Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Lettre L

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Henri Plon (p. 395-423).
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Labadie (Jean), fanatique du dix-septième siècle, né en 1610 à Bourg sur la Dordogne. Il se crut un nouveau Jean-Baptiste, envoyé pour annoncer la seconde venue du Messie, et il s’imagina qu’il avait des révélations. Il assurait que Jésus-Christ lui avait déclaré qu’il l’envoyait sur la terre comme son prophète. Il poussa bientôt la suffisance jusqu’à se dire revêtu de la divinité et participant du nom et de la substance de Notre-Seigneur. Mais il joignit à l’ambition d’un sectaire le goût des plaisirs ; il faisait servir à ses odieux projets le masque de la religion, et il ne fut qu’un détestable hypocrite. Il mourut en 1674. Voici quelques-unes de ses productions : Le Hérauld du grand roi Jésus, Amsterdam, 1667, in-12. Le Véritable exorcisme, ou l’unique moyen de chasser le diable du monde chrétien. — Le Chant royal du roi Jésus-Christ. Ces ouvrages sont condamnés.

Labitte, dit l’abbé de peu de sens, peintre, poëte et prêtre d’Arras au milieu du quinzième siècle. Il était très-excentrique, ce qui lui fit donner le surnom que nous venons de citer, et il recherchait un peu les sociétés de ce que nous appelons aujourd’hui le demi-monde. Il se fit initier à la vauderie, hérésie descendue bien bas, puisqu’on y adorait le diable, que ses fêtes étaient le sabbat, et qu’elle reconnaissait pour son maître et seigneur Lucifer, le prince ou l’un des princes des anges déchus. Les Vaudois vivaient en union apparente avec les chrétiens fidèles. Dans les causeries où l’on disait du bien de la sainte Vierge, des bienheureux et des choses saintes, ils renchérissaient, mais ils ajoutaient toujours cette conclusion : « N’en déplaise à mon maître, ou n’en déplaise à mon Seigneur. » Au moyen de cette restriction, toute parole chrétienne leur était permise par leur maître que nous avons nommé. Cet homme fut arrêté comme habitué du sabbat. Dans sa prison, il se coupa la langue avec un canif pour ne rien révéler. Mais il fut condamné au feu et brûlé en 1459. Jacques du Clerq raconte au long cette triste histoire dans ses mémoires. Louis Tieck en a fait, sous le titre de Sabbat des sorcières, un roman hostile aux catholiques, qu’on a traduit en français.

Labourd, pays de Gascogne dont les habitants s’adonnaient au commerce et entreprenaient de longs voyages, où ils croyaient que le diable les protégeait. Pendant que les hommes étaient absents, Delancre dit que les femmes devenaient d’habiles sorcières. Henri IV envoya en 1609 un conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre Delancre, que nous avons souvent cité, pour purger le pays de ces sorcières. Instruites de son arrivée, elles s’enfuirent en Espagne. Il en fit toutefois brûler quelques-unes qui étaient d’affreuses coquines.

Labourant. Voy. Pierre Labourant.

Labrosse. Le médecin Labrosse se mêlait de lire aux astres. Le jeune duc de Vendôme, qui avait grande confiance en cet astrologue, vint un matin conter à Henri IV que Labrosse recommandait au roi de se tenir sur ses gardes ce jour-là. Henri IV répondit : « Labrosse est un vieux fou d’étudier l’astrologie, et Vendôme un jeune fou d’y croire. »

Lac. Grégoire de Tours rapporte que dans le Gévaudan il y avait une montagne appelée HéJanie, au pied de laquelle était un grand lac ; à certaines époques de l’année les villageois s’y rendaient de toutes parts pour y faire des festins, offrir des sacrifices et jeter dans le lac, pendant trois jours, une infinité d’offrandes de toute espèce. Quand ce temps était expiré, selon la tradition que rapporte Grégoire de Tours, un orage mêlé d’éclairs et de tonnerre s’élevait ; il était suivi d’un déluge d’eau et de pierres. Ces scènes durèrent jusqu’à la fin du quatrième siècle.

Cent ans avant l’ère chrétienne il y avait aussi à Toulouse un lac célèbre, consacré au dieu du jour, et dans lequel les Tectosages jetaient en offrandes de l’or et de l’argent à profusion, tant en lingots et monnayé que mis en œuvre et façonné.

On lit dans la Vie de saint Sulpice, évêque de Bourges, qu’il y avait de son temps dans le Berry un lac de mauvaise renommée, qu’on appelait le lac des Démons. Voy. Pilate, Herbadilla, Is, etc.

Lacaille (Denyse de). En 1612, la ville de Beauvais fut le théâtre d’un exorcisme sur lequel on n’a écrit que des facéties sans autorité. La possédée était une vieille nommée Denyse de Lacaille. Nous donnons de cette affaire la pièce suivante en résumé : elle a été évidemment supposée par quelque farceur.

Extrait de la sentence donnée contre les démons qui sont sortis du corps de Denyse de Lacaille :

« Nous étant dûment informés que plusieurs démons et malins esprits vexaient et tourmentaient une certaine femme nommée Denyse de Lacaille, de la Landelle, nous avons donné à Laurent Lepot toute-puissance de conjurer lesdits malins esprits. Ledit Lepot, ayant pris la charge, a fait plusieurs exorcismes et conjurations, desquels plusieurs démons sont sortis, comme le procès-verbal le démontre. Voyant que, de jour en jour, plusieurs diables se présentaient ; comme il est certain qu’un certain démon nommé Lissi a dit posséder ladite Denyse, nous commandons, voulons, mandons, ordonnons audit Lissi de descendre aux enfers, sortir hors du corps de ladite Denyse, sans jamais y rentrer ; et, pour obvier à la venue des autres démons, nous commandons, voulons, mandons et ordonnons que Belzébuth, Satan, Motelu et Briffault, les quatre chefs, et aussi les quatre légions qui sont sous leur puissance, et tous les autres, tant ceux qui sont de l’air, de l’eau, du feu, de la terre et autres lieux, qui ont encore quelque puissance de ladite Denyse de Lacaille, comparaissent maintenant et sans délai, qu’ils aient à parler les uns après les autres, à dire leurs noms de façon qu’on puisse les entendre, pour les faire mettre par écrit.

» Et à défaut de comparoir, nous les mettons et les jetons en la puissance de l’enfer, pour être tourmentés davantage que de coutume ; et, faute de nous obéir, après les avoir appelés par trois fois, commandons, voulons, mandons que chacun d’eux reçoive les peines imposées ci-dessus, défendant au même Lissi, et à tous ceux qui auraient possédé le corps de ladite Denyse de Lacaille, d’entrer jamais dans aucun corps, tant de créatures raisonnables que d’autres.

» Suivant quoi ledit Lessi, malin esprit, prêt à sortir, a signé ces présentes. Belzébuth paraissant, Lissi s’est retiré au bras droit ; lequel Belzébuth a signé ; pareillement Belzébuth s’étant retiré, Satan apparut, et a signé pour sa légion, se retirant au bras gauche ; Motelu, paraissant, a signé pour toute la sienne, s’étant retiré à l’oreille droite ; incontinent Briffault est comparu et a signé ces présentes. — Signé : Lissi, Belzébuth, Satan, Motelu, Briffault.

» Le signe et la marque de ces cinq démons sont apposés à l’original du procès-verbal. Beauvais, le 12 décembre 1612. »

Nous le répétons, c’est une farce de huguenot sur un objet sérieux, mais qui a fait peu de bruit.

Lachanopteres, animaux imaginaires que< Lucien place dans le globe de la lune. C’étaient de grands oiseaux couverts d’herbes au lieu de plumes.

Lachus, génie céleste, dont les Basilidiens gravaient le nom sur leurs pierres d’aimant magique ; ce talisman préservait des enchantements.

Laci (Jean), auteur d’un ouvrage intitulé Avertissements prophétiques, publié en 1708, un volume in-8o ; il parut différents ouvrages de cette sorte à l’occasion des prétendus prophètes des Cévennes, qui étaient des foux furieux.

Ladwaiturs, génies propices chez les Scandinaves. Voy. Harold.

Lænsbergh (Matthieu). Voy. Matthieu Lænsbergh.

Lafin (Jacques), sorcier qui fut accusé d’envoûtement sous Henri IV ; on dit qu’on trouva sur lui des images de cire qu’il faisait parler[1].

Laghernhard (Nicole), femme du pays de Labourd qui, au mois d’août 1590, vit sur la lisière d’une forêt, à l’heure de midi, des hommes et des femmes dansant une ronde en se tournant le dos. Elle remarqua quelques-uns de ces personnages qui avaient des pieds de chèvre, et, présumant que c’était le sabbat, elle fit le signe de la croix en invoquant le nom de Jésus. Aussitôt tout disparut. Un certain Grospetter s’enleva dans les airs en laissant échapper une brosse à nettoyer les fours. Un berger qui, assis sur les branches d’un chêne, jouait de la flûte avec sa houlette dont il tirait des sons, fut enlevé pareillement ; et Nicole Laghernhard se sentit remportée par un tourbillon dans sa maisonnette, où elle dut garder le lit huit jours…

Lagneau ou Laigneau (David), adepte mort au dix-septième siècle. Il a traduit les Douze clefs de la philosophie (hermétique), de Basile Valentin ; et l’on voit dans son Harmonie mystique, publiée à Paris en 1636, qu’il s’occupait d’alchimie.

Laica. Nom de fées chez les Péruviens. Les laicas étaient ordinairement bienfaisantes, au lieu que la plupart des autres magiciennes mettaient leur plaisir à faire du mal.

Lamia, reine de Libye, qui fendait le ventre des femmes grosses pour dévorer leurs fruits. Elle a donné son nom aux lamies.

Lamies, démons mauvais, qu’on trouve dans les déserts sous des figures de femmes, ayant des têtes de dragon au bout des pieds. Elles

Lamies
Lamies


hantent aussi les cimetières, y déterrent les cadavres, les mangent et ne laissent des morts que les ossements. À la suite d’une longue guerre, on aperçut dans la Syrie, pendant plusieurs nuits, des troupes de lamies qui dévoraient les cadavres des soldats inhumés à fleur de terre. On s’avisa de leur donner la chasse, et quelques jeunes gens en tuèrent plusieurs à coups d’arquebuse ; il se trouva que le lendemain ces lamies n’étaient plus que des loups et des hyènes.

Il se rencontre des lamies, très-agiles à la course, dans l’ancienne Libye ; leur voix est un sifflement de serpent. Quelle que soit leur demeure, il est certain, ajoute Leloyer, qu’il en existe, « puisque cette croyance était en vigueur chez les anciens ». Le philosophe Ménippe fut épris d’une lamie. Elle l’attirait à elle ; heureusement qu’il fut averti de s’en défier, sans quoi il eût été dévoré. « Semblables aux sorcières, dit encore Leloyer[2], ces démons sont très-friands du sang des petits enfants. »

Tous les démonomanes ne sont pas d’accord sur la forme des lamies : Torquemada, dans son Hexameron, dit qu’elles ont une figure de femme et des pieds de cheval ; qu’on les nomme aussi chevesches, à cause du cri et de la friandise de ces oiseaux pour la chair fraîche. Ce sont des espèces de sirènes selon les uns ; d’autres les comparent aux gholes de l’Arabie. On a dit bien des bizarreries sur ces femmes singulières. Quelques-uns prétendent qu’elles ne voient qu’à travers une lunette[3]. Wierus parle beaucoup de ces monstres dans le troisième livre de son ouvrage sur les Prestiges. Il a même consacré aux lamies un traité particulier[4].

« Les lamies écossaises, dit un écrivain que nous croyons à ses initiales être M. Alfred Michiëls, enlèvent surtout des enfants, et c’est ce qui a rendu les fées en général si redoutables en nos contrées. Il y en avait en Flandre qui envoyaient de toutes parts des esprits inférieurs, conduisant des voitures peintes en rouge, couvertes de toiles rouges, attelées d’un cheval noir. Les enfants qu’ils trouvaient isolés, ceux qu’ils pouvaient attirer par des promesses, ou en leur montrant des dragées et des joujoux, étaient emmenés par eux, et ils les jetaient dans la voiture avec un bâillon dans la bouche. Selon d’autres, ils les massacraient aussitôt ; c’est pour que le sang ne se vît pas qu’ils avaient adopté la couleur rouge pour leurs voitures. Ces voitures s’appelaient bloed-chies et ceux qui les menaient bloed-elven. Dès qu’on les poursuivait ils disparaissaient, et l’on ne trouvait plus que de grandes taupinières au beau milieu du pavé. Cette croyance causait un effroi si grand aux enfants que, dès qu’une voiture de couleur rouge venait à passer, tous se sauvaient en grande hâte. Je me rappelle fort bien avoir partagé la terreur générale. »

Lamotte le Vayer (François), littérateur, né à Paris en 1588 et mort en 1672. C’était, selon Naudé, le Plutarque de la France, ressemblant aux anciens par ses opinions et ses mœurs. Il a laissé des Opuscules sur le sommeil et les songes, in-8o, Paris, 1640.

Lampadomancie, divination dans laquelle on observait la forme, la couleur et les divers mouvements de la lumière d’une lampe, afin d’en tirer des présages pour l’avenir.

Lampe merveilleuse. Il y avait à Paris du temps de saint Louis un rabbin fameux, nommé Jéchiel, grand faiseur de prodiges, et si habile à fasciner les yeux par les illusions de la magie ou de la physique que les juifs le regardaient comme un de leurs saints, et les Parisiens comme un sorcier. La nuit, quand tout le monde était couché, il travaillait à la clarté d’une lampe merveilleuse, qui répandait dans sa chambre une lumière aussi pure que celle du jour. Il n’y mettait point d’huile ; elle éclairait continuellement, sans jamais s’éteindre et sans avoir besoin d’aucun aliment. On disait que le diable entretenait cette lampe et venait passer la nuit avec Jéchiel. Aussi tous les passants heurtaient à sa porte pour l’interrompre. Quand des seigneurs ou d’honnêtes gens frappaient, la lampe jetait une lueur éclatante, et le rabbin allait ouvrir ; mais toutes les fois que des importuns faisaient du bruit pour le troubler dans son travail, la lampe pâlissait ; le rabbin, averti, donnait un coup de marteau sur un grand clou fiché au milieu de la chambre ; aussitôt la terre s’entr’ouvrait et engloutissait les mauvais plaisants[5].

Les miracles de la lampe inextinguible étonnaient tout Paris. Saint Louis, en ayant entendu parler, fit venir Jéchiel afin de le voir ; il fut content, disent les juifs, de la science étonnante de ce rabbin, qui peut-être avait découvert quelque gaz.

Lampes perpétuelles. En ouvrant d’anciens tombeaux tels que celui de la fille de Cicéron, on trouva des lampes qui répandirent un peu de lumière pendant quelques moments, et même pendant quelques heures ; d’où l’on a prétendu que ces lampes avaient toujours brûlé dans les tombeaux. « Mais comment le prouver ? dit le père Lebrun ; on n’a vu paraître des lueurs qu’après que les sépulcres ont été ouverts et qu’on leur a donné de l’air. Or, il n’est pas surprenant que dans les urnes qu’on a prises pour des lampes il y eût une matière qui, étant exposée à l’air, devînt lumineuse, comme les phosphores. On sait qu’il s’excite quelquefois des flammes dans les caves, dans les cimetières et dans tous les endroits où il y a beaucoup de sel et de salpêtre. L’eau de la mer, l’urine et certains bois produisent de la lumière et même des flammes, et l’on ne doute pas que cet effet ne vienne des sels qui sont en abondance dans ces sortes de corps.

Ferrari a voulu démontrer, dans une savante dissertation, que ce qu’on débitait sur ces lampes éternelles n’était appuyé que sur des contes et des histoires fabuleuses[6].

Lampon, devin d’Athènes. On apporta un jour à Périclès, de sa maison de campagne, un bélier qui n’avait qu’une corne très-forte au milieu du front ; sur quoi Lampon pronostiqua (ce que tout le monde prévoyait) que la puissance, jusqu’alors partagée en deux factions, celle de Thucydide et celle de Périclès, se réunirait dans la personne de celui chez qui ce prodige était arrivé.

Lamproies, poissons auxquels on a donné neuf yeux ; mais on a reconnu que c’était une erreur populaire, fondée sur ce que les lamproies ont sur le côté de la tête des cavités, qui n’ont aucune communication avec le cerveau[7].

Lancinet. Les rois de France ont de temps immémorial revendiqué l’honneur de guérir les écrouelles. Le premier qui fut guéri fut un chevalier nommé Lancinet. Voici comment le fait est conté :

« Il était un chevalier nommé Lancinet, de l’avis duquel le roi Clovis se servait ordinairement lorsqu’il était question de faire la guerre à ses ennemis. Étant affligé de cette maladie des écrouelles, et s’étant voulu servir de la recette dont parle Cornélius Celsus, qui dit que les écrouelles se guérissent si l’on mange un serpent, l’ayant essayée par deux fois, et ce remède ne lui ayant point réussi, un jour, comme le roi Clovis sommeillait, il lui fut avis qu’il touchait doucement le cou à Lancinet, et qu’au même instant ledit Lancinet se trouvait guéri sans que même il parût aucune cicatrice.

» Le roi, s’étant levé plus joyeux qu’à l’ordinaire, tout aussitôt qu’il lit jour, manda Lancinet et essaya de le guérir en le touchant, ce qui fut fait ; et toujours depuis, cette vertu et faculté a été comme héréditaire aux rois de France, et s’est transmise à leur postérité[8]. »

Voilà, sans contredit, un prodige ; mais on représentera que personne ne se nommait Lancinet du temps de Clovis ; que ni Clovis, ni Clotaire, ni le roi Dagobert, ni aucun des Mérovingiens ne se vantaient de guérir les humeurs froides ; que ce secret fut également inconnu aux Carlovingiens, et qu’il faut descendre aux Capétiens pour en trouver l’origine[9].

Landat ou Landalde (Catherine), paysanne des frontières de l’Espagne. Deîancre dit qu’interrogée sur ses voyages au sabbat, elle déclara qu’elle n’avait pas besoin de dormir pour s’y rendre ; que dès qu’elle s’asseyait près de son feu, si elle sentait un grand désir d’aller au sabbat, elle s’y trouvait aussitôt transportée. Cette femme avait trente ans.

Landela, magicienne. Voy. Harppe.

Langeac, ministre de France, qui employait beaucoup d’espions, et qui fut souvent accusé de communiquer avec le diable[10].

Langue. On lit dans Diodore de Sicile que les anciens peuples de la Taprobane avaient une langue double, fendue jusqu’à la racine, ce qui animait singulièrement leur conversation et leur facilitait le plaisir de parler à deux personnes en même temps[11]. Mahomet vit dans son paradis des anges bien plus merveilleux ; car ils avaient chacun soixante-dix mille têtes, à chaque tête soixan te-dix mille bouches, et dans chaque bouche soixante-dix mille langues qui parlaient chacune soixante-dix mille idiomes différents.

Les sorcières prétendaient avoir le don de parler toutes les langues : ce qui ne s’est pas vérifié, sinon dans quelques possédées.

Langue primitive. On a cru autrefois que si on abandonnait des enfants à la nature, ils apprendraient d’eux-mêmes la langue primitive, c’est-à-dire celle que parlait Adam, que l’on croit être l’hébreu. Mais malheureusement l’expérience a prouvé que cette assertion n’était qu’une erreur populaire[12]. Les enfants élevés par des chèvres parlent l’idiome des boucs, et il est impossible d’établir que le langage n’a pas été révélé.

Languet, curé de Saint-Sulpice, qui avait un l aient tout particulier pour l’expulsion de certains esprits malins. Quand on lui amenait une de ces prétendues possédées que les convulsion naires ont produites, et qui ont donné matière à tant de scandales, il accourait avec un grand bénitier plein d’eau commune, qu’il lui versait sur la tête en disant : « Je t’adjure de te rendre tout à l’heure à la Salpêtrière, sans quoi je t’y ferai conduire à l’instant. » La possédée ne reparaissait plus.

Lanthila, nom que les habitants des Moluques donnent à un être supérieur qui commande à tous les Nétos ou génies malfaisants.

Lapalud. Voy. Palud.

Lapons. Les Lapons se distinguent un peu des autres peuples : la hauteur des plus grands n’excède pas un mètre et demi ; ils ont la tête grosse, le visage plat, le nez écrasé, les yeux petits, la bouche large, une barbe épaisse qui’leur pend sur l’estomac. Leur habit d’hiver est une peau de renne, taillée comme un sac, descendant sur les genoux, et rehaussée sur les hanches d’une ceinture ornée de plaques d’argent ; ce qui a donné lieu à plusieurs historiens de dire qu’il y avait des hommes vers le Nord velus comme des bêtes, et qui ne se servaient point d’autres habits que ceux que la nature leur avait donnés.

On dit qu’il y a chez eux une école de magie où les pères envoient leurs enfants, persuadés que la magie leur est nécessaire pour éviter les embûches de leurs ennemis, qui sont eux-mêmes grands magiciens. Ils font passer les démons familiers dont ils se servent en héritage à leurs enfants, afin qu’ils les emploient à surmonter les démons des autres familles qui leur sont contraires. Ils se servent souvent d’un tambour pour les opérations de leur magie. Quand ils ont envie d’apprendre ce qui se passe en pays étranger, un d’entre eux bat le tambour, mettant dessus, à l’endroit où l’image du soleil est dessinée, des anneaux de laiton attachés ensemble par une chaîne de même métal. Il frappe sur ce tambour avec un marteau fourchu fait d’un os, de telle sorte que ces anneaux se remuent. Le curieux chante en même temps d’une voix distincte une chanson que les Lapons nomment jonk ; tous ceux qui sont présents, hommes et femmes, y ajoutent chacun son couplet, exprimant de temps en temps le nom du lieu dont ils désirent savoir quelque chose. Le Lapon qui frappe le tambour le met ensuite sur sa tête d’une certaine façon et tombe aussitôt par terre, où il ne donne plus signe de vie ; les assistants continuent de chanter jusqu’à ce qu’il soit revenu à lui, car si on cesse de chanter, l’homme meurt, disent-ils, ce qui lui arrive également si quelqu’un essaye de l’éveiller en le touchant de la main ou du pied. On éloigne même de lui les mouches et les autres animaux. Quand il reprend ses sens de lui-même, il répond aux questions qu’on lui fait sur le lieu où il a été envoyé. Quelquefois il ne se réveille qu’au bout de vingt-quatre heures, selon que le chemin qu’il lui a fallu parcourir a été long ou court. Pour ne laisser aucun doute sur la vérité de ce qu’il raconte, il se vante d’avoir rapporté du pays où il a été la marque qu’on lui a demandée, comme un couteau, un anneau, un soulier ou quelque autre chose. Les Lapons se servent aussi du même tambour pour savoir la cause d’une maladie, ou pour faire perdre la vie ou la santé à leurs ennemis.

Lapons
Lapons
Lapons

Parmi ces peuples, certains magiciens ont une espèce de gibecière de cuir, dans laquelle ils tiennent des mouches magiques ou des démons, qu’ils lâchent de temps en temps contre leurs ennemis, ou contre le bétail, ou simplement pour exciter des tempêtes et faire lever des vents orageux. Ils ont aussi une sorte de dard qu’ils jettent en l’air, et qui, dans leur opinion, cause la mort à tout ce qu’il rencontre. Ils se servent, pour ce même effet, d’une pelote nommée tyre, de la grosseur d’une noix, fort légère, presque ronde, qu’ils envoient contre leurs ennemis pour les faire périr ; si par malheur cette pelote rencontre en chemin quelque autre personne ou. quelque animal, elle ne manque pas de leur causer la mort[13]. Voy. Finnes, Tyre, etc.

Lares. Les lares étaient, chez les anciens, des démons ou des génies gardiens du foyer. Cicéron, traduisant le Timêe de Platon, appelle lares ce que Platon nomme démons. Festus les appelle dieux ou démons inférieurs, gardiens des toits et des maisons. Apulée dit que les lares n’étaient autre chose que les âmes de ceux qui avaient bien vécu et bien rempli leur carrière. Au contraire, ceux qui avaient mal vécu erraient vagabonds et épouvantaient les hommes. Selon Servius, le culte des dieux lares est venu de ce qu’on avait coutume autrefois d’enterrer les corps dans les maisons, ce qui donna occasion au peuple crédule de s’imaginer que leurs âmes y demeuraient aussi, comme des génies secourables et propices, et de les honorer en cette qualité.

La coutume s’étant introduite plus tard d’inhumer les morts sur les grands chemins, on en prit occasion de les regarder comme les dieux des chemins. C’était le sentiment des platoniciens, qui des âmes des bons faisaient des lares, et les lémures des âmes des méchants. On plaçait les statuettes des lares dans un oratoire que l’on avait soin de tenir proprement. Cependant quelquefois on perdait le respect à leur égard, comme à la mort de quelques personnes chères ; on les accusait de n’avoir pas bien veillé à leur conservation, et de s’être laissé surprendre par les esprits malfaisants. Caligula fit jeter les siens par la fenêtre, parce que, disait-il, il était mécontent de leurs services.

Quand les jeunes garçons étaient devenus assez grands pour quitter les bulles qu’on ne portait que dans la première jeunesse, ils les pendaient au cou des dieux lares. Les esclaves y pendaient aussi leurs chaînes, lorsqu’ils recevaient la liberté.

Larmes. Les femmes accusées de sorcellerie étaient regardées comme véritablement sorcières lorsqu’elles voulaient pleurer et qu’elles ne le pouvaient. Une sorcière dont parle Boguet dans son Premier avis ne put jeter aucune larme, bien qu’elle se fût plusieurs fois efforcée devant son juge : (< Car il a été reconnu par expérience que les sorciers ne jettent point de larmes : ce qui a donné occasion à Spranger, Grilland et Bodin de dire que l’une des plus fortes présomptions que l’on puisse élever contre le sorcier est qu’il ne larmoie point[14]. »

Larrivey (Pierre), poëte dramatique du seizième siècle, né à Troyes en 1596. Il s’est fait connaître par un Almanach avec grandes prédictions, le tout diligemment calculé, qu’il publia de 1618 à 1647. Il précéda ainsi Matthieu Lænsbergh. Il ne mangeait point de poisson, parce que, selon son horoscope, il devait mourir étranglé par une arête, prédiction qui ne fut pas accomplie. Les almanachs qui continuent de porter son nom sont encore très-estimés dans le midi de la France, comme ceux de Matthieu Lænsbergh dans le Nord.

Larves, âmes des méchants que l’on dit errer çà et là pour épouvanter les vivants ; on les confond souvent avec les lémures, mais les larves ont quelque chose de plus effrayant.

Lorsque Caligula fut assassiné, on dit que son palais devint inhabitable, à cause des larves qui l’occupaient, jusqu’à ce qu’on lui eut décerné une pompe funèbre.

Launoy (Jean), célèbre docteur de Sorbonne, né le 21 décembre 1603 à Valdéric, diocèse de Coutances. Il a laissé une dissertation pédantesque sur la vision de saint Simon Stock, qu’il n’a pas su comprendre, étant un peu trop janséniste. Un volume in-8o ; 1653 et 1663.

Laurier, arbre qu’Apulée met au rang des plantes qui préservent les hommes des esprits malins. On croyait aussi chez les anciens qu’il garantissait de la foudre.

Lauthu, magicien tunquinois, qui prétendait avoir été porté soixante-dix ans dans le sein de sa mère. Ses disciples le regardaient comme le créateur de toutes choses. Sa morale est trèsrelâchée ; c’est celle que suit le peuple, tandis que la cour suit celle de Confucius.

Lavater (Louis), théologien protestant, né à Kibourg en 1527, auteur d’un traité sur les spectres, les lémures[15], etc. ; Zurich, 1570, in-12, plusieurs fois réimprimé.

Lavater (Jean-Gaspard), né à Zurich en 1741,


mort en 1801, auteur célèbre de l’Art de juger les hommes par la physionomie. Voy. Physiognomonie.

Lavisari. Cardan écrit qu’un Italien nommé Lavisari, conseiller et secrétaire d’un prince, se trouvant une nuit seul dans un sentier, le long d’une rivière, et ne sachant où était le gué pour la passer, poussa un cri dans l’espoir d’être entendu des environs. Son cri ayant été répété par une voix de l’autre côté de l’eau, il se persuada que quelqu’un lui répondait, et demanda : — Dois-je passer ici ? — La voix lui répondit : — Ici.

Il vit alors qu’il était sur le bord d’un gouffre où l’eau se jetait en tournoyant. Épouvanté du danger que ce gouffre lui présentait, il s’écrie encore une fois : — Faut-il que je passe ici ? — La voix lui répondit : — Passe ici. — Il n’osa s’y hasarder, et, prenant l’écho pour le diable, il crut qu’il voulait le faire périr et retourna sur ses pas[16].

Layra, nom d’une maladie que donnaient les sorciers dans une pomme ou dans un autre aliment, et qui produisait le besoin indomptable d’aboyer. Delancre en a eu les preuves. Les mêmes coquins infusaient aussi par le même procédé de violentes épilepsies.

Lazare, tzar des Serviens dans leurs temps héroïques. On lit sur ce prince, dans les chants populaires des Serviens, de singulières légendes.

Leur grand cycle poétique, c’est l’ère fatale de la conquête, c’est la bataille de Kossowo, où périt le roi Lazare, trahi par son gendre Wuk et par ses douze mille guerriers. À cette bataille, le poëte fait intervenir le prophète Élio, qui annonce au roi la volonté de Dieu et l’avertit qu’il est temps de choisir entre le royaume du ciel et celui de la terre. Lazare mande le patriarche de Servie et les douze grands archevêques, pour qu’ils donnent la sainte communion à ses braves, et que purifiés ils se préparent à la mort… Au moment où les troupes défilent en bon ordre, la tzarine Militza demande à son noble époux qu’au moins un de ses frères reste avec elle dans la forteresse de Kruschwatz. Ils refusent tous. Golabun, le serviteur, reste seul. Dès que l’aube du matin paraît, deux corbeaux messagers arrivent auprès de la tzarine qui se trouble ; puis le guerrier Milutine, couvert de dix-sept blessures et portant sa main gauche dans sa droite, vient lui conter comment l’illustre tzar, son époux, est tombé, comment est tombé le vieux lug, son père, comment sont tombés les neuf Iugowitz[17], et comment est tombé Milosch le waiwode.

« On n’avait pu retrouver sur la sanglante plaine la tête de Lazare. Un jeune Turc, né d’une Servienne, l’avait jetée dans une source d’eau vive ; elle y resta quarante ans, et elle brillait comme la lune sur l’eau. Tirée de là enfin et déposée sur le gazon, elle alla rejoindre son corps, qui fut déposé par les douze grands archevêques dans le beau monastère de Rawanitza en Macédoine, « fondé par Lazare de son propre argent, sans qu’il en coûtât un para ou une larme à son pauvre peuple[18] ».

Lazare (Denys), prince de Servie, qui vivait en l’année de l’hégire 788. Il est auteur d’un ouvrage intitulé les Songes, publié en 1686 ; 1 vol. in-8o. Il prétend avoir eu des visions nocturnes dans les royaumes de Stéphan, de Mélisch et de Prague.

Leaupartie, seigneur normand d’un esprit épais, qui fit paraître en 1735 un mémoire pour établir la possession et l’obsession de ses enfants et de quelques autres filles qui avaient copié les extravagances de ces jeunes demoiselles. — Il envoya à la Sorbonne et à la faculté de médecine de Paris des observations pour savoir si l’état des possédées pouvait s’expliquer naturellement. Il exposa que les possédées entendaient le latin ; qu’elles étaient malicieuses ; qu’elles parlaient en hérétiques ; qu’elles n’aimaient pas le son des cloches ; qu’elles aboyaient comme des chiennes ; que l’aboiement de l’une d’elles ressemblait à celui d’un dogue ; que leur servante Anne Néel, quoique fortement liée, s’était dégagée pour se jeter dans le puits : ce qu’elle ne put exécuter, parce qu’une personne la suivait ; mais que, pour échapper à cette poursuite, elle s’élança contre une porte fermée et passa au travers, etc. — Le bruit s’étant répandu que les demoiselles de Leaupartie étaient possédées, un curé nommé Heurtin, faible ou intrigant, s’empara de l’affaire, causa du scandale, fit des extravagances. Mgr de Luynes, évêque de Bayeux, le fit renfermer dans un séminaire ; et les demoiselles, ayant été placées dans des communautés religieuses, se trouvèrent immédiatement paisibles.

Lebrun (Charles), célèbre peintre, né à Paris en 1619, mort en 1690. On lui doit un Traité sur la physionomie humaine comparée avec celle des animaux, 1 vol. in-folio.

Lebrun (Pierre), oratorien, né à Brignolles en 1661, mort en 1729. On a de lui : 1o Lettres qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette, et qui détruisent leurs systèmes, 1693, in-12 ; 2o Histoire critique des pratiques superstitieuses qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, 1702, 3 vol. in-12, avec un supplément, 1737, in-12.

Nous avons occasion de le citer souvent.

Lécanomancie, divination par le moyen de l’eau. On écrivait des paroles magiques sur des lames de cuivre, qu’on mettait dans un vase plein d’eau, et une vierge qui regardait dans cette eau y voyait ce qu’on voulait savoir, ou ce qu’elle voulait y voir. Ou bien on remplissait d’eau un vase d’argent pendant un « beau clair de lune ; ensuite on réfléchissait la lumière d’une chandelle dans le vase avec la lame d’un couteau, et l’on y voyait ce qu’on cherchait à connaître. — C’est encore par la lécanomancie que chez les anciens on mettait dans un bassin plein d’eau des pierres précieuses et des lames d’or et d’argent, gravées de certains caractères, dont on faisait offrande aux démons. Après les avoir conjurés par certaines paroles, on leur proposait la question à laquelle on désirait une réponse. Alors il sortait du fond de l’eau une voix basse, semblable à un sifflement de serpent, qui donnait la solution désirée. Glycas rapporte que Nectanébus, roi d’Égypte, connut par ce moyen qu’il serait détrôné ; et Delrio ajoute que de son temps cette divination était encore en vogue parmi les Turcs. Elle était anciennement familière aux Chaldéens, aux Assyriens et aux Égyptiens. Vigenère dit qu’on jetait aussi du plomb fondu tout bouillant dans un bassin plein d’eau ; et par les figures qui s’en formaient on avait réponse à ce qu’on demandait[19].

Lecanu (M. l’abbé), du clergé de Paris, auteur d’un livre intitulé « Histoire de Satan, sa chute, son culte, ses manifestations, ses œuvres, la guerre qu’il fait à Dieu et aux hommes ; magie, possessions, illuminisme, magnétisme, esprits frappeurs, spirites, etc. » In-8o , Paris, 1862.

Léchies, démons des bois, espèces de satyres chez les Russes, qui leur donnent un corps humain, depuis la partie supérieure jusqu’à la ceinture, avec des cornes, des oreilles, une barbe de chèvre ; et, de la ceinture en bas, des formes de bouc. Quand ils marchent dans les champs, ils se rapetissent au niveau des herbages ; mais lorsqu’ils courent dans les forêts, ils égalent en hauteurs les arbres les plus élevés. Leurs cris sont effroyables. Ils errent sans cesse autour des promeneurs, empruntent une voix qui leur est connue, et les égarent vers leurs cavernes, où ils prennent plaisir à les chatouiller jusqu’à la mort.

Lechies.


Lecoq, sorcier qui fut exécuté à Saumur, au seizième siècle, pour avoir composé des vénéfices et poisons contre les enfants. Le bruit courait dans ce temps-là que lui et d’autres sorciers ayant jeté leurs sorts diaboliques sur les lits de plume, il devait s’y engendrer certains serpents qui piqueraient et tueraient les bonnes gens endormis ; si bien qu’on n’osait plus se coucher. On attrapa Lecoq et on le brûla, après quoi on alla dormir[20], ce que vous pouvez faire aussi.

Ledoux (Mademoiselle), tireuse de cartes, dont on fit le procès à Paris le 14 juillet 1818. Elle fut condamnée à deux ans d’emprisonnement et à douze francs d’amende, pour avoir prescrit à une jeune demoiselle d’aller la nuit en pèlerinage au Calvaire du mont Valérien, près Paris, et d’y porter quatre queues de morue enveloppées dans quatre morceaux d’un drap coupé en quatre, afin de détacher, par ce moyen cabalistique, le cœur d’un jeune homme riche, de neuf veuves et demoiselles qui le poursuivaient en mariage[21].

Legendre (Gilbert-Charles), marquis de Saint-Aubin-sur-Loire, né à Paris en 1688, mort en 1746. On a de lui un Traité de l’opinion, ou Mémoires pour servir à l’histoire de l’esprit humain, Paris, 1733, 6 vol. in-12 ; ouvrage dont M. Salgues a tiré très-grand parti pour son livre des Erreurs et des préjugés répandus dans la société.

Légions. Il y a aux enfers six mille six cent soixante-six légions de démons. Chaque légion de l’enfer se compose de six mille six cent soixante-six diables, ce qui porte le nombre de tous ces démons à quarante-quatre millions quatre cent trente-cinq mille cinq cent cinquante-six, à la tête desquels se trouvent soixante-douze chefs, selon le calcul de Wierus. Mais d’autres doctes mieux informés élèvent bien plus haut le nombre des démons.

Leleu (Augustin), contrôleur des droits du duc de Chaulnes sur la chaîne de Piquigny, qui demeurait à Amiens, rue de l’Aventure, et dont la maison fut infestée de démons pendant quatorze ans. Après s’être plaint, il avait obtenu qu’on fît la bénédiction des chambres infestées ; ce qui força les diables à détaler[22].

Leloyer. Voy. Loyer(le).

Lemia, sorcière d’Athènes, qui fut punie du dernier supplice, au rapport de Démosthène, pour avoir enchanté, charmé et fait périr le bétail ; car dans cette république on avait établi une chambre de justice pour poursuivre les sorciers[23].

Lemnus ou Lemmens (Liévin), né en 1505 à Ziriczée en Zélande, médecin et théologien, publia un livre sur ce qu’il y a de vrai et de faux en astrologie, et un autre sur les merveilles occultes de la nature[24].

Lémures, génies malfaisants ou âmes des morts damnés qui ( selon les croyances superstitieuses) reviennent tourmenter les vivants, et dans la classe desquels il faut mettre les vampires. On prétend que le nom de Lémure est une corruption de Rémure, qui vient à son tour du nom de Rémus, tué par Romulus, fondateur de Rome ; car après sa mort les esprits malfaisants se répandirent dans Rome[25]. Voy. Lares, Larves, Spectres, Vampires, etc.

Lenglet-Dufresnoy (Nicolas), né à Beauvais en 1674 et mort en 1755. On lui doit :1° une Histoire de la philosophie hermétique, accompagnée d’un catalogue raisonné des écrivains de cette science, avec le véritable Philalète, revu sur les originaux, 1742, 3 vol. in-12 ; 2° un Traité historique et dogmatique sur les apparitions, visions et révélations particulières, avec des observations sur les dissertations du R. P. dom Calmet sur les apparitions et les revenants, 1751, 2 vol. in-12 ; 3° un Recueil de dissertations anciennes et nouvelles sur les apparitions, les visions et les songes, avec une préface historique et un catalogue des auteurs qui ont écrit sur les esprits, les visions, les apparitions, les songes et les sortilèges ; 1752, k vol. in-12.

Nous avons puisé fréquemment dans ces ouvrages.

Lenormand (Mademoiselle), femme qui, sous l’Empire et la Restauration, exerçait à Paris le métier de sibylle. Elle prenait le nom de sibylle du faubourg Saint-Germain, tirait les cartes et disait la bonne aventure par le marc de café. On prétend qu’elle était un des organes de la police. Elle a laissé des mémoires et des souvenirs sibyllins. Morte en 1843. Ce qui est curieux, c’est que, de notre temps, les grandes dames allaient la consulter.

Le Normant (Martin), astrologue qui fut apprécié par le roi Jean, auquel il prédit la victoire qu’il gagna contre les Flamands[26].

Léon III, élu pape en 795. On a eu l’effronterie de lui attribuer un recueil de platitudes, embrouillées dans des figures et des mots

inintelligibles, composé par un visionnaire plus de trois cents ans après lui, sous le titre d’Enchiridion Leonis papœ[27]. On a ajouté qu’il avait envoyé ce livre à Charlemagne. Voici le titre exact de ce ridicule fatras : Enchiridion du pape Léon, donné comme un présent précieux au sérénissime empereur Charlemagne, récemment purgé de toutes ses fautes. Rome, 1670, in-12 long, avec un cercle coupé d’un triangle pour vignette, et à l’entour ces mots en légende : Formation, réformation, transformation. Après un avis aux sages cabalistes, le livre commence par l’Évangile de saint Jean, que suivent les secrets et oraisons pour conjurer le diable. Voy. Conjurations, etc.

Léonard, démon des premiers ordres, grand maître des sabbats, chef des démons subalternes, inspecteur général de la sorcellerie, de la magie noire et des sorciers. On l’appelle souvent le


Grand Nègre. Il préside au sabbat sous la figure d’un bouc de haute taille ; il a trois cornes sur la tête, deux oreilles de renard, les cheveux hérissés, les yeux ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe de chèvre et un visage au derrière. Les sorciers l’adorent en lui baisant ce visage inférieur avec une chandelle verte à la main. Quelquefois il ressemble à un lévrier ou à un bœuf, ou à un grand oiseau noir, ou a un tronc d’arbre surmonté d’un visage ténébreux. Ses pieds, quand il en porte au sabbat, sont toujours des pattes d’oie. Cependant, les experts qui ont vu le diable au sabbat observent qu’il n’a pas de pieds quand il prend la forme d’un trône d’arbre et dans d’autres circonstances extraordinaires. Léonard est taciturne et mélancolique ; mais dans toutes les assemblées de sorciers et de diables où il est obligé de figurer, il se montre avantageusement et déploie une gravité superbe[28].

Léopold, fils naturel de l’empereur Rodolphe II. Il embrassa la magie et étudia les arts du diable, qui lui apparut plus d’une fois. Il arriva que son frère Frédéric fut pris en bataille en combattant contre Louis de Bavière. Léopold, voulant lui envoyer un magicien pour le délivrer de la prison de Louis sans payer rançon, s’enferma avec ce magicien dans une chambre, en conjurant et appelant le diable, qui se présenta à eux sous forme et costume d’un messager de pied, ayant ses souliers usés et rompus, le chaperon en tête ; quant au visage, il avait les yeux chassieux. Il leur promit, sans que le magicien inintelligibles se dérangeât, de tirer Frédéric d’embarras, pourvu qu’il y consentît. Il se transporta de suite dans la prison, changea d’habit et de forme, prit celle d’un écolier, avec une nappe autour du cou, et invita Frédéric à entrer dans la nappe, ce qu’il refusa en faisant le signe de la croix. Le diable s’en retourna confus chez Léopold, qui ne le quitta point pour cela ; car pendant la maladie à la suite de laquelle il mourut, s’étant levé un jour sur son séant, il commanda à son magicien, qu’il tenait à gages, d’appeler le diable, lequel se montra sous la forme d’un homme noir et hideux ; Léopold ne l’eut pas plutôt vu qu’il dit : C’est assez ; et il demanda qu’on le recouchât dans son lit, où il trépassa[29]

Lépapa, rocher mystique. Voy. Eatuas.

Lépréchan. C’est le nom qu’on donne au cluricaune dans quelques comtés de l’Irlande. Voyez Cluricaune.

Leriche (M. l’abbé), prêtre du diocèse de Poitiers, auteur d’un savant livre intitulé Études sur les possessions en général et sur la possession de Loudun en particulier, précédées d’une lettre du P. Ventura. 1 vol. in-12, 1859. Dans cet ouvrage, parfaitement écrit et solidement appuyé de preuves, l’auteur a mis au néant tous les mensonges du calviniste Saint-Aubin.

Leroux de Lincy, auteur vivant de travaux curieux intitulés Le Livre des légendes, 1836.

Lesage. Voy. Luxembourg.

Lescorière (Marie), vieille sorcière arrêtée au seizième siècle à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Elle répondit dans son interrogatoire qu’elle passait pour sorcière sans l’être ; qu’elle croyait en Dieu, l’avait prié journellement, et avait quitté le diable depuis longtemps ; qu’il y avait quarante ans qu’elle n’avait été au sabbat. Interrogée sur le sabbat, elle dit qu’elle avait vu le diable en forme d’homme et de bouc, qu’elle lui avait cédé les galons dont elle liait ses cheveux, que le diable les lui avait payés un écu qu’elle avait mis dans sa bourse ; qu’il lui avait surtout recommandé de ne pas prier Dieu, de nuire aux gens de bien, et qu’il lui avait remis pour cela de la poudre dans une boîte ; qu’il était venu la trouver en forme de chat, et que, parce qu’elle avait cessé d’aller au sabbat, il l’avait meurtrie à coups de pierres ; que quand elle appelait le diable, il venait à elle en figure de chien pendant le jour et en figure de chat pendant la nuit ; qu’une fois elle l’avait prié de faire mourir une voisine, ce qu’il avait fait ; qu’une autre fois, passant par un village, les chiens l’avaient suivie et mordue ; que dans l’instant elle avait appelé le diable, qui les avait tués. Elle dit aussi qu’il ne se faisait autre chose au sabbat sinon honneur au diable, qui promettait ce qu’on lui demandait ; qu’on lui faisait offrande en le baisant au derrière ayant chacun une chandelle à la main[30].

Lescot, devin de Parme, qui disait indifféremment à tout homme qui en voulait faire l’essai : a Pensez ce que vous voudrez, et je devinerai ce que vous pensez, » parce qu’il était servi par un démon[31].

Lespèce, Italien qui fut avalé pendant le séjour de la flotte française au port de Zante, sous le règne de Louis XII. Il était dans le brigantin de François de Grammont. Un jour, après avoir bien bu, il se mit à jouer aux dés et perdit tout son argent. Il maugréa Dieu, les saints, la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, et invoqua le diable à son aide. La nuit venue, comme l’impie commençait à ronfler, un gros et horrible monstre, aux yeux étincelants, approcha du brigantin. Quelques matelots prirent cette bête pour un monstre marin et voulurent l’éloigner ; mais elle aborda le navire et alla droit à l’hérétique, qui fuyait de tous côtés. Dans sa fuite, il trébucha et tomba dans la gueule de cet horrible serpent[32].

Léthé, fleuve qui arrosait une partie du Tartare et allait jusqu’à l’Élisée. Ses ondes faisaient oublier aux ombres, forcées d’en boire, les plaisirs et les peines de la vie qu’elles avaient quittée. On surnommait le Léthé le fleuve d’Huile, parce que son cours était paisible, et par la même raison Lucain l’appelle deus tacitus, dieu silencieux, car il ne faisait entendre aucun murmure. Les âmes des méchants, après avoir expié leurs | crimes par de longs tourments, venaient aux bords du Léthé perdre le souvenir de leurs maux et puiser une nouvelle vie. Sur ses rives, comme sur celles du Cocyte, on voyait une porte qui communiquait au Tartare[33].

Lettres de l’alphabet. Leur mystère. Voyez Marc l’hérétique.

Lettres infernales, ou Lettres des campagnes, publiées en 1734. Ce n’est qu’une satire contre les fermiers généraux.

Lettres sur les diverses apparitions d’un bénédictin de Toulouse, in-4o, 1679. Ces apparitions étaient, dit-on, des supercheries de quelques novices de la congrégation de Saint-Maur, qui voulaient tromper leurs supérieurs. On les fit sortir de l’ordre.

Leuce-Carin, hérétique du second siècle, auteur apocryphe d’un livre intitulé Voyages des apôtres. Il y conte des absurdités.

Leucophylle, plante fabuleuse qui, selon les anciens, croissait dans le Phase, fleuve de la Colchide. On lui attribuait la vertu d’empêcher les infidélités ; mais il fallait la cueillir avec de certaines précautions, et on ne la trouvait qu’au point du jour, vers le commencement du printemps, lorsqu’on célébrait les mystères d’Hécate.

Lévi de Moravie, rabbin juif, réputé grand magicien au xvie siècle.

Léviathan, grand amiral de l’enfer, selon les démonomanes. Wierus l’appelle le grand menteur. Il s’est mêlé de posséder, de tous temps, les gens qui courent le monde. Il leur apprend à mentir et à en imposer. Il est tenace, ferme à son poste et difficile à exorciser. On donne aussi le nom de Léviathan à un poisson immense que les rabbins disent destiné au repas du Messie. Ce poisson est si monstrueux qu’il en avale d’un coup un autre, lequel, pour être moins grand que lui, ne laisse pas d’avoir trois lieues de long. Toute la masse des eaux est portée sur Léviathan. Dieu, au commencement, en créa deux, l’un mâle et l’autre femelle ; mais de peur qu’ils ne renversassent la terre et qu’ils ne remplissent l’univers de leurs semblables, Dieu, disent encore les rabbins, tua la femelle et la sala pour le repas du Messie qui doit venir. Eh hébreu, Léviathan veut dire monstre des eaux. Il paraît que c’est le nom de la baleine dans le livre de Job, chap. lxi. Samuel Bochard croit que c’est aussi le nom du crocodile. Voy. Kraken.

Lewis (Matthieu-Grégoire), auteur de romans et de pièces de théâtre, né en 1773 et mort en 1818. On a de lui le Moine, 1795, 3 vol. in-12, production effroyable et dangereuse, qui fit plus de bruit qu’elle ne mérite ; le Spectre du château, opéra ou drame en musique, etc.

Lézards. Les Kamtschadales en ont une crainte superstitieuse. Ce sont, disent-ils, les espions de Gaeth (dieu des morts) qui viennent leur prédire la fin de leurs jours. Si on les attrape, on les coupe en petits morceaux pour qu’ils n’aillent rien dire au dieu des morts. Si un lézard échappe, l’homme qui l’a vu tombe dans la tristesse et meurt quelquefois de la peur qu’il a de mourir.

Les nègres qui habitent les deux bords du Sénégal ne veulent pas souffrir, au contraire, qu’on tue les lézards autour de leurs maisons. Ils sont persuadés que ce sont les âmes de leurs pères, de leurs mères et de leurs proches parents qui viennent faire le folgar, c’est-à-dire se réjouir avec eux[34].

Libanius, magicien né en Asie, qui, pendant le siège de Ravenne par Constance, employait des moyens magiques pour vaincre les ennemis[35].

Libanomancie, divination qui se faisait par le moyen de l’encens. Voici, selon Dion Cassius, les cérémonies que les anciens pratiquaient dans la libanomancie. On prend, dit-il, de l’encens, et, après avoir fait des prières relatives aux choses que l’on demande, on jette cet encens dans le feu, afin que sa fumée porte les prières jusqu’au ciel. Si ce qu’on souhaite doit arriver, l’encens s’allume sur-le-champ, quand même il serait tombé hors du feu ; le feu semble l’aller chercher pour le consumer. Mais si les vœux qu’on a formés ne doivent pas être remplis, ou l’encens ne tombe pas dans le feu, ou le feu s’en éloigne et ne le consume pas. Cet oracle, ajoutet-il, prédit tout, excepté ce qui regarde la mort et le mariage.

Libertins, fanatiques qui s’élevèrent en Flandre au milieu du seizième siècle et qui se répandirent en France, où ils eurent pour chef un tailleur picard nommé Quintin. Ils professaient exactement le panthéisme des philosophes de nos jours ; et les rêveurs allemands les copient. Ils regardaient le paradis et l’enfer comme des illusions et se livraient à leurs sens. Le nom quïls se donnaient, comme affranchis, est devenu une injure.

Libres penseurs, personnages qui se posent de nos jours en esprits forts et qui ont toutes les doctrines des hérétiques dont on vient de parler.

Licorne. On croyait chez nos pères que la corne de licorne préservait des sortilèges. Les licornes du cap de Bonne-Espérance sont décrites avec des têtes de cheval, d’autres avec des têtes de cerf. On dit que le puits du palais de Saint-Marc ne peut être empoisonné, parce qu’on y a jeté des cornes de licornes. On est d’ailleurs indécis sur ce qui concerne ces animaux, dont la race semble perdue, quoique, dit-on, elle existe encore en Chine. Voy. Cornes.

Lierre. Nous ne savons pourquoi les Flamands appellent le lierre fil du diable (Duivels-Naaigaren).

Lieder (Madeleine), femme de Lewenburg en Saxe, qui fut possédée en 1605, avec des crises singulières. Quelquefois son démon l’enroulait comme une pelote, de sorte que sa tête touchait ses genoux ; et, dans cette situation, elle était lancée en l’air. D’autres fois sa taille grandissait au point que sa tête touchait le plafond. D’autres

{br0}}fois ses yeux sortaient de sa tête gros comme des œufs de poule, ou sa langue pendait noire et longue d’un pied hors de sa bouche[36]. On l’exorcisa, et le démon qui la possédait dit, par sa bouche, que ses meilleurs amis étaient Judas, Hérode, Pilate et Faust.

Lièvre. On raconte des choses merveilleuses du lièvre. Évax et Aaron disent que si l’on joint ses pieds avec la tête d’un merle, ils rendront l’homme qui les portera si hardi qu’il ne craindra pas même la mort. Celui qui se les attachera au bras ira partout où il voudra, et s’en retournera sans danger. — Si on en fait manger à un chien, avec le cœur d’une belette, il est sûr qu’il n’obéira jamais, quand même on le tuerait[37].

Si des vieillards aperçoivent un lièvre traversant un chemin, ils ne manquent guère d’en

augurer quelque mal. Ce n’est pourtant, au fond, qu’une menace des anciens augures exprimée en ces termes : Inauspicatum dat iter oblahis lepus. Cette idée n’avait apparemment d’autre fondement, si ce n’est que nous devons craindre quand un animal timide passe devant nous ; comme un renard, s’il y passe aussi, nous présage quelque imposture. Ces observations superstitieuses étaient défendues aux Juifs. Chez les Grecs modernes, si un lièvre croise le chemin d’une caravane, elle fera halte jusqu’à ce qu’un passant qui ne l’ait pas vu coupe le charme en traversant la même route[38]. — Les Romains croyaient que celui qui mangeait du lièvre pendant sept jours était par là fort embelli ; et on conte qu’Alexandre-Sévère, qui apparemment avait un grain de coquetterie, mangeait du lièvre à tous ses repas.

À l’honneur des lièvres, voy. Sakimouni.

Lièvre (Le Grand). Les Chipouyans, peuplade sauvage qui habite l’intérieur de l’Amérique septentrionale, croient que le Grand Lièvre, nom qu’ils donnent à l’Être suprême, étant porté sur les eaux avec tous les quadrupèdes qui composaient sa cour, forma la terre d’un grain de sable tiré de l’Océan et tira les hommes des corps des animaux. Mais le Grand Tigre, dieu des eaux, s’opposa aux desseins du Grand Lièvre. Voilà, suivant eux, les principes qui se combattent perpétuellement.

Ligature. On donne ce nom à un maléfice spécial, par lequel on liait et on paralysait quelque faculté physique de l’homme ou de la femme. On appelait chevillement le sortilège qui fermait un conduit et empêchait par exemple les déjections naturelles. On appelait embarrer l’empêchement magique qui s’opposait à un mouvement. On appelait plus spécialement ligature le maléfice qui affectait d’impuissance un bras, un pied ou tout autre membre.

Le plus fameux de ces sortilèges est celui qui est appelé dans tous les livres où il s’agit de superstitions, dans le curé Thiers, dans le père Lebrun et dans tous les autres, le nouement de L’aiguillette ou l’aiguillette nouée, désignation honnête d’une chose honteuse. C’est au reste le terme populaire. Cette matière si délicate, que nous aurions voulu pouvoir éviter, tient trop de place dans les abominations superstitieuses pour être passée sous silence.

Les rabbins attribuent à Cham l’invention du nouement de l’aiguillette. Les Grecs connaissaient ce maléfice. Platon conseille à ceux qui se marient de prendre garde à ces charmes ou ligatures qui troublent la paix des ménages[39]. On nouait aussi l’aiguillette chez les Romains ; cet usage passa des magiciens du paganisme aux sorciers modernes. On nouait surtout beaucoup au moyen âge. Plusieurs conciles frappèrent d’anathème les noueurs d’aiguillette ; le cardinal du Perron fit même insérer dans le rituel d’Évreux des prières contre l’aiguillette nouée ; car jamais ce maléfice ne fut plus fréquent qu’au seizième siècle. Le nouement de l’aiguillette devient si commun, dit Pierre Delancre, qu’il n’y a guère d’hommes qui osent se marier, sinon à la dérobée. On se trouve lié sans savoir par qui, et de tant de façons que le plus rusé n’y comprend rien. Tantôt le maléfice est pour l’homme, tantôt pour la femme, ou pour tous les deux. Il dure un jour, un mois, un an. L’un aime et n’est pas aimé ; les époux se mordent, s’égratignent et se repoussent ; ou bien le diable interpose entre eux un fantôme, etc. Le démonologue expose tous.les cas bizarres et embarrassants d’une si fâcheuse circonstance.

Mais l’imagination, frappée de la peur du sortilège, faisait le plus souvent tout le mal. On attribuait aux sorciers les accidents qu’on ne comprenait point, sans se donner la peine d’en chercher la véritable cause. L’impuissance n’était donc généralement occasionnée que par la peur du maléfice, qui frappait les esprits et affaiblissait les organes ; et cet état ne cessait que lorsque la sorcière soupçonnée voulait bien guérir l’imagination du malade en lui disant qu’elle le restituait. Une nouvelle épousée de Niort, dit Bodin[40], accusa sa voisine de l’avoir liée. Le juge fit mettre la voisine au cachot. Au bout de deux jours, elle commença à s’y ennuyer et s’avisa de faire dire aux mariés qu’ils étaient déliés ; et dès lors ils furent déliés. — Les détails de ce désordre sont presque toujours si ignobles qu’on ne peut mettre sous les yeux d’un lecteur honnête cet enchenillement, comme l’appelle Delancre[41].

Les mariages ont rarement lieu en Russie sans quelque frayeur de ce genre. « J’ai vu un jeune homme, dit un voyageur[42], sortir comme un furieux de la chambre de sa femme, s’arracher les cheveux et crier qu’il était ensorcelé. On eut recours au remède employé chez les Russes, qui est de s’adresser à des magiciennes blanches, lesquelles pour un peu d’argent, rompent le charme et dénouent l’aiguillette ; ce qui était la cause de l’état où je vis ce jeune homme. »

Désaccord.

Nomment de l’aiguillette. — Nous croyons devoir rapporter, comme spécimen des bêtises de l’homme, la stupide formule suivante, qu’on lit au chapitre premier des Admirables secrets du Petit Albert :

« Qu’on prenne la verge d’un loup nouvellement tué ; qu’on aille à la porte de celui qu’on veut lier, et qu’on l’appelle par son propre nom. Aussitôt qu’il aura répondu, on liera la verge avec un lacet de fil blanc, et le pauvre homme sera impuissant aussitôt. »

Ce qui est surprenant, c’est que les gens de village croient à de telles formules, qu’ils les emploient, et qu’on laisse vendre publiquement des livres qui les donnent avec de scandaleux détails.

On trouve dans Ovide et dans Virgile les procédés employés par les noueurs d’aiguillette de leur temps. Ils prenaient une petite figure de cire qu’ils entouraient de rubans ou de cordons ; ils prononçaient sur sa tête des conjurations, en serrant les cordons l’un après l’autre ; ils lui enfonçaient ensuite, à la place du foie, des aiguilles ou des clous, et le charme était achevé.

Bodin assure qu’il y a plus de cinquante moyens de nouer l’aiguillette. Le curé Thiers rapporte avec blâme plusieurs de ces sortes de moyens, qui sont encore usités dans les villages.

Contre l’aiguillette nouée. — On prévient ce maléfice en portant un anneau dans lequel est enchâssé l’œil droit d’une belette ; ou en mettant du sel dans sa poche, ou des sous marqués dans ses souliers, lorsqu’on sort du lit ; ou, selon Pline, en frottant de graisse de loup le seuil et les poteaux de la porte qui ferme la chambre à coucher. — Hincmar de Reims conseille avec raison aux époux qui se croient maléliciés du nouement de l’aiguillette la pratique des sacrements comme un remède efficace ; d’autres ordonnaient le jeûne et l’aumône.

Le Petit Albert conseille contre l’aiguillette nouée de manger un pivert rôti avec du sel bénit, ou de respirer la fumée de la dent d’un mort jetée dans un réchaud. — Dans quelques pays on se flatte de dénouer l’aiguillette en mettant deux chemises à l’envers l’une sur l’autre. Ailleurs, on perce un tonneau de vin blanc, dont on fait passer le premier jet par la bague de la mariée. Ou bien, pendant neuf jours, avant le soleil levé, on écrit sur du parchemin vierge le mot avigazirtor. Il n’y a, comme on voit, aucune extravagance qui n’ait été imaginée.

Voici, avant de finir, un exemple curieux d’une manière peu usitée de nouer l’aiguillette : « Une sorcière, voulant exciter une haine mortelle entre deux futurs époux, écrivit sur deux billets des caractères inconnus et les leur fit porter sur eux. Comme ce charme ne produisait pas assez vite l’effet qu’elle désirait, elle écrivit les mêmes caractères sur du fromage qu’elle leur fit manger ; puis elle prit un poulet noir qu’elle coupa par le milieu, en offrit une partie au diable et leur donna l’autre, dont ils firent leur souper. Cela les anima tellement qu’ils ne pouvaient plus se regarder l’un l’autre. — Y a-t-il rien de si ridicule, ajoute Delancre, persuadé pourtant de la vérité du fait, et peut-on reconnaître en cela quelque chose qui puisse forcer deux personnes qui s’entr’aiment à se haïr à mort ? »

On dit que les sorciers ont coutume d’enterrer des têtes et des peaux de serpents sous le seuil de la porte des mariés, ou dans les coins de leur maison, afin d’y semer la haine et les dissensions. Mais ce ne sont que les marques visibles des conventions qu’ils ont faites avec Satan, lequel est le maître et l’auteur du maléfice de la haine. Parfois, continue Delancre, le diable ne va pas si avant, et se contente, au lieu de la haine, d’apporter seulement de l’oubli, mettant les maris en tel oubli de leurs femmes qu’ils en perdent tout à fait la mémoire, comme s’ils ne s’étaient jamais connus. Un jeune homme d’Etrurie devint si épris d’une sorcière, qu’il abandonna sa femme et ses enfants pour venir demeurer avec elle, et il continua ce triste genre de vie jusqu’à ce que sa femme, avertie du maléfice, l’étant venue trouver, fureta si exactement dans la maison de la sorcière, qu’elle découvrit sous son lit le sortilège, qui était un crapaud enfermé dans un pot, ayant les yeux cousus et bouchés ; elle le prit, et, lui ayant ouvert les yeux, elle le brûla. Aussitôt l’amour et l’affection qu’il avait autrefois pour sa femme et ses enfants revinrent tout à coup dans la mémoire du jeune homme, qui s’en retourna chez lui honteux et repentant et passa dans de bons sentiments le reste de ses jours. — Delancre cite d’autres exemples bizarres des effets de ce charme, comme des époux qui se détestaient de près et qui se chérissaient de loin. Ce sont de ces choses qui se voient aussi de nos jours, sans qu’on pense à y trouver du sortilège.

Le P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs d’aiguillette ; cependant il rapporte le trait de l’abbé Guibert de Nogent, qui raconte[43] que son père et sa mère avaient eu l’aiguillette nouée pendant sept ans, et qu’après cet intervalle pénible une vieille femme rompit le maléfice et leur rendit l’usage du mariage. — Nous le répétons, la peur de ce mal, qui n’a guère pu exister que dans les imaginations faibles, était autrefois trèsrépandue. Personne aujourd’hui ne s’en plaint dans les villes ; mais on noue encore l’aiguillette dans les villages ; bien plus, on se sert encore des procédés que nous rapportons ici, car la superstition n’est pas progressive. El tandis qu’on nous vante à grand bruit l’avancement des lumières, nous vivons à quelques lieues de pauvres paysans qui ont leurs devins, leurs sorciers, leurs présages, qui ne se marient qu’en tremblant, et qui ont la tête obsédée de terreurs infernales.

Lilith. Wierus et plusieurs autres démonomanes font de Lilith le prince ou la princesse des démons succubes. — Les démons soumis à Lilith portent le même nom que leur chef, et, comme les Lamies, cherchent à faire périr les nouveau-nés ; ce qui fait que les juifs, pour les écarter, ont coutume d’écrire aux quatre coins de la chambre d’une femme nouvellement accouchée :« Adam, Ève ; hors d’ici Lilith[44] ! »

Lilly (William), astrologue anglais du dixseptième siècle qui se fit une réputation en publiant l’horoscope de Charles Ier. Il mourut en 1681. Sa Vie, écrite par lui-même, contient des détails si naïfs et en même temps une imposture si palpable qu’il est impossible de distinguer ce qu’il croit vrai de ce qu’il croit faux. C’est lui qui a fourni la partie la plus considérable de l’ouvrage intitulé Folie des astrologues. Les opinions de Lilly et sa prétendue science avaient tant de vogue dans son siècle que Gataker, théologien anglican, se crut obligé d’écrire contre cette déception populaire. Parmi un grand nombre d’écrits ridicules dont le titre indique assez le sujet, nous citerons de Lilly :1o le Jeune Anglais Merlin, Londres, 1664 ; 2o le Messager des étoiles, 1645 ; 3o Recueil de prophéties, 1646.

Limaçons. Les limaçons ont de grandes


propriétés pour le corps humain, dit l’auteur des Secrets d’Albert le Grand, et il indique de suite quelques jocrissades. — De nos jours, on a essayé de les douer de sympathies telles qu’ils remplaceraient le télégraphe électrique. Mais on a reconnu dans cette donnée une mystification. Voy. Escargot.

Beaucoup de personnes doutent si les limaçons ont des yeux. On s’est guéri de ce doute par le secours des microscopes ; les points ronds et noirs de leurs cornes sont leurs yeux, et il est certain qu’ils en ont quatre.

Limbes. C’est le mot consacré parmi les théologiens pour signifier le lieu où les âmes des saints patriarches étaient détenues en attendant la venue de Jésus-Christ. On dormait aussi le nom de Limbes aux lieux où vont les âmes des enfants morts sans baptême.

Limyre, fontaine de Lycie qui rendait des oracles par le moyen de ses poissons. Les consultants leur présentaient à manger : si les poissons se jetaient dessus, le présage était favorable ; s’ils le refusaient, surtout s’ils le rejetaient avec leurs queues, c’était un mauvais indice.

Linkup ou Linkop (Marion), sorcière. Voyez Jacques Ier.

Linurgus, pierre fabuleuse qui se trouvait, dit-on, dans le fleuve Achéloûs. Les anciens l’appelaient lapis lineus. On l’enveloppait dans un linge, et lorsqu’elle devenait blanche, on se promettait bon succès dans ses projets de mariage.

Lion. Si on fait des courroies de sa peau, celui qui s’en ceindra ne craindra point ses ennemis ; si on mange de sa chair, ou qu’on boive de son urine pendant trois jours, on guérira de la fièvre quarte… Si vous portez les yeux de cet animal sous l’aisselle, toutes les bêtes s’enfuiront devant vous en baissant la tête[45].

Le lion est un des signes du zodiaque. Voy. Horoscopes. — Le diable s’est montré quelquefois sous la forme d’un lion, disent les


démonographes. Un des démons qui possédèrent Elisabeth Blanchard est désigné sous le nom du lion d’enfer. Voy. Messie des juifs.

Lios. Voy. Alfares.

Lisathama. Voy. Gruau de la Barre.

Lissi, démon peu connu qui posséda Denise de la Caille et signa le procès-verbal d’expulsion, qui n’est qu’une farce.

Litanies du sabbat. Les mercredis et vendredis on chantait au sabbat les litanies suivantes, s’il faut en croire les relations :

Lucifer, Belzébuth, Léviathan, prenez pitié de nous. Baal, prince des séraphins ; Baalbérith, prince des chérubins ; Astaroth, prince des Trônes ; Rosier, prince des Dominations ; Carreau, prince des Puissances ; Bélias, prince des Vertus ; Perrier, prince des Principautés ; Olivier, prince des Archanges ; Junier, prince des Anges ; Sarcueil, Fume-Bouche, Pierre-de-Feu, Carniveau, Terrier, Coutellier, Candelier, Béhémoth, Oilette, Belphégor, Sabathan, Garandier, Dolers, Pierre-Fort, Axaphat, Prisier, Kakos, Lucesme, priez pour nous[46]. — Il faut remarquer que Satan n’est pas invoqué dans ces litanies, non plus qu’une foule d’autres.

Lithomana. Voy. Gruau de la Barre.

Lithomancie, divination par les pierres. Elle se faisait au moyen de plusieurs cailloux qu’on poussait l’un contre l’autre, et dont le son plus ou moins clair ou aigu donnait à connaître la volonté des dieux. On rapporte encore à cette divination la superstition de ceux qui croient que l’améthyste a la vertu de faire connaître à ceux qui la possèdent les événements futurs par les songes. On disait aussi que si on arrose l’améthyste avec de l’eau et qu’on l’approche de l’aimant, elle répondra aux questions qu’on lui fera, mais d’une voix faible comme celle d’un enfant[47]

Lituus, baguette d’augure, recourbée dans le bout le plus fort et le plus épais. Le lituus dont on fit usage à l’élection de Nuraa, second roi de Rome, était conservé dans le temple de Mars. On conte qu’il fut trouvé entier après l’incendie général de Rome[48].

Livres. Presque tous les livres qui contiennent les secrets merveilleux et les manières d’évoquer le diable ont été attribués à de grands personnages. Abel, Adam, Alexandre, Albert le Grand, Daniel, Hippocrate, Galien, Léon III, Hermès, Platon, saint Thomas, saint Jérôme, passent, dans l’idée des imbéciles, pour auteurs de livres magiques. La plupart de ces livres sont inintelligibles et d’autant plus admirés des sots qu’ils en sont moins entendus. Voyez à leurs noms les grands hommes auxquels on attribue les livres magiques. Le Livre des prodiges, ou Histoires et aventures merveilleuses et remarquables de spectres, revenants, esprits, fantômes, démons, etc., rapportées par des personnes dignes de foi. 1 volume in-12, cinquième édition, Paris, 1821 ; — compilation sans objet. Voy. Mirabilis Liber.

Lizabet, démon. Voy. Colas.

Loannocks (Susanna), Anglaise qui, en 1659, fut accusée par une de ses voisines de lui avoir ensorcelé son rouet, en sorte qu’elle ne pouvait plus le faire tourner. Elle offrit de soutenir son dire par serment. Le mari de l’accusée nia la culpabilité de sa femme, sans nier la possibilité du crime ; et, pour la disculper, il demanda qu’elle fût soumise à l’épreuve de la Bible. Les démonographes magistrats y consentirent, et c’est probablement la dernière fois que cette singulière épreuve eut lieu. L’accusée fut conduite en chemise à l’église de la paroisse et placée dans un plateau de la balance, tandis qu’on mit dans l’autre la grande Bible de l’Église. La femme fut plus lourde que le livre, et en conséquence honorablement acquittée ; car c’était un fait incontestable et incontesté jusqu’alors chez les anglicans qu’une sorcière déshabillée ne pesait pas une Bible d’église[49].

Lock. Chez les Scandinaves, les tremblements de terre étaient personnifiés dans un dieu, un dieu mauvais, un démon nommé Lock. Après avoir répandu le mal dans toute la Scandinavie, comme un semeur sa graine, Lock fut à la fin enchaîné sur des roches aiguës. Lorsqu’il se retourne, ainsi que le ferait un malade, sur son lit de pierres coupantes, la terre tremble ; lorsqu’il écume et répand sa bave, qui est un poison, ses nerfs entrent en convulsion et la terre s’agite[50].

Lofarde, sorcière qui fut accusée, en 1582, par sa compagne, la femme Gantière, de l’avoir menée au sabbat, où le diable l’avait marquée, lequel était vêtu d’un hilaret jaune[51]

Logherys. Voy. Lumcaunes.

Lohen (Nephtali), rabbin de Francfort, réputé au treizième siècle grand magicien.

Loki, démon farceur des Scandinaves. C’est lui qui égayé les dieux et les héros de Walhalla.

Lokman, fabuliste célèbre de l’Orient. Il vivait, dit-on, vers le temps de David, ce qui n’est pas certain ; il fut surnommé le Sage. Les Perses disent qu’il trouva le secret de faire revivre les morts, et qu’il usa de ce secret pour lui-même. Ils lui accordent une longévité de trois cents ans ; quelques-uns prétendent qu’il en vécut mille.

Il a laissé, ou du moins on a mis sous son nom, des apologues qui jouissent d’une grande célébrité. Les écrivains de l’Asie réclament pour lui la plupart des faits et gestes que les Grecs attribuent à Ésope[52].

Lollard (Gauthier), hérétique qui commença en 1315 à semer ses erreurs ; il les avait prises des Albigeois. Il enseignait que les démons avaient été chassés du ciel injustement, qu’ils y seraient un jour rétablis, et que saint Michel et les autres anges seraient alors damnés à leur tour. Il prêchait des mœurs corrompues, et ses disciples firent beaucoup de mal. Brûlé à Cologne en 1322.

Lomelli (Battista), mystique italien qui précéda à Paris, sous Louis XIII, les prestiges de Cagliostro. Il disait la bonne aventure avec beaucoup de cérémonies qui en imposaient.

Longévité. On a vu, surtout dans les pays du Nord, des hommes qui ont prolongé leur vie au delà des termes ordinaires. Cette longévité ne peut s’attribuer qu’à une constitution robuste, à une vie sobre et active, à un air vif et pur. Il n’y a pas cinquante ans que Kotzebue rencontra en Sibérie un vieillard bien portant, marchant et travaillant encore, dans sa cent quarante-deuxième année. Des voyageurs dans le Nord trouvèrent au coin d’un bois un vieillard à barbe grise qui pleurait à chaudes larmes. Ils lui demandèrent le sujet de sa douleur : le vieillard répondit que son père l’avait battu. Les voyageurs surpris le reconduisirent à la maison paternelle et intercédèrent pour lui. Après quoi, ils demandèrent au père le motif de la punition infligée à son fils. « Il a manqué de respect à son grand-père, » répondit le vieux bonhomme.

Les chercheurs de merveilles ont ajouté les leurs à celles de la nature. Torquemada conte qu’en 1531 un vieillard de Trente, âgé de cent ans, rajeunit et vécut encore cinquante ans ; et Langius dit que les habitants de l’île de Bonica en Amérique peuvent aisément s’empêcher de vieillir, parce qu’il y a dans cette île une fontaine qui rajeunit pleinement. Voy. Haquin.

Lorsque l’empereur Charles-Quint envoya une armée navale en Barbarie, le général qui commandait cette expédition passa par un village de la Calabre où presque tous les paysans étaient âgés de cent trente-deux ans, et tous aussi sains et dispos que s’ils n’en avaient eu que trente. C’était, disent les relations, un sorcier qui les rajeunissait. En 1773 mourut, près de Copenhague, un matelot nommé Drakenberg, âgé de cent quarantesix ans : la dernière fois qu’il se maria il avait cent onze ans, et il en avait cent trente quand sa femme mourut. Il devint épris d’une jeune fille de dix-huit ans qui le refusa ; de dépit il jura de vivre garçon désormais, et il tint parole.

En 1670, sous Charles II, mourut dans l’Yorkshire Henri Jenkins, né en 1501, sous Henri VII. Il se rappelait à merveille d’avoir été de l’expédition de Flandre sous Henri VIII, en 1513. Il mourut à cent soixante-neuf ans révolus, après avoir vécu sous huit rois, sans compter le règne de Cromwell. Son dernier métier était celui de pêcheur. Agé de plus de cent ans, il traversait la rivière à la nage. Sa petite-fille mourut à Cork à cent treize ans. Voy. Arthephius, Dormants, Flamel, Jean d’Estampes, Lokman, Zoroastre, etc.

Loota, oiseau qui, dans l’opinion des habitants des îles des Amis, mange, à l’instant de la mort, les âmes des gens du peuple, et qui, pour cet effet, se promène sur leurs tombes. (Voyages de Cooh.)

Loray. Voy. Oray.

Loterie. La loterie doit son origine à un Génois. Elle fut établie à Gênes en 1720, en France elle a été supprimée de nos jours.

Entre plusieurs moyens imaginés par les visionnaires pour gagner à la loterie, le plus commun était celui des songes. Un rêve, sans que l’on en sache la raison, indiquait à celui qui l’avait fait les numéros qui devaient sortir au prochain tour de roue. Si l’on voit en songe un aigle, disent les livres qui enseignent cette science, il donne 8, 20, 46 ; un ange, 20, 46, 56 ; un bouc, 10, 13, 90 ; des brigands, 4, 19, 33 ; un champignon, 70, 80, 90 ; un chat-huant, 13, 85 ; un crapaud, 4, 46 ; le diable, 4, 70, 80 ; un dindon, 80, 40, 66 ; un dragon, 8, 12, 43, 60 ; les fantômes, 1, 22, 52 ; une femme, 4, 9, 22 ; une fille, 20, 35, 58 ; une grenouille, 3, 19, 27 ; la lune, 9, 46, 79, 80 ; un moulin, 15, 49, 62 ; un ours, 21, 50, 63 ; un pendu, 17, 71 ; des puces, 45, 57, 83. Des rats, 9, 40, 56 ; un spectre, 31, 43, 74, etc. Or, dans cent mille personnes qui mettaient à la loterie, il y avait cent mille rêves différents, et il ne sortait que cinq numéros ; de plus, aucun système ne ressemblait à un autre. Si Cagliostro donnait pour tel rêve les numéros 11, 27, 82, un autre indiquait des numéros tout différents. — Croirait-on que les livres de secrets merveilleux donnent gravement ce procédé pour gagner à la loterie ? Il faut : avant de vous coucher, réciter trois fois la formule qui va suivre ; après quoi vous la mettrez sous votre oreiller, écrite sur un parchemin vierge ; et pendant votre sommeil le génie de votre planète viendra vous dire l’heure où vous devez prendre votre billet, et vous révéler en songe les numéros. Voici la formule : « Seigneur, montrez-moi donc un mort mangeant de bonnes viandes, un beau pommier ou de l’eau courante, tous bons signes ; et envoyez-moi les anges Uriel, Rubiel ou Barachiel, qui m’instruisent des nombres que je dois prendre pour gagner ; par celui qui viendra juger les vivants et les morts et le siècle par le feu. » Dites alors trois Pater et trois Ave pour les âmes du purgatoire…

Loudun, ville de France dans le département de la Vienne, célèbre par une possession qui fit grand bruit dans le premier tiers du dix-septième siècle. Un couvent d’ursulines, qui s’occupaient de l’éducation des jeunes filles, avait été établi à Loudun en 1626. Il était tenu par quatorze religieuses, toutes de bonnes et honnêtes familles et toutes d’une vie irréprochable. Il y avait en même temps dans Loudun un prêtre nommé Urbain Grandier, d’une conduite si légère que l’évêque de Poitiers l’avait interdit a divinis le 3 janvier 1630. On savait qu’il faisait des chansons, des pamphlets et qu’il écrivait contre le célibat des prêtres. Peu après la sentence de l’évêque qui devait le ramener à des mœurs plus recueillies, le directeur des ursulines étant mort, Grandier osa se présenter pour le remplacer. La supérieure le refusa. Bientôt des phénomènes singuliers se produisirent dans le couvent : les quatorze religieuses se trouvèrent possédées ; et, chose surprenante, toutes voyaient la nuit Grandier, pour qui elles ressentaient une grande répulsion, se présenter à elles et les pousser à mal faire. Ce fut un grand bruit dans la ville ; les parents avaient retiré leurs enfants, et les ursulines vivaient dans une épouvante, dans des crises et des convulsions contre lesquelles les médecins ne pouvaient rien. Un conseiller du roi Louis XIII fut envoyé à Loudun pour connaître de ce mystère ; on exorcisa les religieuses, et les mauvais esprits qui les possédaient, contraints par les conjurations ecclésiastiques, déclarèrent que c’était Grandier qui les avait envoyés et les retenait dans les corps de ces femmes.

Une grande affluence de curieux et de savants assistait aux exorcismes. On parlait à ces simples filles en latin, en grec, en hébreu, en turc et dans d’autres idiomes de l’ancien et du nouveau monde. Elles comprenaient tout et répondaient à tout si exactement qu’un savant s’écria : « Il faudrait être fou ou athée pour nier ici la possession, » et que plusieurs hérétiques, entre autres lord Montagu, plusieurs hommes dissolus, entre autres Kériolet, se convertirent publiquement.

Un éminent écrivain du diocèse de Poitiers, M. l’abbé Leriche, a publié tout récemment, en un livre plein d’intérêt[53], l’histoire de cette possession, et ses preuves mettent à néant les pasquinades du protestant Saint-Aubin et des autres esprits avariés qui ont voulu ne pas voir. Nous emprunterons à ce livre quelques renseignements utiles. Voici les noms des religieuses : madame de Belciel, fille du baron de Cose en Saintonge, en religion sœur Jeanne des Anges, supérieure ; madame de Zazilli, en religion sœur Claire de Saint-Jean ; madame de la Motte, fille du marquis de la Motte-Baracé, en religion sœur Agnès de Saint-Jean ; les deux dames de Barbeziers, en religion sœur Louise de Jésus et sœur Catherine de la Présentation, toutes deux de l’illustre maison de Nogeret ; madame d’Escoubleau de Sourdis, en religion sœur Jeanne du Saint-Esprit ; trois autres dont les noms de famille ne sont pas connus, sœur Élisabeth de la Croix, sœur Monique de Sainte-Marthe et sœur Séraphique Archer, enfin huit sœurs laies, en tout dix-sept religieuses.

S’intéressaient, présents aux exorcismes, excepté le cardinal de Richelieu : l’évêque de Poitiers, l’archevêque de Tours, l’archevêque de Toulouse, l’évêque de Nîmes, huit prêtres pieux et savants, cinq docteurs de Sorbonne, onze pères de la compagnie de Jésus, deux pères carmes, six capucins, un dominicain, un récollet, deux oratoriens, etc., et parmi les laïques, outre le roi Louis XIII, la reine Anne d’Autriche, Laubardemont, conseiller du roi, intendant de la Touraine, du Maine et de l’Anjou, les sieurs Roatin, Chevallier, Richard et Housnain, magistrats de Poitiers, Cottreau, Burges, Péguineau, Texier, Dreux, Delabarre, Lapicherie, Riverain, Constant, Deniau, magistrats de Tours, de Chinon, de Saint-Maxent, de Laflèche. Outre huit docteurs en médecine, douze médecins appelés de tous les environs ; enfin, douze personnages éminents, entre autres lord Montagu, lord Killegrew, Kériolet, etc., etc., etc.

C’est une pareille assistance, dont nous ne nommons que les sommités, que les niais, qui nient tout, ont osé accuser de fourberie, ou de connivence ou de stupidité. Or, le crime de Grandier, après deux années d’études et d’examen consciencieux, fut reconnu ; Grandier fut emprisonné ; il s’occupait là à écrire sa défense. Mais un arrêt, rendu le 18 août 1634, le condamna au feu, comme reconnu coupable de magie et d’autres méfaits[54].

Louis Ier, surnommé le Pieux et le Débonnaire, fils de Charlemagne, né en 778, mort en 840. Les astrologues jouirent, dit-on, de quelque faveur à sa cour. À l’article de la mort, on raconte qu’au moment où il recevait la dernière bénédiction, il se tourna du côté gauche, roula les yeux comme une personne fâchée et proféra ces mots allemands : Hulz, hutz (dehors, dehors) ! Ce qui fit conclure qu’il s’adressait au diable, dont il redoutait les approches[55].

Louis XI, roi de France, né en 1423, mort en 1483. Un astrologue ayant prédit la mort d’une personne qu’il aimait, et cette personne étant morte en effet, il crut que la prédiction de l’astrologue en était la cause. Il le fit venir devant lui avec le dessein de le faire jeter par la fenêtre. « Toi, qui prétends être si habile homme, lui dit-il, apprends-moi quel sera ton sort ? » Le prophète, qui se doutait du projet du prince, lui répondit : « Sire, je prévois que je mourrai trois jours avant Votre Majesté. » Le roi le crut et se garda bien de le faire mourir. Du moins tel est le conte, et on en a prêté beaucoup à ce roi si partialement jugé.

Louis XIII, roi de France, né en 1601, mort en 1641, surnommé le Juste, parce qu’il était né sous le signe de la Balance ; mais il mérita ce surnom. Lorsqu’il épousa l’infante Anne d’Autriche, on prouva, dit Sainte-Foix, qu’il y avait entre eux une merveilleuse et très-héroïque correspondance. Le nom de Loys de Bourbon contient treize lettres. Ce prince avait treize ans quand le mariage fut résolu ; il était le treizième roi de France du nom de Loys. Anne d’Autriche avait aussi treize lettres en son nom ; son âge était de treize ans, et treize infantes du même nom se trouvaient dans la maison d’Espagne. Anne et Loys étaient de la même taille ; leur condition était égale ; ils étaient nés la même année et le même mois.

Louis XIV. Voy. Anagrammes.

Louis de Hongrie. Peu de temps avant la mort de ce prince, arrivée en 1526, comme il dînait enfermé dans la citadelle de Bude, on vit paraître à sa porte un boiteux mal velu, qui demandait avec instance à parler au roi. Il assurait qu’il avait des choses de la dernière importance à lui communiquer. On le méprisa d’abord, et l’on ne daigna pas l’annoncer. Il cria plus haut et protesta qu’il ne pouvait découvrir qu’au roi seul


ce dont il était chargé. On alla dire à Louis ce qui se passait. Le prince envoya le plus apparent des seigneurs qui étaient auprès de lui et qui feignit d’être le roi ; il demanda à cet homme ce qu’il avait à lui dire. Il répondit : « Je sais que vous n’êtes pas le roi ; mais, puisqu’il méprise de m’entendre, dites-lui qu’il mourra certainement bientôt. » Ayant dit cela, il disparut, et le roi mourut en effet peu après[56].

Louise de Savoie, duchesse d’Angoulême, mère de François Ier, morte en 1532. Elle avait quelques préjugés superstitieux et redoutait surtout les comètes. Brantôme raconte que, trois jours avant sa mort, ayant aperçu pendant la nuit une grande clarté dans sa chambre, elle fit tirer son rideau et fut frappée de la vue d’une comète. « Ah ! dit-elle alors, voilà un signe qui ne paraît pas pour une personne de basse qualité ; refermez la fenêtre. C’est une comète qui m’annonce la mort ; il faut donc s’y préparer. » Les médecins l’assuraient néanmoins qu’elle n’en était pas là. « Si je n’avais vu, dit-elle, le signe de mort, je le croirais, car je ne me sens point si bas. »

Cette comète n’est pas la seule qui ait épouvanté Louise de Savoie. Comme elle se promenait dans le bois de Romorantin, la nuit du 28 août 1514, elle en vit une vers l’occident, et s’écria : — Les Suisses ! les Suisses ! — Elle resta persuadée que c’était un avertissement que le roi serait en grande affaire contre eux[57].

Loup. Chez les anciens Germains et chez les Scandinaves, le diable ou le mauvais principe était représenté par un loup énorme et béant.


C’est Lock. À Quimper, en Bretagne, les habitants mettent dans leurs champs un trépied ou un couteau fourchu, pour garantir le bétail des loups et autres bêtes féroces[58]. Pline dit que si un loup aperçoit un homme avant qu’il en soit vu, cet homme deviendra enroué et perdra la voix ; fable qui est restée en vigueur dans toute l’Italie. En Espagne, on parle souvent des sorciers qui vont faire des courses à cheval sur des loups, le dos tourné vers la tête de la bête, parce qu’ils ne sauraient aller autrement, à cause de la rapidité. Ils font cent lieues par heure ; car ces loups sont des démons. La queue de ces loups est roide comme un bâton, et il y a au bout une chandelle qui éclaire la route.

Il n’y a pas un homme à la campagne qui ne vous assure que les moutons devinent à l’odorat la présence du loup ; qu’un troupeau ne franchira jamais le lieu où l’on aura enterré quelque portion des entrailles d’un loup ; qu’un violon monté avec des cordes tirées des intestins d’un loup mettrait en fuite tout le bercail. Des hommes instruits et sans préjugés ont vérifié toutes ces croyances et en ont reconnu l’absurdité. Kirker a répété à ce sujet des expériences démonstratives ; il a même poussé l’épreuve jusqu’à suspendre un cœur de loup au cou d’un mouton, et le pacifique animal n’en a pas moins brouté l’herbe[59]. Voy. Oraison du loup.

Un journal anglais de l’Inde dit qu’il a été publié un étrange document constatant qu’en un très-court espace de temps il a été dévoré 600 enfants par les loups dans le Penjaub (royaume de Lahore). Il y a vingt ans, près de 1, 000 enfants ont été dévorés de la même manière dans le voisinage d’Agra. On retrouve les vêtements de ces pauvres petites victimes dans les antres où se tiennent ces animaux. Les misérables qui font le métier de recueillir les habillements ou parures des victimes ont eu l’habileté d’accréditer parmi le peuple le bruit que tout village où l’on tue un loup doit être infailliblement ruiné ; de là cette superstitieuse vénération pour ces animaux féroces. Quand on en prend, on s’empresse de les relâcher en se contentant de leur attacher une sonnette au cou.

Lou-pécat, nom du diable en Gascogne.

Loup-garou (le). C’est le nom du démon de la nuit à Blois. Il est de mauvaise rencontre.

Loups-garous. On appelle loups-garous en sorcellerie les hommes et les femmes qui ont été métamorphosés ou qui se métamorphosent et se transmuent eux-mêmes en loups, ou qui se travestissent pour feindre cette transmutation, ou qui, s’imaginant, par une démence abominable, qu’ils sont changés en loups, prennent des habitudes et des mœurs de loups. Le nom de loups-garous veut dire loups dont il faut se garer.

Les loups-garous ont été bien longtemps la terreur des campagnes, parce qu’on savait que les sorciers ne pouvaient se faire loups que par le secours du diable. Dans les idées des démonographes, un loup-garou est un sorcier que le diable lui-même transmue en loup, et qu’il oblige à errer dans les campagnes en poussant d’affreux hurlements. L’existence de loups-garous est attestée par Virgile, Solin, Strabon, Pomponius Mêla, Dionysius Afer, Varron, et par tous les jurisconsultes et aussi par des démonomanes des derniers siècles. À peine commençait-on à en douter sous Louis XIV. L’empereur Sigismond fit débattre devant lui la question des loups-garous, et il fut unanimement résolu que la transformation des loups-garous était un fait positif et constant.

Un garnement qui voulait faire des friponneries mettait aisément les gens en fuite en se faisant passer pour loup-garou. Il n’avait pas besoin pour cela d’avoir la figure d’un loup, puisque les loups-garous de réputation étaient arrêtés comme tels, quoique sous leur figure humaine. On croyait alors qu’ils portaient le poil de loup-garou entre cuir et chair.

Peucer conte qu’en Livonie, sur la fin du mois de décembre, il se trouve tous les ans un bélître qui va sommer les sorciers de se rendre en certain lieu ; et, s’ils y manquent, le diable les y mène de force, à coups si rudement appliqués que les marques y demeurent. Leur chef passe devant, et quelques milliers le suivent, traversant une rivière, laquelle passée, ils changent leur figure en celle d’un loup, se jettent sur les hommes et sur les troupeaux et font mille dommages. Douze jours après, ils retournent au même fleuve et redeviennent hommes.

On attrapa un jour un loup-garou qui courait dans les rues de Padoue ; on lui coupa ses pattes de loup, et il reprit au même instant la forme d’homme, mais avec les bras et les pieds coupés, à ce que dit Fincel.

L’an 1588, en un village distant de deux lieues d’Apchon, dans les montagnes d’Auvergne, un gentilhomme v étant sur le soir à sa fenêtre, aperçut un chasseur de sa connaissance et le pria de lui rapporter de sa chasse. Le chasseur promit, et, s’étant avancé dans la plaine, il vit un gros loup qui venait à sa rencontre. Il lui lâcha un coup d’arquebuse et le manqua. Le loup se jeta sur lui et l’attaqua vivement. Mais l’autre, en se défendant, lui ayant coupé la patte droite avec son couteau de chasse, le loup estropié s’enfuit et ne revint plus. Comme la nuit approchait, le chasseur gagna la maison de son ami, qui lui demanda s’il avait fait bonne chasse. Il tira de sa gibecière la patte coupée au prétendu loup, mais il fut bien étonné de la voir convertie en main de femme, et à l’un des doigts un anneau d’or que le gentilhomme reconnut être celui de son épouse. Il alla aussitôt la trouver. Elle était auprès du feu, cachant son bras droit sous son tablier. Comme elle refusait de l’en tirer, il lui montra la main que le chasseur avait rapportée ; cette malheureuse, éperdue, avoua que c’était elle, en effet, qu’on avait poursuivie sous la figure d’un loup-garou ; ce qui se vérifia encore en confrontant la main avec le bras dont elle faisait partie. Le mari courroucé livra sa femme à la justice ; elle fut brûlée.

Que penser d’une telle histoire, racontée par Boguet comme étant de son temps ? Était-ce une trame d’un mari qui voulait, comme disent les Wallons, être quitte de sa femme ?

Daniel Sennert, médecin célèbre qu’on a appelé le Galien de l’Allemagne, au chap. v de ses Maladies occultes, rapporte des faits d’où il résulterait que l’habitude pour certains maniaques endiablés de courir le loup-garou aurait de l’analogie avec la mystérieuse puissance qui transportait au sabbat certaines personnes dont le corps, pendant cette excursion, restait en syncope. Une femme accusée d’avoir couru le loupgarou, rassurée par la promesse de son juge, qui lui assurait la vie sauve si elle voulait donner la preuve de ce qu’elle faisait dans ses courses, se frotta le corps d’un onguent particulier et tomba aussitôt endormie. Elle ne se réveilla qu’au bout de trois heures. Elle raconta alors qu’étant changée en loup, elle avait éventré une brebis près d’un bourg qu’elle nomma ; on y envoya aussitôt, et on trouva qu’en effet la brebis qu’elle avait désignée, était déchirée et mourante. Comment expliquer cela ?

Les loups-garous étaient fort communs dans le Poitou ; on les y appelait la bête bigourne qui court la galipode. Quand les bonnes gens entendent les hurlements du loup-garou, ce qui n’arrive qu’au milieu de la nuit, ils se gardent de mettre la tête à la fenêtre, parce qu’ils auraient le cou tordu. On assure, dans cette province, qu’on peut forcer le loup-garou à quitter sa forme d’emprunt, en lui donnant un coup de fourche entre les deux yeux.

On sait que la qualité distinctive des loups-garous est un grand goût pour la chair fraîche. Delancre assure qu’ils étranglent les chiens et les enfants ; qu’ils les mangent de bon appétit ; qu’ils marchent à quatre pattes ; qu’ils hurlent comme de vrais loups, avec de grandes gueules, des yeux étincelants et des dents crochues.

On dit, dans la Saintonge, que la peau des loups-garous est d’une dureté telle qu’elle est à l’épreuve des balles ordinaires ; mais il n’en est plus de même si ces balles ont été bénites à certaines heures mystérieuses de la nuit, dans une chapelle dédiée à saint Hubert : alors le sorcier peut être tué, et la forme de bête qu’il avait prise s’évanouit et disparaît. Or, les cérémonies de la bénédiction des balles sont d’un accomplissement difficile ; il faut avoir sur soi tant de choses précieuses, du trèfle à quatre feuilles surtout, que la peau coriace des loups-garous échappe le plus souvent aux embûches ; et c’est ce qui fait que nul ne peut être assuré avoir vu un sorcier autrement que sous la forme naturelle de bête bipède. Les croyances saintongeoises, au reste, ne s’éloignent en rien de celles des peuples du Nord, et sont nées aux mêmes sources que la fable de Robin des Bois des charbonniers allemands. Le nom des loups-garous a été connu dans toutes les provinces de France au moyen âge, bien que souvent travesti en loups-béroux.

Bodin raconte sans rougir qu’en 1542 on vit un matin cent cinquante loups-garous sur une place de Constantinople. — On trouve dans le roman de Persilès et Sigismonde, dernier ouvrage de Cervantés, des îles de loups-garous et des sorcières qui se changent en louves pour enlever leur proie, comme on trouve dans Gulliver une île de sorciers. Mais au moins ces livres sont des romans. — Delancre propose[60] comme un bel exemple ce trait d’un duc de Russie. Averti qu’un sien sujet se changeait en toutes sortes de bêtes, il l’envoya chercher, le fit enchaîner et lui commanda de donner une preuve de son art ; ce qu’il fit, se transformant en loup ; mais ce duc, ayant préparé deux dogues, les fit lancer contre ce misérable, qui aussitôt fut mis en pièces. — On amena au médecin Pomponace un paysan atteint de lycanthropie, qui criait à ses voisins de s’enfuir s’ils ne voulaient pas qu’il les mangeât. Comme ce pauvre homme n’avait rien de la forme d’un loup, les villageois, persuadés pourtant qu’il l’était, avaient commencé à l’écorcher, pour voir s’il ne portait pas le poil sous la peau. Pomponace le guérit ; ce n’était qu’un hypocondre.

J. de Nynauld a publié en 1615 un traité complet de la Lycanthropie, qu’il appelle aussi Folie louvière et lycaonie, mais dont il admet incontestablement la réalité. — Un sieur de Beauvoys de Chauvincourt, gentilhomme angevin, a fait imprimer en 1599 (Paris, petit in-12) un volume intitulé Discours de la lycanthropie, ou de la transmutation des hommes en loups. — Claude, prieur de Laval, avait publié quelques années auparavant un autre livre sur la même matière, intitulé Dialogue de la lycanthropie. Ils affirment tous qu’il y a certainement des loups-garous.

Ce qui est plus singulier, c’est qu’il y a encore dans plusieurs villages des loups-garous, ou de mauvais garnements qui passent pour tels. On se demandera comment il se peut qu’un sorcier ou un loup-garou trouble ou épouvante une contrée pendant trois ou quatre ans, sans que la justice l’arrête. C’est encore une des misères de nos paysans. Comme il y a chez eux beaucoup de méchants, ils se craignent entre eux ; ils ont un discernement et une expérience qui leur apprennent que la justice n’est pas toujours juste ; et ils disent : Si nous dénonçons un coupable et qu’il ne soit pas hors d’état de nuire, c’est un ennemi implacable que nous allons nous faire. Les paysans sont vindicatifs. Après dix ans de galères, ils reviennent se venger de leurs dénonciateurs. Il faudrait peut-être qu’un coupable qui sort des galères n’eût pas le droit de reparaître dans le pays qui a été le théâtre de ses méfaits. Voy. Cynanthropie, Bousanthropie, Raollet, Bisclavaret, etc.

Louviers (possession de). Un prêtre, nommé David, déserteur de Dieu, se trouvant confesseur des religieuses franciscaines de Louviers, pervertit ces jeunes sœurs et les mit sur les voies qui mènent aux démons. En mourant, après avoir entamé son œuvre infernale, il eut pour successeur son ami Mathurin Picard, qui était comme lui lié à Satan et qui se faisait seconder par Boulé, son vicaire. C’en était assez pour amener une possession chez les franciscaines de Louviers. Cette possession devint effroyable. Madeleine Bavent, qui était venue là innocente et dévouée à saint François, déclara comment on l’avait entraînée à profaner la sainte hostie et à commettre d’autres sacrilèges. Elle raconta comment elle avait été emmenée à ces orgies exécrables qu’on appelle le sabbat. Elle y trouvait Picard, Boulé, son vicaire, ses sœurs Catherine de la Croix, Anne Barré, Élisabeth de la Nativité, Catherine de sainte Geneviève, une nommée Simonette et plusieurs autres personnes qui faisaient sans horreur des abominations affreuses. C’est toute une monstrueuse histoire. Les possessions de cette maison se manifestèrent si violemment qu’on dut exorciser les religieuses. La plus saillante était Madeleine Bavent. Après la délivrance du couvent, on ne la condamna qu’à une pénitence qu’elle fit généreusement toute sa vie. Mais Boulé fut condamné au feu par le parlement de Rouen ; et il le méritait. On déterra le corps de Picard pour lui faire subir le même supplice ; ce misérable était mort, un peu avant la sentence. On publia qu’il s’était suicidé, peut-être aidé par Satan.

Loyer (Pierre le), sieur de la Brosse, conseiller du roi au siège présidial d’Angers, et démonographe, né à Huillé dans l’Anjou, en 1550, auteur d’un ouvrage intitulé Discours et histoires des spectres, visions et apparitions des esprits, anges, démons et âmes se montrant visibles aux hommes ; divisé en huit livres, desquels, par les visions merveilleuses et prodigieuses apparitions avenues en tous les siècles, tirées et recueillies des plus célèbres auteurs tant sacrés que profanes, est manifestée la certitude des spectres et visions des esprits, et sont baillées les causes d’iceux, leurs effets, leurs différences, les moyens pour reconnaître les bons et les mauvais et chasser les démons ; aussi est traité des extases et ravissements ; de l’essence, nature et origine des âmes, et de leur état après le décès de leurs corps ; plus des magiciens et sorciers ; de leurs communications avec les malins esprits ; ensemble des remèdes pour se préserver des illusions et impostures diaboliques. Paris, chez Nicolas Buon, 1605, 1 vol. in-4o.

Ce volume singulier est dédié Deo optimo maximo ; il est divisé en huit livres, comme l’annonce le titre qu’on vient de lire. Le premier contient la définition du spectre, la réfutation des saducéens, qui nient les apparitions et les esprits ; la réfutation des épicuriens, qui tiennent les esprits corporels, etc. Le deuxième livre traite, avec la physique du temps, des illusions de nos sens, des prestiges, des extases et métamorphoses des sorciers, des philtres. Le troisième livre établit les degrés, charges, grades et honneurs des esprits ; les histoires de Philinnion et de Polycrite, et diverses aventures de spectres et de démons.

Dans le livre suivant, on apprend à quelles personnes les spectres apparaissent ; on y parle des démoniaques, des pays où les spectres et démons se montrent plus volontiers. Le démon de Socrate, les voix prodigieuses, les signes merveilleux, les songes diaboliques ; les voyages de certaines âmes hors de leur corps tiennent place dans ce livre. Le cinquième traite de l’essence de l’âme, de son origine, de sa nature, de son état après la mort, des revenants. Le livre sixième roule tout entier sur l’apparition des âmes ; on y démontre que les âmes des damnés et des bienheureux ne reviennent pas ; mais seulement les âmes qui souffrent en purgatoire. Dans le septième livre, on établit que la pythonisse d’Endor fit paraître un démon sous la figure de l’âme de Samuel. Il est traité en ce livre de la magie, de l’évocation des démons, des sorciers, etc. Le dernier livre est employé à l’indication des exorcismes, fumigations, prières et autres moyens antidiaboliques. L’auteur, qui a rempli son ouvrage de recherches et de science indigérée, combat le sentiment ordinaire qu’il faut donner quelque chose au diable pour le renvoyer.

« Quant à ce qui est de donner quelque chose au diable, dit-il, l’exorciste ne le peut faire, non pas jusqu’à un cheveu de la tête, non pas jusqu’à un brin d’herbe d’un pré ; car la terre et tout ce qui habite en elle appartient à Dieu. »

Lubin. C’est le poisson dont le fiel servit au jeune Tobie pour rendre la vue à son père. On dit qu’il a contre l’ophthalmie une grande puissance, et que son cœur sert à chasser les démons[61].

Lucesme, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Lucien, écrivain grec dont on ignore l’époque de la vie et de la mort. On a dit qu’il fut changé en âne, ainsi qu’Apulée, par les sorciers de Larisse, qu’il était allé voir pour essayer si leur art magique était véritable ; de sorte qu’il devint sorcier.

Lucifer, nom de l’esprit qui préside à l’orient, selon l’opinion des magiciens. Lucifer était évoqué le lundi, dans un cercle au milieu duquel était son nom. Il se contentait d’une souris pour


prix de ses complaisances. On le prend souvent pour le roi des enfers, et, selon quelques démonomames, il est supérieur à Satan. On dit qu’il est parfois facétieux, et qu’un de ses tours est de retirer les balais sur lesquels les sorcières vont au sabbat et de leur en donner sur les épaules ; ce que les sorcières de Moira, en Suède, ont attesté en 1672. Les mêmes sorcières ont affirmé qu’elles avaient vu au sabbat le même Lucifer en habit gris, avec des bas bleus et des culottes rouges, ornées de rubans. Lucifer commande aux Européens et aux Asiatiques. Il apparaît sous la forme et la figure du plus bel enfant. Quand il est en colère, il a le visage enflammé, mais cependant rien de monstrueux. C’est, selon quelques démonographes, le grand justicier des enfers. Il est invoqué le premier dans les litanies du sabbat.

Lucifériens, nom donné aux partisans de Lucifer, évêque schismatique de Cagliari, au quatrième siècle.

Lucumoriens, sujets du czar de Moscovie, qui, à l’instar de la marmotte, depuis le mois d’octobre jusqu’à la fin du mois d’avril suivant, demeurent comme morts, au dire de Leloyer[62].</ref>.

Ludlam, sorcière, fée ou magicienne trèsfameuse, dont les habitants du comté de Surrey, en Angleterre, placent l’habitation dans une caverne voisine du château de Farnham, connu dans le pays sous le nom de Ludlam’s Hole, caverne de la mère Ludlam. La tradition populaire porte que cette sorcière n’était point un de ces êtres malfaisants qui tiennent une place distinguée dans la démonologie ; au contraire, elle faisait du bien à tous ceux qui imploraient sa protection d’une manière convenable. Les pauvres habitants du voisinage, manquant d’ustensiles de cuisine ou d’instruments de labourage,


n’avaient qu’à lui manifester leurs besoins, ils la trouvaient disposée à leur prêter ce qui leur était nécessaire. L’homme qui voulait avoir un de ces meubles se rendait à la caverne à minuit, en faisait trois fois le tour et disait ensuite : — Bonne mère Ludlam, ayez la bonté de m’envoyer un chaudron, ou telle chose ; je vous promets de vous le rendre dans deux jours.

Cette prière faite, on se retirait ; le lendemain, de grand matin, on retournait à la caverne, à l’entrée de laquelle on trouvait la chose demandée. Mais ceux qui invoquaient la mère Ludlam ne se montrèrent pas toujours aussi honnêtes qu’elle : un paysan vint la prier une fois de lui prêter une grande chaudière et la garda plus longtemps qu’il ne l’avait promis. La mère Ludlam, offensée de ce manque d’exactitude, refusa de recevoir sa chaudière lorsqu’on la lui rapporta, et depuis ce temps elle se venge en ne se prêtant plus à aucune des demandes qu’on lui fait<ref>Noël, Dictionnaire de la Fable.

Lugubre, oiseau du Brésil, dont le cri funèbre ne se fait entendre que la nuit ; ce qui le fait respecter des naturels, qui sont persuadés qu’il est chargé de leur apporter des nouvelles des morts. Léry, voyageur français, raconte que, traversant un village, il en scandalisa les habitants pour avoir ri de l’attention avec laquelle ils écoutaient le cri de cet oiseau. — Tais-toi, lui dit rudement un vieillard, ne nous empêche pas d’entendre les nouvelles que nos grands-pères nous envoient.

Lulle (Raymond), l’un des maîtres le plus souvent cités de la philosophie hermétique, et l’un des savants les moins connus du moyen âge. Il était né à Palma, dans l’île de Majorque, en 1235.

C’était un saint plus encore qu’un savant. Il consacra presque toute sa vie, missionnaire dévoué, à la conversion des Maures. Il reçut le martyre près de Bougie, à l’âge de quatre-vingts ans, tué à coups de pierre par les sectateurs de Mahomet, le 29 juin 1315, jour de Saint-Pierre.

Toutefois, il était savant chimiste ; et les annales de son temps soutiennent, avec preuves, qu’il fit de l’or. M. E.-J. Delécluse termine ainsi une belle notice qu’il a publiée sur cet homme :

« Les chimistes des onzième, douzième et treizième siècles étaient-ils des fous, et la transmutation des métaux est-elle une opération impossible ?

» Il ne m’appartient pas de traiter une pareille question, et je me bornerai à rapporter à ce sujet les paroles d’un des chimistes les plus éclairés de nos jours : — S’il ne sort de ces rapprochements, dit M. Dumas, aucune preuve de la possibilité d’opérer des transmutations dans les corps simples, du moins s’opposent-ils à ce qu’on repousse cette idée comme une absurdité qui serait démontrée par l’état actuel de nos connaissances. »

Lumière merveilleuse. — Prenez quatre onces d’herbe appelée serpentinette, mettez-la dans un pot de terre bouché, puis faites-la digérer au ventre de cheval, c’est-à-dire dans le fumier chaud, quinze jours ; elle se changera en de petits vers rouges, desquels vous tirerez une huile selon les principes de l’art ; de cette huile vous garnirez une lampe, et lorsqu’elle sera allumée dans une chambre, elle provoquera au sommeil et endormira si profondément ceux qui seront dans ladite chambre, que l’on ne pourra en éveiller aucun tant que la lampe brûlera.

Lune, la plus grande divinité du sabéisme après le soleil. Pindare l’appelle l’œil de la nuit, et Horace la reine du silence. Une partie des Orientaux l’honoraient sous le titre d’Uranie. C’est l’Isis des Égyptiens, l’Astarté des Phéniciens, la Mylitta des Perses, l’Alilat des Arabes, la Séléné des Grecs, et la Diane, la Vénus, la Junon des Romains. César ne donne point d’autres divinités aux peuples du Nord et aux anciens Germains que le feu, le soleil et la lune. Le culte de la lune passa dans les Gaules, où la lune avait un oracle desservi par des druidesses dans l’île de Sein, sur la côte méridionale de ïa basse Bretagne. Elle avait un autel à Arlon (Ara Lunæ). Les magiciennes de Thessalie se vantaient d’avoir un grand commerce avec la lune, et de pouvoir, par leurs enchantements, la délivrer du dragon qui voulait la dévorer (lorsqu’elle était éclipsée), ou la faire à leur gré descendre sur la terre.

L’idée que cet astre pouvait être habité a donné lieu à des fictions ingénieuses : telles sont, entre autres, les voyages de Lucien, de Cyrano de Bergerac, et la fable de l’Arioste, qui place dans la lune un vaste magasin rempli de fioles étiquetées, où le bon sens de chaque individu est renfermé. On a publié en 1835, sous le chaperon du savant astronome Herschell, qui sans doute ne soupçonnait pas l’honneur qu’on lui faisait, une plaisante description des habitants de la lune, canard qui venait des États-Unis.

Les Péruviens regardaient la lune comme la sœur et la femme du soleil, et la mère de leurs Incas ; ils l’appelaient mère universelle, et avaient pour elle la plus grande vénération. Cependant ils ne lui avaient point élevé de temple à part et ne lui offraient point de sacrifices. Ils prétendaient que les marques noires qu’on aperçoit dans la lune avaient été faites par un renard qui, ayant monté au ciel, l’avait embrassée si étroitement qu’il lui avait fait ces taches à force de la serrer.

Suivant les Taïtiens, les taches que nous voyons à la lune sont des bosquets d’une espèce d’arbres qui croissaient autrefois à Taïti ; un accident ayant détruit ces arbres, les graines furent portées par des pigeons à la lune, où elles ont prospéré[63].

Les mahométans ont une grande vénération pour la lune ; ils la saluent dès qu’elle paraît, lui présentent leurs bourses ouvertes et la prient d’y faire multiplier les espèces à mesure qu’elle croîtra.

La lune est la divinité des Nicaborins, habitants de Java. Lorsqu’il arrive une éclipse de lune, les Chinois idolâtres, voisins de la Sibérie, poussent des cris et des hurlements horribles, sonnent les cloches, frappent contre du bois ou des chaudrons et touchent à coups redoublés sur les timballes de la grande pagode. Ils croient que le méchant esprit de l’air Arachula attaque la lune, et que leurs clameurs doivent l’effrayer.

Il y a des gens qui prétendent que la lune est douée d’un appétit extraordinaire ; que son estomac, comme celui de l’autruche, digère des pierres. En voyant un bâtiment vermoulu, ils disent que la lune l’a mutilé et qu’elle peut ronger le marbre, ce qui est vrai dans certains climats.

Combien de personnes n’osent couper leurs cheveux dans le décours de la lune ! dit M. Salgues[64]. Mais les médecins sont convenus enfin que la lune influe sur le corps humain, comme sur bien d’autres choses[65].

La plupart des peuples ont cru encore que le lever de la lune était un signal mystérieux auquel les spectres sortaient de leurs tombeaux. Les Orientaux content que les lamies et les gholes déterrent les morts dans les cimetières et font leurs festins au clair de la lune. Dans certains cantons de l’orient de l’Allemagne, on prétendait que les vampires ne commençaient leurs infestations qu’au lever de la lune, et qu’ils étaient obligés de rentrer en terre au chant du coq.

L’idée la plus extraordinaire, adoptée dans quelques villages, c’est que la lune ranimait les vampires. Lorsqu’un de ces spectres, poursuivi dans ses courses nocturnes, était frappé d’une balle ou d’un coup de lance, on pensait qu’il pouvait mourir une seconde fois, mais qu’exposé aux rayons de la lune il reprenait ses forces et pouvait sucer de nouveau les vivants.

Lundi. En Russie, le lundi passe pour un jour malheureux. Parmi le peuple et les personnes superstitieuses, la répugnance à entreprendre ce jour-là quelque chose, surtout un voyage, est si universelle que le petit nombre des gens qui ne la partagent pas s’y soumet par égard pour l’opinion publique.

Lure (Guillaume), docteur en théologie, qui fut condamné comme sorcier, à Poitiers, en 1453, convaincu par son propre aveu, par témoins, et pour avoir été trouvé saisi d’un pacte fait avec le diable, par lequel il renonçait à Dieu et se donnait à icelui diable[66].

Luricaunes, lutins pygmées de la race des


fées. On les appelle en Irlande luricaunes et cluricaunes, lurigadaunes à Tipperari, logherys dans l’Ulster. Ils connaissent les trésors cachés.

Luridan, puissant esprit de l’air en Norvège et en Laponie. Voy. Harold.

Lusignan. On prétend que la maison de Lusignan descend en ligne directe de Mélusine. Voy. Mélusine.

Lusmore. Les Irlandais donnent ce nom à la digitalis purpurea, qu’ils appellent aussi plus communément bonnet de fée, à cause de la ressemblance supposée de ses clochettes avec cette partie de l’habillement des fées. On prétend qu’elle salue les êtres surnaturels en pliant devant eux sa longue tige, en signe de reconnaissance[67].

Luther (Martin), le plus fameux novateur religieux du seizième siècle, né en \l\%k en Saxe, mort en 1546. Il dut son éducation à la charité des moines et entra chez les augustins d’Erfurt. Devenu professeur de théologie, il s’irrita de ne pas être le Judas des indulgences, c’est-à-dire de n’en pas tenir la bourse ; il écrivit contre le Pape et prêcha contre l’Église romaine. Devenu épris de Catherine Bore, religieuse, il l’enleva de son couvent avec huit autres sœurs, se hâta de l’épouser et publia un écrit où il comparait ce rapt à celui que Jésus-Christ fit, le jour de la Passion, lorsqu’il arracha les âmes de la tyrannie de Satan…

Nous ne pouvons ici faire sa vie[68], mais sa mort nous revient. Ses ennemis ont assuré que le diable l’avait étranglé ; d’autres qu’il mourut subitement en allant à la garde-robe, comme Arius, après avoir trop soupé ; que, son tombeau ayant été ouvert le lendemain de son enterrement, on n’y avait pu trouver son corps, et qu’il en était sorti une odeur de soufre insupportable. — Georges Lapôtre le dit fils d’un démon et d’une sorcière.

À la mort de Luther, disent les relations répandues chez ses contemporains, les démons en deuil, habillés en corbeaux, vinrent chercher cet ami de l’enfer. Ils assistèrent invisiblement aux funérailles ; et Thyraeus ajoute qu’ils l’emportèrent ensuite loin de ce monde, où il ne devait que passer. — On conte encore que le jour de sa mort tous les démons qui se trouvaient en une certaine ville de Brabant (à Malines) sortirent des corps qu’ils possédaient et y revinrent le lendemain ; et comme on leur demandait où ils avaient passé la journée précédente, ils répondirent que, par l’ordre de leur prince, ils s’étaient rendus à l’enterrement de Luther. Le valet de Luther, qui l’assistait à sa mort, déclara, ce qui est très singulier, en conformité de ceci, qu’ayant mis la tête à la fenêtre pour prendre l’air au moment du trépas de son maître, il avait vu plusieurs esprits horribles qui dansaient autour de la maison, et ensuite des corbeaux maigres qui accompagnèrent le corps en croassant jusqu’à Wittemberg…

La dispute de Luther avec le diable a fait beaucoup de bruit. Un religieux vint un jour frapper rudement à sa porte, en demandant à lui parler. Le renégat ouvre ; le prétendu moine regarde un moment le réformateur et lui dit : — J’ai découvert dans vos opinions certaines erreurs papistiques sur lesquelles je voudrais conférer avec vous. — Parlez, répond Luther. L’inconnu proposa d’abord quelques discussions assez simples, que Luther résolut aisément. Mais chaque question nouvelle était plus difficile que la précédente, et le moine supposé exposa bientôt des syllogismes très-embarrassants. Luther, offensé, lui dit brusquement : — Vos questions sont trop embrouillées ; j’ai pour le moment autre chose à faire que de vous répondre. Cependant il se levait pour argumenter encore, lorsqu’il remarqua que le religieux avait le pied fendu et les mains armées de griffes. — N’es-tu pas, lui dit-il, celui dont la naissance du Christ a dû briser la tête ?

Et le diable, qui s’attendait avec son ami à un combat d’esprit et non à un assaut d’injures, reçut dans la figure l’encrier de Luther, qui était de plomb[69] : il dut en rire à pleine gorge. On montre encore sur la muraille, à Wittemberg, les éclaboussures de l’encre. On trouve ce fait rapporté, avec quelque différence de détails, dans le livre de Luther lui-même sur la messe

Luther


privée, sous le titre de Conférence de Luther avec le diable[70]. Il conte que, s’étant éveillé un jour, vers minuit, Satan disputa avec lui, l’éclaira sur les erreurs du Catholicisme et l’engagea à se séparer du Pape. C’est donner à sa secte une assez triste origine. L’abbé Cordemoy pense, avec beaucoup d’apparence de raison, que certains critiques ont tort de prétendre que cette pièce n’est pas de Luther. Il est constant qu’il était très-visionnaire ; M. Michelet l’a reconnu positivement, ce qui doit suffire aux incrédules ; pour les croyants, il était très en état de voir le diable. Il est même possible que la bravade de l’encrier soit une vanterie.

Lutins. Les lutins sont du nombre des démons qui ont plus de malice que de méchanceté. lisse plaisent à tourmenter les gens et se contentent de faire plus de peur que de mal. Cardan parle d’un de ses amis qui, couchant dans une chambre que hantaient les lutins, sentit une main froide et molle comme du coton passer sur son cou et son visage, et chercher à lui ouvrir la bouche. Il se garda bien de bâiller ; mais, s’éveillant en sursaut, il entendit de grands éclats de rire sans rien voir autour de lui. Leloyer raconte que de son temps il y avait de mauvais garnements qui faisaient leurs sabbats dans les cimetières pour établir leur réputation et se faire craindre, et que, quand ils y étaient parvenus, ils allaient dans les maisons buffeter le bon vin. Les lutins s’appelaient ainsi parce qu’ils prenaient quelquefois plaisir à lutter avec les hommes. Il y en avait un à Thermesse qui se battait avec tous ceux qui arrivaient dans cette ville. Au reste, disent les bons légendaires, les lutins ne mettent ni dureté ni violence dans leurs jeux… Voy. Elfes, etc.

Lutschin. Au pied de Lutschin, rocher gigantesque de la Suisse, coule un torrent où se noya un fratricide en voulant laver son poignard ensanglanté. La nuit, à l’heure où le meurtre fut commis, on entend encore près du torrent des soupirs et comme le râle d’un homme qui se meurt. On se dit aussi que l’âme du meurtrier rôde dans les environs, cherchant un repos qu’elle ne peut trouver.

Lutteurs, démons qui aiment la lutte et les petits jeux de mains. C’est de leur nom qu’on a nommé les lutins.

Luxembourg (François de Montmorency), maréchal de France, né en 1628, mort en 1695. On l’accusa de s’être donné au diable. Un de ses gens, nommé Bonard, voulant retrouver des papiers qui étaient égarés, s’adressa à un certain Lesage pour les retrouver. Ce Lesage était un homme dérangé, qui se mêlait de sorcellerie et de divination/ Il lui ordonna d’aller visiter les églises, de réciter des psaumes ; Bonard se soumit à tout ce qu’on exigeait de lui, et les papiers ne se retrouvèrent pas. Une fille, nommée la Dupin, les retenait. Bonard, sous les yeux de Lesage, fit une conjuration au nom du maréchal de Luxembourg ; la Dupin ne rendit rien. Désespéré, Bonard fit signer un pacte au maréchal qui se donnait au diable. À la suite de ces menées, la Dupin fut trouvée assassinée. On en accusa le maréchal. Le pacte fut produit au procès. Lesage déposa que le maréchal s’était adressé au diable et à lui pour faire mourir la Dupin. Les assassins de cette fille avouèrent qu’ils l’avaient découpée en quartiers et jetée dans la rivière par les ordres du maréchal. La cour des pairs devait le juger ; mais on mit de la négligence à instruire son procès ; enfin on lui confronta Lesage et un autre sorcier, nommé Davaux, avec lesquels on l’accusa d’avoir fait des sortilèges pour faire mourir plus d’une personne. — Parmi les imputations horribles qui faisaient la base du procès, Lesage dit que le maréchal avait fait un pacte avec le diable, pour pouvoir allier un de ses fils avec la famille de Louvois. Le procès dura quatorze mois. Il n’y eut de jugement ni pour ni contre. La Voisin, la Vigoureux et Lesage, compromis dans ces crimes, furent brûlés à la Grève. Le maréchal de Luxembourg fut élargi, passa quelques jours à la campagne, puis revint à la cour et reprit ses fonctions de capitaine des gardes…

Luxembourg (la maréchale de). Madame la maréchale de Luxembourg avait pour valet de chambre un vieillard qui la servait depuis longtemps, et auquel elle était attachée. Ce vieillard tomba tout à coup dangereusement malade. La maréchale était dans l’inquiétude. Elle ne cessait d’envoyer demander des nouvelles de cet homme, et souvent allait elle-même en savoir. Se portant très-bien, elle s’éveille au milieu de la nuit avec une agitation singulière ; elle veut sonner pour demander ce que fait son valet de chambre ; elle ouvre les rideaux de son lit ; à l’instant, l’imagination fortement frappée, elle croit apercevoir dans son appartement un fantôme couvert d’un linceul blanc ; elle croit entendre ces paroles : — Ne vous inquiétez point de moi, je ne suis plus de ce monde, et avant la Pentecôte vous viendrez me rejoindre. « La fièvre s’empara d’elle ; elle fut bientôt à toute extrémité. Ce qui contribua le plus à augmenter sa terreur, c’est qu’à l’instant même où elle fut frappée de cette vision, l’homme en question venait effectivement d’expirer. La maréchale a cependant survécu à la prédiction du fantôme imaginaire, et cette résurrection fait furieusement de tort aux spectres pour les choses de l’avenir[71]. »

Lycanthropie, transformation d’un homme en loup. Le lycanthrope s’appelle communément loup-garou. Voy. Loups-garous.

Lycaon, fils de Phorénée, roi d’Arcadie, à laquelle il donna le nom de Lycaonie. Il bâtit sur les montagnes la ville de Lycosure, la plus ancienne de toute la Grèce, et y éleva un autel à Jupiter Lycseus, auquel il commença à sacrifier des victimes humaines. Il faisait mourir, pour les manger, tous les étrangers qui passaient dans ses États. Jupiter étant allé loger chez lui, Lycaon se prépara à ôter la vie à son hôte pendant qu’il serait endormi ; mais auparavant il voulut s’assurer si ce n’était pas un dieu et lui fit servir à souper les membres d’un de ses hôtes, d’autres disent d’un esclave. Un feu vengeur, allumé par l’ordre de Jupiter, consuma bientôt le palais, et Lycaon fut changé en loup. C’est le plus ancien loup-garou.

Suivant quelques traditions, il reprenait la figure d’homme au bout de dix ans, si, dans ces dix ans, il s’était abstenu de chair humaine.

Lycas, démon de Thémèse, chassé par le champion Euthymius, et qui fut en grande renommée chez les Grecs. Il était très-noir, avait le visage et tout le corps hideux, et portait une peau de loup pour vêtement[72].

Lychnomancie, divination qui se faisait par l’inspection de la flamme d’une lampe ; il en reste quelques traces. Lorsqu’une étincelle se détache de la mèche, elle annonce une nouvelle et la direction de cette nouvelle. Voy. Lampadomancie.

Lynx. Les anciens disent des merveilles du lynx. Non-seulement ils lui attribuent la faculté de voir à travers les murs, mais encore la vertu de produire des pierres précieuses. Pline raconte

Lynx.

sérieusement que les filets de son urine se transforment en ambre, en rubis et en escarboucles. Mais il ajoute que, par un sentiment de jalousie, cet animal avare a soin de nous dérober ces richesses en couvrant de terre ses précieuses évacuations. Sans cela nous aurions pour rien l’ambre, les rubis et les escarboucles[73].

Lysimachie, plante ainsi nommée parce que, posée sur le joug auquel les bœufs et autres animaux étaient attelés, elle avait la vertu de les empêcher de se battre.

Lysimaque, devin dont parle Démétrius de Phalère dans son livre de Socrate. Il gagnait’sa vie à interpréter des songes au moyen de certaines tables astrologiques. Il se tenait auprès du temple de Bacchus[74].


  1. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 473.
  2. Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. III, p. 499.
  3. Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc., ch. viii.
  4. J. Wieri de Lamiis liber. In 4°. Bâle, 1577.
  5. Sauvai, Antiquités de Paris, etc.
  6. Vers 1750 cependant, on fit, à Naples, la découverte d’un phosphore que l’on dut également au hasard. Le prince de San-Severo travaillait à un procédé chimique. Il ouvrit, à une heure après minuit, quatre cucurbites de verre. En voulant les examiner de trop près avec une bougie, la matière contenue dans un de ces vases prit feu sur-le-champ et donna une flamme jaune très-vive. Il laissa brûler pendant environ six heures la matière renfermée dans ce vase. La flamme, au bout de cet espace de temps, s’étant trouvée aussi belle et aussi forte qu’au premier instant, le prince San-Severo l’étouffa ; mais ayant voulu la raviver le lendemain, il n’y put parvenir qu’en ajoutant dans le même vase un quart d’once de la même matière, quoiqu’elle ne fût pas sensiblement diminuée de poids. Une fois rallumée, elle brûla six mois de suite, sans mouvement, sans altération de clarté, et sans déperdition apparente. Cette découverte justifia, jusqu’à un certain point, la vérité des lampes sépulcrales dont ont parlé les anciens, et que des savants modernes ont traitées de fables.
  7. Brown, Des erreurs populaires, t. I, liv. III, p. 349.
  8. Delancre, Traité de l’attouchement, p. 159 ; Forcadel, De imper. et philosop. gall.
  9. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 273.
  10. Bertin, Curiosités de la littérature, t. I, p. 51.
  11. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. III, p. 419.
  12. Thomas Brown, Essai sur les erreurs, t. II, ch. xxiii, p. 95.
  13. Dom Calmet, Sur les vampires.
  14. Boguet, Premier avis, n°60, p. 26.
  15. De spectris, lemuribus et magnis atque insolilis fragoribus et præsagitionibus quæ obitum hominum, clades mutalionesque imperiorum præcedunt, etc.
  16. Lenglet-Dufresnoy, Dissertations, t. I, p. 169.
  17. Iugowitz, enfants de Iug.
  18. Extrait de comptes rendus par la presse périodique sur les légendes de la Servie.
  19. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, p. 268.
  20. Delancre, Incrédulité, etc., p. 268.
  21. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 291.
  22. Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les apparitions, t. III, p. 213.
  23. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 44.
  24. De Astrologia liber unus, in quoobiter indicatur quid Ma veri, quid ficli falsique habeat, et quatenus arti sit habenda fides ; Anvers, 4 554, in-8o. — De occultis naturœ miraculis libri II ; Anvers, 4 559, in-12. Réimprimé chez Plantin en quatre livres ; Anvers, 1564.
  25. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, ch. v.
  26. Manuscrit cité à la fin des remarques de Joly sur Bayle.
  27. Enchiridion Leonis papœ serenissimo imperalori Carolo Magno in munus pretiosum datum, nuperrime mendis omnibus purgalum, etc.
  28. Delrio, Delancre, Bodin, etc.
  29. Leloyer, Histoire des spectres, p. 304.
  30. Discours des sortilèges et vènéfices, tirés des procès criminels.
  31. Delancre, Incrédulité et mécréance de la divination, du sortilège, p. 304.
  32. D’Auton, Histoire de Louis XII, cité par M. Jules Garinet, dans son Histoire de la Magie en France.
  33. Delandine, l’Enfer des anciens, p. 281,
  34. Abrégé des voyages, par de la Harpe, t. II, p. 431.
  35. Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., p. 726.
  36. Demonomania de Tobie Seiler, cité par Görres, t. IV, p. 360 de sa Mystique.
  37. Secrets d’Albert le Grand, p. 108.
  38. Brown, Erreurs populaires.
  39. Platon, Des lois, liv. IL
  40. Démonomanie des sorciers, liv. IV, ch. v.
  41. L’incrédulité et mécréance, etc., traite VI.
  42. Nouveau voyage vers le septentrion, ch. iii.
  43. De vila sua, lib. I, cap. xi.
  44. Dom Calmet, Dissertation sur les apparitions, t. II, p. 74.
  45. Admirables secrets d’Albert le Grand, p. 409.
  46. M. Garinet, Histoire de la magie en France.
  47. Brown, Erreurs populaires, t. I, p. 162.
  48. Lebrun, Traité des superstitions, t. II, p. 394.
  49. Recherches curieuses sur la sorcellerie, publiées dans le Droit en 1845.
  50. Didron, Histoire du diable.
  51. Hilaret, espèce de jaquette, qui s’appelle aujourd’hui coachmann.
  52. Voyez sur Lokman les Légendes de l’Ancien Testament.
  53. Etudes sur les possessions en général et sur celle de Loudun en particulier, 1 vol. in-4 2, précédé d’une lettre du P. Ventura. Paris, 4 859, chez Henri Pion, éditeur.
  54. Voyez l’histoire d’Urbain Grandier, dans les Légendes infernales.
  55. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 44.
  56. Leunclavius. Pandectœ hist. turcicœ, etc., p. 59.
  57. M. Weiss, Biographie universelle.
  58. Voyage au Finistère, t. III, p. 35.
  59. Salgues, Des erreurs et des préjugés, t. I, p. 9.
  60. Inconstance des mauvais anges, liv. IV, p. 304.
  61. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. viii, p. 833.
  62. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV, p. 455.
  63. Voyages de Cook.
  64. Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 240.
  65. Ceux qui ont observé les phénomènes que présente le climat des régions intertropicales n’ont pas prêté une assez grande attention à l’influence que la lune y exerce. Si l’on s’accorde à reconnaître que la pression ou l’attraction lunaire agit fortement sur les marées, on ne doit pas craindre d’affirmer que l’atmosphère est soumise à une action semblable. Ce qu’il y a de certain, c’est que, dans les basses terres des régions intertropicales, un observateur attentif de la nature est frappé du pouvoir que la lune exerce sur les saisons aussi bien que sur le règne animal et sur le végétal. À Démérara, il y a chaque année treize printemps et treize automnes ; car il est constaté que la séve des arbres y monte aux branches et redescend aux racines treize fois alternativement.

    Le vallaba, arbre résineux assez commun dans les bois de Démérara, et qui ressemble à l’acajou, fournit un exemple très-curieux en ce genre. Si on le coupe la nuit, quelques jours avant la nouvelle lune, son bois est excellent pour les charpentes et toute espèce de constructions, et la dureté en est telle qu’on ne peut le fendre qu’avec beaucoup de peine, et encore inégalement. Abattez-le pendant la pleine lune, vous le partagez en une infinité de planches aussi minces et aussi droites qu’il vous plait avec la plus grande facilité ; mais alors il ne vaut rien pour les constructions et se détériore bientôt. Faites des pieux avec des bambous de la grosseur du bras ; si vous les avez coupés à la nouvelle lune, ils dureront dix à douze années ; mais si c’est pendant qu’elle était dans son plein, ils seront pourris en moins de deux ans.

    Les effets de la lune sur la vie animale sont prouvés aussi par un grand nombre d’exemples. On a vu en Afrique des animaux nouveau-nés périr en quelques heures auprès de leur mère pour être restés exposés aux rayons de la pleine lune. S’ils en sont frappés, les poissons fraîchement pêches se corrompent, et la viande ne se peut plus conserver, même au moyen du sel.

    Le marinier qui dort sans précaution la nuit sur le tillac, la face tournée vers la lune, est atteint de nyctalopie ou cécité nocturne, et quelquefois sa tête enfle d’une manière prodigieuse. Les paroxysmes des fous redoublent d’une manière effrayante à la nouvelle et à la pleine lune ; les frissons humides de la fièvre intermittente se font sentir au lever de cet astre, dont la douce lueur semble à peine effleurer la terre. Mais, qu’on ne s’y méprenne pas, ses effets sont puissants, et, parmi les agents qui régnent sur l’atmosphère, on peut affirmer qu’elle ne tient pas le dernier rang.

    (Martin’s history of the British colonies.)

  66. Delancre, Inconstance des démons, t. VI, p. 495.
  67. M. Dufau, Contes irlandais.
  68. On trouvera cette vie de Luther dans les Légendes infernales.
  69. Mélanchthon, De examin. theolog. operum, t. I.
  70. Colloquium Lutherum inter et diabolum, ab ipso Luthero conscriptum, in ejus libro de Missa privata, etc.
  71. Histoire des revenants ou prétendus tels, t. I, p. 474.
  72. Leloyer, Histoire des spectres, p. 4 98.
  73. M. Salgues, Des erreurs, etc., t. II, p. 4 05.
  74. Plutarque, Vie d’Aristote, § 66.