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cuirs foibles & minces. Voyez Aiguille à Sellier.

Carrelet, instrument de Chapelier, c’est une espece de petite carde sans manche, dont les dents sont de fil de fer très-fin : on s’en sert pour donner la façon que les ouvriers appellent tirer le chapeau à poil. V. Chapelier, & la fig. 9. Pl. du Chapelier.

Carrelet à renverser, est une espece d’aiguille qui sert au Cordonnier à faire la trépointe du derriere du soulier ; elle est un peu coudée (Voyez la figure 15. Pl. du Cordonnier-Bottier), au lieu que le carrelet à coudre les ailettes aux empeignes est droit. Voyez Soulier.

Carrelet, ou demi-carreau ; voyez Carreau en Serrurerie.

Carrelet, (Pêche.) espece de filet pour la pêche : il doit avoir six piés en quarré, & la maille assez large ; car plus la maille en est grande, plus le carrelet est facile à lever de l’eau, commodité qui n’est pas à négliger ; car si le carrelet se tire lentement, les gros poissons, & sur-tout les carpes, sauteront par-dessus. Pour pêcher avec ce filet, il faut y mettre une bonne poignée d’achées ou vers de terre, qu’on enfilera par le milieu du corps, ensorte qu’ils remuent ; ce qui attire le poisson. Voyez Pêche.

CARRELETTE, en terme d’Eperonnier, de Coutelier, & autres ouvriers en fer, se dit d’une lime plate moins grosse que le carreau : au reste il y en a de plus ou moins fortes, selon les besoins qu’on peut en avoir. Ce sont les Taillandiers qui travaillent toutes ces limes.

* CARRELEUR, s. m. en Architecture ; il se dit autant du maître qui entreprend les ouvrages de carrelage, que du compagnon qui pose les carreaux. Il faut avoir l’œil à ces ouvriers ; au lieu d’asseoir leur carreau sur du plâtre, ils ne le posent quelquefois que sur de la poussiere ; ils employent du carreau mal cuit ; & quand on se plaint de leur travail, ils disent que s’ils faisoient un lit de plâtre, ce plâtre pousseroit ; ce qui est faux : il est d’expérience que le plâtre pur attache le carreau si fortement, qu’il se détache difficilement.

CARRET, s. m. (Corderie.) fil de carret, gros fil qui sert à faire les cordages. V. l’article Corderie.

Carret, fil de carret, (Marine.) est encore un fil tiré de l’un des cordons de quelque vieux cable coupé par morceaux. On s’en sert dans les vaisseaux quand on veut raccommoder quelque manœuvre rompue. (Z)

CARRETTO, (Géog.) petite ville d’Italie dans la province d’Aqui, au duché de Montferrat.

CARRICK, (Géog.) province méridionale de l’Ecosse, dont la capitale est Bargeny.

CARRIER, s. m. (Art méch.) ce sont les ouvriers qui travaillent à tirer les pierres des carrieres.

Ils se servent pour cet effet de coins de différentes figures & grosseurs, & de marteaux qu’on appelle mail, mailloche, pic, &c. & d’un grand levier que l’on appelle barre ; quelquefois aussi de poudre à canon, pour détacher de grandes pieces de rocher, au moyen d’une mine.

Les figures 1. 2. 3. 4. Pl. du Carrier, représentent les coins ; celui marqué 1 est tranchant par son extrémité inférieure ; les autres sont obtus & de différentes grosseurs, pour servir au besoin : on les fait entrer à grands coups de mail dans le vuide que le premier a pratiqué entre deux lits ou bancs de pierre. Le mail est représenté fig. 9. la piece AB est une grosse barre de fer du poids d’environ 50 à 70 livres, percée en son milieu pour recevoir un manche long d’environ 2 piés  ; la mailloche est un marteau de même grosseur, mais dont le fer est beaucoup moins long ; elle est représentée fig. 7.

Après que le Carrier a introduit ses plus gros coins,

il arrive assez souvent que les pierres sont encore unies ensemble : pour achever entierement de les séparer, il prend la barre ou pince, fig. 15. par la partie A qui sert de manche, & il met l’extrémité B du bec CB, entre les deux lits de pierre qu’il faut séparer ; le crochet C, qui sert d’hypomoclion ou point d’appui, tourne vers le lit inférieur ; il pese ensuite sur l’extrémité A, & sépare ainsi ce que les coins n’avoient pas pû séparer.

La mine que les Carriers font pour éclater de gros morceaux de pierre, consiste en un trou cylindrique, fig. 14. d’environ un pouce & demi de diametre, & assez profond pour atteindre le centre de la pierre : on charge ensuite ce trou comme on charge un canon, & on remplit le vuide que laisse la poudre d’un coulis de plâtre, après cependant y avoir introduit l’aiguille de fer, fig. 12. pour former la lumiere. L’espace occupé par la poudre est la chambre de la mine : il faut apporter un grand soin pour en bien boucher l’entrée. Voyez l’article Mine.

La tariere est représentée fig. 13. elle a deux poignées perpendiculaires à la tige : la premiere est fixe, & sert à tourner la tariere ; la seconde est mobile dans l’espace d’environ un pié, où la tige est arrondie ; elle sert à appuyer la tariere sur l’endroit qu’elle doit percer : il y a pour cet effet, à l’endroit où elle est traversée par la tige, plusieurs rondelles de fer ou de cuivre qui appuient sur deux chevilles qui traversent la tige.

CARRIERE, s. f. (en Architecture) c’est un lieu creusé en terre d’où l’on tire la pierre pour bâtir, ou par un puits comme aux environs de Paris, ou de plein pié le long de la côte d’une montagne, comme à S. Leu, Troci, Mallet, & autres endroits. Les carrieres d’où l’on tire le marbre, sont appellées en quelques endroits de France marbriere ; celles d’où l’on tire la pierre, perrieres, & celles d’ardoise ardoisieres, & quelquefois perrieres comme en Anjou. Le mot carriere vient selon, M. Ménage, du latin quadraria ou quadrataria, fait de quadratus lapis, pierre de taille. Voyez Carrier, Pierre, Marbre, & Ardoise. (P)

Carriere, (terme de Manege) c’est une place renfermée d’une barriere où l’on court la bague. Voyez Barriere.

On s’en sert aussi pour marquer la course même des chevaux, pourvû qu’elle ne soit pas de plus de 200 pas.

Dans les anciens cirques, la carriere étoit l’espace ou les biges ou quadriges, devoient courir à toute bride pour remporter le prix. (P)

CARRION, (Géog.) riviere d’Espagne, qui prend sa source dans les Asturies, & qui se jette dans celle de Pisuergia. Il y a au royaume de Léon, une ville qu’on appelle Carrion de los Condes.

* CARROSSE, s. m. (ouvrage de Sellier-Carrossier, de Charron, de Serrurier, &c.) c’est une voiture commode & même quelquefois très-somptueuse, suspendue à des soûpentes ou fortes courroies de cuir, & montée de roues sur lesquelles elle se meut. Voyez Roue, Timon, Soûpente, Avant-train, Arriere-train, &c.

En France & dans le reste de l’Europe, les carosses sont tirés par des chevaux ; excepté en Espagne où l’on se sert de mules : dans une partie de l’Orient, & particulierement dans les états du grand seigneur, on y attele des bœufs, & quelquefois des rennes ; mais c’est moins par usage que par ostentation. Le cocher est ordinairement placé sur un siége élevé sur le train, au-devant du carrosse : mais en Espagne la politique l’en a déplacé par un arrêt, depuis qu’un comte duc d’Olivarès se fut apperçû qu’un secret important, dont il s’étoit entretenu dans son carrosse, avoit été entendu & revélé par son cocher ; en conséquence de cet arrêt, les cochers Espagnols occu-