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jour ou l’autre à une plus parfaite connoissance des lois de la nature. Il est entierement impossible de parvenir à ce point, sans recueillir les remarques & les découvertes des savans, & sans recourir en même tems à des nouvelles expériences. Mussch. Essai de Physiq. §. 3. & suiv.

Un des grands écueils de la Physique est la manie de tout expliquer. Pour montrer combien en doit se défier des explications même les plus plausibles, je supposerai un exemple. Supposons que la neige tombe en été, & la grêle en hiver (on sait que c’est tout le contraire), & imaginons qu’on entreprenne d’en rendre raison ; on dira : La neige tombe en été parce que les particules des vapeurs dont elle est formée n’ont pas le tems de se congeler entierement avant d’arriver à terre, la chaleur de l’air que nous respirons empêchant cette congelation ; au contraire en hiver l’air qui est proche de la terre étant très-froid, congele & durcit ces parties ; c’est ce qui forme la grêle. Voilà une explication dont tout le monde seroit satisfait, & qui passeroit pour démonstrative. Cependant le fait est faux. Osons après cela expliquer les phénomenes de la nature. Supposons encore que le barometre hausse avant la pluie (on sait que c’est le contraire) ; cependant on l’expliqueroit très-bien : car on diroit qu’avant la pluie, les vapeurs dont l’air est chargé le rendent plus pesant, & par conséquent doivent faire hausser le barometre.

Mais si la retenue & la circonspection doivent être un des principaux caracteres du physicien, la patience & le courage doivent d’un autre côté le soutenir dans son travail. En quelque matiere que ce soit, on ne doit pas trop se hâter d’élever entre la nature & l’esprit humain un mur de séparation ; en nous méfiant de notre industrie, gardons-nous de nous en méfier avec excès. Dans l’impuissance que nous sentons tous les jours de surmonter tant d’obstacles qui se présentent à nous, nous serions sans doute trop heureux, si nous pouvions du moins juger au premier coup d’œil jusqu’où nos efforts peuvent atteindre ; mais telle est tout-à-la-fois la force & la foiblesse de notre esprit, qu’il est souvent aussi dangereux de prononcer sur ce qu’il ne peut pas que sur ce qu’il peut. Combien de découvertes modernes dont les anciens n’avoient pas même l’idée ! Combien de découvertes perdues que nous contesterions trop légerement ! Et combien d’autres que nous jugerions impossibles, sont reservées pour notre postérité ! (O)

Physique, pris adjectivement, se dit de ce qui appartient à la nature ou à la Physique. Voyez Physique & Nature.

En ce sens l’on dit un point physique, par opposition au point mathématique, qui n’existe que par abstraction, & qui est considéré comme étant sans étendue. Voyez Point.

On dit aussi une substance ou un corps physique, par opposition a esprit, ou à substance métaphysique, &c.

Horison physique ou sensible. Voyez Horison.

PHYSITERE, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) espece de baleine ou de poisson testacé, appellé autrement le soufleur. Voyez Souffleur.

PHYSOCELE, tumeur venteuse du scrotum. Voyez Pneumatocele.

Ce mot est grec φυσοϰήλη du verbe φυσάω, flatu distendo, je gonfle en soufflant, & de ϰήλη, hernie.

PHYTALIDES, (Hist. anc.) Phytalidæ ; Plutarque & Pausanias disent que les Phytalides étoient les descendans de Phytalus, à qui Cérès avoit donné l’intendance des saints mysteres pour le récompenser de l’hospitalité qu’il avoit exercée à son égard, l’ayant reçu fort humainement dans sa maison. (D. J.)

PHYTALMIEN, adj. (Myth.) φυτάλμιος, de φύτον, plante, & de φύω, j’entretiens ; ainsi phytalmien veut

dire protecteur des plantes, ou des biens de la terre ; c’est un surnom que les anciens donnoient à quelques-uns de leurs dieux, & particulierement à Jupiter. Les Træzeniens le donnerent à Neptune, & lui firent bâtir un temple sous les murs de leur capitale, parce qu’il n’inondoit plus leurs terres & leurs maisons de ses flots salés ; la mer s’étoit insensiblement retirée de Troëzene.

PHYTÉUMA, s. m. (Botan.) espece de réseda qui croît aux environs de Montpellier, où on l’appelle herbe maure ; c’est le réseda minor vulgaris de Tournefort. Voyez Réseda.

PHYTOLAQUE, phytolacca, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose composée de plusieurs pétales disposés en rond : le pistil sort du milieu de cette fleur, & il devient dans la suite un fruit ou une baie presque ronde & molle, qui renferme des semences disposées en rond. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte deux especes de genre de plante d’Amerique ; la principale est la phytolaca de Virginie, qu’il nomme phytolaca Americana, majori fructu, I. R. H. 299, en anglois the great red-clusler-fruited, Virginian night-shade.

Sa racine est longue d’un pié, grosse comme la cuisse d’un homme, quelquefois davantage, blanche & vivace durant plusieurs années. Elle pousse une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, ronde, ferme, rougeâtre, divisée en plusieurs rameaux. Ses feuilles sont placées sans ordre, amples, veineuses, lisses & douces au toucher, d’un verd pâle & quelquefois rougeâtre presque ressemblantes en figure à celles de la morelle commune. Au haut de la tige naissent des pédicules qui soutiennent de petites fleurs en grappes : chaque fleur est en rose, composée de plusieurs pétales rangés circulairement, de couleur rouge pâle. Après la chûte de la fleur, le pistil qui occupe le milieu devient un fruit ou une baie ovoïde, molle, pleine de suc, semblable à un petit bouton applati en-dessus & en-dessous ; en murissant elle prend une couleur rouge-brune, & renferme quelques semences ovales, noires, disposées en rond.

Cette plante est originaire de la Virginie ; on la cultive en Europe, surtout en Angleterre ; & Miller vous instruira de l’art de sa culture. Ses baies teignent le papier en une belle couleur de pourpre, qui n’est cependant pas durable. (D. J.)

PHYTOLITES, (Hist. nat. Min.) nom générique donné par les Naturalistes à toutes les pierres qui ont la figure, ou qui portent l’empreinte de quelque corps du regne végétal. Les auteurs ont donné des noms différens aux pierres, suivant les parties des végétaux qui étoient pétrifiés, ou dont elles portoient les empreintes ; c’est ainsi que l’on a nommé carpolites les empreintes des fruits, ou les fruits pétrifiés ; lythoxyla, les bois pétrifiés ; risolithes, les racines pétrifiées ; les pierres chargées d’empreintes de végétaux ont été nommées typolites ou phytotypolites ; enfin les pierres sur lesquelles on voyoit des empreintes de feuilles ont été nommées lithobiblia. Voyez ces différens articles & voyez Pétrification. (—)

C’est ordinairement dans des pierres feuilletées, telles que les schistes & les ardoises, que l’on rencontre des empreintes des végétaux, on les trouve très fréquemment dans les couches de ces sortes de pierres qui accompagnent les mines de charbon de terre. Le phénomene qui a le plus embarrassé les Physiciens sur ces sortes d’empreintes, c’est que lorsqu’on les considére avec attention, on trouve qu’elles ont été faites par des végétaux entierement différens de ceux qui croissent actuellement dans les pays où on les rencontre ; c’est ainsi que M. Jussieu, en examinant les empreintes qui se trouvent sur la pierre qui accom-