Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.21

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Gauthier-Villars et Fils (2p. 427-476).

CHAPITRE XXI.

EXTENSION DE LA MÉTHODE DE M. BOHLIN.


Extension au problème du no 134.

219.J’ai expliqué au début du Chapitre XI quelles étaient les difficultés particulières que présente le problème des trois Corps. Ces difficultés proviennent de ce fait, que toutes les variables de la première série, c’est-à-dire les variables ne figurent pas dans la fonction

Nous avons vu dans les Chapitres XI et XIII comment on peut se tirer de cette difficulté et construire néanmoins une fonction développée suivant les puissances de satisfaisant à l’équation de Jacobi

et telle que ses dérivées par rapport aux soient des fonctions périodiques des

Cette fonction dépend en outre de constantes d’intégration, par exemple des quantités

Si l’une des combinaisons linéaires

est très petite et de l’ordre de grandeur de nous pourrons poser, comme nous l’avons fait au no 211,

les étant de nouvelles constantes, et supposer que

Ordonnons ensuite chacun des termes de suivant les puissances croissantes de et groupons ensemble les termes qui contiennent en facteur une même puissance de chacun des groupes de termes ainsi obtenus devra jouir de la même propriété que la fonction elle-même, c’est-à-dire que leurs dérivées seront des fonctions périodiques des

On peut donc prévoir que la méthode de M. Bohlin est encore applicable aux cas où ne dépend pas de toutes les variables de la première série et, en particulier, au problème des trois Corps. Mais l’application soulève quelques questions délicates et je suis obligé d’insister.

220.Imaginons donc que ne dépende pas de toutes les variables de la première série. Pour mettre ce fait en évidence, j’appellerai les variables de la première série

et les variables correspondantes de la deuxième série

et je supposerai que dépend de tous les mais ne dépend pas des

Je me propose de former une fonction des et des qui satisfasse à l’équation de Jacobi

(1)

où je suppose que dans le premier membre les variables de la première série et ont été remplacées par les dérivées correspondantes et

Je veux également que la fonction soit développable suivant les puissances de et que ses dérivées soient périodiques par rapport aux et aux

En faisant l’équation (1) devient

(2)

ce qui nous apprend que est de la forme

ne dépendant que des

Nous poserons

S’il n’y a entre les aucune relation linéaire à coefficients entiers, il n’y a pas de difficulté, les calculs du Chapitre XI sont applicables et l’on peut former la fonction qui ne contiendra d’ailleurs que des puissances entières de car les termes contenant des puissances impaires de disparaissent.

Supposons donc qu’il y ait entre les une relation linéaire, et soit

cette relation ; ce que je puis supposer, car dans le cas contraire, j’appliquerais le changement de variables du no 202.

Avant d’aller plus loin, introduisons une notation nouvelle. Soit une fonction périodique quelconque des dépendant en outre de je désignerai par

la valeur moyenne de considérée comme fonction de et par

la valeur moyenne de considérée comme fonction de

Il résulte de cette définition que est une fonction de et des tandis que n’est fonction que des

Si nous supposons que au lieu d’être une fonction périodique des est une fonction telle que ses dérivées soient périodiques, de telle sorte que

étant périodique et les étant des constantes ; nous poserons

et

Cela posé, reprenons les équations (3) de la page 343. La première de ces équations n’est autre chose que l’équation (2) que nous venons de considérer.

La seconde nous apprend que

sont des constantes ; nous pouvons, sans restreindre la généralité, supposer que ces constantes sont nulles ; c’est là en effet reprendre les hypothèses (9) de la page 348.

Alors n’est plus fonction que de et des de sorte que

Considérons maintenant la troisième équation (3).

La fonction qui figure au second membre n’est autre chose que

Le second terme du premier membre se rôdai t à

parce que les autres sont nuls.

Posons

l’équation devient alors

(4)

Seulement il importe de remarquer qu’ici la fonction n’est pas connue ; elle dépend en effet des des des et des et l’on doit y remplacer les par les qui sont connus, et les par les

qui ne le sont pas.

Prenons maintenant les valeurs moyennes des deux membres par rapport à D’abord les se réduisent à des constantes, et je puis supposer, sans restreindre la généralité, que ces constantes sont nulles ; car c’est reprendre les hypothèses (10) de la page 349.

D’autre part,

puisque ne dépend pas de

Enfin il importe de remarquer que, dans le calcul de la valeur moyenne de on peut opérer comme si les fonctions (qu’on doit y substituer à la place des ) étaient des constantes, puisque ces fonctions ne dépendent pas de

Il vient donc

(4 bis)

d’où

Prenons maintenant les valeurs moyennes des deux membres par rapport à il viendra

Si est une fonction dont les dérivées sont périodiques, le premier membre se réduira à une constante que j’appelle On doit donc avoir

ou
(5)

Le premier membre dépend des et en outre des dérivées qui entrent dans C’est donc une équation aux dérivées partielles qui définit Nous définirons cette fonction de telle façon que ses dérivées soient périodiques. Nous pourrons écrire l’équation (5) sous la forme

(5 bis)

Tout est donc ramené à l’intégration de cette équation (5 bis) ; j’y reviendrai plus loin ; supposons cette intégration possible et soit

une solution complète de cette équation contenant les constantes d’intégration Je suppose, bien entendu, que est une fonction des et des constantes périodique par rapport aux

étant ainsi déterminé, nous pouvons calculer et, par conséquent,

Nous pouvons donc écrire

étant une fonction connue de et des et une fonction encore inconnue des

L’équation (4) nous donne ensuite

d’où l’on déduit

Considérons maintenant la quatrième équation (3).

Dans le second terme du premier membre, les sont connus, à l’exception de ce second terme peut donc s’écrire

D’autre part, j’ai, à la page 343, désigné le second membre par parce qu’il était entièrement connu. Mais ici, il n’en est plus de même parce que ce second membre dépend des et, par conséquent, des que nous ne connaissons pas. Il est aisé de voir que ce second membre sera de la forme

étant connue.

Notre équation s’écrit donc

(6)

Il va sans dire que, dans les et les doivent être remplacés respectivement par les et les

Prenons les valeurs moyennes des deux membres par rapport à Nous pouvons supposer, comme plus haut, que les valeurs moyennes des sont nulles ; il viendra alors

(7)

Nous tirons de là

Les deux membres de cette équation dépendent de et des la valeur moyenne du premier membre doit se réduire à une constante à laquelle je puis, sans restreindre la généralité, attribuer une valeur arbitraire, par exemple la valeur zéro ; on doit donc avoir

ce que je puis écrire

(8)

ou bien encore

(8 bis)

est une fonction des et des périodique par rapport aux quand on y remplace les par les on obtient le premier membre de (5 bis) ; de même dans (8 bis), je suppose que dans les dérivées les ont été remplacés par les

L’équation (8 bis) doit déterminer je vais montrer que l’intégration en est aisée quand on sait intégrer (5 bis).

En effet, si nous savons intégrer (5 bis), nous connaîtrons une fonction dépendant des et de constantes et telle que si l’on substitue ses dérivées dans à la place des cette fonction se réduise à une constante par rapport aux c’est-à-dire à une fonction des que j’appelle

Nous poserons d’autre part

(9)

Nous aurons ainsi relations entre les quantités de sorte que nous pourrons prendre pour variables indépendantes, soit les et les soit les et les soit les et les

Pour éviter toute confusion, nous représenterons les dérivées par la lettre lorsque nous prendrons pour variables les et les ou bien les et les et par la lettre lorsque nous prendrons pour variables les et les

Dans l’équation (8 bis), doit être considéré comme exprimé à l’aide des et des car ce n’est qu’après la différentiation qu’on remplace les par les Au contraire, est une fonction

des dépendant en outre des constantes d’intégration

Avec notre nouvelle notation, l’équation (8 bis) doit donc s’écrire

D’autre part, on a identiquement

et, comme ne dépend que des

Cette équation peut encore s’écrire

On a d’ailleurs

On trouve alors successivement en transformant (8 bis)

ou, par permutation d’indices,

car
d’où

ou, en prenant pour variables les et les

Comme se réduit à qui ne dépend pas des il vient enfin

(8 ter)

doit être exprimé en fonction des variables et des constantes d’intégration Comme les dérivées de ne dépendent que des constantes ce sont aussi des constantes. Il en résulte que l’équation (8 ter) étant à coefficients constants s’intègre immédiatement.

est périodique par rapport aux il arrivera souvent que la forme de la fonction et des équations (9) sera telle que les seront des fonctions uniformes des et inversement. Alors les différences seront des fonctions périodiques soit des soit des

Alors qui est périodique par rapport aux le sera également par rapport aux On pourra alors intégrer l’équation (8 ter) de telle façon que les dérivées soient périodiques par rapport aux ou, ce qui revient au même, de façon que les dérivées soient périodiques par rapport aux ou bien encore que augmente d’une constante quand augmente de

L’équation (8) étant ainsi intégrée, l’équation (7) nous donnera de sorte que nous pourrons écrire

étant une fonction entièrement connue des et des et une fonction inconnue ne dépendant que des

L’équation (6) peut alors s’écrire

et elle détermine

et ainsi de suite.

Extension au problème des trois Corps.

221. Tout se trouve ainsi ramené à l’intégration de l’équation (5). Voyons donc quelle est, dans le cas du problème des trois Corps, la forme de cette équation. Elle s’écrit

Mais quelle est la forme de  ?

Nous choisirons pour variables les quantités

définies à la page 87, auxquelles nous devrons adjoindre, si les trois corps ne se meuvent pas dans un même plan, les variables

définies tome I, page 30.

Alors la fonction sera développée suivant les puissances positives de et suivant les sinus et cosinus des multiples de et Un terme en

devra contenir en facteur un monome dont le degré par rapport aux variables sera au moins égal à et n’en pourra différer que d’un nombre pair. Enfin ne dépendra que de et

Cela posé, imaginons que l’on ait

et étant deux entiers ; et deux constantes auxquelles nous égalerons et analogues par conséquent aux constantes que nous désignions par dans le numéro précédent. Nous poserons alors

et pour former nous n’avons qu’à supprimer dans tous les termes qui dépendent de ou de sauf ceux qui ne dépendent que de

Pour mettre en évidence le degré de chaque terme par rapport aux excentricités et aux inclinaisons, remplaçons partout

par

et rendons-nous compte du degré de chacun des termes de par rapport à

Nous aurons

est l’ensemble des termes indépendants à la fois de et de de telle sorte que

et où est l’ensemble des termes dépendant de et de seulement.

est alors développable suivant les puissances de et nous aurons

Quant à il est divisible par

On aura, en général,

de telle sorte que l’on peut poser

ne dépend que de et et peut être regardé comme une constante ; je puis donc poser

et en même temps

de telle sorte que l’équation (5) devient

où, en développant le radical suivant les puissances de réduisant et divisant par

représente une fonction développable suivant les puissances positives de des des des et des

En posant enfin

il vient

La fonction est la même qui a été désignée ainsi page 40 (sauf que les lettres et sont affectées de l’indice 1). Nous pourrons alors définir absolument comme au no 131 les variables et (en les formant toutefois avec les et les au lieu de les former avec les et les ), et je prendrai pour variables nouvelles

Alors se réduit à

(Cf. p. 44).

Remplaçons par nous aurons finalement à intégrer l’équation

(5 ter)

Le premier membre est périodique par rapport aux il est développable suivant les puissances de et, quand on y fait il se réduit à et ne dépend plus des mais seulement des Nous pouvons donc appliquer les procédés du no 125.

L’intégration de l’équation (5) à laquelle nous avions ramené le problème est donc possible.

Le cas où

pi

se traiterait d’une manière analogue ; le cas où

d’où

c’est-à-dire celui où les deux grands axes diffèrent très peu, présente des difficultés spéciales.

Discussion des séries.

222.Reprenons les notations du no 220 et supposons que l’on ait déterminé la fonction par les procédés de ce numéro. Le problème n’est pas encore entièrement résolu. Il faut encore former les équations

(10)

où les et les seront des fonctions convenablement choisies des constantes et puis résoudre ces équations pour obtenir les les les en fonctions des des des des enfin remplacer les et les par des fonctions linéaires du temps dont les coefficients seront convenablement choisis. On obtiendra ainsi les expressions des coordonnées en fonctions du temps.

Voyons d’abord quelle sera la forme des équations (10).

La fonction ayant ses dérivées périodiques peut s’écrire

étant une constante indépendante des et des et étant périodique par rapport aux et aux Les coefficients de et de peuvent, sans que la généralité s’en trouve restreinte, être supposés égaux à et à c’est là, en effet, reprendre les hypothèses (10) de la page 349.

Quant à il est développable suivant les puissances de

est égal à et à la constante de l’équation (5) du no 220.

De même est développable suivant les puissances de

avec

Les équations (10) deviennent alors

(11)

Nous sommes ainsi conduits à prendre

Mais la difficulté provient de la circonstance suivante. Comme ne dépend pas de ni de et s’annulent pour et sont divisibles par Au contraire, pour se réduit à

et ne s’annule pas.

Il faut faire ensuite

les étant des constantes déterminées et les des constantes arbitraires. Pour déterminer les on opère de la façon suivante.

Quand dans on remplace les et les par et cette fonction d’après la définition même de la fonction devra se réduire à une constante ou plutôt à une fonction des constantes d’intégration et Soit donc

on aura

(12)

On voit que les sont développables suivant les puissances de Pour nous rendre compte de la forme du développement, développons la fonction elle-même suivant les puissances de il vient

On a d’ailleurs

d’où

puisque est nul.

D’ailleurs on voit que

et que le développement de commence par un terme en

La seconde équation (12), où le coefficient est divisible par et le second membre par nous apprend que le développement de commence par un terme en Comme est également divisible par par et le second membre par la troisième équation (12) nous apprend que est divisible par

Remarquons, d’autre part, que les équations (11) sont susceptibles de simplification. Nous avons supposé jusqu’ici que et étaient exprimés en fonctions des variables et et des constantes et Posons maintenant

et supposons, ce qui revient au même, que et sont exprimés en fonctions des et des et des constantes et Nos équations (11) deviennent alors

(11 bis)

Il n’en subsiste pas moins que, si ces équations (11) et (11 bis) nous donnent implicitement nos coordonnées en fonctions des nous ne pouvons plus les résoudre par le procédé du no 30, et que, par conséquent, les relations entre ces coordonnées et les sont beaucoup plus compliquées qu’au no 127 ou qu’aux Chapitres XI et XX.

Nous nous bornerons à remarquer ce qui suit. Que deviennent nos équations pour Impliquent-elles contradiction ? Comme et s’annulent pour et se réduisent à des constantes et de sorte que nous avons d’abord

Comme ne contient d’autres variables que les ces équations nous apprennent que les sont des constantes. Passons à la seconde équation (11 bis) et, comme est une constante arbitraire, égalons-la à étant une constante donnée et finie. La seconde équation devient

 ou 

et comme ne dépend que des qui sont des constantes, elle est satisfaite d’elle-même.

Voyons maintenant ce que devient la première ; posons encore

et étant des constantes finies ; remplaçons par sa valeur tirée de la seconde équation et écrivons les termes en et les termes indépendants de il viendra

d’où
 ou 

La première est satisfaite d’elle-même et la seconde nous donne

Seconde méthode.

223.On peut aussi diriger autrement les calculs et, au lieu de se servir de l’équation (5) du no 220, s’attaquer directement à l’équation (4 bis), qui s’écrit

(4 bis)

Reprenons les notations du no 221 et choisissons comme variables les quantités

telles qu’elles ont été définies dans ce no 221. Voyons quelle sera la forme de l’équation (4 bis).

1o Les deux membres de cette équation ne dépendront pas d’une manière quelconque de et de mais seulement de

et étant les entiers définis au no 221. En effet, on a obtenu en supprimant dans tous les termes qui dépendent de et de autrement que par la combinaison

2o Ils dépendent de et mais ces quantités y doivent être remplacées par les constantes et analogues aux devient ainsi une constante.

3o Ils sont périodiques par rapport à et aux

4o Ils sont développables par rapport aux puissances entières de et aux puissances fractionnaires des qui doivent être remplacés par

L’équation (4 bis) peut ainsi s’écrire

(4 a)

Envisageons le développement de suivant les puissances de Le terme indépendant de se réduit à

défini comme au no 221, est une constante qui ne dépend que de et

Le terme en est nul (sauf si cas que nous laissons de côté).

Le terme en se réduit à

Le premier terme qui dépend de est le terme en

Voici comment on peut traiter l’équation (4 a). Cherchons à développer suivant les puissances de et soit

Développons de même et et soit

en remplaçant par cette valeur dans et développant il vient

Nous trouvons d’abord

ce qui nous montre que est une constante. Soit donc

étant une constante qui dépendra de la constante d’intégration Il vient ensuite

ce qui nous montre que est encore une constante. Nous pouvons, sans restreindre la généralité, supposer que et sont nuls.

Il vient donc ensuite

Cette équation montre que est encore une constante que nous pourrons encore considérer comme nulle sans restreindre la généralité et il nous restera à traiter l’équation

qui montre que les sont des constantes que nous pouvons choisir arbitrairement puisque est arbitraire.

Il vient ensuite

Nous pourrons encore supposer et nuls sans restreindre la généralité, puis

Nous supposerons encore nul et il restera

qui permettra facilement de déterminer car n’y entre pas.

On ira ainsi jusqu’au terme en Posons il vient alors

et dépendant des et de qui sont des fonctions connues des pourront être regardés comme connus.

Quant à on aura

étant une fonction connue des

Nous pourrons alors décomposer l’équation précédente en deux et écrire

Les seconds membres sont connus, de sorte que nous déduirons facilement de ces équations les valeurs de et On voit que les dérivées de sont périodiques par rapport à nous pouvons même sans restreindre la généralité choisir de façon à annuler la valeur moyenne de Alors est lui-même périodique. Quant à on voit qu’il sera périodique par rapport à et aux

On continuera de la sorte. En égalant les coefficients de on trouvera

(13)

étant une fonction connue périodique par rapport à et aux nous supposerons la fonction développée en série trigonométrique et nous choisirons de façon à annuler la valeur moyenne du second membre.

Nous poserons ensuite

représentant l’ensemble des termes qui dépendent de et l’ensemble des termes qui n’en dépendent pas, de sorte que

Nous décomposerons alors l’équation (13) en deux en écrivant

ces deux équations détermineront et et les deux fonctions ainsi obtenues seront périodiques.

L’équation (4 bis) du no 220 étant ainsi intégrée, l’équation (4) nous donnera et l’on formera ensuite les équations (6) et (7).

Nous allons traiter l’équation (7) comme nous avons traité l’équation (4 bis). Les deux membres de (7) étant développés suivant les puissances de nous développerons de même et et nous écrirons

Nous égalerons ensuite dans les deux membres de (7) les coefficients des puissances semblables de et nous obtiendrons une série d’équations qui nous permettront de déterminer par récurrence les et les

En égalant les coefficients de on obtiendra une équation qui servira à déterminer et Cette équation serait de même forme que (13), sauf que et seraient remplacés par et On la traiterait donc de la même manière.

L’équation (7) étant ainsi intégrée, on continuera de la même manière.

Cas de la libration.

224.Comment le cas de la libration peut-il se présenter ?

Reprenons nos équations du numéro précédent et supposons que

On poursuivra le calcul comme plus haut jusqu’à ce qu’on arrive à l’équation obtenue en égalant les coefficients de On aura alors

et, si est pair, l’équation en pourra s’écrire

(14)

Si nous posons, pour abréger,

et si nous supprimons pour un instant l’indice de et les indices de et il viendra

en appelant pour abréger, la quantité sous le radical.

L’intégrale

est une intégrale elliptique de deuxième espèce. L’une de ses périodes est

Si et sont choisis de façon que soit toujours positif, cette période est toujours réelle ; nous voulons qu’elle soit constante et indépendante des J’égale donc cette période à une constante donnée et j’obtiens une équation

(15)

En résolvant cette équation par rapport à il vient

étant une fonction des que l’on peut regarder comme donnée et qui est périodique.

Cela nous donne

équation qui détermine après quoi on tirera facilement de l’équation (14).

C’est là le cas ordinaire.

Mais il peut se faire que et soient choisis de telle sorte que puisse s’annuler. Dans ce cas c’est la seconde période de notre intégrale elliptique qui est réelle. En égalant cette seconde période à une constante donnée on obtiendra une équation (15 bis) analogue à (15). Si l’on résout par rapport à il viendra

ou

qui déterminera puisque est connue et périodique.

C’est là le cas de la libration.

On obtiendra le cas limite en écrivant que l’une des périodes de l’intégrale elliptique de première espèce correspondante est infinie, ce qui donne pour déterminer l’équation suivante

L’inconvénient de cette façon d’opérer, c’est que les expressions obtenues dans les deux cas ne sont pas la continuation analytique l’une de l’autre.

Égalons maintenant les coefficients de il viendra

(16)

étant connu et périodique.

Si nous sommes, par exemple, dans le cas ordinaire, nous devrons écrire que

est égal à une constante donnée indépendante des nous trouverons ainsi en posant, pour abréger,

(17)

Cette équation nous donnera et l’équation (16) nous donnerait ensuite

Les équations obtenues en égalant les coefficients des autres puissances de seraient de même forme que (16). Il en serait encore de même des équations que l’on obtiendrait en égalant dans les deux membres de (7) les coefficients des diverses puissances de

Toutes ces équations pourraient donc se traiter de la même manière.

Les résultats seraient absolument les mêmes si était impair ; seulement il faudrait modifier la forme du développement de et écrire

étant ainsi développé suivant les puissances impaires de

Tous les résultats obtenus depuis le commencement de ce Chapitre sont bien incomplets et de nouvelles études deviendront nécessaires. Elles seraient prématurées.

Divergence des séries.

225.Nous avons vu au no 212 que les séries auxquelles conduit la méthode de M. Bohlin sont généralement divergentes et j’ai cherché à expliquer le mécanisme de cette divergence. Je crois devoir revenir sur ce sujet et étudier avec quelques détails un exemple simple qui fera mieux comprendre ce mécanisme. Soit

sont deux paires de variables conjuguées, une fonction périodique de de période et où et sont deux constantes que je supposerai très petites.

Formons les équations canoniques

(1)
d’où

L’intégration de ces équations est presque immédiate quand Écrivons l’équation aux dérivées partielles de Jacobi et soit

(2)

étant une constante. Développons et suivant les puissances de et soit

Pour l’équation (2) devient

(3)

L’intégration, ai-je dit plus haut, est presque immédiate, et en effet, pour obtenir l’intégrale complète de (3), il suffit de prendre, en appelant une constante,

Nous retombons en somme, aux notations près, sur l’exemple que nous avons traité au no 199. Le cas de correspond au cas ordinaire ; le cas de à celui de la libration ; le cas de au cas limite.

Mettons en évidence les solutions particulières remarquables.

Nous avons d’abord la solution simple

qui est une solution périodique. Voyons quelles sont les solutions asymptotiques correspondantes.

On les obtiendra en faisant dans ce qui donne

d’où

ce qui montre que les exposants caractéristiques sont égaux à

Calculons maintenant

En égalant dans l’équation (2) les coefficients de je trouve

étant une constante que je pourrai d’ailleurs supposer nulle sans restreindre la généralité, ou bien

(4)

est alors la partie réelle de la fonction définie par l’équation

(4 bis)

nous l’obtiendrons en posant

d’où
(4 ter)

Pour intégrer cette équation linéaire, intégrons d’abord l’équation sans second membre qui peut s’écrire

en posant

d’où

étant une constante. Je poserai l’intégrale elliptique

d’où

pour l’intégrale générale de l’équation sans second membre. Pour intégrer l’équation à second membre, je regarderai comme une fonction de ce qui donne

d’où

et enfin

(5)

Si je pose sera réel, et j’aurai

(6)

Nous discuterons plus loin les expressions (5) et (6) ; montrons d’abord comment on conduirait les approximations suivantes.

On trouverait

(7)

étant une fonction connue de et de périodique par rapport à et que par conséquent nous pourrons mettre sous la forme

étant un entier positif ou négatif et une fonction connue de dans la somme du second membre le nombre des termes est limité. Si nous posons alors

ne dépendant que de la fonction devra satisfaire à l’équation différentielle

Cette équation étant tout à fait de même forme que (4 ter) se traitera de la même manière.

Les fonctions seraient données ensuite par une équation de même forme que (7) et qui se traiterait de la même manière.

Cette méthode a été employée sous une forme assez différente par M. Gyldén dans son Mémoire du Tome IX des Acta mathematica.

Discutons maintenant les expressions (5) et (6).

Considérons d’abord le cas ordinaire où alors étant une fonction périodique de sera également une fonction périodique de dont la période sera égale à la période réelle de l’intégrale elliptique de Je pourrai donc écrire

étant une constante réelle dépendant de la période de l’intégrale et étant un entier.

On en déduit

ou

et enfin, si et sont le module et l’argument de

(8)

On voit que chacun des termes de est développable suivant les puissances de On peut chercher à effectuer le développement puis à réunir en un seul tous les termes qui contiennent en facteur une même puissance de on obtiendra ainsi, au point de vue formel, le développement de suivant les puissances de soit

(9)

On a

C’est au même résultat que l’on serait parvenu en appliquant la méthode de M. Bohlin. On aurait développé suivant les puissances de et l’on aurait trouvé

La fonction aurait été à son tour développable suivant les puissances croissantes de et le coefficient de n’aurait été autre chose que

La série aurait été convergente ; en effet, si, comme je le suppose, la fonction est holomorphe pour toutes les valeurs réelles de on aura

et étant deux constantes positives d’où il suit que la série

converge absolument, de même a fortiori que la série

D' autre part, le développement (8) converge, mais il n’en est pas de même du développement (9).

Pour nous en rendre compte, il nous suffira d’envisager un exemple très particulier.

Faisons

il viendra

variant deà

ce qui montre que est nul si est impair et égal à

variant deà

Or nous avons évidemment

d’où, pour par exemple,

Les termes du développement (9) sont alors nuls de deux en deux et ceux qui restent sont plus grands que les termes correspondants du développement

qui est manifestement divergent.

Ce que je viens de dire du développement de s’appliquerait évidemment à celui de et des autres fonctions analogues.

Il n’y a presque rien à changer à ce qui précède dans le cas de c’est-à-dire dans le cas de la libration. La seule différence est que la période réelle de l’intégrale n’est plus

mais

en appelant le radical et posant

La quantité doit alors être égale non plus à mais à

226.Le cas limite où présente plus d’intérêt. Dans ce cas on a

et en posant

Soit d’abord, par exemple,

il viendra

d’où

Or, en intégrant par parties, on trouve

d’où

(10)

On pourrait se proposer de développer, au moins au point de vue formel, la fonction suivant les puissances de mais il vaut peut-être mieux pour cela revenir au cas général.

Quand varie de 0 à 2 varie de à est une fonction de supposons qu’elle puisse être représentée par l’intégrale de Fourier sous la forme

Pour cela il suffit, puisque est pour toutes les valeurs réelles de analytique et périodique, il suffit, dis-je, que

Nous trouverons alors

Cette formule contient en réalité une constante arbitraire, puisque les limites de l’intégration par rapport à sont indéterminées ; je disposerai de cette constante de la manière suivante :

Intervertissons l’ordre des intégrations et effectuons l’intégration par rapport à il viendra

étant une fonction arbitraire de introduite par l’intégration. On pourrait d’abord dans certains cas supposer cette fonction nulle, et il resterait

ou bien

(11)

ou encore, en appelant et le module de l’argument de

(12)

et sont des fonctions de

Mais, pour que la formule (11) ait un sens, il faut que l’intégrale soit finie et pour cela que la fonction sous le signe ne devienne pas infinie pour c’est-à-dire que

Comme cela n’aura pas lieu en général, on pourrait remplacer la formule (11) par la suivante [ce qui est une autre manière de disposer de la fonction arbitraire ]

(11 bis)

étant une constante arbitraire, d’où

(12 bis)

Mais on peut encore s’en tirer d’une autre manière. En général, sera une fonction de qui restera holomorphe si est réel ou si la partie imaginaire de n’est pas trop grande. Soit, par exemple,

Comme on a, d’après la formule de Fourier,

il vient, en remplaçant et en fonctions de

En appliquant à cette intégrale la transformation qui nous a conduits à la formule (10), on trouve

d’où enfin

On voit que ne cesse d’être holomorphe que quand est égal à multiplié par un entier impair.

Cela posé, la formule

restera vraie quand l’intégrale sera prise non plus le long de l’axe des quantités réelles, mais le long d’une courbe restant au-dessus de cet axe, mais s’en éloignant assez peu pour qu’entre cette courbe et cet axe il n’y ait aucun point singulier de

Alors les formules (11) et (12) seront vraies également en prenant les intégrales le long de mais elles le seront sans restriction, car, quel que soit la quantité sous le signe ne deviendra pas infinie le long du chemin d’intégration.

On voit tout de suite une importante propriété de la fonction définie par cette fonction (11). Nous avons sous le signe l’exponentielle comme la partie imaginaire de est positive, si est réel, positif et très grand, le module de cette exponentielle est très petit. Donc pour c’est-à-dire pour et s’annulent. On peut aussi remplacer le chemin d’intégration par un autre chemin qui reste au-dessous de l’axe des quantités réelles sans s’en éloigner beaucoup, de façon qu’entre et cet axe il n’y ait aucun point singulier de

Les intégrales (11) et (12), prises le long de nous donneront d’autres valeurs de et de que je désignerai par et pour les distinguer des premières.

Comme la partie imaginaire de est négative, si est réel, négatif et très grand, l’exponentielle aura son module très petit. Donc, pour c’est-à-dire pour et s’annulent.

On peut se demander si est égal à On voit qu’entre les deux chemins d’intégration et la quantité sous le signe présente un point singulier qui est le point

Ce point singulier est un pôle. La différence des deux intégrales sera donc égale à multiplié par le résidu ; ce qui donne

et, en appelant et le module et l’argument de

On voit que n’est pas égal à moins que

Cherchons maintenant à développer et suivant les puissances de voici ce que nous obtiendrons ; soit

il viendra

 et 

l’intégrale étant prise le long de pour et le long de pour

Mais, cette fois, la quantité sous le signe ne présente pas de point singulier entre et  ; d’où il résulte que l’on a

Ainsi, bien que les fonctions et ne soient pas égales, leurs développements formels suivant les puissances de sont identiques. C’est assez dire que ces développements ne sont pas convergents.

Cela montre toutefois que si est considéré comme un infiniment petit du premier ordre, la différence sera un infiniment petit d’ordre infini, comme est, par exemple,

Et, en effet, dans le cas particulier où on a

ce qui montre que les différences et sont du même ordre de grandeur que

227.Nous retrouverons plus loin les mêmes résultats par des moyens plus simples, mais je tenais à les présenter sous cette forme, afin de mieux faire comprendre le passage du cas ordinaire au cas limite.

Comparons en effet les formules (8) et (12). Dans la formule (8), nous avons une série où entre la quantité comme est un entier, ne pourra prendre que certaines valeurs qui seront d’autant plus rapprochées les unes des autres que sera plus petit. Quand tend vers zéro, la période de l’intégrale croît indéfiniment, et tend vers zéro. Les valeurs de deviennent de plus en plus rapprochées et, à la limite, la série se transforme en une intégrale, ce qui conduit à la formule (12).

Mais quand décroîtra ainsi d’une manière continue, il passera par certaines valeurs pour lesquelles il se produira une circonstance qui mérite de fixer l’attention.

Si devient entier, l’un des dénominateurs de la formule (8)

s’annule et la formule devient illusoire. Et en effet un des termes de cette formule devient infini. Dans ce cas, il est aisé de voir que le terme qui devient ainsi infini doit être remplacé par

(13)

et, en effet, on a

Si n’est pas nul, l’intégrale du second membre est égale à

plus une constante que l’on peut supposer nulle. Mais, si est nul, cette intégrale est égale à plus une constante que l’on peut supposer nulle.

En substituant ainsi l’expression (13) dans à la place du terme qui deviendrait infini, la fonction ne devient plus infinie, mais elle cesse d’être périodique par rapport à

228.Revenons au cas limite où est nul et supposons d’abord

La formule (10) nous donne alors

étant une constante d’intégration. Le premier terme est développable suivant les puissances croissantes de pourvu que soit plus petit que 1. Il en est de même du second terme, car

On en conclut, en effectuant l’intégration,

On voit ainsi que, pour s’annule. D’autre part, comme la partie réelle de est nulle, l’expression ne s’annule pas pour

Pour que la fonction s’annule pour c’est-à-dire pour il faut donc et il suffit que la constante s’annule. La fonction que nous avons appelée au no 226 est donc égale à

Je puis écrire aussi la formule (10) sous la forme

étant une nouvelle constante.

Si nous supposons que soit plus grand que 1 et que nous développions suivant les puissances décroissantes de il viendra

Le premier et le second terme s’annulent pour mais il n’en est pas de même du troisième.

Pour que la fonction s’annule pour c’est-à-dire pour il faut donc et il suffit que la constante s’annule. La fonction que nous avons appelée au no 226 est donc égale à

Pour que fût égal à il faudrait donc que l’on eût

ce qui, comme nous l’avons vu plus haut, n’a pas lieu.

Plus généralement, supposons que s’annule pour il viendra

s’annule pour c’est-à-dire pour et pour c’est-à-dire pour Soit donc d’abord petit et développons suivant les puissances de soit

d’où

étant une constante d’intégration. Pour que cette expression s’annule pour il faut et il suffit que soit nul. La fonction du no 226 est donc égale à

(14)

Soit maintenant très grand ; développons suivant les puissances décroissantes de et soit

il viendra

étant une constante d’intégration. Pour que cette expression s’annule pour il faut et il suffit que soit nul. La fonction du no 226 est donc égale à

(15)

Pour que fût égale à il faudrait que

c’est-à-dire que

ce qui n’a pas lieu en général.

Développons maintenant les expressions (14) et (15) suivant les puissances de On trouve

ce qui nous donne pour le développement formel de

(16)

La formule (15) nous donne de même

d’ou

(16 bis)

Sous cette forme l’identité des deux développements n’est pas aussi immédiatement manifeste que sous la forme que nous lui avions donnée d’abord.

229.Mais il est aisé de passer de l’une à l’autre.

Nous avons, en effet,

Je dis que est une fonction méromorphe de qui n’a d’autre singularité que des pôles et dont les pôles sont égaux à multiplié par un entier positif ou négatif. Écrivons, en effet,

Si la partie imaginaire de est positive, la seconde intégrale est une fonction holomorphe de ne présentant aucune singularité ; car, pour et s’annulent. Il peut ne pas en être de même de la première.

Si, au contraire, la partie imaginaire de est négative, la première intégrale sera une fonction holomorphe de mais il pourra n’en pas être de même de la seconde.

Étudions donc les singularités que peut présenter la seconde intégrale quand la partie imaginaire de est négative. Supposons que cette partie imaginaire soit plus grande que Reprenons le développement

Nous pourrons écrire

et, quand tendra vers tendra vers zéro. La seconde intégrale peut s’écrire alors

L’intégrale n’a pas de sens par elle-même dès que la partie imaginaire de est plus petite que et l’on ne peut lui en attribuer un que par continuité analytique. On trouve alors

Quant à tant que la partie imaginaire de est plus grande que c’est une fonction de qui ne présente aucune singularité, car la quantité sous le signe s’annule pour

On voit ainsi que la seconde intégrale est une fonction méromorphe de admettant pour pôles

entier positif

avec le résidu

On verrait de même que la première intégrale est une fonction méromorphe de admettant pour pôles

entier positif

avec le résidu

Les pôles de sont donc

avec les résidus respectifs

quand on prend le signe supérieur et

quand on prend le signe inférieur.

Reprenons alors la formule (11) et supposons que l’intégrale soit prise le long de la courbe

Construisons un cercle ayant pour centre l’origine et pour rayon étant très grand. Soit la partie de ce cercle qui est située au-dessus de la courbe Soit la partie de la courbe qui est intérieure au cercle

Les deux arcs et formeront un contour fermé et l’intégrale (11), prise le long de ce contour, sera égale à multiplié par la somme des résidus relatifs aux pôles intérieurs au contour ; c’est-à-dire à la somme des premiers termes de la série (15).

On montrerait que l’intégrale (11) prise le long de tend vers zéro quand croît indéfiniment ; le calcul se ferait sans difficulté, mais il est inutile puisque nous savons d’avance que la série (15) est convergente.

L’intégrale prise le long de tend vers donc est égal à la somme de la série (15).

Nous retrouvons ainsi le développement (14) ainsi que les développements (16) et (16 bis).

Ce qui précède suffira pour faire comprendre comment on peut passer des développements du no 226 à ceux du no 228.

230.On peut se proposer maintenant de rattacher les développements du no 228 à ceux du Chapitre VII.

Nous avons vu au no 225 que, quand les équations admettent une solution périodique simple

avec les exposants caractéristiques et que les solutions asymptotiques correspondantes sont

La troisième de ces équations peut aussi s’écrire

ou

suivant qu’on prend le signe supérieur ou le signe inférieur.

Comme les exposants caractéristiques ne sont pas nuls, les principes des Chapitres III et IV nous apprennent que, pour les petites valeurs de il existera encore une solution périodique ; nous aurons encore pendant que et seront des fonctions de et de développables suivant les puissances croissantes de s’annulant avec et périodiques de période par rapport à

De même les exposants caractéristiques qui seront égaux et de signe contraire, et que j’appellerai seront développables suivant les puissances croissantes de (Cf. Chapitre IV) ; se réduira à pour

Pour les petites valeurs de il existera également deux séries de solutions asymptotiques qui se présenteront sous la forme suivante ; pour la première série, nous aurons

(17)

et étant des séries développées suivant les puissances de et dont les coefficients sont périodiques en

Pour la seconde série, nous aurons

(17 bis)

et étant des séries développées suivant les puissances de et dont les coefficients sont périodiques en

Si nous considérons maintenant ces quantités comme fonctions de le no 106 nous apprendra que les six fonctions sont développables suivant les puissances croissantes de

Si nous les considérons comme fonctions de µ, le no 104 nous apprendra que chacun des termes des six fonctions aura un coefficient de la forme

étant un polynôme développé suivant les puissances croissantes de et de et étant un produit de facteurs de la forme

et étant des entiers positifs ou négatifs.

comme nous l’avons vu au no 108, peut être développé suivant les puissances de mais le développement est en général purement formel parce que les exposants caractéristiques s’annulent pour

Transformons maintenant les expressions (17) et (17 bis). Commençons par remplacer partout par Résolvons ensuite l’équation

par rapport à nous trouverons

Si nous observons que, pour se réduit à nous verrons que peut se développer suivant les puissances de et de et que ses coefficients sont périodiques en

Substituons à la place de dans et alors et deviendront des fonctions de et de et l’expression

sera une différentielle exacte Intégrons cette différentielle, nous obtiendrons une certaine fonction jouissant des propriétés suivantes :

1o Ses dérivées seront périodiques par rapport à

2o Elle sera développable suivant les puissances de et de

3o Un terme quelconque de

 ou de 

se composera du cosinus ou du sinus d’un multiple de multiplié par une puissance de par une puissance de et par un coefficient de la forme

est développable suivant les puissances de de et de et où est un produit de facteurs de la forme

4o L’expression est développable suivant les puissances de et de il en est donc de même de seulement, tandis que le développement de suivant les puissances de est convergent, le développement suivant les puissances de n’a de valeur qu’au point de vue formel.

Nous aurions pu opérer de même sur l’expression (17 bis) et nous aurions obtenu une fonction tout à fait analogue à la fonction avec cette seule différence qu’au lieu d’être développée suivant les puissances de et de elle serait développée suivant les puissances de et de

J’ai dit que (et ) est développable suivant les puissances de soit donc

Alors n’est autre chose que la partie réelle de et se présente sous la forme d’un développement procédant suivant les puissances de c’est-à-dire suivant les puissances décroissantes de la variable que j’ai appelée au no 228.

Ce développement n' est autre chose que le développement (15).

Voyons ce que deviennent dans cette transformation les expressions

est développable suivant les puissances de d’autre part, étant développable également suivant les puissances de il en sera de même de

et le premier terme du développement sera

Supposons donc que nous ayons une expression où le premier terme du développement de suivant les puissances de se réduise à et où le produit se réduise à un seul facteur

Alors le développement de aura pour premier terme

Ainsi s’explique, dans le développement (15), la présence du coefficient

De même est développable suivant les puissances de ce qui donne

est la partie réelle de et se présente sous la forme d’un développement procédant suivant les puissances de et qui n’est autre chose que le développement (14).

231. Les fonctions et se présentent sous la forme de développements. Le développement de procédant suivant les puissances de n’est convergent que quand est voisin de celui de procédant suivant les puissances de n’est convergent que quand est voisin de zéro. Mais on peut, par continuité analytique, définir et pour des valeurs de quelconques ; on peut « continuer » ainsi ces fonctions de telle façon qu’elles soient définies toutes deux pour les valeurs de comprises entre et , et étant elles-mêmes comprises entre 0 et 2

On peut se demander si dans ce champ où elles sont définies toutes deux, les fonctions et sont égales. La réponse doit être négative. En effet, si l’on avait identiquement

les termes des développements convergents de et suivant les puissances de devraient être égaux et l’on devrait avoir en particulier

et par conséquent

Or nous avons vu dans les numéros précédents que n’est pas égal à

Ainsi n’est pas égal à on peut tirer de là une conséquence importante. Nous savons que et sont développables formellement suivant les puissances de soient

(18)

ces développements peuvent s’obtenir, soit par les procédés des nos 207 à 210, soit en partant des séries (17) et (17 bis), les développant suivant les puissances de (Cf. no 108) et les traitant ensuite comme je l’ai fait au numéro précédent.

La fonction est, pour voisin de développable suivant les puissances de et de et la fonction pour voisin de zéro, se développe suivant les puissances de et de Cette propriété est caractéristique. La fonction est la seule, en effet, qui soit développable suivant les puissances de et de et qui satisfasse à l’équation (2) ; de même est la seule fonction qui soit développable suivant les puissances de et de et qui satisfasse à l’équation (2).

D’autre part, les nos 207 à 210 nous apprennent que les fonctions peuvent être mises sous la forme de séries procédant suivant les sinus et les cosinus des multiples de Elles sont donc développables à la fois suivant les puissances de et de pour voisin de et suivant celles de et de pour voisin de zéro.

On a donc

Si donc les développements (18) étaient convergents, on aurait

Donc les développements (18) divergent.

Donc les développements du no 108, d’où on peut les tirer, ne convergent pas non plus.

(Cf. Tome I, p. 351, lignes 3 sqq., et Tome II, p. 392, ligne 13.)

232. J’ai supposé, dans ce qui précède, que s’annule pour Cette restriction n’a rien d’essentiel. Si ne s’annulait pas et était égal par exemple à il suffirait d’ajouter aux développements (14) et (15) un terme

et d’ajouter la même constante aux intégrales (11) qui définissent et

J’ai insisté assez longuement sur cet exemple, qui non seulement me permettait de démontrer la divergence des séries des nos 108 et 207, mais qui présentait encore d’autres avantages.

D’abord il montrait comment on peut passer des développements analogues à ceux du no 225 à des développements analogues à ceux du no 104, en passant par l’intermédiaire des développements des nos 226 et 228.

Ensuite les singularités que j’ai signalées dans les lignes qui précèdent sont la première indication de l’existence des solutions périodiques du deuxième gendre et doublement asymptotiques, sur lesquelles de me réserve de revenir plus tard.

FIN DU TOME DEUXIÈME.