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sieurs petits domes soutenus de colonnes de marbre ou de jaspe ; elles sont quarrées & solidement bâties. A l’entrée est une grande cour plantée d’arbres toufus, au milieu de laquelle & souvent sous un vestibule est une fontaine avec plusieurs robinets & de petits bassins de marbre pour l’abdet ou ablution. Cette cour est environnée de cloîtres où aboutissent des chambres pour les imans & autres ministres de la religion, & même pour les étudians & les pauvres passans. Chaque mosquée a aussi ses minarets, d’où les muezins appellent le peuple à la priere. Quand les Musulmans s’y assemblent, avant que d’y entrer ils se lavent le visage, les mains & les piés. Ils quittent leur chaussure & entrent ensuite avec modestie, saluent le mirob ou niche placé au fond du temple & tourné vers la Meque. Ils levent ensuite dévotement les yeux au ciel en se bouchant les oreilles avec les pouces, & s’inclinent profondément par respect pour le lieu d’oraison. Enfin ils se placent en silence, les hommes dans le bas de la mosquée, les femmes dans les galeries d’en haut ou sous les portiques extérieurs : là ils sont tous à genoux sur un tapis ou sur la terre nue qu’ils baisent trois fois ; de tems-en-tems ils s’asseyent sur leurs talons, & tournent la tête à droite & à gauche pour saluer le prophete, ainsi que les bons & les mauvais anges. L’iman fait à haute voix la priere que le peuple répete mot pour mot. Les domes des mosquées & les minarets sont surmontés d’aiguilles qui portent un croissant : les Turcs ont changé en mosquées plusieurs églises.

MOSQUITES, s. f. (Médecine.) boutons de couleur rougeâtre qui paroissent sur la peau, & sont suivis d’une démangeaison insupportable ; cette maladie est commune dans les Indes.

On guérit cette démangeaison par un mélange d’eau, de vinaigre, de crystal minéral, dans lequel on trempe un linge qu’on applique sur la partie ; on doit se garder de remuer les humeurs & de les faire rentrer au dedans par l’usage des purgatifs ; les sudorifiques avec les topiques paroissent les seuls remedes indiqués.

MOSSENIGA ou MOSENIGO, (Géog.) ville de la Morée, dans le Belvédere, que M. de Witt place au nord de la ville de Coron, & sur le golfe de ce nom ; ce n’est pas l’ancienne Messène, quoi qu’en disent Corneille & Maty. (D. J.)

MOSSYLITES ou MOSSILICUS, (Géog. anc.) port & promontoire de l’Ethiopie. Le P. Hardouin dit qu’on appelle à-présent le promontoire le cap de Gatdatu.

MOSTAGAN ou MONSTAGAN, (Géogr.) ancienne & forte ville d’Afrique, au royaume d’Alger, avec un château, une mosquée, & un bon port nommé Cariena par les Romains, à 20 E. d’Oran. Long. selon Ptolomée, 14. 30. lat. 33. 40.

MOSTAR, (Géog.) ville de Dalmatie dans l’Hercegovine. Quelques-uns la prennent pour l’ancienne Saloniana de Ptolomée, & d’autres pour l’ancienne Andecrium ou Andrecium ; quoi qu’il en soit, elle appartient aux Turcs, & est toujours épiscopale. Elle est située à 40 milles N. de la ville de Narenta. Long. 36. 12. lat. 43. 42.

MOSUL, ou MOUSSUL, ou MOUSSAL, (Géog.) par Ptolomée Durbeta, ville forte d’Asie, dans le Diarbeck, sur la rive droite du Tigre. Elle est aujourd’hui presque toute ruinée, n’a que de petits bazars borgnes, & est cependant fréquentée par des négocians Arabes & des Curdes ; on croit que c’est de l’autre côte du Tigre que commencent les ruines de l’ancienne Ninive. La chaleur est excessive à Mosul, & encore plus grande qu’en Mésopotamie. Long. selon nos voyageurs, 59. 20. lat. 36. 30. Les tables arabiques sont bien différentes, car elles

donnent à Mosul 77. degrés de longitude, & 34. 30. de latitude septentrionale.

MOSYLON, (Géog. anc.) promontoire & port de l’Ethiopie, sous l’Egypte. Pline, liv. VI. c. xxix. appelle le port Mossylicus, & le promontoire Mossylicum. Le P. Hardouin dit que le promontoire est aujourd’hui le cap de Gardafu.

MOSYNIENS ou MOSYNŒCIENS, (Géograp. anc.) en latin Mosynœci ; par Ptolomée Moxiani ; par Pline, liv. VI. chap. iv. Mossyni, & par quelques auteurs Mosyni ; nom de certains peuples montagnards qui logeoient dans des tours de bois, & qui étoient du voisinage du Pont-Euxin ; leur nom veut dire la même chose que turticolæ. Méla, Sirabon, Apollonius, & sur-tout Xénophon, nous apprennent plusieurs particularités fort étranges de ces peuples barbares. Ils ne vivoient que de glands & de la chair des bêtes sauvages qu’ils tuoient à la chasse ; ils s’imprimoient des marques sur tout le corps, comme font de nos jours plusieurs Indiens ; ils ne connoissoient aucune loi de pudeur & de décence dans toutes les actions naturelles ; mais une chose unique dans l’histoire, leur plus haute tour servoit de demeure au roi qu’ils élisoient, & qui étoit le plus malheureux des hommes ; ils le tenoient nuit & jour sous une forte garde ; il falloit qu’il terminât tous leurs différends comme juge : si néanmoins il lui arrivoit de mal juger, ils l’emprisonnoient, & suivant la nature des cas, le laissoient plus ou moins long-tems sans lui donner de nourriture. (D. J.)

MOSYNOPOLIS, (Géog. anc.) ville que Nicétas & Cédrene mettent dans la Thrace, chez les Mosynœci ou Mossyni de Pline, c’est à-dire peuples qui habitoient dans des tours sur les bords du Pont-Euxin. Voyez Mosyniens. (D. J.)

MOT, s. m. (Log. Gramm.) il y a trois choses à considérer dans les mots, le matériel, l’étymologie, & la valeur. Le matériel des mots comprend tout ce qui concerne les sons simples ou articulés qui constituent les syllabes qui en sont les parties intégrantes, & c’est ce qui fait la matiere des articles Son, Syllabe, Accent, Prosodie, Lettres, Consonne, Voyelle, Diphtongue, &c. L’étymologie comprend ce qui appartient à la premiere origine des mots, à leurs générations successives & analogiques, & aux différentes altérations qu’ils subissent de tems à autre, & c’est la matiere des articles Etymologie, Formation, Onomatopée, Métaplasme avec ses especes, Euphonie, Racine, Langue. article iij. § 22. &c.

Pour ce qui concerne la valeur des mots, elle consiste dans la totalité des idées qui en constituent le sens propre & figuré. Un mot est pris dans le sens propre lorsqu’il est employé pour exciter dans l’esprit l’idée totale que l’usage primitif a eu intention de lui faire signifier : & il est pris dans un sens figuré lorsqu’il présente à l’esprit une autre idée totale à laquelle il n’a rapport que par l’analogie de celle qui est l’objet du sens propre. Ainsi le sens propre est antérieur au sens figuré, il en est le fondement ; c’est donc lui qui caractérise la vraie nature des mots, & le seul par conséquent qui doive être l’objet de cet article : ce qui appartient au sens figuré est traité aux articles Figure, Trope avec ses especes, &c.

La voie analytique & expérimentale me paroit, à tous égards & dans tous les genres, la plus sûre que puisse prendre l’esprit humain pour réussir dans ses recherches. Ce principe justifié négativement par la chûte de la plûpart des hypothèses qui n’avoient de réalité que dans les têtes qui les avoient conçues, & positivement par les succès rapides & prodigieux de la physique moderne, aura par-tout