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Préciput du survivant est un avantage que l’on stipule ordinairement par contrat de mariage dans les pays coutumiers en faveur du survivant des conjoints.

Ce préciput consiste à prendre sur la communauté avant partage, & hors part, des meubles jusqu’à concurrence d’une certaine somme pour la prisée de l’inventaire, ou ladite somme, au choix du survivant.

On ne manque guere de stipuler que le survivant pourra prendre ces meubles pour la prisée, & sans crue ; mais cette clause ne se supplée point.

Le préciput ne se prend régulierement que sur la communauté ; de sorte que quand la femme renonce, elle perd son préciput, à moins qu’il ne soit dit par le contrat qu’elle le prendra, même en renonçant.

La femme qui accepte la communauté, ne contribue point aux dettes pour son préciput.

Quand les héritiers de la femme renoncent à la communauté, il n’y a plus lieu au préciput pour le mari survivant, puisqu’il demeure maître de tout ce qui devoit composer la communauté, à moins qu’il n’y ait quelque clause dans le contrat qui l’autorise dans ce cas à retenir son préciput sur les propres de sa femme. Voyez les commentateurs sur l’art. 229 de la coutume de Paris, & les traités de la communauté de Renusson & le Brun. (A)

PRÉCIS, adj. PRÉCISION, s. f. (Gram.) la précision est une briéveté convenable, en parlant ou en écrivant, & qui consiste à ne rien dire de superflu, & à ne rien omettre de nécessaire. La précision a deux opposés ; savoir, la prolixité qui dégénere en une abondance de paroles vagues, & l’extreme concision qui fait qu’on tombe souvent dans l’obscurité, suivant ce mot d’Horace :

Brevis esse laboro,
Obscurus fio.

Il y a de la différence entre justesse & précision. La justesse empêche de donner dans le faux ; & la précision écarte l’inutile. Le discours précis est une marque ordinaire de la justesse d’esprit. Synonym. françois de l’abbé Girard, pag. 235.

PRÉCOCE, adj. (Jardinage.) est un fruit qui vient avant la saison de ceux de son espece, qui devance les autres en nouveauté. Ainsi l’on dit : nous avons des abricots, des cérises précoces. Il se prend au simple & au figuré. Cet enfant à l’esprit précoce.

PRÉCOMPTER, v. act. (Commerce.) déduire les sommes qu’on a reçues d’un débiteur sur le total de la dette, lorsqu’il en acheve l’entier payement. Vous devez précompter sur les mille livres que je vous dois par mon billet, cent livres que j’ai payées à votre acquit, & deux cens livres pour les marchandises que je vous ai fournies ; ainsi reste sept cens livres que voilà comptant.

Les intérêts usuraires, quand on peut les prouver, se précomptent, c’est-à-dire, se déduisent sur le principal de l’obligation. Voyez Principal, Obligation, Intérêts. Dictionn. de commerce.

PRÉCONISATION, s. f. (Jurisprud.) du latin præconium, qui signifie proclamation ou louange d’une personne, est la lecture & publication que le cardinal proposant fait dans le sacré consistoire à Rome, des mémoriaux & informations qui lui ont été remis touchant la personne nommée par le roi à un bénéfice consistorial : ces mémoriaux sont proprement une instruction & un extrait des titres & qualités du nommé, & du procès-verbal de ses vie, mœurs, profession de foi & de l’état de l’église vacante, fait pardevant le nonce du pape, ou pardevant l’ordinaire de celui qui est nommé. La préconisation se fait en ces termes : Beatissime pater, ego N. cardinalis, in proximo consistorio, si Sanctitati vestræ placuerit, proponam

ecclesiam N. quæ vacat per obitum N. ultimi illius episcopi : ad eam nominat rex christianissimus D. D.... ut illi ecclesiæ præficiatur in episcopum & pastorem ; illius autem qualitates & alia requisita latiùs in eodem consistorio declarabuntur. Cet acte de préconisation est suivi de plusieurs autres formalités, en conséquence desquelles, si le sujet nommé est jugé digne, on lui expédie ses bulles. Voyez le traité de l’usage & pratique de cour de Rome, par Castel, tom. II. (A)

PRECOPIA ou PERCOPIA, (Géog. mod.) ville de la Turquie, dans la Servie, sur la Morave, à 8 lieues ouest de Nissa, 18 sud-est de Zagodma. Long. 40. 6. latit. 43. 20. (D. J.)

PRÉCURSEUR, s. m. (Gramm.) celui qui précede, qui marche, ou qui court devant un autre pour annoncer son arrivée. C’est le nom qu’on donne particulierement a saint Jean-Baptiste qui avoit été choisi pour précéder le Messie & lui préparer les voies, en annonçant aux Juifs son avénement prochain, comme il est dit dans saint Luc : & tu puer propheta Altissimi vocaberis ; præibis enim ante faciem Domini parare vias ejus.

PRÉDÉCESSEUR, s. m. (Gramm.) terme relatif à une personne qui en a précédé une autre dans les fonctions d’une charge, d’un emploi. Ainsi l’on dit les prédécesseurs d’un roi, pour signifier les princes qui ont occupé le trône avant lui. Il ne faut pas confondre prédécesseurs avec ancêtres. On descend des ancêtres, on occupe la place des prédécesseurs. Les ancêtres ont rapport à la suite da sang, les prédécesseurs à celle de la dignité. Les Carlovingiens ont été prédécesseurs des Capets, & n’en ont pas été les ancêtres. Voyez Ancêtres.

PRÉDESTINATIENS, s. m. pl. (Théologie.) On appelle ainsi ceux qui admettent la doctrine de la prédestination absolue. Voyez Prédestination.

Saint Augustin passe pour avoir donné occasion à la secte des Prédestinatiens, qui ont cru voir leur sentiment dans ses écrits dont ils n’ont pas compris le sens ; quoique les Jansénistes & leurs adversaires soient extrèmement partagés sur la vraie doctrine de saint Augustin sur cet article, & que chacun l’interprete suivant son système. Voyez Jansénisme.

Le pere Sirmond traite au long de cette hérésie des Prédéstinatiens, laquelle commença en Afrique dès le tems de saint Augustin dans le monastere d’Adrumet, au sujet de quelques expressions mal-entendues de ce pere. Elle se répandit ensuite dans les Gaules, où un prêtre nommé Lucide, qui avoit les mêmes sentimens sur la grace & sur la prédestination, fut condamné par Fauste, évêque de Riez, dont la sentence fut approuvée par deux conciles.

Cette héresie fut renouvellée dans le neuvieme siecle par Goteschalc, moine bénédictin, qui, à ce que dit Hincmar dans une de ses lettres au pape Nicolas, soutenoit avec les anciens Prédestinatiens qui avoient été anathématisés, que Dieu ne vouloit pas que tous les hommes fussent sauvés ; que Jesus-Christ n’étoit pas mort pour tous, mais seulement pour les élus, ou ceux qui devoient être sauvés. Voyez Grace.

Cette doctrine fut de nouveau condamnée dans un synode tenu à Mayence : mais les Jansénistes, particulierement les amis de MM. de Port-royal, & entr’autres le président Mauguin, ont refuté le livre du pere Sirmond, prétendant que l’hérésie des Prédestinatiens est une hérésie imaginaire, ajoutant que saint Fulgence, saint Prosper, & les autres disciples de saint Augustin, ont soutenu que cette hérésie étoit imaginaire, qu’elle n’avoit été inventée que par les ennemis de la doctrine de saint Augustin.

En effet, le pere Sirmond n’appuie presque son sentiment que sur le témoignage des prêtres de Mar-