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le nom de cet empereur, & n’adouciront pas la haine qu’on lui porta pendant sa vie.

Il ne faut pas juger Constantin ni par des satyres, ni par des panégyriques ; il faut pour ne point se tromper, le juger par ses seules actions. Qu’on loue tant qu’on voudra, sa constance, son économie, sa valeur, ses exploits guerriers sur les Barbares ; je vois par l’histoire, qu’il les a vaincus ; mais cette même histoire m’apprend qu’il a fait dévorer par les bêtes féroces, dans les jeux du cirque, tous les chefs des Francs, avec tous les prisonniers qu’il avoit faits dans une expédition sur le Rhin : je n’en veux pas davantage pour détester sa cruauté.

On trouve dans le code Théodosien, un de ses édits, où il déclare qu’il a fondé Constantinople par ordre de Dieu ; ce trait me fait voir qu’il fit tout servir à ses projets, & à ce qu’il crut être son intérêt. En transportant le trône sur le Bosphore de Thrace, il immola l’Occident à l’Orient ; ce n’étoit pas là un coup de politique heureusement frappé. Quoique l’empire ne fût déja que trop grand, la division qu’il en fit, ne servit qu’à le ruiner davantage.

Enfin, après avoir affoibli la capitale, il se conduisit de la même maniere pour les frontieres ; il rappella les légions qui étoient sur le bord des grands fleuves, & les dispersa dans les provinces ; ce qui produisit deux maux : l’un, que la barriere qui contenoit tant de nations, fut ôtée ; & l’autre, que les soldats vécurent & s’amollirent dans le cirque & dans les théâtres. Il mourut à Achyron, près de Nicomédie, en 337, à 63 ans, après en avoir regné 31. (D. J.)

NISSAVA, (Géog.) riviere de la Bulgarie. Elle a sa source dans la plaine de Sophie, passe à Nissa, & peu après se jette dans la Morave.

NISSOLE, nissolia, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui ne differe de la gesse que par ses feuilles singulieres & par sa tige qui manque de mains. Tournefort, Append. institut. rei herbar. Voyez Plante (I)

Nissole, Voyez Émissole.

NITANZA, (Hist. nat.) espece de feve qui croît en Afrique, au royaume de Congo ; elle est fort petite, d’une couleur rougeâtre, & fort bonne à manger : on dit que les Portugais l’ont apportée du Bresil en Afrique.

NITH, (Géogr.) riviere d’Écosse qui donne son nom à la province de Nisale qu’elle traverse du Nord au Sud. Elle a sa source dans la partie méridionale de la province de Kyltes & son embouchure sur la côte méridionale du golfe de Solwar auprès de la ville de Dumfries. (D. J.)

NITHSDALE, (Géog.) province maritime de l’Ecosse méridionale, à l’Est de Gallowai ; elle tire son nom de la riviere de Nith, qui la traverse du N. au S. Elle abonde en blés, pâturages & en forêts.

NITIOBRIGES, (Géog. anc.) peuples que César place entre les Celtes, & qui furent mis dans la suite entre les Aquitains. Leur ville capitale est Aginnum encore aujourd’hui Agen, & par conséquent le peuple répond au diocèse d’Agen.

NITRE, s. m. (Hist. nat. Chim. Mat. méd.) Le nitre ou salpêtre porte dans les livres, outre ces deux noms très-connus, tous ces autres noms moins vulgaires, recueillis & rapportés par Neuman dans sa Leçon sur le nitre : Sal nitrum, sal terræ, sal sulphuris vel sulphureum, hermes, baurach, sal anderona, anatron, cabalatar, basilio, aqua ignis, lesberus chimicus, serpens terrenus, spiritûs mundi retinaculum, sal catholicus, sal infernalis, draco, sal hermaphroditicus. Les anciens Grecs l’ont appellé communément φλογιστον. Neuman observe que parmi ces noms, les suivans

sont équivoques : anatron, baurach, hermes, sal sulphuris, sal sulphureum, draco, sal infernalis, sal terræ. En effet, plusieurs autres substances portent aussi ces noms. Le nom même de nitre, nitrum ou natrum, n’est pas exemt d’équivoque, puisque le nitrum ou natrum des anciens naturalistes étoit une substance saline, bien différente du nitre des modernes. Le premier est le sel alkali fixe que les modernes appellent minéral ou naturel, qui est de la même nature que le sel de soude, & que la base du sel marin, & auquel ils ont attribué spécialement le nom natrum on natron (voyez Natron), retenant celui de nitre pour celui dont il est question dans cet article, qui est aussi appelle quelquefois nitre des modernes ; mais qu’il suffit d’appeller nitre, puisque l’usage a suffisamment fixé la valeur de ce mot. Le nom de salpêtre est aussi très-usité.

Le nitre ou salpêtre est un genre de sel neutre ou moyen formé par l’union d’un acide particulier, appellé nitreux, (voyez nitreux, acide, à la suite de cet article), à une base alkaline soit saline soit terreuse.

Le principe générique du nitre est donc cet acide particulier ; & les bases différentes établissent ses diverses especes.

On peut compter quatre especes principales de nitre ; 1°. le nitre qui a pour base le sel alkali fixe, appellé de tartre, du nom de la substance d’où on le retire le plus abondamment & le plus communément, (voyez Tartre, Sel de) celui-ci est le nitre par excellence. Il est appellé parfait, officinal, raffiné, vulgaire, marchand, artificiel, & sous un certain rapport, dont il sera question dans la suite de cet article, régénéré.

La seconde espece a pour base le sel alkali fixe appellé de soude, minéral ou naturel. Voyez Soude, sel de. Il tire son nom de la forme de ses crystaux, & s’appelle nitre quadrangulaire, & plus exactement, quoique moins ordinairement nitre cubique.

La troisieme espece est celle dont la base est une terre alkaline-calcaire. C’est cette espece qui constitue proprement & essentiellement la lessive ou liqueur saline, appellée communément eau-mere de nitre.

Enfin, la quatrieme est mal définie, sa base n’est pas déterminée par des expériences suffisantes : les uns la regardent comme une certaine terre, qu’ils ne spécifient point ; & d’autres croient que c’est un alkali volatil. Cette espece est appellée nitre crud, nitre des plâtras, nitre des murailles, murarium, aphonitrum. Si la base de ce nitre étoit vraiment terreuse, il ne différeroit pas vraissemblablement de la troisieme espece ; si elle est alkali-volatil, on doit rapporter à cette espece le sel ammoniac-nitreux artificiel, c’est à-dire le sel neutre, composé dans les laboratoires, en combinant l’acide nitreux à l’alkali volatil.

Le nitre de houssage n’est pas une espece particuliere de nitre : cette dénomination est déduite d’une circonstance très-accidentelle : savoir, de ce que ce nitre a fleuri ou s’est crystallisé sous forme de fleurs ou de neige, à la surface de certaines roches, voûtes, murailles, &c. & qu’on a pu le ramasser en houssant, ou balayant, en ratissant, &c.

L’acide nitreux combiné avec différentes substances métalliques, constitue proprement diverses autres especes de nitre ; mais ce n’est pas sous ce nom que ces sels sont connus dans l’art. Il en est fait mention dans les articles particul. des Métaux & Demi-métaux, dans l’article général Substances métalliques, & dans l’article Nitreux, acide, à la suite de celui-ci.

Il est au contraire plusieurs substances salines connues dans l’art sous le nom de nitre, & qui sont très-improprement nommées, puisqu’elles ne