoit du latin bracæ, ou braccæ, parce qu’elles étoient courtes.

Le peuple de la campagne, qui en a retenu l’usage, en a aussi gardé le nom ; & les Suisses, qui sont ceux des Gaulois, qui ont été le moins sujets aux invasions des peuples étrangers, & par conséquent aux changemens qui ont désolé si souvent le reste de la Gaule, n’ont pas encore quitté cette coutume, dit Chorier, pag. 86. Saumaise, après Isidore, L. XIX. C. 22, veut qu’il vienne du grec βραχὺς. D’autres croient qu’il vient de l’hébreu berec, qui signifie genou, à cause que cet habit va jusqu’aux genoux. Mais Henri Etienne, dans son livre De Latinitate falso suspectâ, ch. 8, p. 360, ne doute nullement que le mot de Braies ne vienne des Gaulois ; & il s’appuie sur l’autorité de Diodore de Sicile qui le leur attribue. Selon le P. Pezron, le mot celtique est brag. Henry Etienne ajoute que ces anciens Gaulois ne prononçoient pas braie, comme nous prononçons aujourd’hui ; mais qu’ils prononçoient ce mot d’une manière plus rude, & qui approchoit davantage du latin bracca, & du grec βράκαι, qui est dans Diodore. Cela s’accorde avec la vieille prononciation bragues. Covarruvias, dans son trésor de la langue Castillane, a remarqué, en parlant de Brague, ville capitale du royaume de Portugal, qu’elle tire son nom des Gaulois celtiques appellés braccati. Enfin, tous les peuples qui descendent des Celtes, qui ont eu la même langue, retiennent encore ce mot ; les François, brague, & broye ; les Allemans, selon les différens dialectes, bruch, broock, bruuk, broek. On a dit en latin Bracca, braccæ, & brucchæ. Les Hibernois disent broges au pluriel, ou broages. Les Anglois britches. Voyez Cluvier, Germ. Ant. L. I. p. 70 & 140. Cambden dit, p. 14 que les Anglois appellent encore à présent brati des habits mauvais & déchirés, sales ; ce qui revient, selon lui, à ce que Diodore de Sicile dit, que les brayers des Gaulois étoient des habits à long poil & de différentes couleurs. Cambden prouve encore, p. 12 que c’étoit aussi un vêtement des anciens Bretons. Quoique l’usage des braies fut dans Rome dès le temps d’Auguste, Tacite l’appelle un vetement barbare, Barbarum tegmen, parce qu’il venoit des Gétes, des Sarmates, des Allemans & des Gaulois. Les Perses, qui tirent leur origine des anciens Scythes, se servoient aussi de braie, Persicam braccam, dit Ovide. ☞ On dit figurément & populairement d’une mauvaise affaire, qu’il en est sorti les braies nettes.

Braie, se dit aussi des linges dont on enveloppe le derrière des petits enfans qui ne sont pas nets, pour les changer plus aisément. La nourrice est allée laver les braies de son enfant.

On dit en Architecture, une fausse braie, ou basse enceinte, expliquée ailleurs à Fausse-braie.

Braie, en termes de Marine, se dit des morceaux de cuir, ou de toile cirée, dont on entoure le pied du mât, ou l’ouverture par où passe la barre du gouvernail, afin d’empêcher que la pluie, ou les vagues n’entrent dedans, ou ne tombent à fond de cale.

Braie, en termes de Charpenterie, sont des pièces de bois qu’on met sur le paillier d’un moulin à vent, pour soulager les meules. Tigillum. Cette pièce de bois a environ six pieds de long, & six pouces de grosseur. Caron.

Braie, se dit aussi, en termes d’Imprimerie, pour signifier un morceau de parchemin qu’on colle au grand timpan, quand il est usé. ☞ On appelle aussi braie une feuille de papier gris ou une maculature coupée en frisquette, qui sert à faire des épreuves.

Braie, chez les Ciriers, est un instrument avec lequel on écache la cire.

Braies, terme de fortification. Les braies paroissent avoir été une fortification comme les Bailles & la Barbacane. Quelques Auteurs les appellent en latin Brachiale. Le P. Daniel. Les braies étoient une espèce d’avant-mur élevé devant la porte de la ville, ou peut-être une saillie de la tour. Idem.

Braies de cocu, plus communément primevère. Voyez ce mot.

BRAIEMENT. s. m. Qui se dit du cri des ânes, comme le hennissement de celui des chevaux. On dit aussi le braire. Rudentis asini sonus, ruditus. Ces deux mots ne sont pas reçus ; ou du moins on ne les trouve point dans nos Dictionnaires. Il faut pourtant choisir entre braiement ou le braire de l’âne, pour exprimer son cri.

BRAILLARD, Voyez Brailleur.

☞ BRAILLE. s. f. Voyez Brailler, terme de pêche.

BRAILLER. v. n. Parler beaucoup & fort haut, sans dire rien de bon, ni de solide. Clamare, vociferari, obtundere.

Brailler, en termes de pêche, se dit du hareng, lorsqu’on le saupoudre de sel, & qu’on le remue avec des pelles, qu’on appelle brailles, afin qu’il prenne mieux la salure.

BRAILLEUR, EUSE. On dit aussi, BRAILLARD, ARDE. adj. Qui parle beaucoup, fort haut, & mal-à propos. Clamator, clamosus rabula. Il ne se fait point brouiller avec ces grands brailleurs. Mol. On dit qu’il n’y a point de terme en françois qui explique rabula, qui veut dire en général un méchant Avocat. Pour moi je l’exprimerois par celui de brailleur, qui est assez le caractère des méchans Avocats. Vign. Mar.

Brailleur, se dit aussi, en termes de manège, d’un cheval qui hennit très-souvent.

☞ BRAINE. Petite ville de l’Isle de France, dans le Soissonnois, à trois lieues de Fismes, avec une abbaye considérable de l’ordre de Prémontré. Brana.

☞ BRAINE L’ALLEU ou L’ALLEUD. Brennia Allodiensis. Petite ville libre, avec une petite juridiction dans les Pays-Bas Autrichiens, entre Bruxelles, Mons & Nivelle.

Braine-le-Comte. Brennia comitis, ou Bronium. Petite ville des Pays-Bas Autrichiens, dans le Hainaut, entre Bruxelles & Mons

BRAIE. v. n. Terme dont on se sert pour exprimer le cri des ânes. Rudere. Un âne chargé d’or ne laisse pas de braire. Coste. Ce verbe ne s’emploie ordinairement qu’à l’infinitif, à la troisième personne du présent de l’indicatif, il brait, ils braient, à la troisième personne du futur, & à la troisième du subjonctif, il brairoit.

Ménage dérive ce mot du latin barrire, ou plutot de rudere qui se dit des ânes proprement. Borel le dérive de bram, qui signifie grand cri en langue gothique.

Braire, se dit figurément & populairement des cris importuns & excessifs des hommes & surtout de ceux qui ont la voix fort rude & désagréable. Vociferari. Il y a long-temps que cet homme ne fait que braire. Ce méchant Avocat ne fait que braire, & ne dit rien qui serve à sa cause.

BRAISE. s. f. Bois ou charbon allumé, & dont l’humidité est consumée, ensorte qu’il ne rende point de fumée ; charbon ardent. Pruna. Des marrons cuits à la braise, ou sous la braise. On dit par hyperbole en tâtant le pouls de celui qui a une grosse fièvre, que tout son corps est tout braise. Un amoureux se plaint populairement qu’il a le cœur tout en braise. M. Boile a fait la comparaison de la braise, ou charbon allumé, & du bois luisant, où il montre leur ressemblance & leur différence. Elle se trouve dans les Transact. Philos. n. 32, p. 605 & T. III, p. 646.

Ce mot vient du grec βράζω, bullio, efferveo.

On dit proverbialement, qu’on est tombé de la poële dans la braise ; pour dire, qu’on est tombé d’un grand mal dans un pire. En parlant d’un homme qui s’est vengé promptement d’un tort qu’on lui a fait, ou qui a fait une repartie prompte & vive à quelque chose de piquant, on dit, qu’il l’a rendu chaud comme braise. On dit aussi, quand quelqu’un vient annoncer sans aucune préparation une mauvaise nouvelle, qu’il l’a donné chaud comme braise. On dit encore, d’un homme qui dans un discours ou dans un écrit, passe légérement sur quelque article, qu’il ne veut pas trop approfondir, il a passé là-dessus comme chat sur braise.

Braise, se dit aussi des charbons que les Boulangers tirent de leur four, & qu’ils éteignent pour les vendre. Acheter de la braise chez un Boulanger.

BRAISIER. Terme de Boulanger. Voyez Brasier.

☞ BRAKEL, Brachelia. Petite ville d’Allemagne, sur la Nette, ou sur un ruisseau qui s’y jette, en Westphalie, Evêché de Paderborn.

BRAME, ou plutôt Brahma, ou Bruma. s. m. Nom d’un Dieu du Tonquin, adoré par les sectateurs de Confucius. Quelques-uns croient que c’est Pythagore qu’ils ont divinisé, fondés sur la métempsychose, & les autres sentimens de ce Philosophe que les adorateur de Brama tiennent aussi. D’autres, à cause de la ressemblance du nom, s’imaginent que c’est Abraham. Ils feignent que Brama s’est fait homme, & qu’il est médiateur entre Dieu & les hommes, dit M. Huet, Dem. Ev. Prop. IV c. 6, d’où ce Prélat infère que les Indiens ont tiré cela du Christianisme, & de ce que S. Thomas, S. Barthélemi, Pantænus, & d’autres, leur en avoient appris. M. Huet écrit toujours Bramma. Mais on écrit communément Brama, ou Brahma.

M. d’Herbelot dit que, selon la doctrine des Indiens, Brahma est le premier des trois êtres que Dieu a créés, & par le moyen duquel il a fait ensuite le monde. Ce Brahma donna aux Indiens quatre livres, qu’ils appellent Bethou, ou Bed, dans lesquels toutes les sciences & toutes les cérémonies de la religion des Brachmanes sont comprises. C’est pourquoi on le représente ordinairement avec quatre têtes. Selon les Indiens, Parabaravastou, c’est-à-dire, le dieu suprême, a créé trois Dieux inférieurs ; savoir, Bruma, Vichnou & Routren. Il a donné au premier la puissance de créer ; au second le pouvoir de conserver, & au troisième le droit de détruire. Ces trois Dieux sont les enfans d’une même femme, qu’ils appellent Parachatti, c’est-à-dire, la puissance suprême. Les premiers Indiens ne vouloient dire autre chose, sinon que tout ce qui se fait dans le monde, soit par la création qu’ils attribuent à Brama, soit par la conversation, qui est le partage de Vichnou ; soit enfin par les différens changemens, qui sont l’ouvrage de Routren, vient uniquement de la puissance absolue du Parabaravastou, ou du Dieu suprême. Let. ed. T. IX, p. 7 & suiv. T. X, p. 18 & suiv. Elles ajoutent que, suivant la doctrine des Indiens ; Bruma tient le premier rang parmi les divinités subalternes ; que c’est lui qui a créé toutes choses, & qui les conserve par un pouvoir spécial que la divinité lui a communique ; qu’il a l’intendance générale sur toutes les Divinités inférieures ; mais que son gouvernement doit finir ; qu’il a un premier Ministre, nommé Divendiren, qui commande immédiatement aux Dieux inférieurs.

Le mot Brahme, en langue Indienne, signifie Pénétrant toutes choses. D’herb.

BRAMAIN. s. m. Brachmanus. M. de Tillemont s’est servi de ce nom. Hist. des Emp. T. II, p. 127, pour Brachmane. Apollone de Tyanes n’avoit encore que sept disciples, qui même le quitterent dès qu’il leur parla d’aller dans les Indes chercher les Philosophes, qui dès ce temps-là portoient le nom de Bramains, ou Brachmanes. Mais ce nom n’est point en usage. On dit toujours Brachmanes & Bramains, seulement des successeurs des anciens Brachmanes ; encore écrit-on Bramin. Voyez ce mot.

☞ BRAMONT. Petite ville de Savoie, dans la province de Maurienne, sur la rivière d’Arc.

☞ BRAMAS. (les) Peuple ainsi nommé entre les villes d’Ava & du Pégu, aux extrémités des Royaumes d’Ava & de Pégu.

BRAME. s. m. On appelle ainsi ceux des Indiens que les anciens appeloient Brachmanes. Les Lettres Edifiantes des Missionn. Jes. T. IX, p. 288 disent Brame, au masculin, & Bramine au féminin. Il étoit Brame, & venoit d’épouser une Bramine. La Bramine avoit été mariée dès son bas-âge à un autre Brame. Il n’y a guère de nation plus orgueilleuse, plus rebelle à la vérité, ni plus entêtée de ses superstitions que les Brames. Lettr. Ed. T. X, p. 31. Voyez Bramin, ou bramine, c’est la même chose. De la Boulaye écrit Bramen, & dit que c’est le nom des Sacrificateurs des Ramistes, ou Indou ; & au pluriel il dit Bramens.

BRAMENATI. s. f. Femme de secte & de famille brame. Il y avoit trois Brames & une Bramenati. Lettr. Ed. Rec. XI. On dit aussi Bramine. Voyez Brame.

BRAMER. v. n. Terme de chasse, qui se dit pour exprimer le cri des cerfs. Clamorem edere cervino similem. Le cerf qui brame au bruit de l’eau. Theophile. On s’en servoit aussi autrefois pour exprimer le cri des éléphans. Ch. Est. Dic.

Il a signifié aussi, crier fortement.

Ce mot vient de bram, qui signifie grand cri en langue gothique. Chorier le tire de βραμέομαι : qui chez les Grecs a le même sens ; crier violemment & importunément.

BRAMIN, ou Bramine. s. m. C’est un Prêtre de la religion des Indiens idolâtres, successeurs des anciens Brachmanes. Les Bramins font la première race des Banians, & sont si versés en Astronomie, qu’ils ne manquent pas d’une minute à prédire les éclipses. Ils ont un si grand respect pour les vaches, que pourvu qu’ils en aient une queue à la main quand ils meurent, ils croient être bienheureux. Ils font quelquefois des processions de 400 lieues, où ils menent des villes & des villages entiers ; & ils nourrissent les peuples, quand ils sont arrêtés aux passages des rivières débordées, d’une manière qu’ils font croire miraculeuse, leur donnant tout ce qu’ils demandent sans avoit fait aucune provision. Un Protestant, nommé Abraham Roger, qui a écrit de la vie & des mœurs des Bramines, en distingue de six sortes ; les Weistnouwa, les Seivia, les Smaerta, les Schaerwaeeka, les Pasenda, & les Tschectea. Il traite assez au long de chacune de ces sectes en particulier dans son Chap. III. Tout son Livre, intitulé La Porte ouverte à la connoissance du Paganisme, contient beaucoup de particularités sur les Bramines.

BRAMPOUR, ou Barampour. Barampura. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, dans les états du Mogol, capitale du Royaume de Condisch.

BRAN, ou Bren. s. m. Excrément de l’homme, matière fécale. Stercus, alvi purgamentum.

Ménage dérive ce mot de Brance, qui est un vieux mot gaulois, dont il est fait mention dans Pline, en parlant du son, qui est encore à présent appelé brann par les Anglois ; & il pense que le bran, qui signifie excrément de l’homme, n’a été dit que par méthapore de l’excrément du blé. Du Cange le dérive aussi de l’Anglois, & temoigne qu’on disoit autrefois, manger du bran de quelqu’un ; pour dire, manger de son pain : & qu’on appelle Brenage, un droit qui se levoit sur le son ; & Brenier, celui qui en étoit Receveur. Mais bren est un mot ancien gaulois, ou celtique, dont les bas-Bretons & les Languedociens se servent encore pour signifier du son.

Bran de Judas, se dit populairement des rousseurs qui viennent aux mains & au visage. Lenticulæ.

Bran-de-son. C’est le plus gros son des grains qu’on a fait moudre, qu’on en tire par le bluteau.

Bran-de-scie, c’est la poudre du bois qu’on scie.

Bran, est encore un terme trivial dont on se sert pour marquer du mépris pour une personne, ou pour une chose. Bran du prédicateur. Bran de vos promesses. Vah, malè sit.

BRANCARDES. s. f. pl. sont les chaînes des forçats.

BRANCARD. s. m. Lit portatif pour transporter des malades. Valetudinarium ferculum. C’est une espèce de grande civière avec des cerceaux en berceau, qu’on garnit de matelas & de couvertures, & qui est portée par des mulets ou par des chevaux, l’un devant, l’autre derrière, & quelquefois par des hommes.

Brancard. Terme de charron. Pièce de bois pliant, qui joint le train de derrière d’une chaise roulante au train de devant, qui aboutit ordinairement à un arc. Lacticarium ferculum. Ils font l’office de la fléche d’un carrosse, & quelquefois la chaise est posée dessus ; quelquefois elle est suspendue sur des consoles. Il y en a aussi aux berlines.

Brancard, est aussi une machine faite par l’assemblage de plusieurs fortes pièces de charpente, & qui sert à transporter des pierres, ou autres fardeaux d’une pésanteur extraordinaire, afin d’empêcher qu’elles ne se cassent, ou ne s’écornent, ainsi qu’on a fait pour les deux pierres qui couvrent le fronton du frontispice du Louvre. Carrucarium ferculum.

On trouve dans la basse latinité branchada dans le même sens que nous disons brancard. C’est apparemment de-là qu’il s’est formé, & branchata vient de brachium, parce qu’il se porte à bras.

BRANCARDIER. s. m. Qui conduit un brancard. En deux ou trois interrogations que les Comédiens firent au Brancardier, ils surent que la femme du Seigneur du village où Mademoiselle de l’Etoile s’étoit blessée, lui avoit rendu visite, & l’avoit fait conduire au Mans avec grand soin. Scarron, Roman com. to. 1, ch. 7, p. 38.

BRANCE. s. f. Espèce de grain, ou de légume. Vieux mot françois : c’est celui dont parle Pline sous le nom de sandalis & sandalum ; & brance en gaulois ou celtique. Voyez Liv. VIII, ch. 7. Borel dit qu’il signifie une sorte de froment très-pur. C’est Pline qui le dit, & qui ajoute qu’il fait beaucoup plus de pain que l’autre froment. Chorier, Hist. de Dauphiné, prétend que c’est le blé blanc. Voyez ce mot.

Borel ajoute que c’est aussi une sorte d’épée, & qu’en cette signification on a dit aussi branc & brans.

BRANCHAGE. s. m. Nom collectif qui se dit en général de tout le bois qu’un arbre pousse en rameaux. Rami, ramalia. On fait du tronc de ces arbres, du bois de charpente ; & du branchage, des cotrets & des fagots.

BRANCHE. s. m. Jeune bois qu’un arbre pousse en rameau au-delà de son tronc. ☞ Les tiges se divisent par le haut en plusieurs grosses branches, brachia, qui se subdivisent en plusieurs petits rameaux, rami, & bourgeons, surculi. Les jeunes branches sont, ou opposées, oppositi. ou alternes, conjugati, rassemblées, compressi, ou qui s’évasent, patentes. Celles qui sont garnies de feuilles sont foliati ; celles qui en sont dégarnies, nudi. Enfin il y en a de garnies de support, & d’autres qu’on nomme proliferes. Les branches sont composées des mêmes parties de la tige.

☞ Dans les arbres fruitiers, les Jardiniers appellent branche à bois, celle qui étant venue sur la taille de l’année précédente, & cela dans l’ordre de la nature, est raisonnablement grosse. Branche à fruit, se dit de celle qui est venue de médiocre longueur & grosseur sur cette même taille. Les branches à fruit ont les yeux gros & assez près les unes des autres. Branche à demi bois, est celle qui étant trop menue pour branche à bois, & trop grosse pour branche à fruit, est coupée deux ou trois pouces de long pour en faire sortir un meilleur jet, soit à fruit, soit à bois, pour contribuer à la beauté de la figure, & amuser la vigueur de l’arbre. Branche de faux bois, ce sont les mauvaises qui sont venues contre l’ordre de la nature, & d’ailleurs que des tailles de l’année précédente, ou qui étant venues sur ces tailles, se trouvent grosses à l’endroit où elles devroient être menues. Elles ont les yeux plats & fort éloignés. La Quint. Pour entendre cet ordre de la nature, il faut savoir, 1°. Que les branches ne doivent venir que sur celles qui ont été racourcies à la dernière taille, & ainsi toutes celles qui viennent en d’autres endroits sont branches de faux bois. 2°. Que l’ordre des branches nouvelles est, que s’il y en a plus d’une, celle de l’extrémité soit plus grosse & plus longue que celle qui est immédiatement au-dessous, & celle-ci plus longues & plus grosse que la troisième, & ainsi des autres ; & par conséquent, si quelqu’une se trouve grosse à l’endroit où elle devroit être menue, elle est branche de faux bois. Il y a cependant quelques exceptions. Idem.

Dans les arbres qui sont vigoureux, & en même temps d’une belle figure, il n’y sauroit guère avoit trop de branches à fruit, pourvû qu’elles n’y fassent point de confusion ; mais à l’égard des branches à bois, il n’en faut d’ordinaire laisser en toutes sortes d’arbres qu’une de toutes celles qui sont sorties de chaque taille de l’année précédente. La Quint.

Branche mere, ou mere-branche, se dit de celle qui ayant été racourcie à la dernière taille, a produit d’autres branches nouvelles. Branches aoûtée, se dit des branches qui sur la fin de l’été cessent de pousser & s’endurcissent, en prenant une couleur noirâtre : si elle demeure verte, elle n’est pas bien aoûtée. La Quint. Branches veules, ou branches élancées, se dit de certaines branches longues & menues, qui ne sont propres ni à fruit, ni à bois, & qu’il faut retrancher. Les branches veules sur un arbre fruitier ne sont propres à rien. Liger. Branches chifonnes, sont des branches courtes & menues qui ne font que de la confusion dans l’arbre, & qu’on doit couper. Branche furieuse, c’est celle qui est très-grande, qui a beaucoup poussé, & fait un beau & grand jet. Il est à propos de conserver toutes les belles branches que les pêchers poussent l’été, à moins qu’il n’en soit sorti une si grande abondance, qu’elles fassent de la confusion. Mais en tout cas, si la nécessité y oblige, il faut avec beaucoup d’intelligence arracher ou couper tout prêt quelques-unes des plus furieuses. La Quint. Voyez encore Gourmand.

On dit figurément, qu’une affaire a plusieurs branches ; pour dire, qu’il y a plusieurs affaires connexes, & jointes ensemble ; qu’il y a plusieurs chefs à discuter.

☞ On dit proverbialement qu’un homme est comme l’oiseau sur la branche, quand il n’a point d’état assuré, de fortune certaine. On dit de ceux qui passent sans raison d’un propos à un autre, qu’ils sautent de branches en branches, & de celui dont la fortune se renverse, qu’il s’est attaché aux branches, quand il ne s’est attaché qu’à des gens qui ne peuvent le soutenir, au lieu de s’attacher au tronc, à celui qui a une autorité supérieure. ☞ Ce mot vient du latin, brancha. Ménage, après Saumaise. D’autres le dérivent de brachium, parce que la branche est comme le bras d’un arbre. D’autres enfin de branchia, parce que les branches sont attachées aux arbres, comme les nageoires aux poissons.

☞ Ce mot a été transporté par métaphore, à plusieurs choses qui sont regardées comme des parties analogues à la branche dans l’arbre.

☞ Ainsi l’on dit une branche de corail. Un chandelier à plusieurs branches ; pour exprimer, une chandelier à plusieurs rameaux qui servent aussi de chandeliers. Un ruban noué à plusieurs branches. Branche d’un bouquet de plume. Branche d’une garde d’épée. Les deux parties d’un bois de cerf sont appelées branches. Branche de commerce, objet particulier de commerce, &c.

Branche, en Architecture, signifie les arcs des voûtes des ogives, lesquels arcs traversant diagonalement d’un angle à un autre, forment une croix entre les autres arcs qui font les côtés du carré, dont les arcs font les diagonales. Quelques-unes de ces branches détachées des pendentifs de la doulle, en rachetent d’autres suspendues, d’où pend quelque cul de lampe.

Branche. Terme de Manufacture d’étoffes de laine, en usage dans quelques endroits de Picardie, parmi les Sergers & Bouracaniers, particulièrement à Abbeville. La branche est une portée de fils dont sont composées les portées qui font la largeur de la chaîne d’une étoffe.

Branches de tranchée, est la même chose que boyau de tranchée. Voyez Boyau.

Branche de la bride, en termes de Manège, sont deux pièces de fer courbées qui portent l’embouchure, les chaînettes & la gourmette, & qui sont attachées d’un côté à la têtière, & de l’autre aux rênes, qui tiennent la tête du cheval sujette. On dit branche hardie, en parlant de celle qui ramene. On forgeoit autrefois une branche pour relever, qu’on appeloit branche flaque. Elle n’est plus en usage.

Les meilleures branches de mords sont de l’invention du Connétable de Montmorenci, qu’on appelle à cause de cela, à la Connétable. Newcastle. De quelque côté que les branches du mords aillent, la bouche du cheval va toujours au contraire. Vous tirez la bride, & cela tire sur les branches en haut, & la bouche va en bas. Id. Voyez sur les branches du mords le même Auteur, pag. 419 & suiv. où il explique ce qui les rend foibles & fortes, & quelle est leur action semblable à celle du levier.

Les Potiers d’étain appellent branche de flambeau, toute la partie du flambeau qui s’élève au-dessus du pied, jusqu’à l’endroit où l’on met la chandelle.

Les deux grands bâtons de devant des crochets d’un Crocheteur, & qui posent sur son dos, sont appelés banches de crochet.

On appelle les branches d’un carrosse, les deux pièces de bois qui sont au derrière du train d’un carrosse, vis-à-vis les moutons, & qui en soutiennent les arc-boutans.

On appelle aussi branches de la trompette, se deux premiers canaux qui portent le vent au pavillon.

Branche, se dit en Anatomie, des rameaux qui sortent d’une grosse veine, & particulièrement de la veine cave.

Branche, se dit aussi figurément des rameaux qui sortent de la souche ou de la tige de l’arbre généalogique, où se voient les descendans en ligne collatérale. La branche masculine. La branche feminine. La branche d’Alençon, de Dreux. La branche de Valois.

Branche, signifie aussi la verge, ou la pièce de bois, ou de fer, qui tient lieu de fléau dans la balance romaine, le long de laquelle le contrepoids est mobile.

Branches de biveau, ou de Sauterelles, sont les côtes de ces instrumens. Le P. Déran les appelle doigts. Daviler les appelle bras.

Branche de voussoir. Voyez Enfourchement.

Branche, en termes de Verrerie. C’est un instrument de fer, long d’un pied & demi, ou environ, avec lequel on élargit la bosse du côté qu’elle a été séparée de la felle qui a servi à la souffler.

Branche de vigne. C’étoit chez les Romains la marque des Centurions.

Branche de Cyprès. C’est une espèce de droit de balise qui se paye au Bureau des Fermes du Roi, établi à Blaye. Ce droit est de 4 s. 6 d. par chaque vaisseau venant de Bourdeaux, Libourne & Bourg. Le tiers de ce droit montant à 1 sol 6 d. appartient au Fermier, les deux autres tiers sont au Duc de Duras, par concession de Sa Majesté.

Branche-ursine. Quelques-uns disent Branque-ursine. s. f. Herbe que les Grecs & les Latins appellent Acanthe, Acanthus. C’est de la representation de ses feuilles qu’on fait les ornemens du chapiteau Corinthien. Voyez ACANTHE.

BRANCHER. v. a. Pendre un soldat, voleur ou déserteur, à une branche d’arbre. Reum de arbore suspendere. Cela n’a d’usage qu’à la guerre. Certains paysans du temps de Charlemagne confessoient avoir semé des poudres dans les campagnes afin de faire mourir les bestiaux, ensuite de quoi on les branchoit de tous côtés, jusqu’à ce que S. Agobard, pour-lors Evêque de Lyon, ayant reconnu leur innocence, entreprit leur défense dans son livre Contra insulsam vulgi opinionem de grandine & tonitruis. Mascur. Ce terme est familier.

Brancher, en termes de Chasse, se dit des oiseaux qui se posent sur une branche d’arbre, qu’on appelle de-là oiseaux branchiers. Sedere in ramo, ramo insidere. Ce sont de jeunes oiseaux de proie qui commencent à sortir du nid, & qui n’ayant pas encore assez de force, volent seulement de branche en branche. En se cens il est neutre.

On dit aussi, Brancher, & prendre le bouton de l’arbre ; c’est-à-dire, se percher sur la cime.

Brancher la bosse. Terme de verrerie. C’est tourner en rond l’instrument que les Verriers appellent Branche, au-dedans de l’ouverture qu’on à faire à la bosse, en l’incisant avec de l’eau, pour la séparer du col de la felle.

Branché, ée, part.

BRANCHÉ, adj. Vieux mot. Perché. Se dit des oiseaux. Gloss. sur Marot.

BRANCHIDES. s. m. pl. Prêtres d’Apollon Didyméen. Branchides. Apollon avoit un temple à Didyme, ville d’Ionie dans la Natolie. Les Prêtres de ce temple s’appeloient Branchides, & le Dieu s’appeloit l’Oracle des Branchides, parce qu’il y rendoit des oracles. Branchidarum Oraculum. Prononcez Brankides.

☞ Les habitans de Didyme s’appeloient aussi Branchides. Ce furent eux qui ouvrirent à Xercés ce temple d’Apollon, d’où il enleva toutes les richesses. Ne se trouvant pas en sûreté dans la Gréce, après cette trahison, ils obtinrent de Xercés une retraite dans la Sogdiane, au-delà de la mer Caspienne, sur les frontières de la Perse, où ils bâtirent une ville qu’ils nommerent Branchides. Mais ils n’éviterent pas la punition de leur crime ; car Alexandre, ayant vaincu Darius, Roi de Perse, & ayant été instruit de cette perfidie, punis dans les enfans l’impiété des peres, en faisant passer au fil de l’épée tous les habitans, & raser entièrement la ville. Quint. Curt. cité par Mor.

BRANCHIER. adj. m. C’est ainsi qu’on appelle en fauconnerie les jeunes oiseaux de proie qui sortent du nid, & qui n’ont encore la force que de voler de branche en branche. Accipiter arborarius.

BRANCHIES. s. f. pl. C’est le nom que les Médecins grecs ont donné aux oüies des poissons, qui sont des parties composées de cartilages & de membranes, en forme de feuillet, qui leur servent comme de poumons.

Ce mot est grec, & vient de βράγϰια, qui signifie la même chose. Et selon le P. Pezron βράγϰια vient du mot celtique brenc.

BRANCHU, UE, adj. Qui a des branches. Ramosus. Il ne se dit que des arbres & des plantes, & est fort usité en Botanique.

BRANCHUS. s. m. βράγχος, τὸ, fluxion d’humeur sur la gorge, ou espèce de catarrhe. Dict. de James.

☞ BRANCHUS, Devin, étoit fils de Smicrus, que son pere Democlus de Delphes, avoit laissé à Milet. Ce fils y épousa une fille riche, laquelle étant prête d’accoucher, songea que le soleil entroit par sa bouche & sortoit de ses entrailles. Les Devins dirent