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ce qui est d’autant plus nuisible, s’il y a un grand nombre de malades renfermés dans le même lieu. Voyez Hopital, Prison.

On ne peut aussi trop faire attention à la maniere dont les malades sont couverts dans leurs lits : ils ne doivent l’être précisément qu’autant qu’il le faut pour leur procurer une chaleur tempérée ; on ne doit pas non plus les retenir continuellement au lit dans les tems de la maladie, où les forces leur permettent de rester levés plus ou moins dans le cours de la journée, ce qui leur est extrêmement salutaire, (excepté dans les cas de disposition actuelle à une sueur critique. Voyez Sueur.) Le contraire leur est extrèmement désavantageux, puisque l’on pourroit rendre malade l’homme qui se porte le mieux, si on le forçoit à se tenir au lit bien chaudement pendant plusieurs jours de suite ; ensorte qu’il n’est pas d’abus dans le régime des plus pernicieux que de les tenir trop au lit, de les y tenir trop couverts & dans un air trop chaud, dans un air étouffé ; ce que les médecins ont bien de la peine à empêcher, parmi les femmelettes sur-tout, à qui on confie ordinairement le soin des malades, & même parmi les gens au-dessus du commun : car, en général, au grand désagrément des médecins, dans tous les états, presque tout le monde est aussi peu instruit & pense comme le peuple pour ce qui regarde l’exercice de la médecine ; si peu on cherche, hors de la profession qui y est destinée, à acquérir des connoissances sur ce qui a rapport à l’œconomie animale, à la physique du corps humain, à la conservation de la santé, au régime propre pour la maintenir & se préserver des maladies ; connoissances les plus intéressantes & les plus utiles que l’on puisse avoir relativement à cette vie. Voyez Médecine.

RÉGIMENT, s. m. terme de guerre ; est un corps de troupes composé de plusieurs compagnies de cavalerie ou de gens de pié, commandé par un mestre de camp si c’est un régiment de cavalerie, ou par un colonel si c’est un régiment d’infanterie. Voyez Colonel & Mestre de camp.

Il n’y a rien de fixe sur le nombre de compagnies dont un régiment est formé, ni sur le nombre d’hommes dont chaque compagnie est composée. Voyez Compagnie.

Il y a des régimens de cavalerie qui ne passent pas 300 hommes, & il y en a en Allemagne qui vont jusqu’à 2000. Le régiment de Picardie a monté quelquefois jusqu’à 120 compagnies ou 6000.

Quelques-uns prétendent que la cavalerie n’a point été enrégimentée avant l’an 1636 ou 1637, que les compagnies étoient alors détachées & ne faisoient point ensemble les corps de troupes qu’on appelle régimens. Voyez Cavalerie. Chambers.

Bien des gens pensent que l’institution des régimens fut faite en France sous Charles IX, mais le P. Daniel prétend qu’elle se fit sous le regne de Henri II. Il convient que le nom de régiment devint plus commun sous Charles IX, que sous ses prédécesseurs ; mais que ce qui caractérise le régiment, subsistoit avant l’établissement de ce mot. Voyez Légions.

La plûpart des régimens françois portent le nom des provinces du royaume, mais ils ne sont pas pour cela composés des habitans de la province dont ils ont le nom ; les soldats en sont pris indifféremment de toutes les provinces du royaume.

Le régiment des gardes françoises est le premier de tous les régimens ; outre le service de guerre, il est destiné à garder les dehors du logis du roi. Il fournit pendant toute l’année une garde nombreuse chez sa majesté, qui se releve tous les quatre jours ; le reste du régiment ne s’éloigne ordinairement du lieu où est le roi, que pendant la guerre. Il est composé de 30 compagnies de fusiliers, & de 3 compagnies de grena-

diers. Les capitaines aux gardes ont rang de colonels

d’infanterie, comme s’ils commandoient des régimens.

L’on appelle vieux corps dans l’infanterie, les six régimens qui ont rang immédiatement après celui des gardes, parce qu’ils sont réputés les plus anciens ; ils étoient toujours entretenus sur pié dans les tems où les autres troupes étoient réformées.

Les régimens de Champagne, Navarre & Piémont, n’étant point convenu de leur ancienneté, il a été reglé depuis long-tems, qu’ils jouiroient alternativement chaque année des prérogatives de l’ancienneté ; c’est ce qu’on appelle rouler dans l’infanterie.

Dans l’infanterie, les régimens ne changent point de rang, quoique les princes en deviennent colonels.

On appelle régimens royaux dans la cavalerie, ceux dont le roi, la reine & les enfans de france sont colonels ; on les appelle aussi régimens bleus, parce qu’ils sont habillés de bleu, à l’exception de celui de la reine qui est vêtu de rouge ; ils sont commandés par un mestre de camp lieutenant, qui a même rang que les mestres de camp. Ces régimens, depuis leur création, ont été conservés dans le même rang, nonobstant la mort des princes de france qui en étoient colonels.

On appelle régimens de princes ceux qui ont pour colonels des princes du sang, ou légitime de France ; ils ont à leur tête, outre le prince qui en est colonel, un mestre de camp lieutenant. Ils sont vêtus de gris & ils changent de nom & de rang à la mort des princes qui en sont colonels.

Régimens de gentilhommes, sont les régimens de cavalerie qui ont pour colonel un gentilhomme dont ils portent le nom. Leur rang ne change point. Voyez Colonel, & Officiers. (Q)

REGINA, (Géog. anc.) 1°. ville d’Espagne dans la Bétique : Ptolomée, liv. II. c. iv. qui la donne aux Turdétains, la marque entre Contrebuta & Cursus. Pline, l. III. c. j. connoit aussi cette ville dont les habitans sont appellés réginentes dans une ancienne inscription. On croit que c’est la même ville que l’itinéraire d’Antonin nomme Regiana. Le nom moderne est Reyna, suivant Ambr. Moralis. 2°. ville de la premiere Moësie, selon la notice des dignités de l’empire. sect. 3. (D. J.)

RÉGION, en Physique, se dit de trois différentes hauteurs dans l’atmosphère, qu’on appelle la haute région, la moyenne région, ou du milieu, & la basse région. Voyez Atmosphere.

La basse région est celle où nous respirons ; elle se termine à la plus petite hauteur où se forment les nuages & autres météores.

La moyenne région est celle où résident les nuages & où se forment les météores ; elle s’étend depuis l’extrémité de la basse, jusqu’aux sommets des plus hautes montagnes. V. Météore, Nuage, Montagne, &c.

La région supérieure commence depuis les sommets des plus hautes montagnes, & a pour limites celles de l’atmosphere même. Dans cette derniere regnent un calme, une pureté & une sérénité perpétuelle. Voyez Air. Chambers.

Région, en Anatomie, marque les divisions du corps humain. Voyez Corps.

Les anatomistes partagent le corps en trois régions ou ventres. Voyez Ventre.

La région supérieure est la tête, qui s’étend jusqu’à la premiere vertebre, où sont contenues les organes animaux, le cerveau, &c. Voyez Tête.

La seconde région, ou région du milieu, est la poitrine & le thorax, qu’Hippocrate appelle le ventre supérieur, qui s’étend depuis les clavicules jusqu’au diaphragme, & où sont contenues les parties vitales telles que le cœur, les poumons, &c. Voyez Cœur, Poumons, &c.

La troisieme ou basse région est le bas ventre où sont les parties naturelles destinées à la digestion &