Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.20

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Gauthier-Villars et Fils (2p. 394-426).

CHAPITRE XX.

SÉRIES DE M. BOHLIN.


213.Dans le Chapitre précédent, nous avons montré comment on pouvait construire la fonction pour en déduire les coordonnées en fonctions du temps, il suffit d’appliquer la méthode de Jacobi.

Supposons, pour simplifier un peu, que l’entier que nous avons appelé soit égal à 1 et que les autres entiers soient nuls ; c’est ce que nous avons fait dans les nos 205 et 206, et nous savons qu’on peut ramener le cas général à ce cas particulier par le changement de variables (3) de la page 339.

La fonction définie dans les nos 204 et suivants, dépend des variables elle contient de plus constantes arbitraires et  ; d’autres constantes pourraient s’introduire dans nos calculs ; à savoir les les mais nous supposerons :

1o Que est lié aux autres par la relation (4) de la page 344 ;

2o Que les satisfont à la condition (10) de la page 349 ;

3o Que les sont exprimés d’une manière quelconque, d’ailleurs arbitraire jusqu’à nouvel ordre, en fonctions des autres constantes.

Ainsi sera fonction de

Posons alors

(1)

On tirera de là les et les en fonctions des des et de et si, dans les expressions ainsi obtenues, on considère les et les comme constantes arbitraires et les comme des fonctions linéaires du temps, on aura les coordonnées et exprimées en fonctions du temps. C’est ce que nous apprend le théorème du no 3.

Mais il est préférable de modifier un peu la forme des équations (1) et d’écrire

(2)

les étant des fonctions arbitraires de et des

Il est clair que si l’on remplace les équations (1) par les équations (2), les resteront des fonctions linéaires du temps ; car les ne dépendant que de et des seront des constantes.

Voici d’ailleurs l’usage que je ferai de ces fonctions arbitraires je les choisirai de telle sorte que les les et les soient des fonctions périodiques des de période

Plaçons-nous d’abord dans le premier cas, celui où est toujours réel et ne s’annule jamais et voyons quelle est la forme des séries ainsi obtenues.

Dans ce cas, les sont des fonctions des périodiques et de période quant à c’est une fonction de la forme suivante

étant une fonction périodique des et les étant des fonctions de et des

De plus, et les sont développables suivant les puissances de

Comme, d’après les hypothèses faites sur les entiers les conditions (10) de la page 349 se réduisent à

on aura tout simplement

Si l’on développe suivant les puissances de le premier terme se réduit de même à

Je veux que quand

se changent en

les étant des entiers, les et les se changent en

et

J’obtiendrai ce résultat en faisant

Il en résulte que et les sont développables suivant les puissances de Pour se réduit à or est lié aux autres par la relation (4) de la page 344 qui, dans le cas qui nous occupe, se réduit à

Donc, pour et se réduisent à

Des équations (2) on tirera alors les puis les sous la forme de fonctions des des de et de développables suivant les puissances de pour la première et la troisième équation (2) deviennent

quant à la seconde, elle se réduirait à mais, si on la divise par et qu’on fasse ensuite elle devient

étant le premier terme du développement de Si nous reprenons les notations du Chapitre précédent, nous pouvons écrire

Le second membre peut se développer sous la forme suivante

étant une constante dépendant de et des et une fonction périodique.

Nous déterminerons conformément à la convention faite plus haut en faisant

d’où

D’autre part, il vient

Comme est toujours de même signe, sera toujours positif, de sorte que sera une fonction de toujours croissante et qui augmente de quand augmente de

Il en résulte inversement que est une fonction de toujours croissante et qui augmente de quand augmente de

Nous pouvons donc écrire

étant une fonction de de période

Si donc nous ne supposons plus les premiers termes du développement de

seront respectivement

Les termes suivants seront périodiques par rapport aux de sorte que les et les seront des fonctions périodiques des

Nous avons vu que les doivent être des fonctions linéaires du temps de sorte que

les étant des constantes d’intégration arbitraires.

Il nous reste à déterminer les

Pour cela reprenons l’équation (2) de la page 343 ; le second membre est égal à

est une fonction des sont des fonctions de et des que nous avons choisies arbitrairement, mais une fois pour toutes.

Il en résulte que est une fonction de nos constantes et

Maintenant la méthode de Jacobi nous apprend que l’on a

(3)

Comme les et sont donnés en fonctions de et des ces équations nous donneront les en fonctions de ces mêmes variables.

J’observe d’abord que et les étant développables suivant les puissances de il doit en être de même des

Le premier terme du développement de est le premier terme du développement de est le premier terme du développement de sera

de sorte que s’annule pour comme on devait s’y attendre ; au contraire, pour la seconde équation (3) nous donne

Le premier terme du développement de est donc

Cas de la libration.

214.Passons au second cas, celui où peut s’annuler et n’est pas toujours réel.

Voyons d’abord, ce qui nous sera d’ailleurs surtout utile dans le numéro suivant, quelle est alors la forme de la fonction je dis que les dérivées

seront de la forme

(α)

étant des entiers et une fonction périodique de ne devenant pas infinie.

Il est clair d’abord :

1o Que la somme ou le produit de deux fonctions de la forme (α) sera encore de la forme (α) ;

2o Que la dérivée d’une fonction de la forme (α) soit par rapport à soit par rapport à ou sera encore de la forme (α).

Supposons donc que les dérivées

soient toutes de la forme (α) et cherchons à démontrer qu’il en sera encore de même des

En effet, ces dérivées nous seront données par une équation de la forme

(β)

étant une combinaison de fonctions de la forme (α) sera encore de la même forme. On déduira de cette équation

et l’on voit que toutes ces fonctions sont de la forme (α).

Il vient ensuite

(γ)

étant de la forme (α) ; il en sera de même de et par conséquent de

C.Q.F.D.

Malgré la complication de la forme de on pourrait former directement les équations (2) du numéro précédent et en tirer les et les en fonctions des mais il est plus simple d’opérer autrement.

Nous avons vu en effet au no 206 qu’en faisant un changement de variables et en passant des variables et aux variables et on arrive à des équations qui sont tout à fait de même forme que celles du no 134. Les conclusions de ce numéro sont donc applicables, ainsi que tout ce que nous avons dit dans les Chapitres XIV et XV au sujet du problème du no 134.

Il en résulte qu’on peut résoudre ces équations en égalant les et à des fonctions de constantes d’intégration et de fonctions linéaires du temps

Et cela de telle sorte que

et

soient fonctions périodiques des développables d’ailleurs suivant les puissances de

Revenant ensuite aux variables primitives nous voyons que

et

sont fonctions périodiques des

On aura d’ailleurs

les étant des constantes d’intégration et les étant développables suivant les puissances de

Le premier terme du développement de est et comme est nul, le développement de commence par un terme en

Toutes ces séries se déduisent de la fonction définie au no 206.

Cette fonction dépend elle-même des variables de la deuxième série

et en outre de constantes d’intégration

et cela de telle sorte que

soit une fonction périodique de et des

On trouvera ensuite les variables et en fonctions des et des à l’aide des équations

(4)

La manière de déduire les équations (4) des équations (2) du numéro précédent est assez compliquée pour que j’y insiste un peu.

Nous avons

Il demeure convenu que l’indice varie de 2 à et l’indice de 1 à

D’autre part,

et
d’où

Si nous posons

(5)

il viendra, par un calcul facile,

de sorte que, si nous exprimons en fonction des et des nous aurons

(6)

Ces changements continuels de variables pouvant engendrer quelque confusion, j’insiste un peu :

est exprimé en fonction de

est exprimé en fonction de

est exprimé en fonction de et

Nous avons donc variables, à savoir

Mais ces variables étant liées par les relations

il n’y a en réalité que variables indépendantes, ce qui nous permet d’exprimer chacune de nos fonctions par le moyen de variables convenablement choisies.

La fonction jouit de la propriété caractéristique suivante :

Quand l’un des augmente de les autres variables et ne changent pas, augmente de

Nous savons en effet que les dérivées de par rapport à et aux sont périodiques par rapport à ces variables.

Or quand se change ainsi en les autres et ne changent pas ; qu’arrive-t-il ?

Les dérivées de étant périodiques, ainsi que je viens de le dire, et les ne changeront pas.

Pour voir ce que deviendront les nous nous servirons des équations

Ces équations, qui ne sont autre chose que les équations (16) du no 206, montrent que, si augmente de augmente de pendant que les autres ne changent pas.

Dans les mêmes conditions augmente de augmente de et par conséquent de

Il résulte de là que les dérivées de par rapport aux sont périodiques par rapport à

La fonction définie par l’équation (5) jouit donc de la propriété caractéristique des fonctions étudiées aux nos 204, 205 et 207.

Elle en diffère toutefois par un point important.

La fonction du numéro précédent dépend non seulement des variables mais de constantes

D’ailleurs l’analyse des nos 204 et 205 prouve que l’on peut en déduire toutes les fonctions dont les dérivées sont périodiques, en remplaçant ces constantes par des fonctions arbitraires de autres constantes.

La fonction définie par l’équation (5) dépend des variables des constantes mais elle dépend en outre des constantes car les figurent dans la fonction et, par conséquent, dans le changement de variables du no 206 ; seulement dans le no 206, ainsi que dans le calcul qui précède, nous avons traité les comme des constantes absolues ; c’est pour cette raison que les différentielles figurent dans l’expression de tandis que les différentielles n’y figurent pas.

J’observe en outre que, quand augmente de la fonction du numéro précédent augmente de tandis que celle qui est définie par l’équation (5) augmente de

J’en conclus que l’on obtiendra la fonction déduite de l’équation (5) en remplaçant dans celle du numéro précédent les constantes par et la constante par une certaine fonction

Comparons maintenant les équations (2) et les équations (6). On trouve

d’où, en tenant compte des équations (2) et (6),

d’où
(7)

On passera donc des équations (2) aux équations (6) en remplaçant les et par et et les par leurs valeurs (7).

Cas limite.

215.Passons enfin au cas limite, celui où est égal au maximum de

J’observe d’abord que nous pouvons toujours supposer que, pour

on a

et que, par conséquent, le développement de suivant les puissances de des et de ne contient ni terme de degré zéro, ni d’autre terme du premier degré que des termes en

Si, en effet, cela n’était pas, on ferait le changement de variables des nos 208 et 210 et on serait ramené au cas où cette supposition est vraie.

Il résulte de là que, si l’on donne aux constantes arbitraires les valeurs suivantes

on se trouve précisément dans le cas limite et que la fonction est. telle que les ont un zéro simple et les un zéro double pour Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler que, dans le calcul des nos 208 et 210, on est conduit après le changement de variables à des équations tout à fait analogues aux équations (3) du no 204 et qui n’en diffèrent que parce que les lettres y sont accentuées et que les constantes sont toutes nulles (Cf. p. 371).

Donnons maintenant aux constantes d’autres valeurs voisines de 0. On pourra encore choisir de telle façon que soit égal au maximum de et que, les conditions (28) du no 207 étant remplies, les fonctions restent finies.

Les valeurs de qui satisfont à ces conditions seront des fonctions holomorphes de de sorte que

Ces fonctions, d’après ce que nous venons de voir, devront s’annuler pour

Nous avons ainsi défini une fonction dépendant de constantes arbitraires

Cette fonction est de la forme

(8)

étant une constante et étant développable suivant les sinus et les cosinus des multiples de

Cette fonction est d’ailleurs holomorphe par rapport aux et, quand on y fait

la dérivée admet un zéro simple pour et les autres dérivées admettent un zéro double.

Pour obtenir une fonction dépendant de constantes arbitraires, je ferai

J’aurai ainsi une fonction contenant les constantes

D’après ce que nous avons vu au commencement du numéro précédent, les dérivées de cette fonction seront de la forme (α).

Mais il y a plus ; soit

un terme d’une de ces dérivées mises sous la forme (α) ; je dis que le numérateur ne dépend pas de

Cela tient à ce que les constantes ne dépendent pas de

Pour démontrer le point en question, convenons, pour abréger le langage, de dire qu’une expression est de la forme (α′) lorsqu’elle est de la forme (α) et que de plus les numérateurs sont indépendants de

Supposons que

soient de la forme (α′), je dis qu’il en sera de même de

En effet, dans l’équation (β) du numéro précédent, le second membre sera de la forme (α′) : il en sera donc encore de même de

Je dis qu’il en sera encore de même de

c’est-à-dire que la dérivée par rapport à d’une expression de la forme (α′) sera encore de la forme (α′), Soit, en effet,

cette expression où j’ai mis pour abréger à la place de

Sa dérivée est

(9)

Si est indépendant de il en sera de même de D’autre part, est égal, à un facteur constant près, à

Sa dérivée

est donc indépendante de de sorte que l’expression (9) est de la forme (α′).

C.Q.F.D.

Alors dans l’équation (γ) du numéro précédent, le second membre est de la forme (α′). Il en est donc de même de

et de
C.Q.F.D.

La fonction va donc être de la forme

(10)

Quand dans cette expression on annule les constantes

admet un zéro d’ordre et un zéro d’ordre pour cela est nécessaire pour que ait un zéro double et un zéro simple.

Cela posé, nous allons avoir à envisager les équations suivantes, analogues aux équations (2)

(2 bis)

Dans ces expressions on devra, après la différentiation, faire

Mais on peut aussi, même avant la différentiation, faire

dans la première équation (2 bis),

dans la seconde,

dans la troisième.

L’essentiel est de ne pas annuler avant la différentiation la variable par rapport à laquelle on différentie.

La première équation (2 bis) nous apprend que les sont développables suivant les sinus et les cosinus des multiples de

Considérons maintenant la troisième équation (2 bis) ; si l’on y fait on voit que est de la forme (8) et en différentiant l’équation (8), on trouve

d’où

(11)

Le dernier terme du second membre est développable suivant les sinus et les cosinus des multiples de

Passons à la deuxième équation (2 bis) ; pour avoir je différentie l’équation (10) après avoir fait

Il vient alors

( étant une constante) ; car devient nul.

On a donc

(12)

Nous ferons après la différentiation alors, pour admet un zéro simple, un zéro d’ordre et un zéro d’ordre

Il en résulte que le premier terme du second membre de (12) reste fini, mais que dans le second terme la quantité sous le signe admet un infini simple pour de sorte qu’on peut la mettre sous la forme

étant une fonction finie et périodique.

L’intégrale elle-même devient donc logarithmiquement infinie pour je veux dire qu’on peut la mettre sous la forme

étant une fonction de qui reste finie pour toutes les valeurs de et une constante.

On a donc

étant une nouvelle constante et une fonction développée suivant les sinus et les cosinus des multiples de

d’où
(13)

Il s’agit maintenant de se servir des équations (11) et (13) pour trouver les en fonctions des

Les seconds membres de ces équations (11) et (13) étant développables suivant les puissances de cherchons les premiers termes du développement.

Le terme indépendant de se réduit à zéro dans le second membre de (13) et à

dans le second membre de (11).

Quant au terme en il doit se réduire dans (11) et dans (13) respectivement à

et

pour la première de ces quantités je me bornerai à remarquer qu’elle dépend seulement de et pas de

Quant à la seconde on trouve, en faisant,

après la différentiation

Cela posé, considérons les seconds membres des équations (11) et (13).

Ce sont fonctions leur déterminant fonctionnel par rapport à est divisible par mais si on le divise par , puis qu’après la division on fasse ce déterminant fonctionnel se réduit à

Cette expression ne s’annule pour aucun système de valeurs des puisque n’est jamais infini.

Si donc est suffisamment petit, ne s’annule pas.

En revanche, peut devenir infini ; en effet, les seconds membres des équations (11) et (13) deviennent infinis pour

Il résulte de là que, quand on donnera à toutes les valeurs possibles et qu’on fera varier de zéro à ne changera pas de signe.

Nous prendrons pour simplifier

de sorte que les équations (11) et (13) s’écriront

(11)
(13)

À cause de la présence du terme logarithmique, quand variera de zéro à variera de à

Donc, quand, donnant aux toutes les valeurs possibles, on fera varier de zéro à les prendront toutes les valeurs possibles. De plus, dans ces conditions, nous avons vu que ne change pas de signe.

Donc les sont des fonctions uniformes des pour toutes les valeurs réelles des En effet, on peut, en parlant de (11) et de (13) et en appliquant le théorème du no 30, développer les suivant les puissances de

étant des constantes quelconques, puisque le déterminant fonctionnel ne s’annule jamais.

J’ajoute que

sont des fonctions périodiques de

et, en effet, quand augmente de augmente de La première équation (2 bis) nous montre ensuite que les sont aussi des fonctions uniformes des périodiques par rapport à

Quand tend vers tend vers zéro ou vers il faut voir ce que deviennent les équations (11) et (13) quand on y fait, par exemple,

L’équation (13) devient illusoire et l’équation (11) s’écrit

On tire de là en fonctions des arguments

On voit sans peine que est périodique par rapport aux Soit donc

Si dans la première équation (2 bis) nous faisons elle se réduit à

Nous trouvons donc une solution particulière des équations (2 bis) en faisant

(14)

La signification de ces équations (14) est évidente.

Au no 209, nous avons trouvé une généralisation des solutions périodiques. Nous avons, en effet, formé les relations invariantes

Grâce à l’hypothèse que nous avons faite au début du présent numéro, ces relations invariantes se réduisent ici à

Nous reconnaissons là les trois premières équations (14).

Ces quatre équations (14) nous fournissent donc, sous une forme nouvelle, la généralisation des solutions périodiques. On voit que les et les sont exprimés en fonctions périodiques de arguments de la forme

Dans le cas particulier où il n’y a que deux degrés de liberté, il ne reste plus qu’un seul argument

Alors et sont exprimés en fonctions périodiques de et, par conséquent, du temps. Nous retrouverons alors simplement les solutions périodiques telles qu’elles ont été définies au Chapitre III.

Une conséquence remarquable, c’est que, s’il n’y a que deux degrés de liberté, les développements (14) sont convergents, tandis qu’ils n’ont de valeur qu’au point de vue du calcul formel si le nombre des degrés de liberté est supérieur à 2.

216.Examinons, en particulier, ce qui se passe quand est, par exemple, négatif et très grand ; les valeurs correspondantes de seront très petites, le second membre de (11) sera donc développable suivant les puissances croissantes de

Quant à l’équation (13), nous la transformerons comme il suit

(13 bis)

Si est positif, ainsi que je le suppose pour fixer les idées et si est négatif et très grand, l’exponentielle

sera très petite. Quant au second membre de (13 bis) il est développable suivant les puissances de

Écrivons donc nos équations sous la forme

(11 bis)
(13 bis)

Les seront développables suivant les puissances de et de et chacun des termes du développement sera périodique par rapport à

Les deux membres des équations (11 bis) et (13 bis) peuvent donc être regardés comme développés suivant les puissances de de et de

Observons que est développable suivant les puissances de et soit

le premier terme du développement.

D’autre part, le premier terme du développement de et de sera en de sorte que le développement de et de commencera par un terme indépendant de

Si dans les équations (11 bis) et (13 bis), nous faisons elles deviennent

Le déterminant fonctionnel des seconds membres de ces équations par rapport à se réduit à 1 pour

Cela va nous permettre d’appliquer le théorème du no 30.

Il en résulte que, pour toutes les valeurs de

les sont développables suivant les puissances de et de

Les coefficients des développements sont des fonctions de

Pour nous rendre compte de la forme de ces fonctions, observons que, quand augmente de augmente de

Nous conclurons que

et

est développable en séries procédant suivant les puissances de

 et 

et dont les coefficients sont des fonctions périodiques de

La première équation (2 bis) nous fait voir ensuite, immédiatement, que les sont développables en séries de la même forme.

Si, au lieu de supposer négatif et très grand, et très voisin de zéro, nous avions supposé positif et très grand et très voisin de nous serions arrivé au même résultat ; seulement, au lieu de séries procédant suivant les puissances de

 et 

nous aurions eu des séries procédant suivant les puissances de

 et 

Revenons au cas où est négatif et très grand et très voisin de zéro, et supposons qu’il n’y ait que deux degrés de liberté.

Nous n’avons plus alors que deux arguments

 et 

et nos séries procèdent suivant les puissances de et de et suivant les sinus et les cosinus des multiples de Comme les arguments et sont des fonctions linéaires du temps, nos séries procèdent suivant les puissances de et d’une exponentielle dont l’exposant est proportionnel au temps, les coefficients des divers termes étant des fonctions périodiques du temps. Elles ne diffèrent donc pas des séries qui ont été étudiées dans le Chapitre VII et qui définissent les solutions asymptotiques.

Il résulte de là une conséquence que le Chapitre VII met en évidence.

Si les séries restent ordonnées suivant les puissances de et de l’exponentielle, elles ne convergent pas, et n’ont de valeur qu’au point de vue du calcul formel. Si on les ordonne par rapport aux puissances croissantes de l’exponentielle seule (en réunissant par conséquent en un seul tous les termes qui contiennent une même puissance de l’exponentielle, mais des puissances différentes de ), elles deviennent convergentes. Si, au contraire, on faisait cette opération dans le cas où il y a plus de deux degrés de liberté, les séries ne deviendraient pas convergentes.

217.Au début du no 215, j’ai fait certaines hypothèses au sujet de la fonction j’ai supposé que l’on avait

pour

J’ai ajouté que, si la fonction ne satisfait pas à ces conditions, il suffit de faire le changement de variables des nos 208 et 210.

Supposons donc que la fonction ne satisfasse pas à ces conditions. Soient et les anciennes variables, faisons le changement de variables du no 210 et soient et les nouvelles variables. On aura

(1)

(Cf. p. 381.)

Avec les nouvelles variables, les conclusions des deux derniers numéros sont applicables et, par conséquent,

peuvent se représenter par des séries ordonnées suivant les puissances de et des cosinus et sinus des multiples de

et dont les coefficients sont des fonctions uniformes de ces fonctions uniformes sont développables suivant les puissances de si est négatif et suffisamment grand et suivant celles de si est suffisamment grand.

Des relations (1) qui lient les et aux et il est donc permis de conclure que

sont encore développables en séries de la même forme.

La seule différence, c’est que pour et se réduisent à 0 ; tandis que et ne s’annulent pas.

Quand on fait d’où on trouve

(2)

et représentant des séries ordonnées suivant les puissances de et les lignes trigonométriques des multiples de

En éliminant entre les relations (2) on doit retrouver

c’est-à-dire les relations du no 209. S’il n’y a que deux degrés de liberté, les relations (2) représentent tout simplement une solution périodique (Cf. no 208).

Si nous faisons

 d’où 

il vient de même

Les séries étudiées dans ce Chapitre pourraient être obtenues directement par des procédés analogues à ceux des Chapitres XIV et XV. Malgré l’intérêt que présenterait cette question, je ne puis m’y appesantir, cela m’entraînerait trop loin. Je me bornerai à rappeler que, par le changement de variables du no 206, on est ramené au problème du no 134, auquel les procédés des Chapitres XIV et XV sont directement applicables.

Comparaison avec les séries du no 127.

218.Nous avons vu au no 211 comment les séries des nos 204 et suivants pouvaient se déduire de celles du no 125. Je me propose de rechercher de même comment les séries du présent Chapitre peuvent se déduire de celles du no 127.

Commençons d’abord par traiter le cas le plus simple, celui du no 199. Dans ce cas, nos équations peuvent s’écrire (en supprimant l’indice 1 devenu inutile)

(1)

désignant la période réelle de l’intégrale du second membre. Ces équations nous permettent de calculer et en fonctions de l’argument de la constante et de

Si nous supposons d’abord que soit très petit par rapport à nous pourrons développer suivant les puissances croissantes de et nous obtiendrons les séries du no 127 ; si, au contraire, est comparable à nous poserons et nous retomberons sur les séries étudiées dans le présent Chapitre.

Voyons la chose d’un peu plus près. Les équations (1) prouvent que et sont des fonctions doublement périodiques de ou ce qui revient au même de Soient et les deux périodes (en considérant comme la variable indépendante). Par exemple, sera égale à l’intégrale du second membre prise entre et et sera égale à deux fois cette intégrale prise entre De plus, quand augmente de ne change pas et quand augmente de augmente de

Si est réel, et on doit prendre Alors et sont des fonctions périodiques de de période Si est petit par rapport à on peut développer suivant les puissances de (ce qui conduit aux séries du no 127) et chacun des termes sera périodique de période par rapport à

Mais si est du même ordre de grandeur que et que l’on pose il arrive que, pour une même valeur de la période et le coefficient sont proportionnels à si alors nous posons

les équations (1) deviennent

(1 bis)

La seconde de ces équations ne dépend plus de Nous tirerons de là et en séries développées suivant les sinus et les cosinus des multiples de dépendant de mais indépendantes de Ce sont les séries du présent Chapitre.

Les séries obtenues d’abord, développées suivant les puissances de et analogues à celles du no 127, étaient, comme il est aisé de le voir, de la forme suivante

(2)

les et les ne dépendant ni de ni de et étant périodiques de période par rapport à

Si l’on fait ensuite et comme je l’avais annoncé, ne dépendent plus que de et non plus de

Ainsi, pour passer des séries du no 127 à celles de ce Chapitre, on fera et on ordonnera ensuite de nouveau suivant les puissances croissantes de Dans le cas particulier qui nous occupe, les nouveaux développements ainsi obtenus se réduisent à un seul terme, puisque ne contient que des termes en et des termes indépendants de

Tant que est plus grand que 1, est réel, et sont périodiques de période par rapport à Mais, si est plus petit que 1, devient imaginaire et c’est qui est réel ; il faut donc prendre alors et (et non plus ) sont périodiques de période par rapport à

Si nous considérons comme la variable indépendante, il y a donc une discontinuité qui tient à ce que la définition de change quand passe d’une valeur plus grande que 1 à une valeur plus petite que 1. Cet inconvénient sera évité si l’on prend pour variable indépendante.

Et en effet, si l’on exprime et en fonctions de et de les expressions que l’on obtient pour sont la continuation analytique de celles que l’on obtient pour

Partant donc des séries (2), c’est-à-dire des séries du no 127 et y faisant il vient

(2 bis)

Ces séries sont convergentes si est suffisamment grand ; dans ce cas il suffit de les sommer ; quand elles deviennent divergentes, on peut néanmoins prolonger les fonctions et par continuité analytique ; et il arrive qu’en poursuivant ainsi jusqu’à des valeurs de plus petite que 1, la forme de ces fonctions est complètement modifiée, parce que la période réelle devient imaginaire et inversement.

C’est donc la double périodicité qui explique les cas si différents que nous avons rencontrés dans cette étude ; la période qui est réelle dans le cas ordinaire est imaginaire dans le cas de la libration et inversement. Dans le cas limite, une des périodes devient infinie.

Mais on peut se demander comment ces résultats peuvent s’étendre au cas où étant une fonction quelconque dépendant de seulement et périodique en les équations (1) deviennent alors

(1 ter)

Soit le maximum de

On est dans le cas ordinaire si

et, dans le cas de la libration, si

Mais ici et ne sont plus des fonctions elliptiques de Elles ne sont donc plus uniformes et doublement périodiques pour toutes les valeurs réelles et imaginaires de (bien que, bien entendu, elles restent uniformes pour toutes les valeurs réelles de ).

Les résultats précédents subsistent néanmoins.

Il suffit de nous restreindre à un domaine tel que la partie imaginaire de soit suffisamment petite et que d’autre part soit suffisamment voisin de

Si alors l’on regarde et comme des fonctions de et de ou de et de ces fonctions sont uniformes et doublement périodiques pourvu qu’on ne sorte pas du domaine l’une des périodes est égale à l’intégrale du second membre (1 ter) prise entre 0 et et l’autre à deux fois cette même intégrale prise entre deux valeurs de qui rendent égal à

Cela suffit pour que les circonstances du passage du cas ordinaire à celui de la libration soient les mêmes que dans le cas particulier que nous avons étudié d’abord.

Pour étendre plus facilement ces résultats au cas général, il peut y avoir lieu d’introduire le moyen mouvement que j’appellerai ici simplement puisque j’ai supprimé partout l’indice 1 devenu inutile.

Il vient alors, d’après les principes du no 3,

D’autre part, si l’on développe suivant les puissances de comme nous l’avons fait dans ce qui précède, de telle sorte que

il viendra, pour

d’où

Nous pouvons donc prendre pour variables et au lieu de et

Alors les séries (2) procéderont suivant les puissances de et de ce qui les rend analogues aux séries envisagées au no 201, qui contenaient des termes en

Passons enfin au cas général.

Envisageons les séries du no 127 ; elles exprimeront les variables et en fonctions des arguments

et de constantes d’intégration. Nous choisirons par exemple pour ces constantes d’intégration les quantités que nous avons appelées

Dans nos séries qui procèdent suivant les puissances entières de figurent en dénominateurs les petits diviseurs

Supposons maintenant que l’un de ces petits diviseurs devienne très petit ; et, par exemple, supposons que ce soit (car, si c’en était un autre, on n’aurait qu’à faire le changement de variables du no 202). Voyons d’abord quel est l’exposant maximum de au dénominateur de chacun des termes de nos séries.

D’après ce que nous avons vu aux nos 201 et 211, le développement de ne contient que des termes en

Si nous formons ensuite les équations

on ne trouvera non plus dans la dérivée que des termes en mais dans la dérivée s’introduiront en outre des termes en

c’est-à-dire des termes en

Des équations

nous tirerons alors les en fonctions des et des ou, si l’on préfère, en fonctions des et des constantes d’intégration,

On voit d’après cela que le développement des ne contiendra que des termes en

Substituons ensuite les valeurs de ainsi obtenues dans les équations

(3)

Avant la substitution, le second membre de (3) ne contient que des termes en

Soit

un de ces termes, ne devenant pas infini pour Après la substitution il vient

ne devenant pas infini pour

Le terme général du second membre de (3), après la substitution, sera donc de la forme

et il est clair que

La conclusion générale de tout ceci, c’est que dans les développements du no 127, les expressions des ne contiennent que des termes en

et celles des que des termes en

Cela posé, supposons que soit très petit et du même ordre de grandeur que Posons alors

les α étant de nouvelles constantes. C’est ce que nous avons fait au no 211. On peut, par exemple, poser tout simplement

Après cette substitution, un terme en

n’est plus d’ordre en mais d’ordre

Groupons ensuite ceux des termes de nos séries qui sont devenus ainsi du même ordre en Chacun des groupes ainsi obtenus formera une série partielle ; et la série totale sera la somme de toutes ces séries partielles.

Pour obtenir les séries du présent Chapitre, il suffit de faire la somme de chacune de ces séries partielles.

Si est assez grand, les séries partielles sont convergentes (les séries totales restant bien entendu divergentes et n’ayant de valeur qu’au point de vue du calcul formel). Mais, si est trop petit pour que les séries partielles convergent, on peut néanmoins poursuivre par continuité analytique, cela est aisé à comprendre.

C’est ainsi que la fonction

définie par la série

continue à exister après que la série a cessé de converger.

Considérons donc la somme d’une de ces séries partielles. Cette somme sera d’abord périodique de période en de plus, ce sera une fonction d’un autre argument uniforme pour les valeurs réelles de cet argument, et pour les valeurs dont la partie imaginaire est suffisamment petite ; ou, en d’autres termes, tant que l’argument reste à l’intérieur d’un certain domaine comprenant l’axe des quantités réelles tout entier. Quand varie entre certaines limites, cette fonction est, à l’intérieur de ce domaine, uniforme et doublement périodique ; l’une des périodes est réelle, l’autre imaginaire ; pour une certaine valeur de l’une des périodes devient infinie ; puis la période réelle devient imaginaire et inversement.

C’est ainsi que s’effectue le passage du cas ordinaire à celui de la libration.

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