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DE PIERRE DE RONSARD

ses œuvres que l’on a leu, et lit on encores publicquement aux escolles frrançoises de Flandres, d’Angleterre et de Pologne, jusques à Danzich[1] *.

Les premiers Poëtes et escrivains qu’il a estimé[2] avoir commencé à bien escrire, ont esté Maurice Sceve, Hugues Salel[3], et Jacques Pelletier[4]. Quant aux autres, ils sont assez cogneus et remarquez en ses œuvres[5]. Il ayma et estima sur tous pour la grande doctrine, et pour avoir les mieux escrits, Pontus de Tyard *, apresent Evesque de Chaalons, Joachin du Bellay, Jean Ant. de Baïf, Remy Belleau, qu’il appeloit le peintre de nature *, Amadis Jamin, qu’il avoit nourry avec soy *, Robert Garnier, Poëte tragique *, Philippe des Portes, Abbé de Tyron, Florent Chrestien, Sçevole de Saincte Marthe[6] *, Jean Passerat, et J. D. Perron, et quelques autres dont le jugement est en ses œuvres[7] *. [31]

    Speron Sperone *, l’ont tellement estimé, que les deux premiers m’ont dit, lorsque j’estois [C lorsque je poursuivois mes estudes] en Italie, que nostre langue par la divine Poesie de nostre Ronsard s’egaloit à la Grecque et Latine. Et quant à Sperone, c’est ce qui l’a esmeu au Dialogue des Langues, de tant estimer la nostre, et de faire un juste Poëme [C en langue Toscane] à la louange de Ronsard, qui [C de Ronsard, que j’ay trouvé parmy ses papiers, et qui] merite bien d’estre leu *. Et ce jugement a esté suivy de tout le monde *.

  1. BC transposent cet alinéa et l’insèrent avant celui qui commence par Aucuns ont trouvé la correction (v. ci-après, p. 45), mais C avec cette addition après Danzich. Aussi le docte la Ramée en sa Rhetorique n’a peu trouver de plus beaux exemples pour son instruction de l’eloquence Françoise que dans les œuvres de Ronsard, qui luy en ont fourny à suffisance, comme Virgile à Quintilian *. Il a changé l’addresse d’aucunes pieces de ses œuvres, mais ce n’a pas esté par legereté ou inconstance d’amitié mais par bonne raison, ainsi qu’il m’a raconté, et que nous voions au Sonet qui commence :

    A Phebus [,] Patoüillet,

    qui s’addressoit premierement à Jaques Grevin medecin *, bel esprit certes, et l’honeur de nostre païs Reauvaisin, qui le meritoit bien, n’eust esté qu’ayant aydé à bastir le Temple de calomnie contre Ronsard en haine des Discours des miseres de nostre temps, il s’en rendit indigne, et de son amitié de laquelle il honoroit son gentil esprit : Sa vengeance ne fut autre toutesfois que de raier son nom de ses escrits.*

  2. C Les premiers Poëtes qu’il a estimé
  3. A Hugues, Salel (f. d’impr. évidente)
  4. BC ont esté Maurice Sceve, Hugues Salel, Anthoine Heroet, Melin de S. Gelais, Jacques Pelletier, et Guillaume des Autels *.
  5. BC Quant aux autres qui ont suivy plus heureusement, ils sont assez cogneus et remarquez par leurs œuvres.
  6. A saincte Marthe
  7. B Pontus de Tyard, Jean Ant. de Bayf, Joachin du Bellay, Estienne Jodelle, Remy Belleau, qu’il appelloit le peintre de nature, Estienne Pasquier *, Amadis Jamin, qu’il avoit nourry avec soy, Robert Garnier Poëte tragique, Philippes des Portes, Florent Chrestien, Scevole de Saincte-Marthe, Jehan Passerat, J. D. Perron Bertaud, et J. de la Peruse, et quelques autres, dont le jugement est en ses œuvres.

    C Il aima et estima sur tous tant pour la grande doctrine et pour avoir le mieux escrit, que pour l’amitié à laquelle l’excellence de son sçavoir les avoit obligez, Jan Anthoine de Baïf, Joachin du Bellay, Pontus de Tyard, Estienne Jodelle,