Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/631-640

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Fascicules du tome 2
pages 621 à 630

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 631 à 640

pages 641 à 650


certains mots portoient malheur ; comme de prononcer le mot incendie dans un repas. De même, au lieu de dire prison, ils disoient domicile, & au lieu des Erynnies, les Euménides. Dans le second sens Clédonisme seroit une divination tirée des oiseaux, & qui ne différoit point de l’Ornithomancie, mais je ne le trouve point en ce sens quoiqu’on dise en grec κληδονίζω, pour augurer, deviner par le moyen des oiseaux.

CLEF, s. f. prononcez & écrivez clé. Cette orthographe devient plus à la mode. Petit instrument de fer percé & fendu, ensorte qu’il réponde aux ouvertures & aux gardes d’une serrure, pour en faire mouvoir le ressort qui la fait ouvrir & fermer. Clavis. Une clé est composée d’un anneau, d’une tige, d’un panneton, dont l’extrémité s’appelle le museau, lequel est divisé en plusieurs dents. Quelquefois le bas de la tige qui tient à l’anneau, est orné d’une moulure, qu’on appelle embase. Les clés des serrures benardes ont une éminence de fer sur le panneton, qu’on appelle hayve, pour les empêcher de passer outre dans la serrure.

Laurentius Molineus a fait un Traités des Clés imprimé à Upsal, où il dit que le mot de clé vient du grec κλεὶς, d’où les Latins ont fait clavis, & qu’il y a des peuples en Suède qui n’ont point de clés. L’inventeur des clés a été un Théodore de Samos, selon Pline & Polydore Virgile : ce qui est faux, parce que l’usage des clés étoit plus ancien que la guerre de Troye, & qu’il en est parlé dans le 3e Chap. des Juges, & au 19e de la Genèse. Molineus croit que les clés n’ont servi d’abord qu’à défaire certains liens avec lesquels on fermoit au commencement les portes. Il soûtient que les clés Laconiques étoient semblables à celles dont nous nous servons aujourd’hui avec trois simples dents, qui faisoient la figure d’un E. On en voit de cette forme dans les cabinets des curieux ; qu’une autre clé nommée Βαλανάγρα, étoit faite en vis, à laquelle une espèce de verrou, qu’on mettoit aux portes, servoit d’écrou. C’est à-peu-près ce qu’on appelle aujourd’hui une fiche.

Clé, (Fausse) est une clé qu’on a contrefaite pour ouvrir une chambre, ou un coffre à l’insçu de son maître. Clavis adulterina. C’étoit chez les vieux Romains un crime capital à une femme d’avoir de fausses clés, aussi-bien que l’adultère.

Une clé faussée ou forcée, c’est une clé qu’on a gâtée ou rompue, en voulant la tourner avec trop de violence. Clavis corrupta, vitiata, rupta. Cela est sous la clé, c’est-à-dire, enfermé. Sub clavi esse.

Présenter les clés, c’est faire un acte de soumission, d’obéissance, aux Souverains, quand ils entrent dans leurs villes, ou aux Conquérans, quand ils se présentent devant celles de ennemis, ou aux Gouverneurs & aux Grands qu’ils y envoient en leur nom. Claves offerre, exhibere.

On appelle Gentilshommes de la clé d’or, certains grands Officiers de la Cour de l’Empereur ou du Roi d’Espagne, & qui ont droit d’entrer dans la chambre de ces Princes, & qui portent une clé d’or à leur ceinture, pour marque de ce droit.

☞ On lit dans Grégoire de Tours & S. Grégoire, que les Papes envoyoient autrefois une clé d’or à des Princes, comme un grand présent, dans laquelle ils enfermoient un peu de limaille des chaînes de S. Pierre, qu’on garde dévotement à Rome ; & que ces clés étoient portées au cou avec une grande vénération, comme une chose qui avoit des vertus extraordinaires.

☞ La fonction de cet instrument d’ouvrir & de fermer, a fait donner, par analogie, le même nom à plusieurs instrumens d’une forme différente, comme on le verra par les articles suivans.

☞ Les clés ont été de tous les temps le symbole de la puissance & de la prééminence. Il est dit de J. C. qu’il a la clé de la maison de David : expression figurée, qui marque sa puissance absolue sur l’Eglise ; & pour dire qu’il est le maître de la mort & de l’enfer, l’Écriture se contente de dire qu’il a la clé de la mort & de l’enfer. J. C. lui même, pour déclarer à S. Pierre qu’il l’établissoit le Maître de son troupeau, le Chef de son Eglise, lui dit : Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux.

☞ Dans ce sens, clé se dit de la juridiction ecclésiastique. Potestas clavium.

Les clés de la Septuagésime. Voyez Chaire de S. Pierre.

Clé se dit encore des principes qui donnent une grande ouverture pour les sciences, qui y servent d’introduction. Clavis. La Grammaire est la clé des Sciences, la Logique de la Philosophie, la Géométrie des Mathématiques.

La Géométrie, & sur tout l’Algèbre, est la clé de toutes les recherches que l’on peut faire sur la grandeur. Fonten. Histoire de l’Académie des Sciences, Pref..

C’est en ce sens qu’on a donné le titre de clé à plusieurs livres. La clé de l’Art de Raymond Lulle. La clé majeure d’Artéphius. En chacune de ces disputes, il y a un moyen général de parvenir à la décision, & qui en est comme la clé : nous l’appellerons de ce nom abrégé.

Clé, en termes de Polygraphie & de Stéganographie, signifie aussi l’Alphabet d’un chiffre, qui est secret & commun entre celui qui écrit la lettre, & celui qui la déchiffre. Il y a des chiffres à simple clé, quand on se sert toujours des mêmes caractères : des chiffres à double clé, quand les caractères sont variés plusieurs fois. Voyez Chiffre. C’est presque en ce sens qu’on dit qu’un homme a la clé d’une affaire ; pour dire, qu’il en a le secret, la conduite, qu’il en est le maître. C’est aussi dans ce sens qu’on dit, avoir la clé d’un Auteur, d’un Roman, d’un livre dont on a déguisé les noms, & où il y a quelque chose de particulier, quand on a les noms véritables, au lieu des fabuleux dont l’Auteur s’est servi ; ou qu’on a l’explication de plusieurs endroits obscurs qui ont relation aux temps & aux lieux. La clé de Cyrus, de Rabelais, du Catholicon d’Espagne, de l’Euphormion de Barclay, de l’Histoire amoureuse des Gaules, des caractères de M. de la Bruyere. Il y a aussi la clé des Epitres de Saumaise, de Scaliger, de Casaubon, par le moyen de laquelle on a la connoissance des choses particulières qui sont dans ces Auteurs. Il y a une clé pour entendre tout ce qu’il y a de caché & de mystérieux dans Raymond Lulle, dans Paracelse, &c.

Clé se dit, au figuré, des Villes fortifiées qui sont sur une frontière dont la prise donne l’entrée aux ennemis dans le Royaume. Claustra. Pignerol est une des clés de l’Italie.

Clé se prend dans le même sens en morale. La clé d’or passe par tout, ouvre tout ; pour dire, qu’avec l’argent on vient à bout de tout.

La clé du coffre fort, & des cœurs, c’est la même.
Que si ce n’est celle des cœurs,
C’est du moins celle des faveurs. La Font.

Clé se dit encore figurément en ces phrases. On dit, qu’un garçon a la clé de ses chausses, quand il est assez grand pour n’être plus en âge d’avoir le fouet. On dit, qu’un prisonnier a la clé des champs, quand il est en liberté. On le dit aussi des animaux. On dit aussi de ceux qui ont des lieux mal fermés, ou de ceux qui ont pris des précautions inutiles pour quelque chose, vous en avez la clé, & nous en avons la serrure. On dit, qu’un homme a laissé ses clés en Justice ; pour dire, qu’il a fait cession : car c’étoit autrefois une cérémonie qu’on faisoit en ces occasions, de laisser sa ceinture et ses clés à l’audience. On dit, par une semblable raison, qu’une femme a mis les clés sur la fosse de son mari ; pour dire, qu’elle a renoncé à sa communauté : & on le dit figurément dans les autres affaires, quand on les abandonne.

Clé, en termes de Musique, est une marque qu’on met au commencement des réglets, qui avertit du ton sur lequel on doit commencer le chant, lequel est tantôt un re, tantôt un sol, tantôt un ut, &c. Dans la clé de G, re, sol, ut, & ainsi des autres notes qui sont à la suite des lettres qui sont marquées sur la gamme. C’est un caractère qui donne connoissance du nom de toutes les notes assises sur l’échelle musicale qu’on appelle gamme. Notarum musicarum index, figura, ou signum, nota. Les trois clés, sont G, re, sol. C, sol, ut. F, ut, fa. Ces trois lettres, g, c, & f, sont appelées clés, parce que dans les notes qui suivent ces lettres, se rencontrent les ut, qui commencent & ouvrent le chant, qui n’est répété que trois fois dans toute l’étendue de la gamme : c’est pourquoi on n’admet que trois clés en Musique. Dans le Plain-chant la clé de C, sol, ut, ne peut être située que sur la première, seconde, ou troisième ligne, & jamais sur la quatrième, ou très-rarement. La clé d’F, ut, fa, n’est jamais située que sur la deuxième ligne, ou très-rarement sur la première. Nivers. Chaque clé donne son nom aux notes qui se rencontrent sur la ligne où elle est posée. Monteclair. Des trois clés du systême moderne, celle de G est affectée aux dessus, ou voix aigües : celle de F, aux voix graves, ou basses : celle de C aux voix ou parties du milieu. De Brossard. Petite clé, c’est la clé de F, quand elle est sur la troisième ligne, qui est celle du milieu ; quand elle est sur la quatrième on l’appelle grande clé.

Clé, en termes de Vénerie, se dit des meilleurs chiens & des mieux dressés, qui servent à redresser & à conduire les autres, qu’on appelle clé de meute. Canes ceterorum duces.

En ce sens on le dit de ceux qui dans des compagnies où l’on opine, où l’on dispute, entraînent les autres à leur parti.

Clé, en fauconnerie, ce sont les ongles des doigts de derrière de la main d’un oiseau de proie.

Clé, en plusieurs endroits, se prend pour le robinet d’un tonneau. Epistomium.

Clé dans plusieurs arts & métiers signifie un instrument qui n’a qu’un trou carré, qui sert à faire mouvoir des vis, des roues, des pignons, des chevilles, & qui est fait en espèce de manivelle. Clavicula. Ainsi on dit, la clé d’un lit pour en tourner les vis. La clé d’une carabine, d’un pistolet, pour en bander le ressort. La clé d’une montre, pour la monter. La Clé d’une épinette, d’un clavecin, pour l’accorder & en tourner les chevilles. La clé du robinet d’une fontaine.

On appelle aussi clé, certaines petites boëtes mobiles qui servent à boucher les trous des flûtes, & des autres instrumens semblables, sur lesquels on les applique. Clavulus.

Clé se dit aussi en Architecture de ce qui ferme, qui arrête quelque chose. La clé d’un arc, ou d’une voûte, est la dernière pierre qu’on met au haut d’une voûte, qui étant plus étroite par en bas que par en haut, presse & affermit toutes les autres. Testudinis conclusura. On l’appelle autrement mensole.

Quand la clé excède la hauteur d’un bandeau, on l’appelle clé passante. Il en est de bizarres qu’on appelle guimberges. Frézier.

La clé est différente selon les Ordres ; au Toscan & au Dorique, ce n’est qu’une simple pierre en saillie ou bossage. À l’Ionique, la clé est taillée de nervures en manière de console avec enroulemens. Au Corinthien & au Composite, c’est une console riche de sculpture avec enroulemens & feuillages. La clé en bossage, est celle qui a plus de saillie que les claveaux ou voussoires, & où l’on peut tailler de la sculpture. Clé pesante, est celle qui traversant l’architrave, ou même la frise, fait un bossage qui en interrompt la continuité. Clé pendante & saillante, c’est la dernière qui ferme un berceau de voûte, & qui excède le nu de la douelle dans sa longueur. Clé à crossette, est celle qui est potencée par en haut, & qui a deux crossettes qui font liaison dans un cours d’assise.

La clé d’un pressoir est la vis qui le fait mouvoir, & qui le tient ferme. Cochlea, fibula. Les tenons sont des clés de bois qui servent à assembler les pièces de menuiserie. Subscus, cardo. Les clés des poupées, d’un tour ou autre machine. Clavus suculæ. Clés d’une poutre sont les chevilles de fer que l’on met au bout de la poutre pour la tenir plus ferme dans le mur.

Clé, en termes de Marine, est une grosse cheville de bois qui joint un mât avec l’autre vers les barres de hune, & qu’on ôte à chaque fois qu’il faut amener le mât. Clavus ligneus. La clé des étains, est une pièce de bois qui tient les étains à l’étambot. Clé de pierrier, est une clé de fer faite en façon de goupulle qui sert à tenir la boite du pierrier en sa place. Fibula ferrea. Clé de guindas, se dit d’une pièce de bordage entaillée en rond, qui tient un des bouts de guindas sur les coittes. Clé de pompe, c’est une espèce de cheville de bois carré, qui tient la bringueballe sujette avec la pompe. On appelle aussi clé, un bout de cable qui tient un vaisseau par l’arrière, quand on le veut mettre à l’eau.

Clé, ou Pas-d’âne, terme d’Horlogerie. C’est une pièce qui tient une grande roue jointe contre un des bouts d’un cylindre d’une Pendule à secondes, ou d’une roue de cadran contre son canon, pour qu’elle soit ferme à tourner.

Clé, en termes de Cordonnier, est un morceau ede bois qu’on fourre dans une forme brisée pour élargir le soulier. Clavus ligneus. On l’appelle clé de forme. Il y a aussi un autre morceau de bois que les Cordonniers appellent clé d’embouchoir, & dont ils se servent pour élargir les bottes.

En termes de Blason, on dit des clés en pal, ou en sautoir, couchées, ou adossées, selon que les pannetons sont disposés. Claves in palum, in decussim positæ, claves observæ.

CLÉIDOMANCIE. Voyez Clédomancie.

CLÉMATIS. s. f. Plante médicinale. Voyez Pervenche, c’est la même chose. Vinca, pervinca. Il y a une autre nouvelle espèce de clématis d’Amérique, qui a quatre feuilles semblables à celles du laurier, qui a le goût d’un champignon, dont la fleur est un cornet rouge tirant sur l’orange, & semblable au jasmin d’Inde à fleurs pourprées. Elle est plus amplement décrite dans les Mémoires de Dodard.

CLÉMATITE. s. f. Clematitis. Plante ordinairement sarmenteuse, & dont on cultive dans les jardins certaines espèces à cause de la couleur de leurs fleurs. Celles-ci sont vivaces, & grimpent sur les corps voisins. Leurs sarmens sont menus, garnis de feuilles qui sont au nombre de trois, portées sur une même queue. Elles sont arrondies, lisses, d’un vert-gai, & âcres au goût, quelquefois échancrées, quelquefois entières, sans aucune dentelure sur leurs bords. Leurs fleurs, quoique sans odeur, ne laissent pas d’être agréables ; elles sont composées de quatre pétales, longs d’un pouce, disposées en croix, & bleuâtres dans certaines espèces, purpurines ou violettes dans d’autres. Ce nombre de pétales venant à augmenter, la fleur devient double, plus agréable & plus recherchée ; ce n’est cependant qu’une monstruosité. Le milieu de ces fleurs est garni d’un nombre considérable d’étamines. Le pistil, après la chûte des étamines & des pétales, devient un fruit chargé de plusieurs semences, ramassées en tête, & terminées chacune par une barbe fine, pareille à celle d’une plume. Cette plante est nommés par la Botanistes Clematitis cærulea, vel purpurea repens, flore simplici, vel multiplici. Elle croît en Italie & en Espagne dans les haies.

On pourroit joindre à celle-ci la Clématite qui a été observée en Hongrie par Clusius. Clematitis Pannonica. Elle diffère de la précédente 1°. par ses sarmens, qui se tiennent droits ; 2°. par ses feuilles, qui sont seules sur une queue, & toujours opposées deux à deux le long des tiges ; 3°. par sa fleur, qui est plus grande, & bleuâtre cependant, & qui donne pareillement des semences barbues.

La plante qu’on pourroit appeler Clématite ordinaire, Clematitis silvestris, latifolia, est connue sous le nom d’herbe aux gueux, parce qu’étant fort âcre & fort brûlante, elle sert à ces sortes de gens pour entretenir ou augmenter les ulcères de leurs corps, & exciter par-là la compassion. On trouve cette Clématite dans les haies, & dans les bois du Royaume. Ses tiges sont sarmenteuses, s’étendent beaucoup, & sont chargées de feuilles au nombre de trois ou de cinq, portées sur une queue ; les feuilles sont dentelées, & même échancrées assez profondément sur leurs bords : leur couleur est foncée : & elles sont brûlantes au goût. Leurs fleurs naissent par bouquets, elle sont blanchâtres, à quatre pétales, petites à proportion des précédentes, de bonne odeur, & donnent des semences barbues ramassées en tête, de manière qu’on diroit de loin que ce sont des flocons de laine.

Il vient en Languedoc une autre espèce de Clématite qui est plus petite que celle-ci dans toutes ses parties, qui rampe ordinairement, & qui a ses feuilles plus menues, d’un vert plus gai. On la nomme Clematitis tenuifolia, sive flammula repens. On auroit peine à trouver une plante plus brûlante au goût que cette dernière espèce.

Ce mot vient de κλῆμα, Verge.

☞ CLÉMENCE. s. f. Vertu qui porte à pardonner les offenses, & à modérer les peines. C’est proprement un Acte par lequel le Souverain relâche à propos de la rigueur du droit. Clementia. C’est, dit M. de Montesquieu, la qualité distinctive des Monarques. Dans les Monarchies où l’on est gouverné par l’honneur qui souvent exige ce que la Loi défend, elle est plus nécessaire. La disgrace y est équivalente à la peine. Dans l’Etat despotique où règne la crainte, elle est moins en usage, parce qu’il faut contenir les Grands de l’Etat par des exemples de sévérité. Dans la République où l’on a la vertu pour principe, elle est moins nécessaire. Il y a des Princes en qui la clémence est une bonté fausse & mal entendue, ou quelquefois une ignorance de l’utilité & de la nécessité de la Justice. M. Esp.

La clémence des Princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples. Rochef. Les Souverains ne doivent user de clémence, que quand elle ne peut plus passer pour un effet d’impuissance & de crainte. Bizot. Le Card. de Richelieu établit la sûreté de sa fortune par la rigueur, & n’osa hasarder la clémence. De Langlage. Combien de pécheurs, se représentant Dieu plein de bonté & de miséricorde, persistent dans leurs désordres, & par un affreux abus s’imaginent qu’il sera toujours tems d’avoir recours à sa clémence. Il y a des occasions où la clémence des Rois n’est qu’une ostentation de leur puissance souveraine. M. Esp.

Par tout du nouveau Prince on vantoit la clémence.

Racine.

Bien plus que la valeur, la pitié, la clémence
Des fameux Conquérans assûrent la puissance.
Un vainqueur, dans la gloire encor maître de soi,
À l’Univers entier peut imposer la loi. Danchet.

Clémence, en Mythologie. Les anciens avoient fait une divinité de la Clémence, & Plutarque dit qu’il fut résolu de bâtir un temple à la Clémence de César. Stace, dans le douzième Livre de sa Thébaide, v. 495, & son Scholiaste, disent qu’on ne faisoit point de tableaux ni de statue de cette divinité, & la raison qu’en apporte Stace au même endroit, & Claudien dans le Panégyrique de Stilicon, Liv. II, v. 12, c’est que cette Déesse ne veut habiter que dans les cœurs. Voyez le caractère qu’en fait Claudien à l’endroit cité, & Barthius sur cet endroit, aussi-bien que Demptster, Antiq. Liv. II, c. 2.

Clémence est aussi un nom propre de femme. Clementia. Clémence de Bourges, femme savante en Poësie & en Musique, mourut de douleur, quand elle eut appris que son mari avoit été tué. clémence Isaure, Demoiselle de Toulouse, fonda les Jeux Floraux.

L’Abbaye de Bourbourg en Flandres, fut fondée par le Comte Robert dit le Jérosolymitain, & la Comtesse Clémence sa femme l’an 1102. Clémence de la Sainte Trinité, Religieuse de l’Ordre de Notre Dame de la Merci, est tirée du Monastère de l’Assomption de Séville pour aller à Lore fonder le premier Monastère des Religieuses déchaussées du même Ordre. P. Helyot. La première Abbesse de Remiremont, qui ait eu le titre de Princesse de l’Empire, est Clémence de Wiseler, à laquelle l’an 1307, à la prière de Thibault, Duc de Lorraine, l’Empereur Albert I. en envoya les Lettres d’investiture de ses Droits régaliers. P. Helyot, T. VI, C. 51.

CLÉMENT, ENTE. adj. Ce mot ne se dit point au féminin. Clemens. On dit bien un homme Clément, & non une femme clémente : Danet. Il signifie, qui a coutume de pardonner, de traiter doucement ceux qui sont à sa discrétion. ☞ Celui que la douceur incline à remettre & relâcher la rigueur de la Justice avec jugement & discrétion. Alexandre fut clément dans sa victoire, en traitant humainement Porus après l’avoir pris. Je ne saurois appeler clément, un homme qui se lasse d’être cruel. M. Esp. Auguste ne fut clément que pour essayer si la clémence lui réussiroit mieux que la cruauté. Id. ☞ Au nom de Dieu clément & miséricordieux. C’est ainsi que Mahomet commence tous les chapitres de son Alcoran, & que les Arabes commencent souvent leurs livres.

Ce mot vient du Grec, κλίμα, inclinamentum, du verbe κλίνω inclino, flecto. On appelle un Prince clément, qui se laisse facilement fléchir par les prières.

Clément. s. m. Nom d’homme. Clemens. Saint Clément Martyr, fut fait Consul ordinaire en l’année 95, ayant pour collègue l’Empereur Domitien. Baillet.

CLÉMENTIN. Ce mot est en usage chez les Augustins, qui appellent Clémentin, un Religieux, qui après avoir été neuf ans Supérieur, cesse de l’être, & vit particulier, & soumis à un Supérieur. Ce mot vient de ce que Clément défendit par une bulle, qu’un Supérieur chez les Augustins, fut plus de neuf ans de suite en charge.

Clémentin, ine. adj. Formé du nom propre Clément. Clementinus, a, um. Le Collège Clémentin fut fondé à Rome en 1596 par Clément VIII, pour les Esclavons. Ils furent transférés à Lorette en 1627 par Urbain VIII ; mais le Collège Clémentin, ainsi nommé, à cause de son Fondateur, n’a pas laissé de subsister. L’on n’y reçoit que des Nobles.

CLÉMENTINE. s. f. Garder la Clémentine chez les Augustins, signifie être inférieur & particulier, après avoir été neuf ans de suite Supérieur, ce qui se fait dans cet Ordre, en vertu d’une bulle de Clément.

Clémentine. s. f. Nom que l’on donne dans l’Ordre de Citeaux à une Bulle de Clément IV, de l’an 1265, portant des réglemens pour l’Ordre de Citeaux. Clementina. La Clémentine interprète la carte de Charité, & y change quelque chose, en ce qui regardoit la police, le gouvernement de l’Ordre & la juridiction des Supérieurs ; elle ajoutoit aussi quelques nouveaux réglemens, mais elle ne fit aucun changement dans les observances. P. Helyot, Tom. V, p. 354.

☞ CLÉMENTINE. adj. L’Académie de peinture, sculpture & architecture érigée à Boulogne, sous le nom & la protection de Clément XI, porta le nom d’Académie Clémentine. Elle a été réunir au célèbre Institut de Boulogne.

CLÉMENTINES. s. f. pl. C’est la partie du Droit Canon composée des Constitutions du Pape Clément V, & des canons du Concile de Vienne, publiée par Jean XXII en 1317. Voyez le Texte. Pars Juris Canonici ex Constitutionibus Clementis Papæ constati, Clementinæ.

☞ On donne aussi le nom de Clémentines à un recueil de plusieurs pièces anciennes faussement attribuées à saint Clément Evêque de Rome. Il est rempli d’écrits apocryphes, de fables & d’erreurs.

☞ CLEMOUZI, ville de la Morée, à trois lieuses de Castel-Tomèse.

CLÉOBIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de secte. Cleobianus, a. Un fragment d’Hégésippe rapporté par Eusèbe, Hist. Eccles. Liv. IV, c. 22, & par Nicéphore, Hist. Eccles. Liv. IV, c. 7. nous apprend qu’un certain homme du peuple, nommé Thébutès, fut le premier qui sema des hérésies dans l’Eglise de Jérusalem ; que de son école sortirent Simon, chef des Simoniens, & Cléobius, chef des Cléobiens, &c. c’est tout ce que nous en savons ; car pour leurs erreurs, on ne nous en apprend rien, sinon qu’ils divisèrent l’Eglise, semant des discours pernicieux contre Dieu & contre son Christ, comme parle Nicéphore.

CLÉOMÉDES. s. m. C’est le nom d’une des taches de la Lune, qui est la trente-sixième en nombre dans le Catalogue du P. Riccioli. On trouve dans ce Dictionnaire, Eratostène & Eudoxe, qui sont les noms de la quinzième & de la vingt-deuxième tache suivant le même catalogue.

CLÉOPHÉ. Marie Cléophé étoit mere de Saint Jacques le Mineur premier Evêque de Jérusalem. On prétend qu’elle fut mariée deux fois, d’abord à Alphée, dont elle eut S. Jacques, & puis à Cléophas, d’où le Vulgaire la nomme parmi nous Marie Cléophé. Au reste, tous nos interprêtes la nomment Marie femme de Cléophas, & non point Marie Cléophé : quoique ce soit l’usage ordinaire. Voyez la Traduction de Mons, le P. Bouhours & M. Simon en S. Jean XIX, 25.

☞ CLEPSIAMBE. s. m. Instrument de Musique des anciens dont on ne connoît que le nom.

CLEPSYDRE. s. f. Horloge qui mesure le temps par la chûte d’une certaine quantité d’eau. Clepsydra. Il s’en est fait aussi avec du mercure. Les Egyptiens mesuroient ainsi le cours du Soleil. Tycho-Brahé de nos jours s’en est servi pour observer le mouvement des astres, & Dudley faisoit aussi par ce moyen toutes ses observations maritimes. L’usage des clepsydres est fort ancien. Elles furent inventées sous les Ptolomées, Rois d’Egypte, aussi-bien que les cadrans solaires. Elles servoient principalement en hiver, comme les cadrans en été, mais elles avoient deux défauts, l’un que l’eau s’écouloit avec plus ou moins de facilité, selon que l’air étoit plus ou moins épais ; & l’autre, qu’au commencement elle s’écouloit plus promptement qu’à la fin. M. Amontons a inventé une clepsydre qui n’a point ces inconvéniens, & qui a trois utilités principales, 1o, de faire l’effet ordinaire des horloges, 2o, de servir à la navigation par la connoissance qu’elle peut donner des longitudes, 3o, de mesurer exactement le mouvement des artères. Voyez ses expériences Physiques sur cela, imprimées en 1695.

Pline, L. VII, c. 60, attribue à Scipion Nasica l’invention des Clepsydres, c’est-à-dire, des clepsydres Romaines ; car Vitruve, au Liv. IX, ch. 9 de son Architecture, les fait remonter à Cresibius qui fut un des génies les plus inventifs de toute l’Antiquité. Or les clepsydres de Cresibius, au rapport du même Auteur, animoient de petites figures, & produisoient mille petits jeux par le moyen de certaines roues dentées.

Les clepsydres des Anciens étoient fort éloignées de la perfection où le P. Charles de Vailly, Religieux Bénédictin, de la Congrégation de S. Maur, les a portées dans le dernier siècle.

On trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1699, p. 51, une manière géométrique & générale de faire des clepsydres avec toutes sortes de vases donnés, percés où l’on voudra, d’une petite ouverture quelconque, par où l’eau s’écoule suivant quelqu’hypothèse de vîtesses que ce soit, & réciproquement de trouver ces vases pour toutes sortes d’hypothèses de telles vîtesses & des temps, suivant lesquels se doivent régler les abaissemens de la surface de l’eau qui s’écoule. Cette méthode est de M. Varignon.

Ce mot vient de κλέπτω, abscondo, & ὕδωρ, aqua.

On appelle aussi clepsydre, un vaisseau de terre, dans lequel il se fait un jet d’eau par un artifice semblable à celui de la fameuse fontaine inventée par Hiéron. On en voit la figure dans le Journal des Sçavans. Elle est de l’invention du sieur Comiers.

On appelle aussi clepsydre, une horloge de sable, qui sur la mer s’appelle le poudrier, clepsammidium.

CLER, ÈRE. adj. Qui se trouve ainsi écrit souvent dans Marot, au lieu de Clair, claire. Clarus, a, um.

CLER, s. m. nom d’homme. Clerus, Licerius, Lecerus, Luceres. C’est un saint Diacre, Martyr d’Antioche, qui a différens noms en différens Martyrologes. Voyez M. Chastelain, au 7 Janvier, pag. 115.

CLÉRAC ou CLAIRAC. Ville de France dans l’Agénois, sur le Lot, qui passe au milieu. Clariacum. Le vin de Clérac est estimé. L’Abbaye de Clérac, Ordre de S. Benoît, fut donnée par Henri IV au Chanoines de S. Jean de Latran.

Clérac, par Antonomase, se dit d’un tabac qui croissoit dans le territoire de la ville de Clérac, & qui s’y fabriquoit. Cleracense tabacum. ☞ C’est dommage qu’on en ait défendu les plantations & la fabrique.

CLÉRAGRE, s. f. terme de Fauconnerie, est une maladie qui vient aux aîles & pennages des oiseaux de proie. Morbus accipitrum alis increscens. C’est une espèce de goutte.

CLERC. s. m. (Le c final ne se prononce point.) Vieux mot qui signifioit autrefois sçavant, Doctus, peritus, litteratus, aussi-bien que Clergie, Doctrine. Ainsi Pasquier dit que les Officiers des Comptes ont été créés sous le titre de Clercs des Comptes ; & que les Secrétaires d’Etat s’appeloient Clercs du Segré, ou Secret. Les Secrétaires du Roi s’appeloient aussi Clercs & Notaires du Roi. On donnoit ce nom en général à tous ceux qui faisoient profession de science, ou qui sçavoient manier la plume. Les Secrétaires des Princes ou grands Seigneurs, s’appeloient Clercs. Ce nom appartenoit originairement aux Ecclésiastiques. Comme la Noblesse s’appliquoit entièrement à l’exercice des armes, il n’y avoit que le Clergé qui s’attachât à cultiver les Sciences : en sorte qu’Alain Chartier se mocque des Courtisans qui prétendoient que Noble homme ne doit point sçavoir les Lettres, & qui tenoient à reproche de gentillesse de bien lire, & bien écrire. Ainsi, comme ceux du Clergé étoient les seuls qui fîssent profession des Lettres, on appela un homme sçavant, un grand Clerc, & Mauclerc, un homme stupide & malhabile. Illitteratus, imperitus, Litterarum rudis.

C’est en ce sens qu’on dit encore, c’est un homme habile & un grand Clerc ; cet homme n’est pas grand Clerc ; & que Regnier a dit :

N’en déplaise aux Docteurs Cordeliers, Jacobins,
Ma foi, les plus grands Clercs ne sont pas les plus fins. Regnier.

Un loup quelque peu Clerc prouva par sa harangue,
Qu’il falloit dévouer ce maudit animal. La Fontaine.

En prose hélas ! les plus grands Clercs
Disent souvent mainte sotise ;
Comment n’en dire pas en vers ? P. Du Cerc.

Ronsard, dans son vieux langage, a dit Clergesse, pour sçavante :

Mais trop plus est à craindre une femme clergesse.

On a dit aussi autrefois Clergeresse, aussi-bien que Clergesse, pour signifier sçavante. Il n’a plus d’usage aujourd’hui que parmi les Lingères ; pour signifier celle d’entr’elles qui a soin des affaires de la Communauté.

Ce mot & ses dérivés viennent du grec κλῆρος (klêros), qui signifie Clergé, mais principalement sort, héritage, parce que le sort & le partage des Clercs ou des Ecclésiastiques, est de servir Dieu, de s’attacher à son service : car le mot Clérus s’est dit d’abord de ceux qui étoient attachés à Dieu d’une manière particulière, soit qu’on l’entende des Chrétiens en général, par comparaison au reste des Chrétiens, suivant ces paroles de S. Pierre, Neque ut dominantes in Cleris, 1. Pet. V, 3. La première origine de cette expression vient de l’ancien Testament, où la Tribu de Lévi est appelée le sort, le partage, l’héritage du Seigneur, κλῆρος (klêros) en grec ; & Dieu est appelé réciproquement son partage, parce que cette Tribu étoit toute consacrée au service de Dieu, sans avoir de grands fonds de terre, comme les autres Tribus. Il y en a qui dérivent le mot de Clergé de Clergie, vieux mot, qui signifie science, littérature, parce que les gens d’Eglise étoient autrefois les seuls qui fussent lettrés & sçavans, & qui fussent regardés comme tels. Voyez Clergie.

Clerc étoit autrefois un jeune Gentilhomme qui apprenoit les exercices militaires, & qui étoit un Novice de Chevalerie. Tiro ac rudis in re militari. C’est en ce sens qu’on dit : il en parle comme un Clerc d’armes, comme un homme qui n’est pas expérimenté au fait de la guerre.

Clerc, signifie aujourd’hui celui qui a pris au moins le premier caractère de l’État Ecclésiastique ; c’est-à-dire, la tonsure. Clericus. Un Clerc, qui n’a pris que les Ordre mineurs, peut se marier ; mais son mariage l’exclut des privilèges & des fonctions de la Cléricature. On peut prendre la tonsure, & être Clerc à sept ans, ou à six par dispense du Pape. Un Clerc tonsuré. On appelle Clercs de Chapelle, dans les Maisons Royales, ☞ des Officiers de la Chapelle, dont la charge est de servir à certaines fonctions ecclésiastiques sous les Aumôniers & les Chapelains.

Clerc se prend plus généralement pour tous ceux qui sont de l’État Ecclésiastique, depuis les tonsurés jusqu’aux Prélats. Ainsi on dit, que les Canons excommunient ceux qui mettent la main sur les Clercs. Le privilège des Clercs est de plaider devant leurs Juges Ecclésiastiques. Une charge de Conseiller-Clerc est celle qui ne peut être possédée que par un Ecclésiastique. Le Pré aux Clercs de Paris étoit un pré où les Ecoliers de l’Université prenoient leurs récréations. Un Concile d’Afrique avoit défendu que personne ne fît un Clerc Tuteur ou Curateur par son testament. S. Cypr. Ep. I, Pamel. 66. Le Concile d’Elvire, can. 33, ordonne la continence, généralement à tous les Clercs, Evêques, Prêtres, Diacres, sous peine d’être privés de l’honneur de la Cléricature. Saint Jean l’Aumônier éleva à la Prêtrise un Lecteur de grande vertu, qui faisoit des souliers, & de son travail nourrissoit ses enfans, sa femme, son pere & sa mere ; par où l’on voit qu’il y avoit à Alexandrie des Clercs mariés & artisans. Fleury. La vie de S. Jean, d’où cela est pris, Ch. XIII, n. 87, dans Bollandus ; Janv. tom. II, p. 515, marque même deux Clercs Cordonniers ; mais elle ne dit point que celui qui avoit femme & enfans, usât du mariage depuis qu’il étoit Clerc, ni après qu’il fut Prêtre.

Dans les vieux Titres, on a appelé aussi Clercs, plusieurs petits Officiers des Maisons Royales, comme Clercs de Cuisine, Clercs de Panneterie, d’Echansonnerie, Clercs de livrées de la Maison du Roi. Ce nom est demeuré seulement aux Clercs d’Office, qui sont les petits Contrôleurs.

En parlant de la Cour de Rome, on appelle Clerc de la Chambre, Clericus cameræ, un Prélat Officier de la Chambre Apostolique. On y donne aussi ce nom à douze Prélats qui ☞ font partie du Tribunal qu’on appelle la Chambre Apostolique, où simplement la Chambre, dont le Cardinal Camerlingue est le chef. Voyez Chambre Apostolique.

Clerc Acéphale. Au sixième siècle on donna ce nom aux Clercs, qui se séparèrent de l’Evêque, & ne voulurent pas vivre en communauté avec lui.

Clerc Chanoine. On donna ce nom au sixième siècle aux Clercs, qui ne se séparèrent point de l’Evêque, & continuèrent à vivre en communauté avec lui, selon les Canons. Voyez Chanoine.

Clerc Régulier du bon JESUS. Voyez au mot Jesus.

Clerc Réguliers, Ministres des Infirmes. Voyez Ministre.

Clercs Réguliers de la Mère de Dieu. Nom d’une Congrégation, dont la fin principale est d’enseigner la Doctrine Chrétienne, & qui eut pour Fondateur le P. Jean Léonardi, vers l’an 1574. Il n’eut d’abord que deux Compagnons. Leur nombre s’étant augmenté, ils le prièrent de leur donner une règle. Pour toute règle, il leur écrivit ce mot, Obéissance. C’est à Luques, sa patrie, qu’il commença sa Congrégation. L’Evêque de Luques, par commissions de Sixte V, l’approuva, leur permit de faire des Constitutions, d’élire un Supérieur, & de recevoir des Sujets. Clément VIII approuva cette Congrégation, & leurs Constitutions, & Grégoire XV ordonna qu’ils feroient des vœux solennels, & approuva leur Congrégation comme Régulière, par un Bref du 3 Novembre 1621.

Clercs Réguliers Mineurs. Nom d’une Congrégation établie sur la fin du seizième siècle par les PP. Augustin Adorno, & François & Augustin Caraccioli. Sixte V l’approuva en 1558, par un Bref du premier Juillet. Il leur permit de faire des vœux solennels, d’élire un Supérieur, & de prescrire des Règlemens pour le maintien de cette Congrégation ; & comme il avoit été Frère Mineur, il leur donna le nom de Clercs Réguliers Mineurs. Grégoire XIV leur accorda en 1591 tous les privilèges des Théatins. Clément VIII les confirma, & Paul V les fit participans de tous les privilèges accordés aux autres Ordres Religieux.

Clercs Réguliers de Saint Mayeul. Nom d’un Ordre de Religieux appelés plus communément Somasques. Voyez ce mot.

Clercs de Saint Paul. Nom que portèrent les Barnabites. On prétend que ce nom leur fut donné, parce qu’ils s’appliquoient fort à la lecture de S. Paul.

Clerc de la Vie Commune. Congrégation de Clercs Réguliers, ou de Chanoines Réguliers, nommés aussi Frères de la vie commune. Clericus, ou Frater vitæ communis. Ils furent établis par Gérard Groot ou le Grand, de Deventer, au quatorzième siècle. Il les assembla dans sa maison ; & hors des heures de la prière, de l’oraison, & des autres exercices qu’il leur prescrivit, il leur faisoit transcrire les Livres des SS. Pères, & les leur faisoit corriger sur les anciens manuscrits. Après sa mort, qui arriva en 1384, Ravidius, un de ses Clercs, les mit en règle, & en Congrégation. Eugène IV en 1431, & en 1444, & Pie II en 1462, leur donnèrent plusieurs privilèges, auxquels leurs Successeurs en ont encore ajouté d’autres. L’Hist. des Ordr. Mon. & Relig. en parle, part. II, ch. 51.

Clerc, en termes de Palais, est une espèce de Commis ou de Scribe, qui sert à écrire chez les Gens de Justice ou de Pratique. Scriba. Un Clerc de Conseiller ou de Rapporteur. Un Clerc d’Avocat, de Notaire, de Procureur, d’Huissier, de Greffier. Le Maître Clerc d’un Notaire, d’un Procureur, est le premier, le principal Clerc. Primarius Scriba. Le Clerc des Requêtes est celui qui a soin d’instruire les Instances des Requêtes du Palais, ou de l’Hôtel. Les petits Clercs sont les Copistes. La Basoche est une Juridiction établir entre les Clercs, pour juger les différens qui surviennent entr’eux.

Ce mot a signifié originairement trois choses ; un homme Ecclésiastique, un homme de Lettres, & celui qui écrit sous autrui, comme prouve Loyseau. Mais sa plus ancienne signification ☞ paroît être dans ce premier sens. Dans les siècles d’ignorance, conne nous l’avons dit, les Clercs seuls avoient quelque teinture des Lettres, savoient lire & écrire, & pouvoient seuls remplir les places où ces connoissances étoient nécessaires. Par abus du terme, on appela dans la suite Clercs, des Laïcs lettrés qui remplissoient les places qui étoient auparavant occupées par des Ecclésiastiques. On nomma aussi Clercs tous ceux qui faisoient profession d’écrire sous l’autorité d’un autre, même ceux qu’on nomme aujourd’hui Secrétaires d’État, étoient appelés Clercs & Notaires.

☞ Il y a des Clercs commis aux audiences de Chancellerie.

Clerc se dit aussi des Commis pour faire les affaires & les courses nécessaires dans les Communautés. Præpositus, Præfestus societatis cujusvis negotiis. On appelle dans les Paroisses le Clerc de l’Œuvre, le Clerc d’une Confrérie, celui qui fait les affaires & le recouvrement des deniers dûs à l’Œuvre & à la Confrérie. Dans les Corps des Marchands & des Artisans, le Clerc' des Orfèvres, le Clerc des Fripiers, celui qui a soin de convoquer les assemblées du Corps, de porter des billets pour trouver les choses perdues, &c. Il y a aussi un Clerc parmi les Sergens.

Clercs. On donne ce nom en Turquie à des Sous-Commis qui sont chargés du recouvrement des deniers de l’État.

Clerc du Guet, en termes de Marine, est celui qui a soin d’assembler le guet sur les ports de Mer & sur les côtes, & qui en fait le rapport à l’Amirauté, suivant le titre VI du Liv. IV de l’Ordonnance de la Marine. Præfectus vigilum.

Clerc se dit aussi en ces phrases. On dit qu’un homme a fait un pas de Clerc ; pour dire, qu’il a fait une fausse démarche, une faute par ignorance ; ce qui ne se dit pas seulement des Clercs, mais aussi de toutes autres personnes qui se méprennent, & qui font des choses dont ils se repentent. On appelle aussi Vice de Clerc, une faute d’écriture qu’on ne peut pas imputer à celui qui a dressé ou fait l’acte, qu’on peut aisément corriger par ce qui précéde, ou qui suit. On dit aussi, compter de Clerc à Maître. (Dans cette phrase le C final se prononce.) Quand un Commis compte seulement de ce qu’il a reçu & déboursé de son mandement, sans être responsable d’autre chose. On dit aussi, parler latin devant les Clercs, parce qu’autrefois on appeloit Grand Clerc, un habile homme, & Mauclerc, un ignorant. On dit encore le premier en style familier, ou badin & comique. Ce n’est pas un grand Clerc que cet homme-là.

CLERCELIER. s. m. Vieux mot, qui s’est dit pour Geolier. Carceris custos.

CLERGÉ. s. m. L’Assemblée, ou le Corps des Ecclésiastiques. ☞ Le Corps des personnes consacrées à Dieu par la Cléricature ou par la Profession religieuse. Clerus, Cleri sacer Ordo. Ainsi il y a de deux sortes de Clergé. Le Régulier qui comprend tous les Religieux ; le Séculier, tous les autres Ecclésiastiques qui ne sont pas Religieux. Dans les États-Généraux, le premier rang est donné au Clergé, aux Prélats. Le Clergé Romain forme un État Monarchique, sous la dépendance du Pape, qui en est le chef. Les rentes du Clergé sont des rentes que le Clergé a constituées sur les Décimes. Les Receveurs des Décimes sont des Officiers qui ne dépendent que du Clergé, & qui font la recette & le contrôle des Décimes. Le Clergé étoit autrefois divisé en trois Ordres : les Prêtres, les Diacres, & tous les Clercs inférieurs, qui faisoient le troisième. Chaque Ordre avoit un Chef. L’Archiprêtre étoit Chef du premier Ordre, l’Archidiacre du second, & le Primicier du troisième. S. Grégoire ne vouloit pas qu’on reçût dans le Clergé les Officiers publics.

☞ Aujourd’hui on appelle Clergé du premier ordre, les Archevêques & Evêques ; Clergé du second ordre, tous les autres Ecclésiastiques.

☞ On appelle quelquefois bas Clergé dans les Chapitres, les Semi-Prébendés, Chapelains, Chantres, & autres Officiers gagés.

Clergé se dit aussi du Corps particulier des Ecclésiastiques, qui desservent dans une Eglise, ou dans une Paroisse. L’Evêque, à la tête de son Clergé, est venu en mitre & en chape, recevoir le Roi à la porte de son Eglise. Ce Curé, & tout son Clergé, assistoit au convoi.

Autrefois sous le nom de Clergé étoient compris tous les Officiers de Justice comme gens lettrés ; parce que le nom de Clerc se donnoit à tous ceux qui avoient de la littérature, comme on voit dans l’Ordonnance de Charles V. de l’an 1356.

Clergé. Bayle a dit ce mot des Prêtres payens. Il abandonna les fidelles à la merci de son Clergé. Bayle au mot Abdas. J’appelle ainsi les Mages, qui avoient entre autres choses le soin de la religion. Id. C’est un abus du mot Clergé, qui ne se dit que des Ministres destinés aux fonctions de la Religion dans l’Eglise Catholique, & tout au plus dans l’Eglise Anglicane, parce qu’elle a conservé une espèce de hiérarchie.

CLERGEOT. s. m. Petit Clerc. Cotgrave écrit Clergeau & Clergeon. Ce dernier mot est aussi dans le Dictionnaire des Arts, où il est dit que c’est un apprenti qui commence, soit pour la Cléricature, soit pour la Pratique. Charles IX a fait d’un petit Clergeot des vivres, un Duc & Maréchal de Rets, le frere duquel est pour le présent Evêque de Paris & Cardinal, riche de cent mille livres de rente… Sat. Mén. in-8o, p. 205.

CLERGESSE. s. f. Nom que les Lingères donnent à celles d’entre elles qui a soin des affaires de leur Communauté.

CLERGIE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois science, doctrine. Scienta, doctrina, litteratura. Il est tout-à-fait hors d’usage. De-là vient ce vieux Proverbe, un poignet de bonne vie mieux vaut qu’un mui de Clergie. On appeloit autrefois Clergie de la ville de Paris, la Prévôté des Marchands & l’Echevinage. Dans les Ordonnances de Charles V, de Charles VI, & de Charles VIII le Greffe, ou le Notariat, est aussi nommé Clergie ou Clergé. On a dit aussi autrefois Clergise pour Clergie.

Clergie. L’Ecu de France eût été éclipsé de son côté dextre, qui signifie, Clergie, id est, sapience. Anonyme, Vie de S. Louis. Et est à noter que le Roi de France qui porte en ses armes trois fleurs-de-lys à trois feuilles, celle du milieu qui est la plus grande, & haute, signifie la Foi Chrétienne ; c’est le Roi qui est le Roi très-Chrétien ; l’autre feuille dextre signifie Clergie, & l’autre feuille sénestre signifie Chevalerie, qui doivent toujours être appareillés à défendre la foi Chrétienne, & tant que ces trois, foi, Clergie & Chevalerie demeureront ensemble, & en bonne concorde, comme se doit, & que les anciens Rois l’ont toujours fait, le Royaume sera fort & ferme, & plein de richesses & d’honneurs. Id. Après que le Roi eut dit ses Oraisons, les Prélats & Clergie s’assemblèrent, & chantèrent vigiles des morts & recommandasses. Id. ☞ Il paroît par les paroles de cet Ecrivain, que Clergie se disoit 1o. pour sapience ou sagesse ; 2o. pour tout le Corps du Clergé, en tant qu’il renferme le premier & le second Ordre ; 3o. pour le second Ordre, du Clergé, c’est-à-dire pour le Clergé inférieur aux Prélats.

CLÉRI. Petite ville de France, proche d’Orléans, du côté de la Sologne. Clariacum. Notre-Dame de Cléri est une Eglise Collégiale où l’on va en grande dévotion. Louis XI la fit rebâtir, lui donna de grands revenus, & voulut y être enterré. Du Chesne, Antiquit. des vill. de Fr. L. I, C. 57.

CLÉRICAL, ALE. adj. Qui appartient aux Clercs, aux gens Ecclésiastiques. Ecclesiasticus. La tonsure, la couronne cléricale, titre clérical. Voyez Titre. Il ne faut pas que les Laïques se mêlent des fonctions cléricales. Les Clercs mariés ne jouissent point des immunités cléricales. C’est un privilège clérical, de ne pouvoir être imposé à la taille lorsqu’elle est personnelle, & d’être exempt de tutelle & curatelle. Préparer de bonne heure dans les Séminaires à la vie cléricale ceux qui se proposent de l’embrasser. Bourdal. Exh. T. I, p. 153.

CLÉRICALEMENT, adv. à la manière & selon le devoir des Clercs. Clericorum more. si les Clercs cessent de vivre cléricalement, ou en prenant des habits séculiers, ou en exerçant des offices vils & méchaniques, ils sont déchus de tous les privilèges cléricaux. Févret.

CLÉRICAT, s. m. L’Office de Clerc. M. Spinola a envoyé sa démission du Cléricat de la Chambre. Gazette.

CLÉRICATURE. s. f. Engagement dans l’Eglise, & dans la profession ecclésiastique ; état & condition de Clerc. Vita Ecclesiastica. Les privilèges de Cléricature ne peuvent pas faire obtenir le renvoi devant un Juge d’Eglise, à un Prêtre qui n’étoit point en habit clérical quand il a été saisi.

CLÉRION. s. m. Nos vieux Auteurs ont quelquefois employé ce mot pour signifier un Clerc d’Eglise.

CLERMONT. Ville de France, capitale de l’Auvergne. Arverni, Arverna civitas, Augusto-Nemetum Arvernorum, Clarus mons, Claromontium. Quelques Auteurs, comme Vigenère, croient que Clermont est l’ancienne Gergovie, si fameuse dans les Commentaires de César. D’autres disent qu’elle s’est formée, ou du moins accrue, des ruines de cette place. On prétend que dès le IIIe siècle de l’Eglise, sous le Consulat de Dèce & de Gratus, qui tombe à l’an de Rome 1002, & 249 de Jesus-Christ, S. Austremoine étoit Evêque de Clermont. Les Etats du Royaume de tinrent à Clermont en 1374, sous Charles V.

Le méridien de Clermont est éloigné de celui de Paris de 20′ de temps & en partie de l’équateur de 4′ 54″ du côté de l’Orient, & conséquemment il a 19° 56′ 26″ de longitude. Sa latitude ou l’élévation du pole y est de 40° 22′ 45″.

La Maison de Bourbon (qui a donné jusqu’ici quatre Rois à la France) s’est appelé d’abord, De Clermont. Du Tillet, 1. P. I, p. 152.

Il y a plusieurs autres lieux qui portent le même nom. Clermont en Beauvaisis. Clermont en Argonne, ville du Duché de Bar. Clermont, ville de Franche-Comté sur le Doux. Clermont de Bas, ville de l’Agénois. Clermont de Lodeve, ville de Languedoc. Clermont en Dauphiné, bourg considérable, qui donne son nom à l’illustre Maison de Clermont. Clermont, bourg d’Anjou. Clermont, bourg de Savoie dans le Génevois. Les Origines de la ville de Clermont par le Président Savaron, avec les Notes & Recherches de Durand, sont un bon & savant livre. Ces deux Auteurs écrivent Clairmont.

Clermont, ou Clermons-Ferrand, Cour des Aides pour l’Auvergne. Elle retient le nom de ces deux villes, parce qu’ayant été d’abord établie à Mont-Ferrand en 1557, elle a été depuis transférée à Clermont, où elle se tient aujourd’hui.

CLERMONTOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Clermont ; habitant, citoyen de Clermont. Claromontanus. Les Clermontoises jettent leur or & argent aux Romains pour obtenir merci, & demandent secours à leurs maris toutes échevelées. Vigenere. On ne dit point ce mot aujourd’hui.

CLÉROMANCE ou CLÉROMANCIE. s. f. Cleromantia. Le Traducteur de Peucer s’est servi de ce mot. La Cléromance est une sorte de divination, qui se fait par le jet de dez, ou des osselets, dont on considère les points ou les marques. A Bura, ville d’Achaïe, il y avoit un temple & un oracle d’Hercule. Ceux qui vouloient voir quelque chose, après avoir fait des prières à l’idole, jetoient quatre dez, dont le Prêtre considéroit les points, & croyoit y trouver la connaissance de ce qui devoit arriver.

Ce mot vient de κλῆρος (klêros), sort, μαντία (mantia) divination.

☞ CLÉROMANTIEN ou CLÉROMANCIEN, ENNE. s. m. & f. Qui pratique la Cléromancie.

☞ CLERVAL. Petite ville de France, dans la Franche-Comté, sur le Doux, entre Besançon & Montbelliard.

CLERVAUX. Voyez Clairvaux.

CLESIDE, Peintre grec, ayant eu quelque mécontentement de la Reine Sttatonice, femme d’Antiochus, il la peignit dans une attitude fort immodeste ; mais elle se trouva si belle & si bien peinte, qu’elle pardonna à Cleside, & qu’elle consentit que son tableau fut conservé dans le lieu même où il l’avoit placé.

CLET, s. m. nom d’homme. Cletus. S. Clet, est le troisième Pape qui ait gouverné l’Eglise. Ce mot est la même chose qu’Anaclet abrégé.

CLÈVES. Ville du Cercle de Westphalie en Allemagne. Clivia. La ville de Clèves est située un peu au dessus de l’endroit où le Rhin se divise en deux bras, à une lieue de ce fleuve. Elle est sur le penchant de trois collines, in clivo, d’où l’on prétend qu’elle a tiré son nom Clivia, que nous avons changé en celui de Clèves. Quelques-uns même l’appellent en Latin Clivi. C’est, dit-on, César qui l’a bâtie. Elle étoit autrefois fort grande, à ce qu’il paroît par les restes d’antiquité qui se trouvent aux environs de la campagne. Aujourd’hui elle est petite, mais riche. Elle donne son nom à un Duché dont elle est capitale.

Le Duché de Clèves, érigé en 1417 par l’Empereur Sigismond, est une Province du Cercle de Westphalie. Cliviæ ou Cleviensis Ducatus. Il est borné au midi & au couchant par la Gueldre, au nord par le Comté de Zurphen, au levant par celui de la Marck, & par les terres de Cologne & de Munster. Il a eu ses Ducs particuliers. Le dernier, Jean Guillaume, mourut sans enfans en 1609. Après plusieurs Traités faits en 1609, 1651 & 1666, & confirmés par l’Empereur en 1678 le Duché de Clèves, avec les Comtés de la Mark & de Ravensperg, sont demeurés à l’Electeur de Brandebourg, pour sa part de la succession des Ducs de Clèves. Voyez Imhoff. L. II, C. 8, §. 16. L. IX, C. § 6.

CLÉVOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Clèves. Cliviensis. Il espéroit de pouvoir faire intelligence & ligues avec les Gheldrois, Clévois, Liégeois, Buillonois & avec plusieurs autres Princes Allemans. Gollut. Il faut plutôt dire habitant de Clèves.

CLI.

CLIBANAIRE. s. m. Nom d’une ancienne Milice & Cavalerie persanne. Cuirassiers Persans. Cataphractarius, Clibanarius. L’Empereur Sévère Alexandre, dans un discours qu’il fit au Sénat après son triomphe sur les Perses, rapporté par Lampridius dans sa vie C. 56, dit, entre autres choses, nous avons tué dix mille Cuirassiers qu’ils appellent Clibanaires. Les Anciens Persans appeloient four ce que nous appellons cuirasse, c’est-à-dire, une arme défensive de fer, qui couvre le corps depuis les épaules jusqu’à la ceinture, un corcelet de fer. Il différoit de celui des Romains, en ce que celui-ci étoit de plusieurs pièces, qui avoient la forme d’écailles ; au lieu que celui des Persans étoit tout d’une pièce comme les nôtres ; parce qu’elle étoit recourbée en voûte, & en forme de four, les Persans l’appeloient d’un mot qui dans leur langue signifioit four, & les Romains en Latin clibanus, qui signifie la même chose ; & les soldats qui étoient armés de cette espèce de cuirasse se nommoient Clibanarii, Clibanaires. Ainsi la milice étoit Persanne & le nom étoit Latin, comme l’a remarqué Saumaise. Car nous ne savons quel étoit le nom Persan, quoi qu’en dise Bochart, qui prétend que ce nom vient du mot Chaldéen, קליפא Klipha, d’où l’on a fait קלבא, Kilba. Ce mot signifie écaille ; Saumaise avoue que les Cuirasses à écailles étoient aussi appelées Clibanus. L’autre opinion est bien plus vraisemblable. Les Gloses Basiliques, & l’Anonyme qui a écrit en Latin de Re Bellica, expliquant ce que c’est que Thoracomachi, ou, selon Saumaise, Thoraconacti, donnent du Clibanus la même idée que nous.

☞ CLICHI. Petit village près de Paris, connu pour avoir été une Maison de plaisance de nos premiers Rois. Clipiacum.

CLIDOMANTIE, s. f. La même chose que CLIDOMANCIE.

CLIENT, ENTE. s. Cliens. C’étoit chez les Romains celui qui se mettoit sous la protection d’un puissant Citoyen, lequel s’appeloit par cette relation patronus, patron, & de son côté devoit à ses cliens sa protection & son secours. Ce patron assistoit le client dans ses besoins, & le client donnoit son suffrage au patron, quand il briguoit quelque Magistrature.

Ce mot vient de cliens, qui est dit comme colens, honorant. Les cliens doivent le respect à leur patron, comme celui-ci leur devoit sa protection. La condition des cliens n’étoit proprement qu’un esclavage un peu adouci. Peu-à-peu cette coutume s’étendit plus loin : non-seulement les familles, mais les villes, & les Provinces entières, même hors de l’Italie, suivirent cet exemple. La Sicile, par exemple, se mit sous la protection de Marcellus. Le patron ne pouvoit rendre témoignage contre son client. Zazius & Budée ont rapporté l’origine des fiefs aux patrons & cliens de l’ancienne Rome ; mais il n’y a pas la même relation entre le vassal & son Seigneur, qu’entre le client & son patron ; car les cliens, outre le respect qu’ils devoient rendre, & le suffrage qu’ils devoient donner à leurs patrons, étoient obligés de les aider dans toutes leurs affaires, & même de payer leur rançon s’ils étoient faits prisonniers à la guerre, en cas qu’ils n’eussent pas assez de bien pour payer eux-mêmes.

On a appelé aussi quelquefois cliens, les vassaux à l’égard des Seigneurs, qu’on nommoit leurs patrons, comme témoigne Budée, & aussi leurs Ecuyers & leurs Courtisans ; & on appeloit clientèle, toute leur famille & leurs domestiques.

Client se dit maintenant d’un plaideur qui a mis sa cause entre les mains d’un Avocat, ou d’un Procureur, pour la défendre. Il se dit aussi par rapport aux Juges, & dans ce sens, il signifie les plaideurs qui les sollicitent.

CLIENTÈLE. s. f. Protection que les grands Seigneurs de Rome donnoient aux pauvres citoyens. Clientela. C’est aussi un nom collectif, pour signifier tous leurs cliens, même les cliens d’un même Seigneur. Le crédit des Romains dépendoit d’avoir une grande & nombreuse clientèle. Il avoit assemblé ce jour-là toute sa clientèle.

Les Avocats & les Procureurs se servent de ce mot, en parlant des Parties dont ils sont chargés de défendre les intérêts. C’est un tel Avocat ou un tel Procureur qui a la clientèle de cette personne ; pour dire, qui défend ses intérêts. On dit qu’un Avocat a de belles clientèles ; pour dire, qu’il a de belles affaires, ou qu’il est chargé des intérêts de personnes distinguées.

CLIFOIRE. s. f. Petit instrument fait d’un morceau de sureau. On en ôte la moëlle, on le bouche par un bout d’un morceau de bois qui a un petit trou au milieu, on y met un piston, & les enfans s’en servent pour jeter de l’eau ; c’est une espèce de petite seringue. Syrinx, sambucca.

On appelle ainsi en Anjou & à Bourges ce qu’on appelle à Paris une Calonière, par corruption, au lieu de Canonnière ; & en Normandie une Saquebute, qui est ce petit canon de sureau avec lequel les enfans jettent de l’eau au nez des passans. Les Manceaux l’appellent Cannepétoire de canna & de pedere ; comme qui diroit canna pedens. Etym. de Ménage aux mots Calonnière, cannepétoire, & clifoire. Ces petites Canonnières ou seringues de bois, dont se servent les enfans pour jeter quelque liqueur que ce soit, s’appellent en Bourguignon chiccli. Cet instrument se nomme Dardoire en Champagne. Les enfans s’en servent aussi au temps de la vendange, pour boire du vin au pressoir. Il a encore un autre usage que Richelet, qui étoit Champenois, explique fort bien au mot Canonnière. C’est, dit-il, un morceau de sureau long d’un demi-pié, que de petits garçons ont vidé, & où ils mettent des manières de balles de papier mâché, qu’ils font sortir de force avec le bâton de la canonnière, qu’ils jettent en l’air, ou qu’ils se jettent les uns contre les autres.

CLIGNEMENT, S. m. Mouvement volontaire par lequel on rapproche les paupières l’une de l’autre, sans cependant que les yeux soient fermés. Mictatio. Le clignement se fait pour regarder un objet éloigné, ou pour empêcher que l’œil ne soit blessé par une trop grande quantité de rayons de lumière. Il ne faut pas confondre cillement & clignement. Nous avons marqué au mot Cillement la différence de ces deux mots & la singulière méprise des Vocabulistes sur cet article.

CLIGNE-MUSETTE, ou CLIMUSETTE, s. f. Jeu d’enfans, dans lequel l’un d’eux ferme les yeux, tandis que les autres se cachent en divers endroits où il est obligé de les chercher pour les prendre. Voyez Musser.

CLIGNER. v. a. Fermer l’œil à demi. Connivere, nictare. Ménage dérive de mot de clinare, inusité, mais primitif de inclinare, qui a été fait du Grec κλίνειν (klinein) qui signifie fléchir, remuer. On ne le dit que des yeux.

Cligné. part. Tenir les yeux clignés.

CLIGNOTEMENT. s. m. Mouvement involontaire, qui fait qu’on remue continuellement les paupières. Palpebratio.

CLIGNOTER. v. n. Mouvoir souvent les paupières, ouvrir & fermer les yeux à tout moment. Nictare oculis. Palpebrare. La grande lumière éblouit & fait clignoter. On dit aussi clignoter des yeux.

CLIMACTÉRIQUE, adj. m. & f. Année dangereuse à passer, où on est en danger de mort. ☞ Période de l’âge de l’homme, où les Astronomes prétendent qu’il se fait dans le corps une altération considérable, suivie de la mort, ou au moins de maladies dangereuses, ou dans la fortune, de grands changemens accompagnés d’accidens funestes. C’est une vieille erreur populaire. Climacter, climactericum tempus, annus climactericus.

Aulugelle dit qu’Auguste, en écrivant à son petit fils Caius, se félicita de ce qu’il avoit passé sa soixante-troisième année, qu’on tient climactérique, parce qu’il l’appréhendoit extrêmement. On le dit aussi des années 49 & 56. Le fondement de cette opinion est dans Marsile Ficin qui assigne une année à chaque Planète, pour dominer sur le corps de l’homme chacune à son tour ; & comme Saturne est la plus malfaisante de toutes, il regarde chaque septième révolution comme dangereuse, & sur tout les 49, 56, & 63, années où on est déjà avancé sur l’âge. Il y en a quelques-uns qui observent les révolutions de neuf ans. Jean-Baptiste de Monte, Médecin célèbre, mourut en son année climactérique, à Vérone sa patrie. Teissier. On prononce climatérique, & même on suit aujourd’hui cette ortographe.

J’épouse une vieille antique
Qui compte plus de vingt printemps,
Après son an climactérique. Main.

D’autres prétendent que l’année climactérique est funeste aussi aux Corps politiques. On cite l’exemple des malheurs du Règne d’Henry IV qui fut le soixante-troisième Roi de France, à compter, avec du Tillet, l’enfant posthume de Louis Hutin. Les Auteurs qui en ont écrit, sont Platon, Cicéron, Macrobe, Aulugelle entre les Anciens, & entre les Modernes, Magin, Argolus, & Claude de Saumaise fort doctement. S. Augustin, S. Ambroise, Beda & Boëce disent que cette observation n’est point superstitieuse.

L’an climactérique se prend pour l’année fatale, la dernière année, dans un sens figuré & métaphorique.

Et mentiront les Propheties,
De tous ces visages pâlis,
Dont la vaine étude s’applique
A chercher l’an Climactérique,
De l’éternelle fleur de lis. Malherbe.

Ce mot vient du Grec, où il signifie par échelon, ou par degrés. Κλιμαξ (klimax) en grec signifie une échelle, parce qu’on monte de sept en sept ans, ou de neuf en neuf pour arriver à l’année Climatérique. Voyez Acta SS. Januar. V. II, p. 274. Climacterica, Climacteres.

CLIMAQUE. s. m. Surnom d’homme. Κλιμαητῆρης (Klimaêtêrês) Climacus. S. Jean, surnommé le Scholastique, à cause de son érudition, & le Sinaïte, à cause du mont Sinaï, lieu de sa demeure, & encore plus communément appelé Climaque, à cause de son livre intitulé l’Echelle sainte.

Ce nom vient de κλίμαξ κλίμαϰης (klimax klimakês), échelle.

CLIMAT. s. m. Terme de Géographie. Espace déterminé sur la surface de la terre selon la longueur des plus grands jours d’été. Clima, inclinatio cœli. Les climats se prennent depuis l’équateur jusqu’aux poles, & sont comme autant de bandes ou de zones parallèles à l’équateur ; mais il y a plusieurs climats dans la largeur de chaque zone. Un climat n’est différent de celui qui est le plus proche de lui, qu’en ce que le plus grand jour d’été est plus long ou plus court d’une demi-heure en un endroit qu’en l’autre. Comme les climats commencent à l’équateur, le premier climat, à son commencement, a précisément douze heures de jour à son plus grand jour ; & à sa fin il a douze heures & demie à son plus grand jour. Le second climat, à son commencement, qui est à la fin du premier climat, a douze heures & demie de jour à son plus grand jour, & à sa fin il a treize heures de jour à son plus grand jour, & ainsi des autres climats d’heures qui sont jusqu’au cercle polaire. Il en est de même des climats de mois : car les Géographes distinguent deux sortes de climats : des climats d’heure & des climats de mois. Les climats d’heure, se comptent depuis l’équateur de part & d’autre jusqu’aux cercles polaires. Un climat d’heure est un espace de terre, compris entre deux cercles parallèles à l’équateur qui a son plus grand jour plus long d’une demi-heure en sa fin qu’en son commencement. Le climat de mois se compte depuis les cercles polaires jusqu’aux poles. Il est différent du climat d’heure, en ce que son plus grand jour est plus long d’un mois, ou de 30 jours en sa fin qu’en son commencement. Les nouveaux Géographes comptent 30 climats septentrionaux, & 30 méridionaux. Il y en a 24 depuis l’équateur jusqu’au soixante-sixième degré de latitude : & six depuis les cercles polaires. Robbe.

Les Anciens, qui donnoient le nom de climat seulement aux espaces de terres habitables, ne connoissoient que sept climats, qui passoient le premier, par Méroé ; le second par Syéne ; le troisième par Alexandrie ; le quatrième par Rhodes ; le cinquième par Rome ; le sixième par le Pont, & le septième par l’embouchure du Boristhène. Paris est dans le sixième climat. Averroès, qui demeuroit sous le cinquième climat le préfère à tous les autres. Albert le Grand dit que le septième étoit le meilleur, parce qu’il habitoit à Ratisbonne.

Les Modernes, qui ont voyagé bien plus avant vers les Poles, ont mis 23 climats de chaque côté, parce que l’obliquité de la Sphère y cause en peu d’espace beaucoup de différence pour les plus grands jours d’été ; & ils n’ont mis leur différence que d’un quart d’heure. Voyez Vitalis dans son Lexicon Mathématique, où il en fait une exacte description.

La vulgaire appelle climat, une terre différente de l’autre, soit par le changement des saisons ou des qualités de la terre, ou même des peuples qui y habitent, sans aucune relation aux plus grands jours d’été. Regio terræ tractus. Ce climat est plus chaud que le nôtre. Il a voyagé en des climats éloignés. Pourquoi m’avez-vous arraché de nos heureux climats, pour me conduire dans ces funestes lieux ? S. Evr.

Les climats font souvent les diverses humeurs. Boil.

Venez : fuyez l’aspect de ces climats sauvages. Racine.

Abulféda, Arabe, appelle vrais climats, les sept climats des Anciens ; & climats connus, quelques Provinces ou étendue de pays : ce que les Grecs modernes appellent encore ainsi.

Ce mot vient du grec κλίμα (klima), inclinamentum, ou inclination.

☞ CLIMAX. Mot purement grec κλὴμαξ (klêmax). C’est chez les Grecs ce que les Latins appellent gradation, figure de Rhétorique par laquelle le discours s’éleve ou descend comme par degré. Voyez Gradation.

CLIN. s. m. Ce mot ne se dit jamais seul : il y faut joindre le mot d’œil, & dire clin d’œil. Prompt mouvement des paupières qui ferme l’œil, & le rouvre aussi-tôt. Nictatio. Un bon valet doit entendre son maître au premier clin d’œil. Je connois de ces personnes qui trafiquent de civilités, & dont les clins d’œil ont quelque dessein. Balz. Ils étoient obéissans au moindre clin d’œil. Vaug. Faire un clin d’œil à quelqu’un, lui faire un signe de l’œil.

On dit figurément, en un clin d’œil ; pour dire, en peu de temps, en moins de rien, en un moment. Puncto, momento temporis. Les Espagnols disent en ce même temps, A un dexa la paja, c’est-à-dire, En un laisse la paille, donne-moi la paille, ou les curedents dont ils se servent.

☞ CLINAMEN, s. m. terme purement latin de la Physique d’Epicure. Ce philosophe supposoit de toute éternité des atômes de toutes figures, tous en mouvement & faisant effort pour s’avancer, tous descendans à travers du vide. S’ils avoient toujours continués de la sorte, il n’y auroit jamais eu d’assemblage ; mais quelques-uns allant un peu de côté, cette légère déclinaison, ce clinamen en accrocha plusieurs ensemble. De-là sont formés le ciel, la terre, &c. M. Pluche.

☞ CLINCAILLE, CLINCAILLERIE, CLINCAILLER. Voyez QUINCAILLE, QUINCAILLERIE, QUINCAILLER.

CLINCART. s. m. Nom qu’on donne à certains bateaux plats de Suède & de Dannemark. Navigia depressa.

CLINCHE, s. m. terme de Serrurier. C’est une piéce de fer ordinairement longue de deux ou trois pouces, avec une tête platte qui sort en dehors des portes, & sert à les ouvrir, en mettant le pouce sur cette tête, & poussant un peu fort en bas en tenant la poignée des autres doigts de la même main : ce clinche a son mouvement sur une espèce de petite essieu de fer ; de sorte qu’en faisant baisser la tête du clinche, on éleve la queue qui est en dedans, & par le même moyen le loquet qui porte dessus. Assula, lamina ferrea capitata.

☞ CLINGENAW ou KLINGNAU. Ville de Suisse, au Canton de Bade, sur la rive droite de l’Aar.

CLINIQUE. adj. de t. g. Quelquefois employé substantivement. Terme dogmatique. Quelques Historiens appellent Cliniques ceux qui recoivent le baptême au lit de la mort. Clinicus. Du Pin. Magnus au troisième siècle douta si les Cliniques étoient véritablement baptisé, parce qu’ils ne l’étoient que par aspersion. Il consulta sur cela S. Cyprien, qui lui répond que le Sacrement ne lave pas les péchés à la maniere du bain corporel ; & il prouve par l’Ecriture que l’aspersion suffit : il ajoûte qu’il ne faut point s’arrêter au nom de Cliniques, que quelques-uns leur donnoient, au lieu de les nommer Chrétiens.

Ce mot vient du Grec κλίνη (klinê) lit.

Clinique se trouve encore dans l’Antiquité en deux sens différens. 1o, pour un malade simplement, comme il paroît par la vie de Charlemagne dans Canisius. Voyez aussi Saumaise, sur Spartien, c. 23 de la vie d’Adrien. 2o, pour Médecin, parce qu’ils étoient toujours auprès du lit des malades. C’étoient principalement les Médecins des Empereurs qu’on appeloit ainsi. Voyez le Jésuite Radetus sur Martial L. I. épigr. Le P. Rosweid Onom. & Hoffman.

On appelle aussi Médecine clinique, clinice, la méthode de voir & de traiter les malades au lit pour examiner plus exactement tous les symptomes de la maladie. Esculape le premier a exercé la médecine clinique. Le Clerc.

CLINOIDES, adj. f. épithète que les Anatomistes donnent aux trois apophyses internes de l’os sphénoïde. Voyez ce mot. Elles sont ainsi appelées, parce qu’elles forment comme une selle à cheval, ou qu’elles ressemblent aux piés d’un lit. Il y en a deux antérieures, & une postérieure, qui sont ensemble une petite cavité dans laquelle est placée la glande pituitaire.

Ce mot vient du Grec κλίνη (klinê) lit, εἴδος (eidos), forme, figure.

☞ CLINOPALE. s. f. Ceux qui ont lû Suetone, sçavent ce que c’est que la Clinopale. Assiduita tem concubitûs, velut exercitationis genus, Clinopalem vocabat Domitianus. Suet. Vit. Domit.

CLINOPODIUM, s. m. plante dont les tiges sont minces, carrées, velues, hautes de plus d’une coudée. Ses feuilles sont semblables à celles de la marjolaine sauvage, moins odorantes, velues des deux côtés. Ses fleurs sont en gueule, oblongues, de couleur de pourpre, & rangées par étages & par anneaux autour des branches & des tiges. En Latin clinopodium origano simile.

Ce mot vient de deux mots grecs κλίνη (klinê) qui signifie un lit, ποῦς, πόδος (poûs, podos), pié, comme qui diroit pié de lit. Les tiges du clinopodium commun, chargées de fleurs, ressemblent, suivant Dioscoride, aux piés d’un lit.

CLINQUANT. s. m. Broderie d’or ou d’argent qu’on met sur les habits pour les rendre plus brillans & plus éclatans. Tænia auro texta, aureis filis contexta. Il se dit plus particulièrement de ces lames d’or ou d’argent, qui font le plus brillant des dentelles & des broderies. Il y a du clinquant fin & du clinquant faux. C’est de ce dernier qu’il est parlé dans ces vers :

On préfere aujourd’hui le solide du brillant :
Pour quoi, quand l’or est bon, y mêler du clinquant. Vill.

Il se prend aussi figurément pour signifier faux brillant dans un ouvrage d’esprit. Fucatum lumen, fucata Scriptoris lumina.

A Malherbe, à Racan, préférer Théophile.
Et le clinquant du Tasse à tout l’or de Virgile. Boil.

☞ Du temps de Quintilien l’éloquence avoit fort dégénéré. On commençoit à préférer le clinquant à l’or pur ; l’on cherchoit, non ce qui orne la vérité, mais ce qui la farde.

CLINQUANTER, v. a. Charger un habit de clinquant, de broderie. Auro vestem texere, ornare.

CLIO, s. f. une des neuf Muses : celle qui préside à l’Histoire. Les Poëtes font Clio fille de Jupiter & de Mnémosyne. On la représente avec une couronne de laurier, tenant une trompette à la main droite, & un livre à la gauche. Son nom vient de Κλέος (Kleos), gloire, renommée, parce que c’est l’Histoire qui conserve celle des Héros.

CLIQUANT, ANTE, adj. Vieux mot. Qui fait du bruit. Nous en avons retenu le cliquetis des armes. Gloss. sur Marot.

CLIQUART. s. m. Sorte de pierre excellente pour bâtir, qui se tiroit des carrières du fauxbourg S. Jacques à Paris. La carrière du cliquart est finie aujourd’hui. On trouve encore maintenant une sorte de pierre qu’on appelle cliquart doux.

CLIQUE. s. f. Terme collectif qui signifie une société de gens unis pour le même objet, pour cabaler, pour tromper. Societas, sodalitas, factio. Il est du style très-familier, & se dit toujours en mauvaise part. Une clique de frondeurs, de jeunes débauchés. C’est une dangereuse clique.

Un Nouvelliste politique,
Qui tient conseil dans la Cour du Palais,
Demande au plus fort de sa clique
Si nous aurons ou la guerre ou la paix.

CLIQUER. vieux v. n. Faire du bruit, du cliquetis. Fragorem edere.

CLIQUET. Voyez CLAQUET.

Cliquet. s. m. En termes d’Horlogerie, on appelle cliquet, cette pièce en pié de biche qui engrene dans le rochet de la fusée, ou de tout autre roue, & l’empêche de tourner dans le sens où elle est naturellement emportée par la force du poids & du grand ressort. Le cliquet sert à remonter les horloges, soit à poids ou à ressort, parce qu’à mesure qu’on monte le poids, ou qu’on bande le ressort, la fusée retourneroit d’elle-même en arrière, si elle n’étoit arrêtée par le cliquet qui la fixe en entrant dans le rocher.

☞ CLIQUET, chez les metteurs en œuvre, est la partie supérieure de la brisure qui entre & sort de la charnière.

☞ CLIQUETER, v. n. Faire un bruit qui imite celui d’un claquet de moulin, ou celui de la