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rive guere que la reproduction se fasse, si les choses restent dans l’état où elles sont. Mais ce qui est fort étonnant, c’est qu’elles ne restent pas dans le même état ; car au bout de deux ou trois jours, si on visite les écrevisses à qui cette mutilation est arrivée, on leur trouvera de plus les autres articulations retranchées jusqu’à la quatrieme : & il y a apparence qu’elles se sont fait elles-mêmes cette opération, pour rendre la reproduction de leur jambe plus certaine.

La partie reproduite, non-seulement est configurée comme celle qui a été retranchée, mais elle est même au bout de quelque tems tout aussi grosse. C’est ce qui fait qu’on voit souvent des écrevisses qui ont deux jambes de différente grosseur, mais proportionnées dans toutes leurs parties. On peut juger à coup sûr que la plus petite est une jambe reproduite.

Si la partie reproduite est encore rompue, il se fait une seconde reproduction.

L’été qui est la seule saison de l’année où les écrevisses mangent, est le tems le plus favorable pour la reproduction de leurs membres. Elle se fait alors en quatre ou cinq semaines ; au-lieu que dans d’autres saisons, elle ne se fait qu’en huit ou neuf mois. Leurs petites jambes se reproduisent aussi, mais plus rarement & plus lentement que les grosses. Les cornes se reproduisent de même. V. mem. de l’acad royal. des Sc. an 1712, p. 295. & hist. de la même année, p. 45. & année 1718, p. 31. Voyez aussi Yeux d’ecrevisses.

REPROMETTRE, v. act. (Gram.) promettre une seconde fois. Voyez Promettre & Promesse.

REPROUVER, v. act. (Gram.) prouver de-rechef. Voyez Preuve & Prouver.

RÉPROUVER, (Critiq. sacrée.) c’est rejetter une chose ou une personne dont on s’étoit d’abord servi ; la pierre que les architectes ont réprouvée (reprobaverant), est devenue la principale pierre de l’angle. Matt. xxj. 42. Cette pierre angulaire est J. C. Réprouver veut dire encore juger mal de quelqu’un, le condamner ; ainsi les réprouvés, dans l’Ecriture, sont les méchans, les impénitens que Dieu condamne. (D. J.)

REPTILES, dans l’Histoire naturelle, est le nom de certains animaux ainsi dénommés, parce qu’ils rampent & marchent sur le ventre ; ou bien les reptiles sont une sorte d’animaux & d’insectes, qui au lieu de marcher avec des piés, portent sur une partie de leur corps, tandis que le reste s’avance ou s’élance en-devant. Voyez Animal, Insecte, &c.

Ce mot est formé du mot latin repo, ramper. Tels sont les vers de terre, les chenilles, les serpens, &c. Il est pourtant vrai que la plûpart des reptiles ont des piés. Seulement ils les ont petits, & les jambes courtes, à proportion de la grosseur de leur corps. Voyez Pied & Jambe.

Les observateurs naturalistes ont fait une infinité de découvertes admirables sur la motion des reptiles. Ainsi le ver de terre en particulier, à ce que nous apprend M. Willis, a tout le corps entouré d’un bout à l’autre, de muscles annulaires ; ou, comme s’exprime M. Derham, le corps du ver de terre n’est d’un bout à l’autre, à sa surface extérieure, qu’un muscle spiral continu, dont les fibres orbiculaires, en se contractant, rendent chaque anneau plus étroit & plus long qu’auparavant ; au moyen de quoi, semblable à une tariere, il perce la terre pour s’y faire un passage. La motion de ce reptile peut encore être comparée à un fil de fer roulé en spirale sur un cylindre, dont un des bouts, si on le lâche, va se rapprocher de l’autre qui est arrêté & tenu ferme. Car de même le ver-à-soie, après qu’il a alongé ou étendu son corps, se replie sur lui-même, en s’appuyant sur les petits piés qu’il a : ces piés sont au ver ce qu’est au fil de fer roulé en spirale, le bout par où il est arrêté ; c’est son point d’appui. Ils sont rangés

de quatre en quatre tout le long de son corps ; & il s’en sert comme de crochets, pour attacher sur un plan, tantôt une partie de son corps, tantôt une autre ; c’est en même tems pour pousser en avant sa partie antérieure, en l’alongeant, & amener sa partie postérieure en la contractant.

Le serpent rampe un peu différemment ; aussi la structure de son corps est-elle différente ; car il a le long du corps une enfilade d’os qui sont tous articulés les uns avec les autres. Son corps ne rentre pas en lui-même : mais il forme des circonvolutions. Tandis qu’une partie de son corps porte à terre, il en élance une autre en avant, laquelle à son tour se posant sur la terre, oblige le reste du corps de suivre. L’épine de son dos, différemment torse, fait le même effet, lorsqu’il saute, que les jointures des piés dans les autres animaux ; car ce qui les fait sauter, sont les muscles de leur dos qui s’étendent & se développent.

Il y a un préjugé assez général sur la plûpart de ces animaux : c’est que coupés par pieces, ils reprennent ; il est sûr que les parties séparées conservent du mouvement & de la vie long tems après la séparation ; que leur organisation est beaucoup plus simple que celle de la plûpart des autres animaux ; qu’ils n’en satisfont pas moins bien aux deux grandes fonctions de l’animalité, la conservation & la reproduction, & qu’à les examiner de près, on est porté à croire que la sensibilité est une propriété générale de la matiere.

Reptile se dit aussi abusivement des plantes & des fruits qui rampent à terre, ou qui se marient à d’autres plantes, n’ayant pas des tiges assez fortes pour les soutenir : telles sont les concombres, les melons : telles sont aussi la vigne, le lierre, &c.

RÉPUBLICAIN, s. m. (Gram.) citoyen d’une république. Il se dit aussi d’une homme passionné pour cette sorte de gouvernement. Voyez l’article suivant.

RÉPUBLIQUE, s. f. (Gouvern. polit.) forme de gouvernement, dans lequel le peuple en corps ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance. Reipublicæ forma laudari faciliùs quàm evenire, & si evenit, haud diuturna esse potest, dit Tacite, annal. 4.

Lorsque dans la république le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, c’est une aristocratie. Voyez Démocratie, Aristocratie.

Lorsque plusieurs corps politiques se réunissent ensemble pour devenir citoyens d’un état plus grand qu’ils veulent former, c’est une république fédérative. Voyez République fédérative.

Les républiques anciennes les plus célebres sont la république d’Athènes, celle de Lacédémone, & la république romaine. Voyez Lacédemone, République d’Athenes, & République romaine.

Je dois remarquer ici que les anciens ne connoissoient point le gouvernement fondé sur un corps de noblesse, & encore moins le gouvernement fondé sur un corps législatif formé par les représentans d’une nation. Les républiques de Grece & d’Italie étoient des villes qui avoient chacune leur gouvernement, & qui assembloient leurs citoyens dans leurs murailles. Avant que les Romains eussent englouti toutes les républiques, il n’y avoit presque point de roi nulle part, en Italie, Gaule, Espagne, Allemagne ; tout cela étoit de petits peuples ou de petites républiques. L’Afrique même étoit soumise à une grande : l’Asie mineure étoit occupée par les colonies greques. Il n’y avoit donc point d’exemple de députés de villes, ni d’assemblées d’états ; il falloit aller jusqu’en Perse pour trouver le gouvernement d’un seul.