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en donne dans une note des auteurs anglois qui ont publié l’histoire universelle, tom. I. pag. 247. (D. J.)

NÉRÉIDES, s. f. pl. (Mythol.) divinités marines, filles de Nérée & de Doris. Hésiode en compte cinquante, dont je suis d’autant moins obligé de transcrire ici les noms qu’Homere les rapporte un peu différemment, & qu’il n’en nomme que trente-trois. Ces noms, au reste, que ces deux poëtes donnent aux Néréides & qui sont presque tous tirés de la langue greque, conviennent fort à des divinités de la mer, puisqu’ils expriment les flots, les vagues, les tempêtes, la bonace, les rades, les îles, les ports, &c.

Faut-il donc regarder les Néréides comme des personnages métaphoriques, ainsi que leurs noms le signifient, ou comme des personnes réelles ? J’avoue que les Néréides que nomment Hésiode & Homere, ne sont la plûpart que des êtres poétiques, mais il y en a qui ont existé véritablement, telle que Carsiopée mere d’Andromede, Psammathé mere de Phoque, laquelle, selon Pausanias, étant allée dans le pays voisin du Parnasse, lui donna son nom ; ce pays, en effet, a depuis été appellé la Phocide, Thétis mere d’Achille, & quelques autres. Il faut convenir aussi qu’on a donné le nom de Néréides à des princesses qui habitoient ou dans quelques îles, ou sur les bords de la mer, ou qui se rendirent fameuses par l’établissement du commerce ou de la navigation. On le transporta ensuite non-seulement à quelques personnages poétiques, & dont l’existence n’est dûe qu’à des étymologies conformes aux qualités de leurs noms, mais aussi à certains poissons qui ont la partie supérieure du corps un peu ressemblante à celui d’une femme.

Les Néréides avoient des bois sacrés & des autels en plusieurs endroits de la Grece, sur-tout sur les bords de la mer. On leur offroit en sacrifice du lait, du miel, de l’huile, & quelquefois on leur immoloit des chevres. La néréide Dato, dit Pausanias dans ses corinthiaques, avoit un temple célebre à Gabala.

Pline, l.IX.c.v, raconte que du tems de Tibere on vit sur le rivage de la mer une néréide, & qu’un ambassadeur des Gaules avoit dit à Auguste qu’on avoit aussi trouvé dans son pays sur les bords de la mer plusieurs Néréides mortes ; mais dans les Néréides de Pline & de l’ambassadeur de Gaules à Rome, nos Naturalistes n’auroient vû que des poissons.

Les anciens monumens, de même que les médailles, s’accordent à représenter les Néréides comme de jeunes filles portées sur des dauphins ou sur des chevaux marins, tenant ordinairement d’une main le trident de Neptune, de l’autre un dauphin, & quelquefois une victoire ou une couronne. On les trouve cependant quelquefois moitié femmes & moitié poissons, conformément à ce vers d’Horace,

Definit in piscem mulier formosa supernè,

Art poét.


telles qu’on les voit sur une médaille de Marseille, ou sur quelques autres encore. (D. J.)

NÉRÉTINI, (Géogr. anc.) peuples d’Italie dans le pays des Salentins. Ptolomée, l.III. c. j, nomme leur ville Νήριτον, & la place dans les terres ; c’est aujourd’hui Nardo.

NERF, s. m. en Anatomie, corps rond, blanc & long, semblable à une corde composée de différens fils ou fibres, qui prend son origine ou du cerveau, ou du cervelet, moyennant la moëlle alongée & de la moëlle épiniere, qui se distribue dans toutes les parties du corps, qui sert à y porter un suc particulier que quelques physiciens appellent esprits animaux, qui est l’organe des sensations, & sert à l’exécution des différens mouvemens. Voyez Sensation,

Mouvement musculaire, &c.

Origine des nerfs. De chaque point de la substance corticale du cerveau partent de petites fibres médullaires qui s’unissant ensemble dans leur progrès, deviennent enfin sensibles & forment ainsi la moëlle du cerveau & l’épine. Voyez Cerveau & Moelle, &c.

De-là elles prolongent, & peu après elles deviennent distinctes & séparées au moyen de différentes enveloppes que leur fournit la dure-mere & la pie-mere, & forment par-là différens faisceaux ou nerfs qui ressemblent, eu égard à la position de leurs fibrilles composantes, à autant de queues de cheval enveloppées dans deux tuniques. Voyez Fibre.

Il est probable que les fibres médullaires du cervelet partent des environs des parties antérieures de la moëlle alongée, se joignent en partie aux nerfs qui en sortent, mais de maniere à retenir toujours leur origine, leur cours & leur fonction particuliere. Le reste des fibres du cervelet se mêle si intimement avec celles du cerveau, qu’il n’y a peut-être pas dans toute la moëlle alongée de l’épine une seule partie où il ne se trouve des fibres de chacune de ces deux especes, & ainsi ces deux especes de fibres contribuent l’un l’autre à former le corps de chaque nerf, quoique leur fonction & leurs effets particuliers soient fort différens. Voyez Cervelet, &c.

Ces nerfs qui se forment de cette sorte & que la moëlle alongée envoie sont au nombre de dix paires ; quoique ce soit mal à-propos qu’on les appelle de la sorte, puisque la plûpart sont composés de plusieurs nerfs distincts & très-gros. Il en part de la même maniere trente paires de la moëlle épiniere, à quoi on peut ajouter les deux nerfs intercostaux.

Tandis que les nerfs sont dans la moëlle, ils ne présentent qu’une espece de pulpe ; mais en la quittant, ils prennent une gaine qui leur est fournie par la pie-mere ; sous cette enveloppe ils avancent jusqu’à la dure-mere, qui leur fournit encore une autre tunique. Voyez Dure-mere & Pie-Mere.

La substance des nerfs renfermée dans ces deux membranes n’est pas différente de la substance du cerveau, elle n’est qu’une moëlle qui se répand dans toute l’étendue des tuyaux nerveux, & qui est sans doute envoyée du cerveau ; mais y est-elle renfermée dans des petits vaisseaux de la longueur du nerf ? Ou est-elle contenue dans des cellules ? C’est ce qu’on ne sauroit déterminer.

Les enveloppes de ces nerfs sont par-tout garnies de vaisseaux sanguins, lymphatiques & d’autres vésicules d’une texture très-fine qui servent à ramasser, à renforcer & à resserrer les fibrilles, & d’où on doit tirer l’explication de la plûpart des phénomenes, maladies des nerfs, &c.

Lorsque les extrémités des nerfs se distribuent dans les parties auxquelles elles appartiennent, ils se dégagent alors de leur enveloppe, ils s’épanouissent en une espece de membrane, ou se réduisent en une pulpe molle. Voyez Membrane & Pulpe.

Or si l’on considere 1° que toute la substance vasculaire du cerveau contribue à la formation des fibrilles des nerfs, quoiqu’elle s’y continue même totalement, & qu’elle y finit. 2° Que lorsque la moëlle alongée est comprimée, tiraillée, & qu’elle tombe en pourriture ; toutes les actions qui dépendoient des nerfs qui en sortent, cessent immédiatement après, quoique les nerfs restent entiers & intactes. 3° Que les nerfs exécutent par-tout presque dans un instant leurs opérations, tant celles qui ont rapport aux mouvemens que celles qui ont rapport aux sensations, & cela soit qu’ils soient lâches, courbes, crasses, rétrogrades & obliques. 4° Que quand ils sont entierement liés ou comprimés, quoi-