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quelques gouttes d’huile d’œuf, l’huile d’œuf, la bouse de vache, la fiente humaine.

Après les résolutifs, les frictions chaudes avec des linges chargés de fumigation, de succin & d’oliban, ou d’autres pareilles, feront des effets merveilleux.

Le rhumatisme froid, l’œdemateux, & celui qui est avec infiltration, se guérissent par des remedes plus actifs. Dans le froid simple, on saigne, mais peu ; dans l’œdémateux, on ne saigne point, ou rarement ; on passe tout de suite, après avoir purgé vivement avec les résines, le jalap, le méchoacan, le diagrede, le turbith gommeux ; on passe, dis-je, aux forts résolutifs, tels que l’eau-de-vie chargée de savon, l’eau de boule, l’eau ou la décoction de sarmens, les lessives alkalines, l’huile volatile de corne de cerf, l’esprit-de-vin camphré mêlé avec le baume tranquille, le baume de fioraventi.

Si ces remedes sont indiqués, on en fait des embrocations sur la partie devant un grand feu ; on la frotte long-tems auparavant avec des serviettes chaudes, ensuite on continue même après l’application, on recouvre le tout avec le papier gris & des serviettes chaudes ; après quoi on met le malade dans son lit bien bassiné.

Si cela ne suffit pas, on emploie les ventouses scarifiées sur la partie, on applique aussi les vésicatoires, le cautere actuel & potentiel, voyez les articles. Enfin on emploie tous les remedes externes capables de résoudre, discuter & fortifier. Et comme ce mal est long, ennuyeux & souvent incurable, il faut avoir les égards suivans. 1° On doit éviter d’employer des remedes violens dans le premier instant ; il faut aller par degré, & commencer par les adoucissans & anodins les plus énergiques, & passer ensuite aux plus doux résolutifs, & de-là à de plus forts. 2° Comme le mal est long, il faut éviter d’ennuyer par le même remede, & savoir changer pour augmenter l’espoir du malade & ne pas le rebuter. 3° Il faut employer les remedes internes avec les externes, les purgatifs doivent être souvent réïtérés ; & enfin on doit humecter, délayer & adoucir les humeurs avec le lait coupé, le petit-lait, les tisanes sudorifiques, antiscorbutiques & céphaliques.

Nota, 1° que souvent le rhumatisme se complique avec la goutte, & que quelquefois il disparoît & se jette sur des parties internes ; ce qui est un coup de mort : il faut alors traiter la maladie secondaire. Voyez Goutte.

Nota, 2° que le rhumatisme demande un régime égal, exact & suivi, & que si on ne le guérit pas, c’est que les malades trop gourmands & le medecin trop complaisant laissent empirer le mal, & le rendent incurable.

RHUMB, s. m. (terme de Navigation.) c’est un cercle vertical quelconque d’un lieu donné, ou l’intersection de ce cercle avec l’horison. Voyez Vertical.

Par conséquent les différens rhumbs répondent aux différens points de l’horison. Voyez Horison.

C’est pour cela que les marins donnent aux différens rhumbs les mêmes noms qu’aux différens vents & aux différens points de l’horison. Voyez Vent.

On compte ordinairement 32 rhumbs, que l’on représente par 32 lignes tirées sur la carte, & qui partant d’un même centre, occupent à distances égales, toute l’étendue du compas. Voyez Compas.

Aubin définit le rhumb, une ligne tirée sur le globe terrestre, ou sur une carte marine, pour représenter un des 32 vents qui peuvent conduire un vaisseau. De sorte que le rhumb que suit un vaisseau, est regardé comme sa route.

Les rhumbs se divisent & se subdivisent d’une maniere analogue aux points auxquels ils répondent. Ainsi le rhumb répond à un point cardinal, le demi-

rhumb au point collatéral, c’est-à-dire, qui est éloigné du premier de 45 degrés ; le quart de rhumb fait

avec celui-ci un angle de 22°. 30′, & le demi-quart de rhumb fait un angle de 11°. 15′ avec le quart de rhumb. Voyez Cardinal, Collatéral, &c.

Ligne du rhumb ou loxodromie, terme de navigation, qui signifie la courbe que décrit un vaisseau, en conservant toujours le même rhumb, c’est-à-dire, en faisant toujours le même angle avec le méridien.

Cet angle est appellé angle de rhumb ou angle loxodromique. Voyez Loxodromie & Loxodromique.

L’angle que fait la ligne du rhumb avec une parallele quelconque à l’équateur, est appellé complément du rhumb. Voyez Complement.

Si le vaisseau fait voile nord & sud, il fait alors un angle infiniment petit avec le méridien, c’est-à-dire, il lui est parallele, ou plutôt il vogue sur le méridien même. S’il fait voile est & ouest, il coupe tous les méridiens à angles droits.

Dans le premier cas, il décrit un grand cercle ; dans le second, il décrit, ou l’équateur, ou un parallele ; si le chemin du vaisseau est entre les points cardinaux, ce n’est point un cercle qu’il parcourt, puisqu’un cercle décrit sur la surface du globe ne peut couper à angles égaux tous les méridiens. Par conséquent il décrit une autre courbe dont la propriété est de couper tous les méridiens sous le même angle. Cette courbe est celle qu’on nomme loxodromie, ou ligne du rhumb.

C’est une espece de spirale analogue à la spirale logarithmique, & qui, comme elle, fait une infinité de tours, avant d’arriver à un certain point vers lequel elle tend, & dont elle s’approche continuellement. Voyez Spirale & Logarithmique.

Le point asymptotique de la loxodromique est le pole, auquel elle ne peut jamais arriver, quoiqu’elle s’en approche aussi près qu’on veut. Voyez Pole.

La ligne que décrit un vaisseau poussé par un vent qui fait toujours le même angle avec le méridien, est une loxodromie, excepté dans les deux cas dont nous avons parlé ci-dessus. Cette ligne est l’hypothenuse d’un triangle rectangle dont les deux autres côtés sont le chemin du vaisseau en latitude & en longitude. La latitude est connue par observation. Voyez Latitude ; & l’angle du rhumb avec l’un ou l’autre des deux côtés du triangle, est connu par le compas qui sert à cet usage. Voyez Compas.

Par conséquent tout ce qu’il est nécessaire de calculer, est la longueur de la ligne du rhumb, ou, ce qui est la même chose, le chemin que le vaisseau parcourt. Voyez Navigation & Lock.

Si PA, PF, PG, Planch. navig. fig. 7, sont supposés des méridiens, AI l’équateur, BE, KL, M N des paralleles, AO représentera la loxodromique dont les angles avec les méridiens sont égaux, & différens par conséquent de ceux d’un grand cercle, puisqu’un grand cercle coupe les méridiens à angles inégaux ; d’où il s’ensuit que cette courbe n’est point un grand cercle de la sphere. Par conséquent, si la premiere direction du vaisseau est vers E (ensorte que l’on fasse passer par cette premiere direction un grand cercle qui coupe en E le méridien PE), & que le vaisseau continue à courir sous le même rhumb, il n’arrivera jamais en E, mais à un point O, qui sera plus éloigné de l’équateur.

Or comme le plus court chemin d’un point à un autre de la surface d’une sphere est un arc de grand cercle qui passe par les deux points, il est évident que la loxodromie n’est pas le plus court chemin entre deux points donnés, ou la plus courte distance d’un lieu à un autre.

Usage de la loxodromie dans la navigation. 1°. Les parties de courbe AI & AG, fig. 8, sont entr’elles