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extrémités du corps, sans presque sentir de douleur & sans hémorrhagie ; ensorte qu’on a vû de ces pauvres misérables à l’hôtel-dieu d’Orléans, à qui il ne restoit que le tronc, & qui ont encore vécu en cet état pendant plusieurs jours.

Comme l’ergot ne produit pas tous les ans ces fâcheux accidens, Langius a pensé qu’il pouvoit y avoir de deux sortes d’ergots ; l’un qui n’est point pernicieux, & l’autre qui occasionne la gangrene dont nous venons de parler. Il est cependant probable qu’il n’y a qu’une espece d’ergot, & que ce grain ne fait point de mal, 1°. quand les paysans ont soin de cribler attentivement leur grain ; 2°. quand il y a naturellement peu d’ergot mêlé avec le bon grain.

On prétend encore que l’ergot perd sa mauvaise qualité quand on l’a gardé un certain tems ; mais aussi c’est pour cette raison que les paysans doivent être attaqués de cette gangrene dans les années de disette, parce qu’alors ils consomment leur récolte presque aussi-tôt qu’ils ont fini la moisson. Du Hamel, traité de la culture des terres, tome IV. (D. J.)

Seigle, (Commerce.) Le seigle se vend par last, contenant 27 sacs & demi d’Amsterdam, 19 septiers de Paris, trois quarts de septiers de Rouen, & 17 razieres de Flandres. Quand le seigle est sec, le last pese ordinairement 3300 livres ; s’il n’est pas sec, 4200 livres. Dictionn. du Comm. (D. J.)

SEIGNELAY, (Géogr. mod.) en latin des chartres Siliniacum, bourg de France en Bourgogne, au diocèse d’Auxerre, à un quart de lieue des rivieres d’Yonne & de Serain. Ce bourg a été érigé en marquisat en faveur de M. Colbert, & c’étoit le moindre de ses titres. (D. J.)

SEIGNEUR, (Gram. & Jurispr.) signifie en général celui qui a quelque puissance ou supériorité politique sur d’autres personnes.

Ce terme de seigneur vient du latin senior, parce qu’anciennement chez presque toutes les nations, les vieillards étoient ceux qui gouvernoient les autres.

C’est ainsi que chez les Hébreux & les Juifs senes populi ac magnates ou judices, étoient synonymes, & signifioient les magistrats & juges qui gouvernoient le peuple.

De même, chez les Romains le sénat fut ainsi appellé à senio.

C’est de-là que le titre de seigneurs est demeuré aux princes, aux prélats & aux autres grands de l’état, grands du royaume, aux officiers des cours souveraines & autres personnes, qui ne tirent ce titre que de leur office ou fonction.

On entend aussi par le terme de seigneur celui qui tient en fief la justice d’un lieu, ou qui possede quelqu’héritage, soit en fief ou en franc-aleu.

Les seigneurs sont de plusieurs sortes ; les grands & les moindres.

Les grands seigneurs étoient anciennement appellés leudes & fideles regni, les féaux, vavassores, vassalli dominici.

Présentement les grands seigneurs sont les princes souverains ou ceux qui ont le titre de prince, sans néanmoins être souverains, les ducs, les comtes, les marquis, les barons.

Les moindres seigneurs sont tous les autres seigneurs, soit titrés, tels que les vicomtes, vidames, châtelains, ou non titrés, comme les simples seigneurs justiciers ou de fief. Voyez ci-après le mot Seigneurie. (A)

Seigneur bas-justicier, est celui qui ne tient en fief que la basse-justice. Voyez Justice.

Seigneur censier, ou censuel, est celui qui a donné un héritage, à la charge d’un cens, & auquel le payement de ce cens est dû.

Seigneur-foncier, ou Chef-Seigneur, ou

très-foncier, est le premier seigneur ou propriétaire de l’héritage, celui qui a la plus ancienne redevance fonciere imposée sur cet héritage. Voyez l’auteur du grand Coutumier, liv. IV. tit. de justice-fonciere, Dumoulin, Loyseau.

Seigneur direct, ou féodal, est celui duquel un héritage releve, soit en fief ou en censive. Voyez Seigneur féodal, foncier, Direct & Seigneurie.

Seigneur dominant, est celui dont un fief releve directement & immédiatement. On l’appelle ainsi par opposition au vassal qui est appellé seigneur du fief servant. Coutume de Paris, art. li. & lviij.

Seigneur ecclésiastique, est un bénéficier qui possede quelque seigneurie attachée à son bénéfice.

Seigneur engagiste, est celui qui tient du roi quelque terre ou seigneurie, à titre d’engagement, c’est-à-dire, sous faculté perpétuelle de rachat. Voyez Domaine, Engagement & Engagiste.

Seigneur féodal, ou feudal, ou Seigneur de fief, est celui qui tient un héritage en fief.

On entend souvent par ce terme le seigneur dominant, relativement au vassal.

Seigneur de fief, est celui qui est propriétaire d’un fief, c’est-à-dire, qui tient d’un autre seigneur un bien, à la charge de la foi & hommage. Voyez Fief, Foi, Hommage

Seigneurs des fleurs-lys ; on appelloit ainsi anciennement ceux qui tenoient le parlement, à cause qu’ils siégeoient sur les fleurs de lys. Voyez les Ordonnances de la troisieme race, tome III. p. 48 de la préface.

Seigneur foncier, ou très-foncier, est celui qui a la plus ancienne redevance fonciere sur un héritage. Voyez la coutume d’Orléans, art. ccxiv. cccxxvij. la Marche, art. cxxxiv. L’oyseau, du déguerpissem. liv. I. ch. v. n. 11.

Seigneur gagier ; c’est ainsi qu’en quelques pays l’on appelle le seigneur engagiste. Voyez Stokman. décis. 90.

Seigneur haut & puissant, est le titre que prennent les grands du royaume & ceux qui possedent des seigneuries titrées.

Ce titre paroît imité de ces braves qui étoient auprès du roi, & que Grégoire de Tours appelle fortes. Voyez Morery, tom. I. pag. 72.

Personne ne doit régulierement prendre ce titre, qu’il n’y soit fondé. Et dans les foi & hommages, aveux & dénombremens qui se rendent aux chambres des comptes, quand on trouve ce titre pris par quelqu’un qui ne paroît pas y être fondé, on ordonne qu’il en justifiera.

Seigneur haut-justicier, est celui qui tient en fief une haute-justice. Voyez Justice & Jurisdiction.

Seigneur jurisdictionnel, est celui qui a la justice. Ce terme paroît usité au parlement de Grenoble, pour dire seigneur justicier, ainsi qu’on peut le voir dans Chorier, en sa jurisprudence de Guypape, pag. 94.

Seigneur libre, ou plutôt libre Seigneur, titre que prend le seigneur de Saint-Maurice dans le Mâconnois, terre possédée depuis plus de six cens ans par la maison de Chevriers, avec une partie du péage de Mâcon en fief-lige. François Léonard, marquis de Chevriers, & Claude-Joseph, son pere, sont qualifiés l’un & l’autre libre seigneur de saint Maurice. Voyez le Mercure de Juin 1749, tome I. page 212. Ce titre de libre seigneur peut signifier que cette terre est un franc-aleu, ou qu’elle n’est tenue qu’à simple hommage & non en fief-lige, comme la portion du péage de Mâcon que le même seigneur tient en fief-lige.