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mais le plus considérable & le plus complet de tous les ouvrages qui ont été faits sur l’Optique, est l’ouvrage anglois de M. Smith, intitulé opticks, système complet d’Optique, en deux volumes in-4°. L’auteur y traite avec beaucoup d’étendue tout ce qui appartient à la vision, soit par des rayons directs, soit par des rayons réfléchis, soit par des rayons rompus. A l’égard des inventions des lunettes, des télescopes, &c. Voyez ces mots à leurs articles.

De l’Optique naît la Perspective, dont toutes les regles sont fondées sur celles de l’Optique ; la plûpart des auteurs, entre autres le pere Jacquet, font de la Perspective une partie de l’Optique : quelques-uns, comme Jean, évêque de Cantorbery, dans sa perspectiva communis, réunissent l’Optique, la Catoptrique, & la Dioptrique, sous le nom général de perspective. Voyez Perspective.

L’Optique en général, soit qu’elle ne considere que la vision par des rayons directs, soit qu’elle considere la vision par des rayons réfléchis ou rompus, a principalement deux questions à résoudre ; celle de la distance apparente de l’objet ou du lieu auquel on le voit, sur quoi voyez Distance & Apparent & celle de la grandeur apparente du même objet, sur quoi voyez l’article Apparence & l’article Vision. A l’égard des lois de la vision par des rayons réfléchis ou rompus, voyez aux articles Apparent, Miroir, Catoptrique, & Dioptrique, ce que l’on sait jusqu’à présent sur ce sujet, & qui laisse encore beaucoup à desirer, ainsi que les lois connues ou admises jusqu’à présent sur la vision directe. Voyez aussi la suite de cet article sur les inégalités optiques.

Optique, pris adjectivement, se dit de ce qui a rapport à la vision. Voyez Vision, &c.

Angle optique, Voyez Angle.

Cône optique, est un faisceau de rayons, qu’on imagine partir d’un point quelconque d’un objet, & venir tomber sur la prunelle pour entrer dans l’œil. Voyez plus bas Pinceau optique.

Axe optique, est un rayon qui passe par le centre de l’œil, & qui fait le milieu de la pyramide ou du cône optique. Voyez Axe.

Chambre optique, voyez Chambre obscure.

Verres optiques, sont des verres convexes ou concaves, qui peuvent réunir ou écarter les rayons, & par le moyen desquels la vûe est tendue meilleure, ou conservée si elle est foible, &c. Voyez Verre, Lentille, Lunette, Ménisque, &c.

Inégalité optique, se dit en Astronomie, d’une irrégularité apparente dans le mouvement des planetes ; on l’appelle apparente, parce qu’elle n’est point dans le mouvement de ces corps, mais qu’elle ne vient que de la situation de l’œil du spectateur, qui fait qu’un mouvement qui seroit uniforme, ne paroît pas tel ; cette illusion a lieu, lorsqu’un corps se meut uniformément dans un cercle, dont l’œil n’occupe pas le centre. Car alors le mouvement de ce corps ne paroît pas uniforme, au lieu que si l’œil étoit au centre du mouvement, il le verroit toujours uniforme.

On peut faire voir par l’exemple suivant, en quoi consiste l’inégalité optique. Supposons qu’un corps se meuve dans la circonférence du cercle ABDEFGQP (Planche optique, fig. 40.), & qu’il parcourre les arcs égaux AB, BD, DE, EF, en tems égaux ; supposons ensuite que l’œil soit dans le plan du même cercle, mais qu’il soit hors du cercle, par exemple en O, & qu’il voie de-là le mouvement du corps dans le cercle ABQP : lorsque le corps vient de A en B, son mouvement apparent est mesuré par l’angle AOB, ou par l’arc HL, qu’il semble décrire ; mais dans un tems égal, qu’il met ensuite à parcourir l’arc BD, son mouvement

apparent est mesuré par l’angle BOD, ou par l’arc LM, qui est moindre que le premier arc HL : quand le corps sera arrivé en D, il sera vu au point M de la ligne NLM. Or il emploie le même tems à parcourir DE, qu’à parcourir AB ou BD, & quand il est arrivé en E, il est vu encore en M, c’est-à-dire, qu’il paroît à-peu-près stationnaire pendant le tems qu’il parcourt DE. Quand il vient ensuite en F, l’œil le voit en L, & quand il est en G, il paroît en H, de sorte qu’il semble avoir retourné sur ses pas, ou être devenu rétrograde ; enfin, depuis Q jusqu’en P, il paroît de nouveau à-peu-près stationnaire. Voyez Station & Rétrogradation.

On voit par cette explication, que l’inégalité dont nous parlons, dépend de la situation de l’œil qui n’est point au centre du mouvement de la planete : car si l’œil au lieu d’être en O, est transporté au point C (fig. 40. n°. 2.), & qu’il y demeure pendant tout le tems d’une révolution de la planete, il est évident que puisque la planete parcourt selon notre supposition des arcs de cercle égaux dans des tems égaux, le spectateur n’appercevra du point C, que des mouvemens parfaitement égaux entre eux.

Si l’on prenoit dans le cercle tout autre point que le centre, & que l’observateur fût, par exemple, (fig. 40. n°. 3.) situé au point O, entre le centre & la circonférence : alors quoique la même planete parcourût des arcs égaux dans des tems égaux, son mouvement paroîtroit néanmoins fort inégal, vu du point O : car lorsque la planete sera dans sa plus grande distance du point A, son mouvement paroîtra fort lent ; au contraire il paroîtra très-rapide lorsqu’elle se sera approchée du point C, le plus près qu’il est possible ; ce qui est évident, puisque l’angle COD est beaucoup plus grand que l’angle AOB, quoique les arcs AB, CD, soient égaux entre eux. Cependant il faut bien remarquer, que dans cette supposition de l’œil placé entre le centre & la circonférence, jamais la planete ne sauroit paroître stationnaire ni rétrograder ; d’où il s’ensuit, que s’il arrivoit que l’observateur vînt à découvrir la planete tantôt directe, tantôt stationnaire, & tantôt rétrograde, il faudroit conclure qu’il auroit lui-même un mouvement particulier, & que son œil ne seroit plus situé dans un point fixe ou immobile, comme on l’a supposé jusqu’ici. Instit. astron. p. 14.

Il est visible par la figure 40. n°. 2. que si l’œil est placé en O, & que le corps se meuve uniformément autour du centre C, son mouvement paroîtra s’accélérer continuellement de A en M ; car les arcs AB, BN, ND, &c. étant supposés égaux, les angles AOB, BON, NOD, &c. vont toujours en croissant, & le mouvement à de très-grandes distances est proportionnel à ces angles. Voyez Apparent.

On appelle cette inégalité inégalité optique, pour la distinguer de l’inégalité réelle ; car dans l’explication que nous venons de donner de l’inégalité optique, nous avons supposé que le mouvement de la planete ou du corps dans la courbe AEGP étoit uniforme, & que cette courbe étoit un cercle, au lieu qu’en effet cette courbe est une ellipse dont la planete ne parcourt point des arcs égaux en tems égaux. Ainsi le mouvement des planetes est tel qu’il n’est pas uniforme en lui-même, & que quand il le seroit, il ne nous le paroîtroit pas. C’est pourquoi on distingue dans ce mouvement deux inégalités, l’une optique, l’autre réelle. Voyez Absolu & Equation.

Si un corps se meut autour d’un point quelconque, de sorte qu’il décrive autour de ce point des airs proportionnels aux tems, sa vîtesse angulaire apparente à chaque instant, sera en raison inverse du quarré de la distance ; car puisque l’instant étant constant,