Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le plus grand nombre des points, sera le plus proche du corps qui la détourne ; c’est pourquoi on tirera par ce point une perpendiculaire opposée au côté vers lequel l’aiguille paroît le plus détournée, & on donnera le plus de longueur qu’on pourra à cette perpendiculaire : on tirera par différens points de cette perpendiculaire des paralleles au cordeau, & on examinera aux points où ces paralleles coupent la perpendiculaire, si l’aiguille fait avec les paralleles le même angle qu’elle faisoit avec le cordeau dans la plûpart des points où on n’a pas eu lieu de soupçonner qu’elle fût détournée : si elle fait le même angle, on conclurra qu’on est hors de la sphere d’attraction du corps magnétique, & on connoîtra de cette maniere & par différentes épreuves, la force & l’étendue de ces sortes de corps.

On se sert en mer d’une autre espece de boussole appellée compas de variation, pour reconnoître la déclinaison de l’aiguille aimantée dans le parage où on navige. Il y en a de différentes sortes ; un entr’autres qui n’exige qu’un seul observateur : il est décrit dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, de l’année 1733. Voyez Variation & Compas.

Nous devons tout cet article, à l’exception des alinea marqués d’une étoile, à M. le Monnier, qui nous avoit déjà donné, pour le premier volume, les articles entiers de l’aimant & de l’aiguille aimantée. Voy. ces articles. Voyez aussi Déclinaison, Magnétisme, Amplitude, Azimuth. Les endroits marqués d’une étoile dans cet article sont de M. Formey, qui les a tirés du spectacle de la nature, tom. 4.

BOUSTROPHEDON, (Hist. anc.) terme usité parmi les antiquaires, pour exprimer une maniere d’écrire particuliere aux Grecs, sur-tout dans les inscriptions. Elle consistoit en ce que la premiere ligne étant écrite de la droite à la gauche, la seconde étoit écrite de la gauche à la droite, & ainsi de suite. On tire l’étymologie de ce mot des sillons que les bœufs font en labourant, parce qu’à la fin de l’un ils reprennent l’autre par un demi-cercle, & ainsi alternativement ; de βοῦς bœuf, & στροφὴ, article, couplet, ligne.

M. l’abbé Fourmont, dans le voyage qu’il fit en Grece en 1729 par ordre de la cour, recueillit plusieurs inscriptions en boustrophedon, dont on espéroit tirer de grandes lumieres sur divers points de l’antiquité Greque. (G)

BOUSURE, s. f. (à la Monnoie.) composition dont on se sert pour le blanchiment des especes. V. Blanchiment. C’est ce que l’on appelloit dans l’ancien monnoyage, bouture.

* BOUT, EXTRÉMITÉ, FIN, (Gramm.) termes relatifs à l’étendue : bout, à l’étendue seulement en longueur, dont il marque le dernier point ; extrémité, à l’étendue, soit en longueur, soit en longueur & largeur, soit en longueur, largeur, & profondeur ; car on dit l’extrémité d’une ligne, d’une surface, d’un corps ; mais extrémité differe encore de bout, en ce qu’elle réveille davantage l’idée de derniere limite, soit de la ligne, soit de la surface, soit du solide. Fin, n’est relatif qu’à un tout où l’on considere des parties comme antérieures & postérieures dans l’ordre ou le tems. Ainsi bout ne se dit d’une table que quand elle est oblongue, & qu’on en veut désigner la partie la plus éloignée du centre : extrémité, que de l’espace de cette table pris tout autour extrèmement voisin des bords qui la terminent : fin, que d’un livre, d’une année, d’un récit, d’un concert, &c.

Bout-rimé, s. m. (Littérature.) ce sont des rimes disposées par ordre, qu’on donne à un poëte pour les remplir. Voyez Rime.

L’invention des bouts-rimés est dûe à un poëte nommé Dulot, qui vivoit vers l’an 1649. On choisissoit pour rimes des mots dont les idées avoient entr’elles le moins de rapport. Ces rimes bisarres sont bien souvent celles qui embarrassent le moins, & qui four-

nissent le plus de choses nouvelles & surprenantes

pour ce style burlesque. Sarrasin a fait un poëme qu’il a intitulé la Défaite des bouts-rimés. Les bouts-rimés sont aujourd’hui abandonnés aux mauvais poëtes.

Les lanternistes de Toulouse ont trouvé le secret de relever de nos jours les bouts-rimés, en en proposant toutes les années, pour être remplis à la gloire du Roi ; & le sonnet victorieux est récompensé par une médaille d’argent.

Bouts & Joustes, terme de Palais, synonyme à tenans & aboutissans. Voyez Aboutissant. (H)

Bout de corde, (Marine.) c’est ainsi qu’on appelle à la mer une corde de moyenne longueur.

Bouts de corde ; ce sont des bouts de corde dont le prévôt se sert pour châtier ; & que les gens du quart ou de l’équipage tiennent aussi pour frapper sur ceux qui sont condamnés à ce châtiment.

Bouts de cable, sont des bouts ou morceaux de cables usés, rompus, ou trop courts.

Bout de vergue ; c’est la partie de la vergue qui excede la largeur de la voile, & qui sert quand on prend les ris.

Bout de beaupré ; c’est un matereau qui fait saillie sur l’étrave, dans les petits bâtimens qui n’ont point de beaupré.

Bout pour bout. Filer le cable bout pour bout. Voyez Filer. (Z)

Bout, (terme de Lapidaire.) Voyez Bouterolle.

Bout, (terme de Ceinturier) petite plaque d’argent que l’on met au bout des boucles d’un baudrier, pour leur donner plus de grace. Voyez Baudrier.

Bout, (en terme de Fourbisseur,) c’est une piece de cuivre ajustée au bout du fourreau, & qui en environne l’extrémité pour la rendre plus ferme contre la pointe. Voyez la lettre a, Pl. de Fourbisseur, fig. 2.

Bout de revers, (en terme de Fourbisseur) est une partie de la branche, enrichie d’ornemens, qu’on remarque à l’extrémité qui entre dans le pommeau. Voyez Branche & Pommeau, & la Planche du Ciseleur-Damasquineur avec son explication.

Bouts de queue, (chez les Plumassiers) ce sont des plumes qu’on tire de la queue de l’autruche.

Bout de clé, (chez les Serruriers) c’est la partie de la tige qui excede le panneton de la clé, & auquel on pratique ordinairement un bouton, quand la clé n’est pas forée.

Bout d’or, les Tireurs d’or appellent bout d’or, un bâton d’argent doré, & bout d’argent, un gros bâton d’argent fin, qu’ils passent par la filiere, pour faire des filets d’or & d’argent. Voyez Filiere & Filet.

Bout, (Maréchalerie) on dit qu’un cheval n’a point de bout, quand il recommence souvent des exercices violens & de longueur sans en être fatigué, & avec la même vigueur ; & qu’il est à bout, lorsqu’il est extrèmement fatigué.

BOUTS, s. m. c’est ainsi que les Cordonniers appellent des morceaux de cuir fort, attachés sous les talons des souliers avec des chevilles de bois, soit que les talons soient de cuir ou qu’ils soient de bois.

* BOUT-À-PORT, s. m. (Police) officier sur les ports, dont la fonction est de mettre ou faire mettre à port les bateaux qui y arrivent. Le bout-à-port est contrôleur à l’inspection pour les rangemens des bateaux. On a réuni à cet office celui de débacleur.

BOUTADE, s. f. on donnoit ce nom autrefois à des petits ballets, qu’on exécutoit, ou qu’on paroissoit exécuter impromptu. Ils étoient composés pour l’ordinaire de quatre entrées, d’un récit, & d’une entrée générale ; c’étoit le grand ballet en raccourci : Idée des spectacles anciens & nouveaux de l’abbé de Pure, imprimé à Paris en 1667. Voyez Ballet. (B)