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vement musculaire a endurci en eux les parties fermes du corps. L’ankylose est encore assez fréquemment une suite des violentes inflammations aux ligamens maltraités ; ce qui donne lieu à la stagnation & à la coagulation du fluide dans les vaisseaux qui le contiennent. Ceux qui ont essuyé des attaques fréquentes de goutte, sont aussi quelquefois incommodés de l’immobilité des jointures. Passons aux autres vices de cette humeur onctueuse.

Lorsque la synovie devient trop âcre, elle ronge les os & les cartilages, & cela arrive souvent à ceux qui ont la vérole, le scorbut, les écrouelles, ou un spina ventosa. Lorsque la sécrétion de cette liqueur est trop petite, l’articulation devient roide, & lorsqu’on veut la mouvoir, on entend un craquement, ainsi que les vieillards l’éprouvent. Lorsque le mucilage & la lymphe abondent trop, & que les vaisseaux absorbans ne s’acquittent point autant qu’il faut de leur office, il peut en résulter une hydropisie des articles dont Hildanus a traité fort au long. Cette même cause relâche quelquefois si fort les ligamens, que les articulations en deviennent extrèmement foibles : de-là naissent des luxations, dont la réduction est plus aisée que la cure ; quelquefois enfin, quand cette liqueur s’épanche en trop grande quantité, elle occasionne plusieurs maux très-fâcheux ; tels que l’enflure, la douleur des jointures, des ulceres sinueux, des fistules, la carie des os, l’immobilité des articles, la maigreur, l’atrophie, des fievres ectiques & autres maladies semblables. Hippocrate a décrit avec beaucoup d’exactitude, la plûpart des symptomes qui proviennent du mauvais état de la synovie, & Hildanus en rapporte des exemples qu’il a vûs. (Le chevalier de Jaucourt.)

SYNTAGME, s. m. (Belles Lettres.) la disposition ou l’arrangement des choses dans un certain ordre. Voyez Composition.

SYNTAXE, s. f. (Gram.) mot composé de deux mots grecs ; συν, cùm, & τάσσω, ordino : de-là σύνταξις, coordinatio. J’ai dit, (voyez Grammaire, de l’Orthologie, §. II.) que l’office de la syntaxe est d’expliquer tout ce qui concerne le concours des mots réunis pour exprimer une pensée : & M. du Marsais (voyez Construction) dit que c’est la partie de la grammaire qui donne la connoissance des signes établis dans une langue pour exciter un sens dans l’esprit. On voit que ces deux notions de la syntaxe sont au fond identiques, quoiqu’énoncées en termes différens.

Il seroit inutile de grossir cet article par des répétitions. Pour prendre une idée nette de tout ce que doit comprendre en détail un traité de syntaxe ; il faut voir la partie que je viens de citer de l’article Grammaire, qui en comprend un plan général ; & en suivant les renvois qui y sont marqués, on consultera pour le détail les articles, Proposition, Concordance, Identité, Apposition, Régime, Détermination, Construction, Idiotisme, Inversion, Méthode, Figure, Cas, &c. Supplément, Préposition, Usage, &c. (E. R. M. B.)

SYNTEXIS, s. f. en Médecine, est une exténuation ou colliquation des parties solides d’un corps : ainsi qu’il arrive souvent dans les atrophies, les inflammations des boyaux, les fievres colliquatives, &c. où l’on rend par les selles avec les excrémens, une matiere grasse & d’une odeur fœtide. Voyez Colliquation, Exténuation, &c.

SYNTHESE, s. f. (Philos. & Mathém.) est une espece de méthode opposée à l’analyse. On se sert de la synthèse ou méthode synthétique, pour chercher la vérité par des raisons tirées de principes établis comme certains, & de propositions que l’on a déja prouvées, afin de passer ainsi à la conclusion par un enchainement regulier de vérités connues ou prouvées.

Telle est la méthode que l’on a suivie dans les élémens d’Euclide, & dans la plûpart des démonstrations mathématiques des anciens, où l’on part des définitions & des axiomes, pour parvenir à la preuve des propositions & problèmes, & de ces propositions prouvées, à la preuve des suivantes.

Cette méthode s’appelle aussi méthode de composition, & elle est opposée à la résolution ou analyse ; aussi le mot synthèse est formé des mots grecs σὺν, ensemble, & θέσις, position, de sorte que synthèse est la même chose que composition. Voyez Composition.

La méthode synthétique est par conséquent celle dont on se sert après avoir trouvé la vérité, pour la proposer ou l’enseigner aux autres. Voici ses principales regles.

Avant toutes choses, on doit expliquer les mots dans lesquels il peut y avoir la moindre obscurité. En effet, ce seroit envain qu’on entreprendroit d’expliquer une chose à celui qui n’entendroit pas les mots qu’on emploie ; l’intelligence des mots se donne par les définitions ; il y en a une de nom, & une de chose ; dans l’une & dans l’autre, on se propose de déterminer une idée, soit qu’il s’agisse d’une idée que nous avons besoin d’exprimer par tel ou tel mot, comme dans la définition de nom ; ou qu’il soit question de l’idée d’une chose déterminée, ce qui a lieu dans la définition de chose. Cette idée doit être tellement déterminée, qu’on puisse la distinguer de toute autre, car c’est-là le but de la définition, qui ne doit contenir que cela pour éviter toute confusion ; mais il faut prendre garde de ne pas employer dans les définitions, des termes obscurs ; si cela ne peut s’éviter, il faut commencer par définir ces termes. Les définitions n’ont point lieu pour les idées simples ; tout ce qui a rapport à ces idées, ne sauroit être expliqué à ceux qui ne les ont pas. Les explications des mots sont principalement nécessaires, quand il s’agit de choses ou de termes ordinaires, mais dont les notions ne sont pas exactement déterminées, quoiqu’il n’y ait rien de plus ordinaire que de négliger les définitions dans ces sortes d’occasions. Les mots d’être, de néant, de perfection, de volonté, de liberté, d’inertie, &c. ne sont pas entendus dans le même sens par tout le monde. Lorsqu’on a donné une définition, il ne faut pas employer le terme défini, dans un autre sens que celui qu’on lui a attribué dans la définition : défaut dont il est facile de s’appercevoir, en substituant le défini à la place de la définition ; il n’est pas nécessaire de commencer par les définitions de tous les termes qu’il faut expliquer ; c’est assez qu’on explique les mots avant que de les employer, pourvû qu’on prenne garde à ne pas interrompre un raisonnement, en y faisant entrer une définition.

Après avoir expliqué les termes, il faut observer qu’il ne sauroit y avoir de raisonnement dans lequel il n’y ait du moins deux propositions à considérer, de la vérité desquelles dépend celle du raisonnement : ainsi il est clair qu’on ne sauroit rien prouver aux autres par des raisonnemens, à moins qu’ils ne soient persuadés de la vérité de quelques propositions : c’est par-là qu’il faut commencer ; mais pour qu’il n’y ait aucune difficulté à cet égard, il faut choisir des propositions dans lesquelles le sujet puisse être immédiatement comparé avec l’attribut, parce qu’alors tous ceux qui entendent les termes, ne sauroient avoir le moindre doute sur ces propositions. Une telle proposition s’appelle un axiome. Voyez Axiome.

II. Il faut proposer clairement les axiomes dont on doit déduire les raisonnemens que l’on a à faire. Il y a des propositions qui ne sont pas des axiomes, mais qu’on emploie comme tels, ce qui est nécessaire en bien des rencontres : on pourroit les appeller des