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loi, lorsque le pere a fait une substitution vulgaire à son fils ; on présume qu’il a aussi eu intention de lui substituer le même héritier, au cas que cet enfant décéde avant l’âge de puberté. Voyez au digeste le tit. de vulg. & pupill. substit.

Substitution quasi pupillaire, est la même que la substitution exemplaire ; c’est celle qui se fait à un majeur, furieux & imbécille. Voyez ci-devant Substitution exemplaire.

Substitution réciproque, est celle par laquelle deux personnes sont appellées l’une au défaut de l’autre, comme si le testateur dit : « J’institue Jean & Jacques ; & au défaut de chacun d’eux, ses enfans ; & au défaut de l’un & de ses enfans, ce sera l’autre, ou à son défaut les siens ». Voyez Substitution breviloque.

Substitution retardée ou Graduelle retardée, est celle où pour prolonger indirectement le fidei-commis d’un degré, on nomme pour héritier le petit-fils, ne laissant au pere qu’un simple usufruit. Voyez les traités de M. Davot, sur le Droit françois, tom. V. pag. 574.

Substitution simple, est une substitution fideicommissaire où le fidei-commis ne doit opérer qu’une fois, à la différence de la substitution graduelle où il opere successivement au profit de plusieurs personnes l’une après l’autre. Voyez Substitution graduelle.

Substitution tacite, est celle qui, quoique n’étant point écrite, s’ensuit néanmoins de la disposition, soit par une présomption légale & de droit, soit par une présomption tirée des termes du testament ou de la donation ; il y a des cas où l’on admet une substitution vulgaire, tacite, & quelquefois aussi une pupillaire tacite.

Substitution universelle, est celle qui comprend tous les biens du testateur ou donateur, ou même seulement une portion ou quotité, ne fût-ce qu’un douzieme, un vingtieme, & la quarte trebellianique ne se prend que sur la substitution fidei-commissaire universelle.

Substitution vulgaire ou commune, est celle par laquelle le testateur ou donateur institue un second héritier au défaut du premier, pour empêcher que la premiere institution ne soit caduque. Cette seconde institution se fait pour avoir lieu seulement dans le cas où le premier institué ne sera pas héritier, soit qu’il ne veuille pas l’être, ou qu’il ne le puisse ; ce qui renferme le cas du prédécès, & toute autre capacité & le refus.

On peut substituer de même un troisieme héritier au défaut du second, & même plusieurs autres.

Quand le premier institué se porte héritier, la substitution vulgaire devient caduque, & ainsi du troisieme ou quatrieme héritier, quand le précédent accepte.

On peut substituer de même à un légataire.

Cette sorte de substitution a lieu principalement dans le pays de droit écrit & autres, où les institutions d’héritier sont nécessaires pour la validité du testament ; mais dans les pays coutumiers où les institutions d’héritier ne valent que comme des legs universels, les substitutions vulgaires ne se pratiquent que pour subroger le substitué au-lieu de l’institué, au cas que celui-ci ne veuille ou ne puisse recueillir l’institution ou legs fait à son profit. Voyez au dig. le tit. de vulg. & pupill. substit. (A)

SUBTERFUGE, s. m. (Gram.) moyen injuste & détourné dont on use pour échapper à la pénétration, à la justice, à la correction.

SUBTIL, adj. en Physique, signifie un corps extremement petit, fin & délicat ; tels que sont les esprits animaux, les émanations des corps odorans, &c. Voyez Esprit, Ecoulemens, Emanations, &c.

Une portion de matiere n’est plus subtile qu’une autre, qu’en se qu’elle ce divise en parties plus petites ; ces parties s’insinuent plus aisément dans les pores des autres corps. Voyez Particule, &c.

Les Cartésiens prennent pour leur premier élément une matiere subtile. Voyez Cartésianisme, Élément & Matiere subtile.

Ils la supposent si excessivement fine, qu’elle pénetre les plus petits pores du verre & des autres corps solides ; & il prétendent expliquer par son moyen la plûpart des phénomenes de la nature. Voyez Vuide, Plein, &c. Chambers. (O)

Subtil, mal subtil, (Fauconnerie.) maladie qui arrive aux oiseaux de proie, & dans laquelle ils sont affamés, quoiqu’on leur donne toujours à manger.

SUBTILES, (Hist. nat.) oiseaux de la nouvelle Espagne, qui sont des especes de corneilles ; ils sont de la grosseur d’un pigeon ; leur plumage est noirâtre, mais leur bec & le bout de leurs aîles sont jaunâtres ; leurs nids sont suspendus à l’extrémité des branches des plus grands arbres, auxquelles on croiroit qu’ils ne sont point attachés, ils n’y tiennent que par des fils ou brins d’une herbe fort longue, dont le nid lui-même est formé & est très-artistement entrelacé : à l’un des côtés du nid est une ouverture, qui sert d’entrée à l’oiseau. On voit quelquefois jusqu’à trente de ces nids sur un même arbre.

SUBTILITÉ, s. f. (Gram.) qualité qui fait appeller une chose subtile. Voyez Subtil. Il se prend au simple & au figuré. On dit la subtilité de la matiere, la subtilité de l’eau, de l’air, du feu, de la poussiere ; la subtilité de l’esprit ; la subtilité du raisonnement. Il se prend plutôt en mauvaise part qu’en bonne. Dans les hommes, on se méfie de la subtilité ; dans les choses, il s’oppose à la solidité, & il se joint à presque toutes ses acceptions une idée de petitesse.

SUBUCULA, s. f. (Littérat. rom.) c’étoit chez les Grecs l’habit de dessous, indusium, ὑποδύτης. Depuis que les Romains prirent une seconde tunique, on appella celle de dessus tunica superaria, ἐπενουτης, & celle de dessous tunica subucula ; celle-ci étoit de lin, & répondoit à nos chemises d’aujourd’hui ; une chemise de lin usée se nommoit subucula trita. (D. J.)

SUBVENIR, v. n. (Gram.) secourir, soulager. J’étois dans la détresse, il ne dédaigna pas de connoître ma misere & d’y subvenir. Ma grande-mere resta veuve à trente-trois ans, & elle avoit eu vingt-deux enfans, huit dans les quatre premieres couches ; il lui en restoit dix-neuf vivans autour de sa table. Je ne sais comment elle parvint à les élever & à subvenir à tous leurs besoins, avec le peu de fortune qu’elle avoit. De tant d’enfans, aucun n’est parvenu au-delà de soixante & quinze ans : je n’en ai jamais vu que trois ; je suis encore jeune, & au moment où j’écris, il n’en reste pas un. Avec quelle vîtesse les hommes passent ! Comment la nature subvient-elle à une diminution si rapide de l’espece ?

SUBVENTION, s. f. (Finance.) tout impôt surajouté, pour fournir à de nouveaux besoins de l’état.

SUBUR, (Géog. anc.) 1°. fleuve de la Mauritanie tingitane. Ptolomée, l. IV. c. j. marque l’embouchure de ce fleuve sur la côte de l’Océan atlantique, entre l’embouchure du fleuve Lixus & le golfe Emporicus. Pline, l. V. c. j. fait aussi mention de ce fleuve, dont le nom moderne est Subu, selon quelques-uns, & Sus ou Cebit selon d’autres.

Il sort du mont Ciligo ou Salego, au royaume de Fez, dans la province de Cuz, & se précipite si rapidement, qu’il entraîne avec soi des pierres qui pesent un quintal. Il y a sur cette riviere un pont de cent cinquante toises de long.