Aller au contenu

Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.19

La bibliothèque libre.
Gauthier-Villars et Fils (2p. 315-393).

CHAPITRE XIX.

MÉTHODES DE M. BOHLIN.


Méthode de Delaunay.

199.Reprenons les hypothèses et les notations du no 125. Nous avons vu que dans l’application de la méthode du no 125 il s’introduisait des diviseurs de la forme

les étant des entiers.

Il en résulte que cette méthode devient illusoire quand l’un de ces diviseurs devient très petit.

Parmi les méthodes qui ont été imaginées pour triompher de cette difficulté, celle de Delaunay est la première en date et son exposition facilitera l’intelligence de toutes les autres.

Considérons d’abord un système d’équations canoniques

(1)

et supposons que soit seulement fonction de et de

périodique de période par rapport à cette dernière quantité. Je suppose que les sont des entiers.

L’intégration du système (1) se ramène alors à celle de l’équation aux dérivées partielles

étant une constante arbitraire. Or cette intégration est aisée.

Posons, en effet,

l’équation deviendra

Résolvons cette équation par rapport à il viendra

fonction de de et de

On intégrera cette expression par rapport à en regardant et les comme des constantes, et l’on aura et par conséquent en fonction de des et de

Il est nécessaire d’entrer dans plus de détails et pour cela je vais considérer un cas particulier simple en faisant

étant très petit.

Notre équation devient

d’où

Plusieurs cas sont à considérer :

1o On a

Dans ce cas le radical est toujours réel et ne s’annule jamais. Il est susceptible de deux déterminations l’une positive pour toutes les valeurs de l’autre négative pour toutes les valeurs de Prenons par exemple la première, elle sera développable suivant les cosinus des multiples de de sorte qu’on aura

Je mets en évidence le terme tout connu que j’appelle il est clair que est fonction de et par conséquent de d’autre part, les seront fonctions de et par conséquent de

Il vient alors

ce qui nous donne en fonction de et de la constante arbitraire

2o

Dans ce cas la quantité sous le radical

n’est pas toujours positive, et, par conséquent, on ne peut pas donner à toutes les valeurs possibles, mais seulement celles pour lesquelles le radical est réel.

On peut introduire une variable auxiliaire en posant, par exemple,

d’où

ou

Comme est plus petit que le radical du second membre est toujours réel et pourra être développé en série trigonométrique sous la forme

d’où

ce qui nous donne en fonction de la variable auxiliaire et de la constante

3o

Soit, par exemple,

Il vient alors

ou

est exprimée en fonction de et c’est encore une fonction périodique de mais la période n’est plus mais

J’ajoute que si le radical est toujours imaginaire et que, si il ne cesse de l’être que pour On peut éclaircir ce qui précède de deux manières :

1o D’abord par la considération des fonctions elliptiques.

Nous voyons en effet que

est une intégrale elliptique et que si nous posons

les expressions

seront des fonctions doublement périodiques de

Les divers cas que nous avons examinés plus haut correspondent alors aux diverses hypothèses que l’on peut faire au sujet du discriminant des fonctions elliptiques.

2o Par la Géométrie.

Nous pouvons construire en effet des courbes en adoptant les coordonnées polaires et en prenant pour rayon vecteur étant une constante quelconque et pour angle polaire Nous obtenons ainsi une figure telle que celle-ci.

Les courbes en trait plein correspondent à l’hypothèse la courbe en trait pointillé à l’hypothèse

la courbe en trait mixte — . — . qui a un point double en au cas de enfin la courbe correspondant à correspond à un seul point

Si l’on avait voulu appliquer au problème que nous venons de Figure 2
Fig. 2.
traiter les méthodes du no 125, on aurait été conduit à développer suivant les puissances de Et, en effet, le radical

est effectivement développable suivant les puissances de et, par conséquent, il en est de même de Seulement le développement n’est convergent que si

Si cette condition n’est pas remplie, les procédés du no 125 deviennent illusoires et il faut avoir recours à la méthode de Delaunay, c’est-à-dire à celle que nous venons d’exposer. On peut même y avoir recours avec avantage dès que est du même ordre de grandeur que parce que la convergence du développement du no 125 est alors très lente.

Observons que le développement du radical est de la forme

et l’on voit que, si est petit, la convergence devient très lente et peut même cesser tout à fait.

Si l’on fait le développement devient

et tous ses termes sont de même degré en on voit d’ailleurs que

200.Passons maintenant à un cas un peu plus général et supposons que soit fonction seulement de et de périodique en

L’équation aux dérivées partielles devient

et elle doit être d’abord résolue par rapport à

Supposons que l’on ait

et que ne dépende que de

Alors plusieurs cas peuvent se présenter.

Supposons que qui est déjà développable suivant les puissances de soit aussi holomorphe en ce qui d’ailleurs arrivera dans toutes les applications.

Alors par les procédés des nos 30 et suivants, l’équation

(2)

pourra être résolue par rapport à

Pour l’équation s’écrira

(3)  ;

soit une valeur satisfaisant à cette équation (3). Alors, si l’on désigne par la dérivée de et si

on tirera de l’équation (2) sous la forme d’une série ordonnée suivant les puissances de les coefficients étant des fonctions de

Si, au contraire,

on aura encore sous la forme d’une série, mais cette série sera développée non pas suivant les puissances de mais suivant celles de

Examinons successivement ces deux cas.

Soit d’abord

Nous poserons alors, puisque et par conséquent sont développables suivant les puissances de

et nous supposerons d’ailleurs que se réduit à la constante on calculera ensuite, par récurrence, les autres fonctions et le calcul sera de tout point pareil à celui du no 125.

Passons à la seconde hypothèse où

Alors est développable suivant les puissances de et je puis écrire

Je suppose toujours

J’ai alors

Dans le second membre je suppose que dans on a remplacé par

Posons de même

en mettant ainsi en évidence que la constante du second membre peut dépendre de

Alors, en égalant dans les deux membres de

les coefficients des puissances semblables de il viendra

(4)

Dans la troisième équation (4), je suppose connu ; dans la quatrième, je suppose connu ; dans la cinquième, je suppose connus et ainsi de suite.

Je désigne toujours par toute fonction connue.

La troisième équation (4) va nous permettre de calculer car étant une constante, il vient

Plusieurs circonstances peuvent se présenter correspondant aux divers cas traités dans l’exemple plus simple dont nous nous sommes occupés plus haut.

Il peut arriver que reste plus grand que quelle que soit la valeur attribuée à alors est une fonction périodique de dont la période est

Ou bien il peut arriver que la condition

ne soit remplie que pour certaines valeurs de Alors la fonction n’est non plus réelle que pour certaines valeurs de

Une fois déterminé,, la quatrième équation (4) nous fera connaître la cinquième et ainsi de suite.

La solution est entièrement satisfaisante dans le premier cas, celui où est toujours réel. Mais, dans le cas contraire, il importe de faire attention à une chose.

Les valeurs de pour lesquelles les diverses fonctions passent du réel à l’imaginaire sont données par l’équation

On pourrait croire alors que c’est pour ces mêmes valeurs que passe du réel à l’imaginaire. Cela n’est pas exact ; les valeurs pour lesquelles passe du réel à l’imaginaire sont données par les équations

Elles sont à la vérité fort voisines des premières si est très petit, mais elles ne leur sont pas identiques.

Pour tourner cette difficulté, il y a plusieurs moyens. On peut, par exemple, puisque sont arbitraires, faire ainsi que tous les autres d’indice impair.

Nous calculerons ensuite successivement

et nous aurons

Comme rien ne distingue de nous aurons encore une solution en faisant

ces deux solutions sont ou toutes deux réelles ou imaginaires conjuguées. Il en résulte que

sont toujours réels.

De plus, l’expression

(5)

est toujours réelle ou purement imaginaire et il en résulte que, pour obtenir l’équation qui donne les valeurs de pour lesquelles passe du réel à l’imaginaire, il suffit d’égaler à zéro l’expression (5).

Comment maintenant se fait le passage du cas où est toujours réel au cas où est tantôt réel et tantôt imaginaire ?

On s’en rendra mieux compte en construisant la figure suivante analogue à la fig. 2.

Nous prenons pour rayon vecteur et pour angle polaire et nous construisons les courbes

ou du moins celles d’entre elles pour lesquelles diffère peu de

Ces courbes différeront très peu de celles où le rayon vecteur est égal à

et où est donné par la formule

Pour construire ces courbes, il faut faire une hypothèse sur la façon dont varie la fonction quand varie de à Supposons par exemple que passe par un maximum, puis par un minimum, puis par un maximum plus grand que le premier, puis par un minimum plus petit que le premier ; nous obtiendrons une figure telle que celle-ci :

On voit que, quand diminue, on obtient successivement :

Si est plus grand que le plus grand maximum, deux courbes concentriques représentées sur la figure en trait pointillé − − − −

Si égale le grand maximum, une courbe à point double représentée en trait plein.

Figure 3
Fig. 3.

Si est compris entre les deux maxima, une courbe analogue à celle qui est représentée en trait mixte — . — .

Si égale le petit maximum, une courbe à point double représentée en trait ponctué . . . . . .

Quand devient plus petit que le plus petit maximum, cette courbe se décompose en deux autres qui sont représentées par le trait + + + + ; l’une de ces courbes se réduit à un point, puis disparaît quand devient égal au plus grand minimum ; l’autre se réduit à un point et disparaît à son tour quand devient égal au plus petit minimum.

On voit que le passage d’un cas à l’autre se fait par une courbe à point double, ce qui conduit à étudier ces courbes et plus particulièrement la première, celle qui est représentée en trait plein.

Si nous supposons un mobile parcourant cette courbe d’un mouvement continu, il partira par exemple du point double, fera le tour d’une des boucles de la courbe, reviendra au point double, parcourra la seconde boucle et reviendra enfin à son point de départ ; on voit que son mouvement est encore périodique, mais que la période est doublée ; de sorte que est une fonction périodique de mais que la période est devenue et n’est plus

Revenons alors aux équations (4).

Nous trouvons alors que si l’on donne à la valeur qui correspond au maximum de le radical

qui est égal à est une fonction périodique de de période et est par conséquent développable suivant les sinus et les cosinus des multiples de

Quand augmente de le radical change de signe, de sorte que le développement ne doit contenir que des multiples impairs de La fonction s’annule deux fois.

Si en effet est la valeur de qui correspond au maximum de la fonction s’annulera pour et pour Alors, quelles que soient les constantes les équations (4) nous montrent que

seront des fonctions périodiques de de période seulement ces fonctions pourront devenir infinies pour

ou

Nous savons toutefois que nous pouvons choisir les constantes de façon que cette circonstance ne se produise pas ; l’existence de la courbe en trait plein de la fig. 3 le prouve suffisamment ; voyons maintenant comment doit se faire ce choix.

Si nous supposons que les constantes d’indice impair

sont nulles, les équations (4) ne changeront pas quand on changera en .

Il en résulte que si la fonction

satisfait à notre équation, il en sera de même de la fonction

Ce sont là les deux solutions des équations (4) et on voit que l’on passe de l’une à l’autre en changeant en Mais les équations (4) ne changent pas non plus quand on change en On passera donc aussi d’une solution à l’autre en changeant en

D’où cette conséquence :

Quand on change en les fonctions d’indice pair ne changent pas et les fonctions d’indice impair changent de signe.

Seulement comme s’annule pour et pour

et comme cette dérivée entre en facteur dans le premier membre des équations (4), il pourrait se faire que

devinssent infinis pour et c’est ce qui arriverait en effet si les constantes n’étaient pas convenablement choisies.

Mais il est possible de faire ce choix de telle façon que les fonctions restent toujours finies.

Pour le démontrer considérons l’équation

que je puis écrire

Cette équation, en regardant et comme les coordonnées d’un

point, représente une courbe. Écrivons que cette courbe a un point

double ; il viendra

ce que je puis écrire encore

(5)

puisque ne dépend pas de

Résolvons ces équations (5) par rapport à et à Pour on trouvera

Le déterminant fonctionnel des équations (5) pour s’écrit

et, en général, il n’est pas nul. On pourra donc résoudre les équations (5) et l’on trouvera que et sont développables suivant les puissances de Soient alors

les développements ainsi obtenus ; l’expression

est évidemment développable suivant les puissances de Soit alors

(6)

ce développement. Je dis que, si l’on donne dans les équations (4) aux constantes les valeurs tirées du développement (6), les fonctions resteront finies.

Pour nous en rendre compte, posons

et envisageons l’équation

elle est de même forme que l’équation (2) ; nous pouvons donc la traiter de la même manière, c’est-à-dire poser

et déterminer les fonctions par des équations (4 bis) analogues aux équations (4), et qui n’en différeront que parce que les lettres seront accentuées ; seulement les constantes seront toutes nulles, et pour

on aura

Donc, si l’on regarde comme développé suivant les puissances de et le développement commencera par des termes du second degré en et et cela quel que soit Le développement de commencera donc aussi par des termes du second degré. Il résulte de là que, si l’on considère les fonctions qui figurent dans le second membre des équations (4 bis) comme développées dans le voisinage de 0, suivant les puissances de et des le développement commencera toujours par des termes du second degré.

On voit d’abord que s’annule pour on pourrait donc craindre que ne devienne infini pour mais, loin de là, je dis que, pour cette valeur de est nul.

En effet, supposons que cela soit vrai pour

je dis que cela sera vrai également pour

Considérons l’équation

désigne la dérivée seconde de est développé suivant les puissances de de comme est un zéro simple pour ces diverses quantités, et que le développement de commence par des termes du second degré, sera un zéro double pour

Ce sera un zéro simple pour

Ce sera donc un zéro simple pour

C.Q.F.D.

Nous trouvons ainsi

Nous en déduisons

(7)

représente la fonction où l’argument a été remplacé par l’argument Soient

les développements de et il viendra en identifiant les deux membres de (7)

(8)

Dans les dérivées des doit être remplacé par l’argument

On voit que les restent finis.

Une fois qu’on a démontré la possibilité de déterminer les constantes de façon à éviter que les deviennent infinis, on peut faire effectivement cette détermination sans avoir besoin de chercher les développements de et de

Il suffit de se servir des équations (4).

Considérons l’une de ces équations ;

Si est pair, on prendra

et, comme est une fonction périodique de période on aura également

de sorte que ne deviendra infini ni pour ni pour

Si est impair, il faut faire et la condition

qui entraîne la suivante

puisque change de signe quand augmente de sera remplie d’elle-même.

Il en résultera encore que ne devient jamais infini.

Il en résulte enfin que est développable suivant les sinus et cosinus des multiples de si est pair et suivant les sinus et cosinus des multiples impairs de si est impair.

J’ai beaucoup insisté sur des choses presque évidentes, parce que j’aurai plus loin à traiter un problème analogue, mais beaucoup plus difficile, et que je tenais à faire ressortir les analogies.

201.Voyons maintenant comment se fait le passage du premier cas, celui où

et où les procédés du no 125 sont applicables au second cas où

et que nous venons d’étudier en détail.

Observons d’abord que est ce que nous avons appelé au no 125 et dans d’autres parties de cet Ouvrage. Alors, en posant

on trouve une série d’équations de la forme

(1)

On peut, comme je l’ai expliqué au no 125, déterminer arbitrairement ; je supposerai qu’on le fasse de telle sorte que la valeur moyenne de soit nulle, et par conséquent que soit une fonction périodique de

On voit que dans le développement de différentes puissances de entreront au dénominateur, de sorte que, si est petit, certains termes de pourront devenir sensibles. Il importe avant tout de se rendre compte de l’exposant maximum que peut avoir dans le dénominateur des divers termes de

Je dis que cet exposant maximum est égal à

En effet, est une fonction de d’une part, et d’autre part du paramètre et de la constante d’intégration je ne parle pas des constantes qui sont entièrement déterminées par les conditions

valeur moyenne de

Au lieu de nous pouvons prendre pour constante d’intégration alors sera fonction de de et de développons-la suivant les puissances de et de le développement contiendra des puissances négatives de

L’équation

nous montre que le développement de suivant les puissances croissantes de commencera par un terme en

Passons à l’équation suivante

dépendra de mais, comme s’obtient en remplaçant dans la variable par le développement

et en retenant dans le développement les termes en on voit que ne peut contenir qu’à la deuxième puissance au plus ; car le cube de devrait être accompagné du facteur et ne pourrait par conséquent donner de terme en

Ainsi le développement de et par conséquent celui de commencera par un terme en

et enfin celui de par un terme en

La loi est manifeste ; le développement de commence par un terme en

Et, en effet, supposons qu’elle soit vraie pour

je dis qu’elle est encore vraie pour

Considérons l’équation

est un polynôme entier en

Considérons un terme quelconque de ce polynôme et cherchons à évaluer la somme des indices des divers facteurs de la forme qui entrent dans

Ce terme provenant d’un terme en dans le développement de

cette somme est au plus égale à De plus, si cette somme est égale à comme aucun des indices n’est égal à le terme considéré contiendra au moins deux facteurs.

Le développement de suivant les puissances de commencera par un terme en

Or

Si

si

on aura encore

parce qu’il y aura au moins deux facteurs.

Donc le développement de et par conséquent celui de commencera par un terme en

et celui de commencera par un terme en


C.Q.F.D.

Mais, étant une constante arbitraire, remplaçons-la par un développement quelconque

Alors sera développé suivant les puissances positives de et les puissances positives et négatives de

Si n’est pas nul, ces puissances positives et négatives peuvent elles-mêmes se développer suivant les puissances positives de de sorte que finalement se trouvera développé suivant les puissances positives de

Ces développements sont, d’après ce que nous avons vu au no 125, les mêmes que ceux qu’on obtiendrait en partant des équations (1), mais en attribuant aux constantes d’autres valeurs que celles que nous leur avons données plus haut.

Maintenant, au lieu de cela, supposons très petit et remplaçons par un développement de la forme

(2)

Cette fois les puissances négatives de

ne sont plus développables suivant les puissances positives de mais

sera développable suivant les puissances positives de et le développement commencera par un terme en

Si nous observons maintenant que, d’après ce que nous venons de voir, est développable suivant les puissances de

nous conclurons que est développable suivant les puissances positives de

Les développements ainsi obtenus ne diffèrent pas de ceux auxquels nous sommes arrivés dans le numéro précédent à l’aide des équations (4) et en attribuant diverses valeurs aux constantes

Pour éviter toute confusion je représenterai par

(3)

le développement obtenu en partant des équations (1) où l’on a déterminé les comme je l’ai dit plus haut, de telle façon que la valeur moyenne de soit nulle.

Je représenterai pour un instant par

(4)

celui que l’on obtient en remplaçant dans (3) par son développement (2) et en ordonnant suivant les puissances de

Que représentent alors etc. ?

On obtiendra en remplaçant dans la constante par 0.

On obtiendra de la façon suivante. Mettons en évidence ce fait que dépend de en écrivant nous avons trouvé

Il vient

ou

ayant la même signification que dans les équations (4) du numéro précédent.

D’autre part, nous aurons dans des termes provenant de on les obtiendra comme il suit.

Dans le développement (3) nous prendrons tous les termes en

Soit

(5)

l’ensemble de ces termes.

On aura alors

Il en résulte que, si l’on groupe dans le développement (3) tous les termes en c’est-à-dire tous ceux qui appartiennent au développement (5) et qu’on forme le carré de

ce carré se réduira à deux termes

C’est là un fait d’autant plus remarquable qu’il peut s’étendre, comme nous le verrons bientôt, à toutes les équations de la Dynamique.

Pour obtenir il faudra tenir compte non seulement de et des termes en

mais des termes en

En résumé, le passage du cas où les méthodes du no 125 sont applicables à celui où elles cessent de l’être se fait de la façon suivante : quand est très petit, l’ordre de grandeur d’un terme ne dépend plus seulement de l’exposant de mais de celui de si l’on suppose que est du même ordre que on réunira ensemble les termes qui deviennent ainsi du même ordre et on les sommera.

202.Tous ces résultats s’étendent immédiatement au cas plus général que nous avons considéré au début du no 199.

Supposons d’abord que dépende de et de nous aurons alors à envisager l’équation

(1)

Pour l’intégrer nous donnerons à

des valeurs constantes quelconques,

et nous aurons ainsi une équation

de même forme que celle dont nous nous sommes occupe dans les deux numéros précédents.

Seulement la solution au lieu de contenir seulement une constante arbitraire en contiendra qui seront

Si maintenant l’équation fondamentale s’écrit

(2)

il est facile de la ramener à la forme (1). Posons en effet

(3)

les étant des entiers choisis de telle sorte que le déterminant des coefficients des équations (3) soit égal à 1. Cela est toujours possible, pourvu que soient premiers entre eux, ce qu’il est toujours permis de supposer.

L’équation aux dérivées partielles (2) devient alors

et elle est ainsi ramenée à la forme (1).

Tout ce que nous avons dit des équations de la forme (1) s’étend donc aux équations de la forme (2).

Nous pouvons trouver des solutions de l’équation (2) qui seront développables comme celles de (1), tantôt suivant les puissances de tantôt suivant celles de

Pour se réduira à

La solution complète de l’équation aux dérivées partielles (2) doit contenir constantes arbitraires. Nous pourrions prendre comme constantes arbitraires ou bien encore en posant

Mais il est plus commode d’introduire un nombre infini de constantes arbitraires, parmi lesquelles il n’y en aura d’ailleurs que qui soient distinctes. Ces constantes seront

en égalant le second membre de (2) à

Si

est développable suivant les puissances de et si, au contraire,

est développable suivant les puissances de

Supposons en particulier que, donnant à des valeurs quelconques, on choisisse les constantes de telle façon que

soit une fonction périodique des on retombera sur un développement qui correspondra à celui que nous avons au début du numéro précédent déduit des équations (1) de ce numéro.

Dans ce développement, diverses puissances de

entreront au dénominateur.

Remplaçons ensuite les constantes d’intégration par divers développements procédant suivant les puissances de

Soit, par exemple,

Je suppose que

Il en résultera que le développement de

commencera par un terme en

Si nous ordonnons ensuite les termes de suivant les puissances positives et croissantes de on obtiendra divers développements analogues à ceux que nous avons étudiés en détail dans le no 201.

203.Il est aisé maintenant de comprendre l’esprit de la méthode de Delaunay.

Reprenons le cas général des équations de la Dynamique ; et supposons par conséquent que notre fonction

dépend non plus seulement de mais des arguments et qu’elle est d’ailleurs périodique par rapport à ces arguments.

Si aucune des combinaisons linéaires à coefficients entiers

n’est très petite, les méthodes du no 125 pourront s’appliquer sans difficulté ; mais, si l’une de ces combinaisons est très petite, on distinguera dans les termes qui dépendent de l’argument

est supposé développé en série trigonométrique, c’est-à-dire en une suite de termes dont chacun est le produit de

ou de

(les étant des entiers), par un coefficient qui est une fonction de

Considérons l’ensemble de ces termes qui sont tels que

et soit

l’ensemble de ces termes.

Ils comprendront en particulier tous les termes de qui sont indépendants de et par exemple tous ceux de de sorte qu’on aura

Considérons maintenant l’équation

Nous pourrons l’intégrer facilement par les procédés exposés dans les premiers numéros de ce Chapitre.

Soit

une des solutions de cette équation. Les coefficients sont les constantes d’intégration que j’appelais jusqu’ici mais que j’appelle maintenant parce que je vais bientôt les prendre pour variables indépendantes nouvelles.

Quant à c’est une fonction périodique de

dépendant en outre de de sorte que la valeur moyenne de n’est autre chose que et que l’expression considérée de ne diffère pas de celle à laquelle conduisent les équations (1) du no 202.

Posons maintenant

Prenons pour variables nouvelles les et les la forme canonique des équations ne sera pas altérée ; la fonction exprimée en fonctions des et des conservera la même forme ; seulement les coefficients des termes en

seront beaucoup plus petits que ceux des termes correspondants en

Les inégalités à longue période auront disparu parce qu’en somme on en aura tenu compte dès la première approximation.

Méthode de M. Bohlin.

204.L’inconvénient de la méthode de Delaunay, c’est d’exiger de nombreux changements de variables. Cet inconvénient peut être évité grâce à un procédé découvert par M. Bohlin et que j’ai proposé de mon côté, mais quelques jours après lui.

Reprenons nos équations générales

(1)

et supposons que l’expression

soit très petite.

Il s’agit d’intégrer l’équation

(2)

Posons

Substituons ces valeurs dans l’équation (2), ordonnons suivant les puissances de et égalons les coefficients des puissances semblables de il viendra

(3)

Voici la signification de ces équations :

Je désigne encore par toute fonction connue, et je suppose

Dans la troisième équation (3) que est connu,
Dans la quatrième équation (3) que et sont connus,
Dans la cinquième équation (3) que et sont connus.

Le second membre contient tantôt tantôt parce que j’ai supposé que les constantes d’indice impair, c’est-à-dire les coefficients des puissances impaires de dans le développement de sont nulles.

Il faut encore préciser le sens du signe dans le second terme du premier membre des diverses équations (3). Ce signe porte sur les deux indices et il faut convenir que dans la troisième équation (3), la combinaison apparaît deux fois si et une fois si et que dans les autres équations (3) cette combinaison apparaît deux fois dans tous les cas.

Je suppose comme plus haut

les étant des constantes. Dans les dérivées de qui figurent dans les équations (3), je suppose que les ont été remplacés par les de telle sorte que

Je suppose de plus que les aient été choisis de telle sorte que

(4)

et qu’il n’y ait entre les aucune autre combinaison linéaire à coefficients entiers.

Proposons-nous de déterminer de telle façon que les

soient des fonctions périodiques des

La première équation (3) détermine tout simplement la seconde s’écrit

(5)

et elle ne peut être satisfaite que si les sont fonctions seulement de Car si contenait, par exemple, un terme

le premier membre de (5) contiendrait un terme

qui ne pourrait disparaître que si l’on avait

On aura donc

la dérivée de étant périodique.

Passons à la troisième équation (3), et égalons dans les deux membres de cette équation les termes qui dépendent des sinus et des cosinus des multiples de

Le premier terme du premier membre, qui peut s’écrire

ne contiendra pas de pareils termes ; car si contenait un terme

le terme correspondant de l’expression

s’écrirait

et s’annulerait en vertu de la relation (5).

Le second terme du premier membre ne dépend, au contraire, que de et est fonction seulement de Tous ces termes ne contiennent donc que des sinus ou des cosinus des multiples de

Introduisons une notation nouvelle :

Soit une fonction quelconque dont les dérivées soient des fonctions périodiques de on pourra la développer en une série dont tous les termes seront d’une des formes suivantes

Supprimons dans cette série tous les termes trigonométriques, sauf ceux pour lesquels

L’ensemble des termes restant pourra être désigné par et s’appeler la valeur moyenne de

On aura alors

et, si est une fonction périodique quelconque,

Il vient donc

(6)

Dans je suppose que les ont été remplacés par les la fonction qui entre dans la troisième équation (6) est celle de la troisième équation (3).

La constante du second membre de la première équation (6) peut être désignée par

On trouvera alors, en égalant les valeurs moyennes des deux membres de la troisième équation (3)

(7)

Cette équation est de même forme que celles que nous avons étudiées aux nos 199 à 202, et en particulier de même forme que la seconde équation (4) du no 200.

Nous retrouverons donc, comme pour cette seconde équation (4), trois cas différents.

Rappelons-nous que est de la forme

d’où

Substituons cette valeur de dans (7) ; cette équation deviendra une équation du second degré par rapport à et nous pourrons l’écrire

(8)

et sont des constantes dépendant des constantes ces dernières constantes peuvent d’ailleurs être choisies arbitrairement.

Pour que et par conséquent soit une fonction périodique de il faut et il suffit que l’équation (8) ait toujours ses racines réelles, c’est-à-dire que l’inégalité

soit satisfaite pour toutes les valeurs de

Comme les constantes sont arbitraires, nous prendrons

(9)

Nous ne restreignons pas ainsi la généralité, comme nous le verrons bientôt.

Cela reviendrait d’ailleurs au même de supposer

puisque, si cette condition est remplie, l expression

devient une fonction de seulement, que l’on peut faire rentrer dans

Quoi qu’il en soit, si l’on suppose les conditions (9) remplies, l’équation (8) se simplifie et s’écrit

(8 bis)

Supposons alors que l’on construise pour diverses valeurs de la constante des courbes en prenant pour rayon vecteur une constante quelconque et pour angle polaire

on obtiendra une figure tout à fait pareille à la fig. 3.

Supposons pour fixer les idées que soit positif. Alors, pour que soit périodique, il faut qu’il reste toujours réel, c’est-à-dire que soit plus grand que le maximum de

Dans ce cas et par conséquent est une fonction périodique de qui ne s’annule jamais.

Ayant ainsi déterminé il s’agit maintenant de déterminer cette fonction doit être de la forme

étant périodique, et en général doit être de la forme

étant périodique ; je supposerai pour simplifier

(10)

ce qui n’est pas, comme nous le verrons bientôt, restreindre la généralité.

Nous avons

équation analogue à la première des équations (6). Si les conditions (10) sont remplies, on aura et en particulier

Cela posé, revenons à la troisième équation (3) qui peut s’écrire, maintenant que nous nous sommes donné et que est entièrement déterminée,

(11)

La fonction connue est périodique en

Soit donc

l’équation (11) donnera

étant une fonction arbitraire de Cette solution deviendrait illusoire si, pour un terme quelconque de on avait

c’est-à-dire

Mais cela ne peut arriver parce que

En effet, nous venons précisément de déterminer de telle façon que les valeurs moyennes des deux membres de la troisième équation (3) soient égales. Il doit donc en être de même des deux membres de l’équation (11), qui ne diffère de la troisième équation (3) que parce que certains termes ont passé d 'un membre dans l’autre.

Or

puisque

Donc

C.Q.F.D.

Pour achever de connaître il reste à déterminer la fonction arbitraire

À cet effet, égalons les valeurs moyennes des deux membres de la quatrième équation (3). Il vient, en vertu des relations (10),

et de plus

puisque ne dépend que de Nous obtenons donc

Si nous désignons par la dérivée de par rapport à

il viendra

et nous pourrons écrire

Comme ne s’annule pas, est une fonction périodique de qui ne devient pas infinie et est de la forme

étant un coefficient constant et une série ordonnée suivant les sinus et cosinus des multiples de

étant ainsi entièrement déterminé, la quatrième équation (3) s’écrit

elle prend une forme tout à fait analogue à celle de l’équation (11), et se traite de la même manière. Et ainsi de suite.

J’ai dit plus haut que les hypothèses (9) et (10) ne restreignaient pas la généralité.

Et en effet considérons une solution de notre équation fondamentale et conforme à ces hypothèses (9) et (10) ; soit cette solution et soit

Soit, d’autre part,

et
fonction périodique.

Les satisferont en vertu des hypothèses (9) et (10) à la condition

et seront d’ailleurs des fonctions des constantes d’intégration et

Comme les sont des constantes arbitraires, je puis les remplacer par des développements quelconques

les étant de nouvelles constantes arbitraires.

Si dans nous remplaçons les par ces développements, puis que nous ordonnions de nouveau par rapport aux puissances de il viendra

fonction périodique,

et nous aurons pu choisir les de telle façon que les constantes soient quelconques,

Nos hypothèses n’ont donc apporté à la généralité aucune restriction essentielle. C.Q.F.D.

Cas de la libration.

205.Qu’arrivera-t-il maintenant si n’est pas plus grand que le maximum de et si par conséquent n’est pas toujours réel ? Dans ces cas où l’on dit qu’il y a libration, certaines difficultés se présentent que l’on peut vaincre par un artifice analogue à l’emploi que nous avons fait des fonctions elliptiques dans le no 199. Pour simplifier un peu l’exposition je supposerai

J’en ai le droit, car, s’il n’en était pas ainsi, je pourrais faire un changement de variables analogue au changement de variables (3) du no 202.

Nous ne pouvons plus nous arranger de manière que les soient des fonctions périodiques de mais nous pouvons du moins chercher à trouver une fonction telle que les soient des fonctions périodiques de

Alors ce que nous avons appelé dans le numéro précédent n’est autre chose que la valeur moyenne de considérée comme fonction périodique de

On a donc

(12)

et en effet

se réduisent à des constantes et, d’autre part, la relation

se réduit ici à

de sorte que le premier membre de (12) ne contient pas de terme en

Je pourrai supposer que non seulement les mais encore les (du moins pour ) sont des fonctions périodiques de c’est là une hypothèse identique aux hypothèses (9) et (10) du numéro précédent qui, nous l’avons vu, ne restreignent pas la généralité. Si on l’admet, la constante du second membre de (12) est nulle.

Cela posé, reprenons les équations (3) du numéro précédent. La seconde nous apprend que ne dépend que de et la troisième, quand on égale les valeurs moyennes des deux membres, donne

(13)

ce qui détermine

En tenant compte de l’équation (13) la troisième équation (3) devient

(14)

Comme le second membre est une fonction de dont la valeur moyenne est nulle, l’application d’un procédé d’intégration dont nous avons déjà fait usage bien des fois nous donnera à une fonction arbitraire près de c’est-à-dire que l’équation (14) nous fera connaître

Pour déterminer prenons la quatrième équation (3) et égalons les valeurs moyennes des deux membres, il viendra

(15)

Nous tirerons de là la valeur de

Connaissant et tenant compte de (15), nous pourrons écrire la quatrième équation (3) sous la forme

La valeur moyenne de étant nulle, cette équation, qui est de même forme que (14), se traitera de la même manière et nous donnera

et ainsi de suite.

On voit que les fonctions ainsi déterminées sont des fonctions uniformes de et de

206.Pour étudier plus complètement nos fonctions, il faut faire un changement de variables. Pour cela introduisons une fonction auxiliaire définie de la façon suivante ; nous aurons

et

où les seront des constantes qui satisferont aux conditions

En d’autres termes, ne sera pas autre chose que ce que nous avons appelé

Pour définir nous partirons de la même équation qui a servi à définir c’est-à-dire de l’équation (7) du no 204, où nous remplacerons par et par ce qui nous donne

(7 bis)

J’y adjoindrai les suivantes (où les sont des constantes)

Il importe de remarquer qu’en faisant cette dernière hypothèse je définirai comme j’ai fait plus haut pour mais en m’écartant des hypothèses (9) qui exigeraient que les constantes fussent nulles.

Comme les coefficients ne dépendent que des ce sont des constantes ; si donc je remplace les par les l’équation (7 bis) deviendra

(8 ter)

est une constante, et deux polynômes homogènes par rapport aux le premier du premier degré, le second du second degré. Nous tirerons de là

Je poserai

et pour abréger l’écriture

d’où

Nous déterminerons ensuite par l’équation

analogue à l’équation (11) du no 204.

Cette équation détermine comme nous l’avons vu, à une fonction arbitraire près de nous pourrions, sans inconvénient, faire un choix quelconque ; nous supposerons par exemple

Je poserai

Il résulte de là :

1o Que est une fonction périodique des qui ne dépend pas des car il en est ainsi de et de où nous avons supposé tout simplement que les étaient remplacés par les constantes

2o Que si dans le premier membre de l’équation (2) du no 204 on remplace par ce premier membre se réduit à

à des termes près contenant en facteur ; car les fonctions et satisfont aux trois premières équations (3), sauf que dans la seconde de ces équations le zéro du second membre doit être remplacé par

Posons maintenant

(16)

Si l’on prend comme variables nouvelles les et les à la place des et des la forme canonique des équations ne sera pas altérée.

Étudions d’abord la troisième équation (16) où entrent et si nous considérons comme une constante et si nous faisons varier seulement je dis que est une fonction périodique de

C’est ici qu’éclate l’analogie avec l’emploi des fonctions elliptiques au no 199. Dans le cas particulier traité dans ce numéro, on avait

de sorte que notre troisième équation (16) s’écrivait

L’intégrale du second membre est une intégrale elliptique et par conséquent et sont des fonctions doublement périodiques de Mais deux cas sont à distinguer suivant que

ou

Si la période réelle est égale à

et si

la période réelle est égale à

Dans ce cas particulier d’ailleurs, est une fonction uniforme de pour les valeurs imaginaires aussi bien que pour les valeurs réelles de Mais, dans le cas général, est fonction uniforme de pour les valeurs réelles seulement et, d’autre part, et admettent une période réelle qui est

si est supérieur au maximum de  ;

si est inférieur à ce maximum et si s’annule pour et pour et reste positif pour J’ajouterai que dans le premier cas augmente de quand augmente d’une période, tandis que dans le second cas, c’est-à-dire dans le cas de la libration, reprend sa valeur primitive quand augmente d’une période.

Dans le cas particulier du no 199, non seulement et sont fonctions doublement périodiques de mais il en est de même de quant à

il augmente d’une quantité constante quand augmente d’une période.

De même, dans le cas général,

et par conséquent

est une fonction périodique de Cette fonction, de même que dépend en outre de qui joue un rôle analogue à celui du module dans le cas des fonctions elliptiques.

Observons avant d’aller plus loin que la période de ces diverses fonctions périodiques de est proportionnelle à

Il résulte de là que, dans le cas de la libration, et sont des fonctions périodiques de en outre et dépendent des mais ce sont des fonctions périodiques de période de ces variables.

Si donc nous exprimons les variables anciennes et en fonctions des nouvelles et il est évident que les les et les sont des fonctions périodiques des il en est donc de même de qui est périodique de période par rapport aux

La période sera égale à

pour et à pour les je poserai pour abréger la période relative à égale à il est clair que est une fonction de de même que la période des fonctions elliptiques est une fonction du module.

Si nous posons

d’où

(16 bis)

sera une fonction périodique des la période sera pour et pour les autres sera en o’utre fonction des cette fonction sera développable suivant les puissances de les trois premiers termes du développement

seront indépendants des et fonctions seulement des Le premier terme est une constante absolue ; est, par définition, une fonction linéaire des indépendante de enfin on a

d’où il résulte que est un polynôme de premier ordre par rapport aux autres

Posons maintenant

nos équations deviendront

(17)

La fonction est, comme la fonction au no 125, périodique par rapport aux variables de la seconde série qui sont ici les

Toutefois deux obstacles empêchent que les procédés du no 125 soient immédiatement applicables aux équations (17).

1o La fonction est bien périodique par rapport aux mais, par rapport à la période n’est pas mais

Pour tourner cette première difficulté, il suffit d’un simple changement de variables. Si nous faisons

(18)

les équations restent canoniques et s’écrivent

(19)

et cette fois est périodique de période par rapport à

2o Si l’on fait se réduit à et ne dépend pas de toutes les variables de la première série, mais seulement de

car est nul. Nous ne sommes donc pas dans les conditions du no 125, mais dans celles du no 134 ; nous allons voir que les conclusions de ce numéro sont applicables.

En effet, la fonction qui correspond à celle que nous avons appelée dans ce no 134, c’est ici et il est aisé de voir que dépend de et par conséquent de et ne dépend que des variables de la première série.

Les conditions pour que le théorème du no 134 soit vrai sont donc remplies et nous devons conclure qu’il existe fonctions

qui dépendent de variables

et de constantes arbitraires et qui satisfont aux conditions suivantes :

1o Quand on les substitue dans cette fonction se réduit à une constante.

2o L’expression

est une différentielle exacte.

3o Ces fonctions sont périodiques de période par rapport à

Considérons donc et les comme fonctions de et des ce qui nous donne relations entre ces variables, puis revenons aux variables anciennes et à l’aide des équations (16), (16 bis) et (18) ; nous obtiendrons ainsi relations entre les et les en résolvant ces relations par rapport aux nous aurons les en fonctions des et il est clair que :

1o Si l’on substitue dans à la place des leurs valeurs en fonctions des se réduit à une constante.

2o L’expression

(20)

est une différentielle exacte.

Car, d’après la forme des équations (16), (16 bis) et (18), la différence

est toujours une différentielle exacte.

3o Si l’on exprime les en fonctions de et des les sont des fonctions périodiques de ces variables ; et, de même, si l’on exprime les en fonctions des ces fonctions seront périodiques de période par rapport à

Il résulte de là que les fonctions définies par l’équation (20) ne diffèrent pas de celles dont nous nous sommes occupés au numéro précédent, puisque nous n’avons fait intervenir dans leur définition que l’équation (2) du no 204 et la condition que les soient périodiques par rapport à

Ainsi les deux systèmes d’équations

(21)
et
(22)

sont identiques pourvu que satisfasse à l’équation aux dérivées partielles

(23)

et à la condition que ses dérivées soient périodiques par rapport a et aux et que soit définie comme au numéro précédent.

est développable suivant les puissances de et s’écrit

Chacune des fonctions peut s’écrire

étant périodique et les constantes analogues aux constantes du no 125 peuvent comme celles-ci être choisies arbitrairement. On a de même

et nous avons vu que dépend encore des constantes arbitraires que nous avons appelées plus haut

Pour que les deux systèmes (21) et (22) soient identiques, il faut, bien entendu, si l’on a donné aux constantes des valeurs déterminées, que l’on donne aux constantes des valeurs correspondantes et inversement.

À chaque fonction correspond ainsi une fonction et réciproquement.

Mais, dans les numéros précédents, nous avons imposé à nos constantes et par conséquent à certaines conditions qui sont les hypothèses (9) et (10). Si l’on veut y demeurer astreint, il faut donc que les constantes satisfassent de leur côté à certaines conditions qu’il serait aisé de former. Je dirai seulement que les doivent s’annuler avec

Les équations (21) et (22) nous permettant d’exprimer toutes nos variables en fonctions de quelconques d’entre elles, supposons que l’on exprime et les en fonctions de

Soit donc

On voit sans peine que les fonctions et sont périodiques de période par rapport à chacune des variables dont elles dépendent.

Si nous regardons un instant comme des constantes et et comme les coordonnées d’un point dans un plan, nous pourrons envisager les équations

Quand nous ferons varier le point décrira une courbe fermée puisque les fonctions et reprennent leurs valeurs primitives quand augmente de

Ainsi, si sont considérées comme des constantes, l’équation

est celle d’une courbe fermée.

C’est là le résultat auquel je voulais parvenir ; mais il importe d’en préciser la signification. Nous ne devons pas oublier, en effet, que tous les théorèmes qui précèdent sont vrais, mais seulement au point de vue du calcul formel.

Les fonctions et sont développables suivant les puissances de de sorte que nous pouvons écrire

(24)

et toutes les fonctions et sont périodiques de période

Les seconds membres des équations (24) sont des séries ordonnées suivant les puissances de mais qui, en général, ne sont pas convergentes. Les équations (24) ne sont donc vraies qu’au point de vue du calcul formel. Écrivons donc ces équations de nouveau, mais en nous arrêtant aux termes en il viendra

(24 bis)

Les équations (24 bis) définissent évidemment une courbe fermée. Supposons qu’éliminant entre ces deux équations on les résolve par rapport à il viendra

(25)

sont des fonctions de le second membre de (25) est une série indéfinie, mais convergente ; et l’équation (25) est celle d’une courbe fermée.

En vertu des principes du calcul formel, la valeur de ainsi obtenue ne peut différer de que de quantités de l’ordre de nous aurons donc

mais nous n’aurons pas

Maintenant la courbe

(26)

est-elle une courbe fermée ?

Reportons-nous à l’équation (15). Comme, dans le cas de la libration, s’annule pour deux valeurs différentes de on peut se demander si et par conséquent ne pourront pas devenir infinis. Il n’en est rien parce que s’annule en même temps que mais poussons l’approximation plus loin.

Nous trouverons pour définir une équation analogue à (15)

va-t-il cette fois devenir infini ?

Nous pouvons, il est vrai, disposer de la constante de façon que ne devienne pas infini pour l’une des valeurs de qui annulent mais, en général, ne s’annulera pas pour l’autre valeur de qui annule donc deviendra infini quelle que soit la constante

Ainsi l’équation (26) ne représentera pas une courbe fermée parce que le second membre deviendra infini.

Quand donc j’ai dit plus haut que la courbe

est fermée, cette assertion ne pouvait avoir par elle-même aucun sens puisque la série est divergente.

Voici ce qu’elle signifiait :

Elle signifiait qu’on peut toujours trouver une fonction de et de développable suivant les puissances de et telle que l’équation

soit celle d’une courbe fermée.

Un exemple simple fera mieux comprendre ce qui précède.

Soit la courbe

C’est une ellipse. Développons le second membre suivant les puissances de et arrêtons le développement, par exemple, aux termes en il viendra

ce qui n’est pas l’équation d’une courbe fermée puisque le second membre devient infini pour

Toutes ces difficultés, purement artificielles, sont évitées par le changement de variables (16).

Cas limite.

207.Passons enfin au cas où est égal au maximum de et qui est intermédiaire entre le cas ordinaire et celui de la libration.

Reprenons les équations (3) du no 204 et les équations (13), (14) et (15) du no 205. Je suppose toujours (pour ) et par conséquent Dans ce cas le radical

et par conséquent est, comme nous l’avons vu au no 200, une fonction périodique de mais dont la période n’est plus mais Cette fonction change de signe quand on change en elle s’annule pour une seule valeur de comprise entre et et qui est précisément celle qui fait atteindre à la fonction son maximum. On peut, sans restreindre la généralité, supposer que cette valeur est égale à zéro. Alors on aura

pour

quel que soit l’entier

J’ai expliqué tout cela en détail au no 200.

Considérons maintenant les équations (3) ainsi que les équations analogues à (13) et à (15) que l’on obtient en égalant les valeurs moyennes des deux membres des équations (3). Ces équations nous permettront, ainsi que nous l’avons vu, de déterminer par récurrence les fonctions et elles nous montrent tout d’abord que les seront des fonctions périodiques des la période étant par rapport à et par rapport à

Si les constantes sont nulles, pour un indice impair, ce que j’ai d’ailleurs supposé en écrivant les équations (3), ces équations (3) ne changeront pas quand on changera en ni quand on changera en

On en déduirait, par un raisonnement tout pareil à celui que j’ai fait au no 200, que se change en

quand se change en

Donc est une fonction périodique de période par rapport à si est pair.

Si est impair, cette fonction change de signe quand augmente de

Maintenant voici la question qui se pose :

Les fonctions sont-elles finies ?

Nous avons pour déterminer l’équation (15)

et plus généralement pour déterminer

(27)

étant nul quand est impair.

La fonction du second membre de (27) dépendant seulement de je la poserai égale à

On verrait aisément par récurrence que

Il pourrait arriver que devînt infini ; car peut s’annuler pour et il pourrait se faire que pour cette valeur de le second membre de (27) ne s’annulât pas.

Si nous voulons donc que les demeurent finies, il faut donc que

(28)

Si les conditions (28) sont remplies par toutes les valeurs de les et par conséquent aussi les resteront finis.

Si est pair, on satisfera facilement aux équations (28) ; la constante est en effet arbitraire et il suffira de la prendre égale à

Mais, si est impair, est nul et nous devons satisfaire à la condition

(29)

qui entraîne d’ailleurs la suivante

Comme nous ne disposons plus d’aucune arbitraire, cette condition (29) doit être remplie d’elle-même ; c’est en effet ce qui arrive, mais cela exige une démonstration spéciale que je vais donner dans les numéros suivants.

208.Supposons d’abord qu’il n’y ait que deux degrés de liberté et par conséquent quatre variables seulement et

Reportons-nous aux nos 42, 43 et 44 ; nous y avons vu qu’à chaque système de valeurs des moyens mouvements

qui soient commensurables entre elles, correspond une fonction et qu’à chaque maximum ou à chaque minimum de cette fonction correspond une solution périodique.

Or, dans le cas qui nous occupe, les moyens mouvements sont au nombre de deux

et l’un d’eux est nul ; les valeurs des deux moyens mouvements sont donc commensurables entre elles. De plus la fonction admet un maximum absolu qu’elle atteint pour et qui est égal à À ce maximum doit donc correspondre une solution périodique. Soit

(30)

cette solution. Comme est nul, quand augmente d’une période, et reprennent leurs valeurs primitives, tandis que augmente de

Si nous éliminons entre les équations (30), il vient

(31)

les fonctions étant périodiques de période

Les exposants caractéristiques sont au nombre de deux et d’après le Chapitre IV doivent être égaux et de signe contraire. De plus, comme la solution périodique correspond à un maximum et non à un minimum de ces exposants doivent être réels, en vertu du no 79, et la solution périodique doit être instable.

Cela posé, nous allons faire un changement de variables analogue à celui du no 145.

Soit

est une fonction de définie par la condition

La forme canonique des équations ne sera pas altérée si je prends pour variables nouvelles et en posant

On trouve ainsi

(32)
d’où

Quelle sera la forme de la fonction exprimée à l’aide des nouvelles variables ?

Observons d’abord que et sont, en vertu des nos 42 à 44, développables suivant les puissances croissantes de et que, pour elles se réduisent à des constantes

et

On voit ainsi que et sont des fonctions de et et de développables suivant les puissances de et périodiques par rapport à Pour elles se réduisent à

Donc conserve la même forme quand on l’exprime en fonction des variables nouvelles : je veux dire que est développable suivant les puissances de et périodique par rapport à mais n’est pas périodique par rapport à

Les nouvelles équations canoniques

admettent évidemment pour solution

puisque les anciennes admettaient

Nous en concluons que les trois dérivées

s’annulent à la fois quand on y fait

D’autre part, quand on fait se réduit à une constante que j’appellerai et qui est d’ailleurs développable suivant les puissances de

Posons

sera développable suivant les puissances de et pour les petites valeurs de ces variables ; le développement ne contiendra pas de terme de degré 0, et il ne contiendra d’autre terme du premier degré qu’un terme en Les coefficients du développement sont des fonctions de et de

Considérons alors l’équation

cherchons à y satisfaire en faisant

(33)

Nous déterminerons par récurrence les fonctions à l’aide d’équations tout à fait analogues aux équations (3) du no 204 et qui n’en diffèrent que parce que les lettres y sont accentuées et que les constantes sont toutes nulles.

Remplaçons dans la fonction par sa valeur (33) et développons ensuite suivant les puissances croissantes de

Soit

ce développement. Alors va, pour les petites valeurs de et être développable suivant les puissances de des des

Les coefficients du développement seront des fonctions périodiques de mais le point sur lequel je veux attirer l’attention, c’est que le développement ne contiendra pas de terme de degré 0 et que les seuls termes du premier degré seront des termes en

Nous allons donc avoir à déterminer

par des équations

(34)

analogues à (14) et à déterminer par des équations

(35)

analogues à (15), les constantes analogues aux étant toutes nulles.

Les fonctions et qui entrent dans les seconds membres de (34) et de (35) peuvent être développées suivant les puissances de et les seuls termes du premier degré sont des termes en

Je dis que non seulement la valeur n’est pas un infini pour les et les mais que c’est un zéro, a savoir un zéro simple pour les et un zéro double pour les

En effet, démontrons ce théorème par récurrence et supposons qu’il soit déjà vrai pour les fonctions déjà connues.

Alors la fonction de l’équation (34) admettra la valeur comme zéro double ; et en effet cette valeur est un zéro simple pour chacun des facteurs des termes de degré plus grand que 1 du développement de suivant les puissances de des et des et d’autre part les termes du premier degré de ce développement dépendent des dérivées pour lesquelles est un zéro double.

Il résulte de là et de l’équation (34) que est un zéro double pour

et par conséquent pour

et un zéro simple pour

On pourrait ensuite raisonner sur la fonction de l’équation (35) comme on vient de le faire sur la fonction et l’on verrait ainsi que est un zéro double pour et par conséquent pour

Comme, d’autre part, c’est un zéro simple pour ce sera également un zéro simple pour

C.Q.F.D.

Ainsi les fonctions définies par les équations (34) et (35) sont finies.

Quelle relation y a-t-il maintenant entre la fonction définie au numéro précédent et la fonction que nous venons de déterminer ?

Nous avons

d’où, en tenant compte des équations (32),

d’où

(36)

Comme et sont toujours finis ainsi que leurs dérivées, il en sera de même de et de ses dérivées.

Il est aisé, en égalant dans (36) les coefficients des puissances semblables de de calculer les fonctions

En effet, nous avons écrit plus haut

(33)

mais ce développement est obtenu en supposant que les sont exprimés en fonctions des variables nouvelles et si l’on revient aux variables anciennes et le développement change de forme et s’écrit

[cf. les équations (8) du no 200].

Soit de même

Nous aurons alors

(36′)

équation qui nous montre que l’on peut choisir les constantes de telle sorte que1 les restent constamment finis.

D’où nous devons conclure que les conditions (29) sont remplies d’elles-mêmes.

Nous avons vu au numéro précédent que les sont des fonctions périodiques de période par rapport à il n’en est pas de même ici des ni des parce que comme je l’ai fait observer plus haut, n’est plus périodique en Cependant l’équation (36′) nous montre :

1o Que est périodique ;

2o Que augmente de quand augmente de

Considérons les équations

(37)

qui nous donnent et en fonctions de et de Elles ont une signification intéressante.

Reprenons, en effet, les équations (30) ; elles définissent la solution périodique qui nous a servi de point de départ. Nous avons vu que cette solution est instable.

Donc, en vertu des principes du Chapitre VII, elle donne naissance à deux séries de solutions asymptotiques, dont les équations générales peuvent être mises sous la forme

(38)

pour la première série ou

(39)

pour la seconde.

et sont des constantes arbitraires.

Si entre les équations (38) on élimine et puis qu’on résolve par rapport à et on obtiendra les équations (37) et l’on obtiendra encore le même résultat le signe du radical étant seul changé si l’on élimine et entre les équations (39).

Il peut être intéressant de comparer la démonstration qui précède celles que j’avais données dans le Tome XIII des Acta mathematica, p. 211 à 216 d’une part, 217 à 219 d’autre part.

209.Occupons-nous d’étendre cette démonstration au cas où il y a plus de deux degrés de liberté et, pour cela, cherchons d’abord à généraliser la notion qui nous a servi de point de départ, c’est-à-dire celle de la solution périodique (30).

Cherchons donc fonctions des variables

fonctions que j’appellerai

et qui seront telles que les relations

soient des relations invariantes au sens donné à ce mot au no 19. Cela entraîne les conditions suivantes

(40)

Inutile d’ajouter que, dans les dérivées de et les sont supposés remplacés par et les

De plus, les fonctions et doivent être périodiques en elles devront se réduire à des constantes et pour

Enfin je m’impose une condition de plus, je veux que

soit la différentielle exacte d’une fonction de On en tire

(41)

et l’on en conclut que les dérivées de sont des fonctions périodiques. On aura de plus

(42)

c’est-à-dire qu’en remplaçant dans les variables et par les fonctions et on réduit à une constante.

On vérifierait aisément par un calcul qui rappelle quelques-uns de ceux du Chapitre XV que la deuxième équation (40) est une conséquence nécessaire des deux autres et des équations (41) et (42).

Si, en effet, on différentie l’équation (42) par rapport à et qu’on la transforme ensuite en tenant compte de la première et de la troisième équation (40) ainsi que des relations

déduites des relations (41) par différentiation, on retrouvera la seconde équation (40).

Nous conserverons donc, pour définir les fonctions et la première et la troisième équation (40) ainsi que les équations (41) et (42).

Nous allons chercher à développer les fonctions et suivant les puissances de sous la forme

(43)

Nous trouvons d’abord, en faisant dans la première équation (40)

ce qui prouve d’abord que ne dépend pas de ce que nous pouvons écrire

puisque désigne la valeur moyenne de considérée comme fonction périodique de

Il vient ensuite, en faisant dans la troisième équation (40),

Dans le second membre et les doivent être respectivement remplacés par et et ces quantités doivent être des constantes telles que l’on ait

Nous regarderons les comme des données de la question de telle façon que ces équations détermineront les et

Notre équation devient alors

d’où

Comme est une constante absolue, et que doit être nul, les équations (41) nous donneront

Si, d’autre part, nous développons la constante du second membre de (42) suivant les puissances croissantes de et que nous l’écrivions

l’équation (42), quand nous y ferons nous donnera

Cette équation détermine simplement la constante et nous voyons de plus que

Nous connaissons maintenant et mais, quant à nous savons seulement que est une constante et par conséquent que

mais nous ne connaissons pas

Égalons les coefficients de dans la première équation (40), il viendra, si l’on se rappelle que est une constante,

Dans le second membre et les sont supposés remplacés par et les ce second membre sera une fonction périodique de et sa valeur moyenne, puisque sont des constantes, sera

Cette valeur moyenne doit être nulle, ce qui donne une équation

qui détermine la constante

Il reste alors

étant une fonction périodique connue dont la valeur moyenne est nulle, équation d’où l’on tire aisément

Égalons maintenant les coefficients dans l’équation (42) en tenant compte des équations (41), qui nous donnent

nous trouverons

est une fonction périodique connue dont la valeur moyenne n’a pas besoin d’être nulle, puisque nous n’avons pas assujetti mais seulement ses dérivées, à être périodiques. Cette équation nous donnera qui dépendra de constantes que nous pourrons choisir arbitrairement.

Égalons les coefficients de dans la troisième équation (40), il viendra

(44)

La valeur moyenne du second membre doit être nulle, d’où

ce qui nous donne et l’équation (44) nous donne ensuite

Continuons de la même manière et supposons que l’on ait trouvé

et qu’on se propose de trouver

et

Égalons d’abord les coefficients de dans la troisième équation (40), il viendra

(45)

Le second membre doit avoir sa valeur moyenne nulle, d’où

ou

d’où nous tirerons puisque est connu. Donc est désormais connu, et l’équation (45) nous donne

Si nous égalons maintenant les coefficients de (42), en tenant compte de (41), il viendra

d’où nous tirerons

Égalant, enfin les coefficients de dans la troisième équation (40), nous trouvons une équation analogue à (44)

(46)

Le second membre doit avoir sa valeur moyenne nulle et cette condition

détermine et par conséquent

L’équation (46) détermine ensuite

et ainsi de suite.

Nous avons donc pu déterminer des fonctions satisfaisant aux conditions que nous nous étions imposées et nous avons ainsi réalisé une véritable généralisation des solutions périodiques. Seulement, tandis que les séries qui définissent les solutions périodiques sont convergentes, il n’en est plus de même de celles dont nous venons de démontrer l’existence, de sorte que cette généralisation n’a de valeur qu’au point de vue du calcul formel.

210.Cherchons maintenant à nous servir des résultats du numéro précédent pour démontrer dans le cas général que les relations (29) sont satisfaites d’elles-mêmes.

À cet effet, posons

et changeons de variables en posant

la forme canonique des équations ne sera pas altérée, et l’on trouvera

et enfin

ou, en tenant compte de (41),

conserve la même forme avec les variables nouvelles, sauf qu’elle ne sera plus périodique par rapport à

Les nouvelles équations canoniques admettront comme relations invariantes

ce qui prouve que pour on a

et que, de plus, se réduit à une constante je poserai alors

et je verrai que, si l’on développe suivant les puissances de des et de il n’y aura pas de terme de degré 0 et que les seuls termes du premier degré seront des termes en

Considérant alors l’équation

cherchons à y satisfaire en faisant

et déterminons par récurrence les fonctions

Le calcul se poursuivra tout à fait comme au no 208.

Les fonctions et leurs dérivées seraient encore ici des fonctions de et l’on verrait encore ici que ces fonctions ne deviennent pas infinies pour au contraire est un zéro double pour les

et un zéro simple pour les

Le raisonnement se ferait par récurrence comme au no 208 ; les équations conservent en effet la même forme. Je n’en reproduirai pas ici les détails. Remarquons seulement que l’équation analogue à (34) s’écrit

est une fonction périodique de dont la valeur moyenne est nulle. Les coefficients et sont des fonctions de qui, bien entendu, ne sont pas les mêmes pour les différents termes ; on en tire

Dire que est un zéro double pour c’est dire évidemment que c’en est encore un pour chacun des coefficients et par conséquent pour

Le reste du raisonnement est tout à fait pareil à celui du no 208.

Les fonctions sont donc finies et l’on en conclurait comme au no 208 qu’il en est de même des fonctions et, par conséquent, que les relations (29) sont satisfaites d’elles-mêmes.

C.Q.F.D.

Relation avec les séries du no 125.

211.Au no 125 nous avons défini certaines séries dont les premiers termes convergent d’une façon suffisamment rapide si aucune des combinaisons

n’est très petite. Aux nos 204 et suivants, nous avons défini d’autres séries dont la convergence reste suffisante même quand une de ces combinaisons est très petite.

Comment peut-on passer des unes aux autres ? Ce que nous avons dit au no 201 nous permet déjà de le prévoir.

La fonction définie au no 125 dépend (p. 20) d’une infinité de séries de constantes arbitraires ; à savoir de

Mais nous ne restreignons pas la généralité en supposant que tous les sont nuls.

Soit en effet

(1)

celle des fonctions que l’on obtient en annulant tous les elle ne contiendra plus que constantes arbitraires

Les étant des constantes arbitraires, nous pouvons les remplacer par des développements quelconques procédant suivant les puissances des

Nous remplacerons donc par

les étant des constantes quelconques. La fonction à laquelle conduit cette substitution satisfait comme à l’équation (4) du no 120 ; mais les ne sont plus nulles et il est clair que l’on peut choisir les arbitraires de façon que les valeurs des soient tout à fait quelconques. La fonction ainsi obtenue est donc la fonction la plus générale.

Revenons à cette fonction dépend des constantes mais, d’autre part, les moyens mouvements sont aussi des fonctions des et inversement les sont des fonctions des de sorte que nous pourrons considérer comme dépendant de constantes arbitraires

De quelle manière les fonctions dépendent-elles de ces constantes ? Chaque terme de contient en facteur le sinus ou le cosinus d’un angle de la forme

(les entiers)

et le coefficient de ce sinus ou de ce cosinus est égal à une fonction holomorphe des divisée par un produit de facteurs de la forme

(les entiers).

Ce sont des facteurs que l’on appelle les petits diviseurs.

En raisonnant comme nous l’avons fait au no 201, on verrait qu’aucun des termes de ne peut contenir plus de petits diviseurs au dénominateur.

Si l’un de ces petits diviseurs, par exemple

était très petit, la convergence de la série deviendrait illusoire ; remplaçons alors comme au no 202 les constantes d’intégration par divers développements procédant non plus suivant les puissances de mais suivant celles de soit, par exemple,

(2)

Je suppose que

Il en résultera que le développement de

commencera par un terme en

Soit alors

(3)

un terme quelconque de représente le produit des petits diviseurs.

Alors et seront développables suivant les puissances croissantes de et l’exposant de dans le premier terme du développement de sera au plus égal à

Il résulte de là que après qu’on y a substitué, à la place des leurs valeurs (2), est développable suivant les puissances positives de

Soit alors

(4)

ce développement ; il est clair que les divers développements (4) que l’on peut ainsi obtenir ne diffèrent pas des développements qui ont fait l’objet de ce Chapitre et que nous avons appris à former dans les nos 204 à 207. Étudions, en particulier, les premiers termes et

On trouvera

Les sont des constantes ; ces constantes sont elles-mêmes des fonctions connues des et dans il faut y remplacer les par les puisque, pour le développement (2) de se réduit à son premier terme, c’est-à-dire à

On trouvera d’autre part

(5)

Les étant des fonctions connues des il en sera de même de leurs dérivées et l’on devra y remplacer les par les

Quant à il s’obtient de la manière suivante.

Prenons dans tous les termes de la forme (3) où le dénominateur contiendra le petit diviseur

à la puissance

Remplaçons dans le numérateur les par les et dans le dénominateur remplaçons

(6)
par
(7)

ce terme deviendra

(8)

est ce que devient quand on y remplace les par les

Opérons de même pour tous les termes de qui contiennent le petit diviseur (6) à la puissance et soit

la somme de tous les termes de la forme (8) ainsi obtenus.

Opérons encore de même sur toutes les fonctions ce qui nous donnera successivement

On aura alors

Si nous supposons maintenant que l’hypothèse (9) du no 204 soit satisfaite, nous devrons avoir

En combinant ces relations avec (5) et avec (7), on peut écrire

étant un coefficient facile à calculer, dépendant des entiers et des dérivées

On en tire

(9)

et l’on en conclut que le carré du second membre de l’équation (9), qui doit comme ce second membre lui-même procéder suivant les puissances décroissantes de se réduira à ses deux premiers termes

Il en résulte une série d’identités

qui, indépendamment même des applications en vue desquelles ce Chapitre est écrit, sont des propriétés curieuses et inattendues du développement (1).

Divergence des séries.

212.Les séries que nous avons obtenues dans ce Chapitre sont divergentes au même titre que celles de MM. Newcomb et Lindstedt.

Considérons en effet une des séries définies au no 204. Cette série dépendra d’un certain nombre de constantes arbitraires.

Nous avons en premier lieu

Ces constantes sont liées entre elles par la relation

Supposons, comme dans les nos 205 et suivants,

nous avons vu que cela était toujours permis ; notre relation deviendra

Cette équation pourra être résolue par rapport à ce qui donnera

(1)

de plus ces constantes sont liées à par la relation

Nous avons ensuite, outre

Nous avons enfin

Mais nous pouvons, sans restreindre la généralité, supposer que ces quantités sont liées entre elles par les relations (9) et (10) du no 204, ou mieux encore nous pouvons, sans restreindre la généralité, supposer que toutes ces quantités et sont nulles.

Les constantes sont liées par certaines relations aux arbitraires et Si l’on suppose donc que les et les sont nulles, deviennent des fonctions entièrement déterminées des et de

Il nous reste donc en tout arbitraires

et

puisque est lié aux autres par une relation.

Considérons maintenant les relations

(2)

Les seconds membres sont des fonctions de

Résolvons alors les équations (2) par rapport à

il viendra

(3)

Si les séries étaient convergentes, les et seraient des intégrales des équations différentielles.

Voyons quelle en serait la forme.

Plaçons-nous d’abord dans le cas du no 204 et supposons par conséquent que soit plus grand que le maximum de Il en résulte que

seront des fonctions holomorphes de pour toutes les valeurs réelles des et pour les valeurs de voisines de celle que l’on considère.

Nous avons supposé dans ce qui précède que est une fonction holomorphe des et des pour toutes les valeurs réelles des et pour les valeurs des voisines des

De plus, la dérivée seconde de par rapport à ne sera pas nulle en général, de sorte que sera une fonction holomorphe des autres

Il résulte de tout cela que les seront des fonctions holomorphes pour toutes les valeurs réelles des et pour les valeurs de

voisines de celles que l’on considère.

Soient donc

des valeurs de ces constantes voisines de celles que l’on considère. Posons

Les deux membres des équations (2) vont être développables suivant les puissances de

et suivant les sinus et cosinus des multiples des

Mais, avant d’appliquer le théorème du no 30 aux équations (2), nous allons transformer l’une de ces équations. À cet effet, posons

Alors la première équation (2) devient

ou, en tenant compte des autres équations (2),

Or nous savons que sont nuls, ce qui veut dire que les différences

et par conséquent la différence

sont divisibles par Je puis donc poser

d’où
(4)

Adjoignons à cette équation (4) les dernières équations (2). Nous aurons ainsi un système de équations dont les deux membres seront développables suivant les puissances de

et suivant les sinus et cosinus des multiples des

Pour ce système se réduit à

Il faut donc démontrer que, pour

le déterminant fonctionnel des et de par rapport aux et à ne s’annule pas. Or ce déterminant se réduit à la dérivée de par rapport à ou, si

à

Il n’est donc pas nul et le théorème du no 30 est applicable ; si donc nos séries étaient convergentes, nos équations différentielles admettraient intégrales et uniformes par rapport aux et aux et périodiques par rapport aux Or cela est impossible. Donc les séries divergent.

C.Q.F.D.

Le même résultat subsiste dans le cas de la libration ; pour s’en convaincre, on n’a qu’à se rappeler qu’au no 206 nous avons ramené nos équations, par un changement de variables convenable, à la forme des équations du no 134. En raisonnant comme au Chapitre XIII, on montrerait donc encore que la convergence des séries entraînerait l’existence d’intégrales uniformes, contrairement au théorème du Chapitre V.

Même dans le cas limite, les séries sont encore divergentes, mais je ne pourrai le démontrer rigoureusement que plus loin.

On peut se demander par quel mécanisme, pour ainsi dire, les termes de ces séries sont susceptibles de croître de façon à empêcher la convergence.

Dans le cas particulier où il n’y a que deux degrés de liberté, il ne s’introduit pas de petits diviseurs.

En effet, les équations que l’on a à intégrer sont alors de l’une des deux formes

et les seuls diviseurs qui s’introduisent, et ne sont pas très petits.

En revanche on a à effectuer des différentiations et, en différentiant un terme contenant le cosinus ou le sinus de

on introduit en multiplicateur un des entiers qui peut être très grand.

Ce qui empêche la convergence, ce n’est donc pas la présence de petits diviseurs s’introduisant par l’intégration, mais celle de grands multiplicateurs s’introduisant par la différentiation.

On peut aussi présenter la chose d’une autre manière.

On a, dans le cas du no 125 et s’il n’y a que deux degrés de liberté, de petits diviseurs de la forme

remplaçons-y et par des développements analogues aux développements (2) du numéro précédent. Soit, par exemple,

Nos petits diviseurs deviendront

L’expression

peut se développer suivant les puissances de et l’on trouve

(5)

Aucun des termes de ce développement ne contient au dénominateur un très petit diviseur ; car n’est jamais très petit.

Il est clair pourtant que, quelque petit que soit on pourra trouver des nombres entiers et tels que

et tels par conséquent que le développement (5) diverge. On s’explique donc comment, en substituant, comme je l’ai fait au numéro précédent, à la place des moyens mouvements leurs développements (2) et ordonnant ensuite suivant les puissances de on arrive à des séries divergentes.

On rapprochera ce que je viens de dire de ce que j’ai dit aux nos 109 et suivants.

Séparateur