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ce qui faisoit le danger de ces courses. A Rome dans le grand cirque, on donnoit en un jour le spectacle de cent quadriges :

Centum quadrijugos agitabo ad flumina currus.


C’est Virgile qui le dit, & l’on en faisoit partir de la barriere jusqu’à vingt-cinq à la fois : c’est ce que les Latins appelloient missus, emissio, & les Grecs ἄφεσις. Nous ignorons combien de chars à quatre chevaux l’on assembloit à la barriere d’Olympie. J’ai peine à croire que le nombre en fût aussi grand qu’à Rome, sur-tout sous les premiers empereurs.

Mais quand nous supposerions qu’il n’y avoit pas plus de vingt ou trente quadriges aux jeux olympiques, toujours est-il certain que ces chars ayant à courir ensemble dans une lice qui n’étoit pas extrèmement large, & obligés de prendre à-peu-près le même chemin pour aller gagner la borne, devoient naturellement se croiser, se traverser, se heurter, se briser les uns les autres ; & l’émotion que causoit ces événemens, faisoit le plaisir des spectateurs. (D. J.)

QUADRIJUMEAUX, s. m. terme d’Anatomie, c’est un muscle, ou plutôt l’assemblage de quatre muscles, qui servent à tourner la cuisse en-dehors. Voyez Cuisse.

Le premier des muscles qui composent le quadrijumeaux, est le pyriforme, le second & le troisieme les jumeaux, & le quatrieme le quarré de la cuisse. Voyez chacun de ces muscles en leur article, Pyriforme, Jumeaux, &c.

QUADRILATERE, s. m. terme de Géométrie, on appelle ainsi une figure comprise entre quatre lignes droites, qui forment quatre angles ; ce qui fait qu’on l’appelle encore figure quadrangulaire. Voyez Quadrangulaire.

Si les quatre côtés sont égaux, & tous les angles droits, c’est un quarré. Voyez Quarré.

Si les quatre côtés sont égaux, & les angles opposés aussi egaux, mais non droits, c’est un rhombe ou losange. Voyez Rhombe.

Si tous les côtés ne sont pas égaux, mais tous les angles droits, c’est un rectangle. Voyez Rectangle.

Si les côtés opposés seulement sont égaux, & les angles opposés aussi égaux, mais non droits, cette figure est un rhomboïde. Voyez Rhomboïde.

Tout autre quadrilatere, dont les côtés opposés ne sont ni paralleles, ni égaux, s’appelle un trapeze. Voyez Trapeze.

Les angles opposés d’un quadrilatere inscrit dans un cercle, valent deux angles droits, puisqu’ils ont pour mesure la moitié de la circonférence. ou 180 degrés. Chambers. (E)

QUADRILLE, s. f. (Fête galante.) petite troupe de gens à cheval, superbement montés & habillés, pour exécuter des fêtes galantes, accompagnées de joutes & de prix. Quand il n’y a qu’une quadrille, c’est proprement un tournois ou course. Les joutes demandent deux partis opposés. Le carrousel en doit avoir au moins quatre, & le quadrille doit être composé au moins de huit ou douze personnes. Les quadrilles se distinguent par la forme des habits, ou par la diversité des couleurs. Le dernier divertissement de ce genre qu’on ait vu dans ce royaume, est celui que donna Louis XIV. en 1662, vis-à-vis les Tuileries, dans l’enceinte qui en a retenu le nom de la place du carrousel. Il y eut cinq quadrilles. Le roi étoit à la tête des Romains ; son frere des Persans ; le prince de Condé des Turcs ; le duc d’Enguien son fils des Indiens ; le duc de Guise si singulier en tout, des Américains. La reine-mere, la reine regnante, la reine d’Angleterre veuve de Charles II. étoient sous un dais à ce spectacle. Le comte de Sault, fils du duc de Lesdiguieres, remporta le prix, & le reçut des mains de la reine-mere. (D. J.)

Quadrille, (Jeu.) Le quadrille à trois est un jeu sans agrément, qui ne peut être goûté par ceux qui possedent le jeu de l’hombre. Il est cependant propre à donner une idée du quadrille à ceux qui sont bien-aises de l’apprendre. La maniere de jouer est disgracieuse pour l’hombre, qui a toujours deux adversaires à combattre. C’est un jeu qui n’est jamais joué qu’au défaut d’un quatrieme pour le quadrille, dont on suit en tout les lois, à l’exception des suivantes, qui lui sont particulieres. Pour jouer ce jeu il ne faut que trente cartes, il faut donc ôter une couleur rouge toute entiere, que ce soit cœur ou carreau, n’importe. On jouera avec dix cartes comme au quadrille ; & celui qui jouera, soit en appellant, soit sans prendre, doit faire six mains pour gagner : s’il n’en fait que quatre ou moins, elle est codille ; & s’il en fait cinq, elle n’est que remise.

Le jeu se marque & se paie comme au quadrille, mais la bête est de quatorze, encore qu’elle soit faite sur treize jettons seulement. Celui qui joue en appellant, après avoir nommé sa couleur, demande un roi tel qu’il le juge convenable à son jeu. Celui de ses deux adversaires qui l’a est obligé de le lui donner, & de recevoir en échange telle fausse qu’il lui plaît de lui donner, & que le tiers est en droit de voir, moyennant quoi il doit faire les six mains pour gagner.

Il n’est point permis de jouer en la couleur qui est ôtée, parce qu’avec spadille seul, & des cartes qui fussent rois, on feroit la vole sans qu’on pût s’y opposer.

Le jeu de quadrille. Ce jeu n’est à-proprement parler que l’hombre à quatre, qui n’a pas à la vérité la beauté, ni ne demande une si grande attention que l’hombre à trois ; mais aussi faut-il convenir qu’il est plus amusant & plus récréatif, soit parce que l’on joue à tout coup, soit que cela provienne du génie de notre nation, qui ne prête pas volontiers toute son attention à un jeu, particulierement le beau sexe, qui rend cet hombre mitigé avec plaisir, & qui en fait son plus grand amusement. Ce jeu perd beaucoup de son agrément, si les joueurs n’observent un silence exact entr’eux. Cette loi s’étend même sur les spectateurs, qui doivent avoir la discrétion de ne point parler en aucune façon.

Le jeu de cartes dont on se sert pour jouer au quadrille, est composé de quarante cartes, dont celles de la couleur noire conservent leur valeur naturelle quand elles ne sont point triomphes, comme le roi, la dame, le valet, le sept, le six, le cinq, le quatre, le trois, le deux. Quant à l’as de ces deux couleurs, il est à-tout de quelque couleur que soit la triomphe (voyez Spadille & Baste) ; & quand la triomphe est en noir, en trefle, par exemple, l’as de pique, qui est à-tout par-tout, est la premiere, le deux de trefle la seconde, l’as de trefle la troisieme, & les autres selon leur ordre ordinaire. Et de même en pique, l’as de pique, le deux & l’as de trefle étant les trois premieres cartes du jeu. La couleur rouge n’étant point triomphe, suit cet ordre : le roi, la dame, le valet, l’as, le deux, le trois, le quatre, le cinq, le six, le sept ; quand l’une de ces couleurs est triomphe, le sept est la premiere carte après spadille, & l’as la quatrieme après baste ; quant aux autres cartes, elles gardent l’ordre marqué ci-dessus. Par cette idée de la valeur des cartes, on voit qu’il y a douze à-tous en rouge, & dix en noir seulement, & que le sept, qui est la derniere carte en rouge quand ce n’est pas la triomphe, est la seconde quand elle est triomphe. Après que l’on a tiré les places, & vu à qui à mêler, convenu de la valeur du jeu, & réglé les tours qui se jouent ordinairement au nombre de dix, & qui se marquent en écornant une carte, celui qui mêle ayant fait couper à sa gauche, donne à chacun dix