Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’arbre qui donne ce bois s’appelle arbor Americana Coatli. M. Tournefort en donne la description suivante. Il a la substance & la grandeur du poirier ; les feuilles disposées alternativement sur les rameaux de la forme de celles du pois chiche, mais plus épaisses, sans découpures, longues d’un demi-pouce, larges de quatre lignes, d’un verd brun, parsemées d’un duvet fort doux, reluisantes en dessous où ce duvet est argenté, avec une nervure assez grosse ; la fleur attachée au bout des rameaux. Hernandès dit qu’elle est d’un jaune pâle, petite, longue, & disposée en épi, & que son calice est d’une piece, partagé en cinq quartiers, semblable à une corbeille, & couvert d’un duvet roux. Cet arbre croît dans la nouvelle Espagne.

On recommande l’usage de ce bois pour les maladies des reins & la difficulté d’uriner. On le coupe par petites lames, qu’on fait macérer dans de l’eau : cette eau acquiert au bout d’une demi-heure la couleur d’un bleu clair ; on la boit ; on en ajoûte de nouvelle, qu’on prend encore, & l’on continue jusqu’à ce que le bois ne colore plus.

Les uns prennent un verre de cette teinture tous les matins ; d’autres la mêlent avec du vin : quelques-uns en ont été soulagés dans la gravelle, & autres maladies relatives aux reins & à la vessie.

Bois puant, (Hist. nat.) anagyris, genre de plante à fleur papilionacée, dont la feuille supérieure est beaucoup plus courte que les autres. Lorsque cette fleur est passée, le pistil qui sort du calice devient une silique semblable à celle du haricot, qui renferme des semences qui ont ordinairement la figure d’un petit rein. Ajoûtez au caractere de ce genre, que ses especes ont les feuilles trois à trois sur un seul pédicule. Tournefort, Inst. rei herb. V. Plante. (I)

Bois rouge ou Bois de sang, (Hist. nat.) c’est le bois d’un arbre qui croît en Amérique près du golfe de Nicaragua ; il est d’un très-beau rouge : on s’en sert dans la teinture. Il se vend fort cher.

Différentes acceptions du terme bois dans les Arts méchaniques.

Bois de grille, partie du métier à travailler les bas, sur laquelle les ressorts de grille sont disposés perpendiculairement. Voyez Bas.

Bois de moule servant à fondre les caracteres d’Imprimerie ; ce sont deux morceaux de bois taillés suivant la figure du moule, dont l’un est à la piece de dessus, & l’autre à la piece de dessous : ils servent à tenir le moule, l’ouvrir, & le fermer sans se brûler au fer qui est échauffé par le métal fondu que l’on jette continuellement dedans. Voyez A & B fig. 1. Pl. II. du Fondeur de caracteres d’Imprimerie, & les figures 2. & 3 de la même planche.

Bois, en terme de Lapidaire, est un gros cylindre court & percé de part en part, qui s’emmanche dans le clou ou cheville de la table, placé à côté de la roue, près duquel l’ouvrier appuie sa main pour être plus sûr, & dans lequel il fourre un bout de son bâton à cimenter, afin que la pression de la pierre sur la roue soit égale. Voyez la fig. 7. Pl. du Lapidaire. 16 est le trou dans lequel entre le bout du bâton à ciment, comme la fig. 6 le représente ; 1, le bois ; rs, le clou ou cheville fixée par sa partie inférieure dans la table ou établi ; 12, la place de l’ouvrier qui presse sur le bâton à ciment, à l’extrémité duquel la pierre est montée ; 14, la meule.

Bois de têtes, Bois de fonds : les Imprimeurs nomment ainsi certains morceaux de bois de chêne, qui entrent dans la composition d’une forme, lesquels sont de diverses grandeurs, mais égaux dans leur épaisseur, qui est réglée à sept à huit lignes, afin qu’elle soit inférieure à la hauteur de la lettre, qui est de dix à onze lignes. Ce sont ces différens mor-

ceaux de bois qui déterminent la marge. Ils doivent

être plus ou moins grands, suivant le format de l’ouvrage & la grandeur du papier. Voyez Forme, Biseau, Coin . Voyez Pl. II. fig. 5. lettres h, i ; fig. 6. lettres h, i ; fig. 7. lettres h, i, k, l ; fig. 8. lettres f, g, h, 1.

Bois de raquette ; c’est un tour de bois qui a un manche de longueur médiocre, dont on fait avec de la corde à boyau des raquettes à joüer à la paume.

Les bois de raquettes sont faits de branches de bois de frêne fendues en deux.

Bois, chez les Rubaniers, se dit de la petite bobine qui porte l’or ou l’argent filé : il en porte ordinairement deux onces ; & c’est lorsqu’il est chargé qu’il est appellé bois, car il devient bobine lorsqu’il est vuide.

Bois à limer, chez les ouvriers en métaux & autres ; c’est un petit morceau de bois quarré qui se met dans l’étau, & sur lequel on pose la piece que l’on tient d’une main, soit avec les doigts, soit avec un étau à main, soit avec une tenaille, & qu’on lime. On se sert de ce bois pour appui, de peur que le fer de l’étau ne gâte la forme de l’ouvrage à mesure qu’on travaille. On fait à ce morceau de bois une entaille qui sert de point d’appui à la piece.

Bois de brosse, en terme de Vergettier ; c’est une petite planche mince de hêtre ou de noyer, percée à distance égale pour recevoir les loquets.

Bois d’un éventail, signifie les fleches & les maîtres brins de bois, écaille, ivoire, ou autres matieres, dont on se sert pour monter un éventail. Le bois d’un éventail est composé de deux montans ou maîtres brins, & de dix-huit ou vingt fleches, qui sont collées par en-haut entre les deux feuilles, & joints ensemble en-bas par un clou ou cheville de fer qui les traverse, & qui est rivée des deux côtés. Voyez Eventail, & la figure 24. Pl. de l’Eventailliste. Ce sont les Tabletiers qui les fabriquent, & qui se servent pour cet effet de limes, de scies, d’équerres, de forets, &c.

Bois de fusil ou Fût, terme d’Arquebusier ; c’est un morceau de bois de noyer ou de chêne sculpté, de la hauteur de quatre piés, large, & un peu plat par en-bas ou du côté de la crosse ; par en-haut il est rond, creusé en-dedans pour y placer le canon du fusil, à peu-près de la même grosseur, de façon que le canon y est à moitié enchâssé. Il y a par dessous une moulure pour y placer la baguette, qui y est retenue par les porte-baguettes : c’est sur ce bois que l’on monte la platine, le canon, la plaque de couche, la sous-garde, &c.

Il y a aussi des bois de fusils à deux coups, qui ne different de celui-ci que parce qu’il est plus large, & qu’il y a deux moulures pour y placer les deux canons, deux entailles pour y placer les deux platines, l’une à droite & l’une à gauche, & par-dessous une seule entaille pour placer la baguette.

Bois, au trictrac, se dit en général des dames avec lesquelles on joüe au jeu. Voyez Dame & Trictrac.

* Bois de vie, (Hist. eccl.) On nomme ainsi parmi les Juifs deux petits bâtons, semblables à peu-près à ceux des cartes géographiques roulées, par où on prend le livre de la loi, afin de ne pas toucher au livre même, qui est enveloppé dans une espece de bande d’étoffe brodée à l’aiguille. Les Juifs ont un respect superstitieux pour ce bois ; ils le touchent avec deux doigts seulement, qu’ils portent sur le champ aux yeux, car ils s’imaginent que cet attouchement leur a donné la qualité de fortifier la vûe, de guérir du mal d’yeux, de rendre la santé, & de faciliter les accouchemens des femmes enceintes : les femmes n’ont cependant pas le privilege de