Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/827

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les majors des régimens, qui s’absentent par semestre ou congé, n’ont que la moitié du fourrage attribué à leur grade ; tous ceux qui n’obtiennent point de relief, après s’être absentés sans congé, ou l’avoir outre passé, perdent le tout.

La fourniture de fourrage se fait aux officiers du jour que les troupes entrent en quartier d’hiver, jusqu’à ce qu’elles se mettent en campagne.

Il n’en est plus fourni aux officiers des troupes qui restent dans leurs quartiers au-delà du dernier Avril ; après les cent cinquante jours du quartier d’hiver, les places du fourrage ne sont plus payées à la cavalerie logée dans les généralités, qu’au prix coutant & sans aucun bénéfice ; alors le tresorier de l’extraordinaire des guerres rembourse à raison de cinq sols pour chaque ration de ces généralités ; elles payent la somme à quoi monte le prix de ces places de fourrages fournis après le quartier d’hiver. Code militaire. (q)

RATIONAL, s. m. (Hist. ecclésiast.) ornement du grand-prêtre chez les Juifs. C’étoit une piece d’étoffe précieuse que le grand-prêtre portoit sur l’estomac, & qui avoit environ une palme en quarré. Voyez Palme.

Les Hébreux le nommoient coschen, & quelquefois coschen michphat, que les septante ont rendu par λογείων & λογείων τῆς κρίσεως, & S. Jerome par rationale & rationale judicii. On ne sait pas bien ce que veut dire coschen à la lettre ; la plûpart des interpretes le dérivent de l’arab casan, qui signifie gros, épais, inégal, comme étoit en effet le rational. On croit qu’on lui donnoit le nom de ratïonal, ou de rational du jugement, parce qu’il découvroit la volonté de Dieu, ou parce que le grand-prêtre qui le portoit étoit le chef de la justice, & se revêtoit de cet ornement quand il prononçoit des jugemens en matiere de conséquence. Calmet, dict. de la Bible, tom. III. lettre au mot rational, pag. 352.

Quoi qu’il en soit, le rational, selon Ducange, étoit un double quarré de quatre couleurs tissu d’or, sur lequel étoient posées en quatre rangs, douze grosses pierres précieuses, dont chacune portoit gravé le nom d’une des douze tribus d’Israel. Le rational étoit double, c’est-à-dire d’un tissu double & épais, ou composé de deux pieces repliées l’une sur l’autre, comme une espece de malle dans laquelle étoient renfermés l’urim & thummin, selon les rabbins. Il étoit attaché sur les épaules par deux chaines & deux crochets d’or. Dieu lui-même avoit prescrit la forme du rational. Exod. xxviij. 15. 29.

Quelques auteurs ont cru que dans la primitive Eglise, les évêques portoient aussi un rational, mais outre qu’on ignore quelle en étoit la forme, il y a grande apparence que ces auteurs l’ont confondu avec le pallium, ou avec un reliquaire que quelques évêques portoient pendu au cou. Voyez Pallium & Reliquaire.

Rational, (Théolog. scholast.) est aussi le titre de différens livres. Le plus considérable est celui que donna Guillaume Durand, célebre théologien scholastique du treizieme siecle, sous le titre de rationale divinorum officiorum. Il l’acheva en 1286, comme lui-même nous l’apprend.

RATIONALIS, s. m. (Littér.) officier de la cour des empereurs romains ; ce mot dans Lampridius en la vie de Sévére Alexandre, qui paroît avoir établi les rationaux dans sa maison, est synonyme à celui de procurator. En ce cas les rationaux étoient des especes d’intendans, ou des gens d’affaires des empereurs.

RATIONARIUM, s. m. (Littérat.) on appelloit ainsi chez les Romains le registre des comptes de l’empire ; on le nommoit autrement breviarium rationum totius imperit, parce qu’on y régistroit les reve-

nus & les dépendances de l’empire romain. (D. J.)

RATIONNEL, adj. terme sort en usage dans plusieurs parties des Mathématiques, & qu’on emploie en plusieurs sens différens.

Horison rationnel, ou vrai, est celui dont le plan passe par le centre de la terre, & qui divise par conséquent le globe en deux hémispheres ou portions égales. Voyez Horison.

On l’appelle rationnel parce qu’on ne le conçoit que par l’entendement, par opposition à l’horison sensible, ou apparent, qui est sensible à la vue.

Nombre entier rationnel est celui dont l’unité est une partie aliquote. Voyez Nombre & Aliqote.

Nombre mixte rationnel est celui qui est composé d’un entier & d’une fraction, ou d’une unité & d’un nombre rompu. Voyez Fraction.

Les quantités commensurables sont celles qui sont entre elles comme un nombre rationnel à un autre nombre rationnel (voyez Commensurable.) ; car l’unité est une partie aliquote d’un nombre rationnel ; & une fraction a quelque partie aliquote commune avec l’unité : donc si des qualités sont entre elles comme un nombre rationnel à un autre nombre rationnel, ou l’une est une partie aliquote de l’autre, ou il y a quelque partie aliquote commune aux deux ; d’où il suit qu’elles sont commensurables.

La division d’un nombre rationnel par un autre de même espece donne un quotient rationnel.

Quantité rationnelle est une quantité commensurable avec son unité. Voyez Nombre & Unité.

Supposons qu’une quantité soit 1, il y en a une infinité d’autres qui lui seront commensurables ; ce sont ces quantités qu’Euclide appelle rationnelles.

Il appelle irrationnelles ou sourdes, celles qui sont incommensurables avec l’unité, comme la racine quarrée de 2, &c. Voyez Incommensurable.

Rapport rationnel, est celui dont les termes sont des quantités rationnelles, ou un rapport entre des quantités qui sont entre elles comme nombre à nombre, par exemple, le rapport de 3 à 6. Voyez Rapport.

L’exposant d’un rapport rationnel est une quantité rationnelle. Voyez Exposant. Chambers. (E)

RATIS, s. m. terme de Boucher ; les Bouchers appellent ainsi la graisse qu’ils ôtent des boyaux des animaux qu’ils tuent, particulierement des boyaux du bœuf. Ils lui ont donné ce nom, parce qu’ils la ratissent avec un couteau, que de son usage ils nomment couteau aux ratis. Ils appellent aussi table aux ratis, une petite table sur laquelle ils dégraissent les boyaux. Ces ratis fondus font une partie des suifs qu’ils vendent aux chandeliers & aux courroyeurs. Savary.

Ratis, (Poids.) ce mot s’entend du poids dont on se sert pour peser les diamans à la mine de Soumelpour, dans le royaume de Bengale. Le ratis est de sept huitiemes de carat, c’est-à-dire trois grains & demi. On se sert du même poids dans tout l’empire du Mogol ; & l’on s’en sert aussi pour peser les perles. Savary.

RATISBONNE, (Géograph. mod.) en allemand Regensburg ; ville d’Allemagne dans la Baviere, au confluent de la Nab & du Regen avec le Danube, à 25 lieues au nord de Munich, à 26 au nord-est d’Augsbourg, & à 20 sud-est de Nuremberg. Elle est fort ancienne, & sa situation sur trois rivieres la rend commerçante. Il y a dans cette ville une sale où se tiennent les dietes générales de l’empire. La cathédrale est dédiée à S. Pierre. L’évêque, qui est suffragant de Saltzbourg, est prince de l’empire, ainsi que les abbesses de deux abbayes de filles qui sont dans cette ville, outre plusieurs autres communautés religieuses ; mais les luthériens y sont nombreux, & ont un consistoire de leur religion depuis 1555. L’ordre