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habitons & les régions les plus éloignées des étoiles fixes, peut être divisé en deux parties fort inégales, selon la matiere qui les occupe ; savoir l’atmosphere ou le ciel aérien, qui est occupé par l’air ; & la région éthérée, qui est remplie par une matiere legere, déliée, & incapable de résistance sensible, que nous nommons éther. Voyez Atmosphere, Air, Ether. Chambers. (O)

Ciel, dans l’Astronomie ancienne, signifie plus particulierement un orbe ou une région circulaire du ciel éthéré. Voyez Orbe.

Les anciens Astronomes admettoient autant de cieux différens, qu’ils y remarquoient de différens mouvemens ; ils les croyoient tous solides, ne pouvant pas s’imaginer qu’ils pussent sans cette solidité soûtenir tous les corps qui y sont attachés : de plus ils les faisoient de crystal, afin que la lumiere pût passer à-travers ; & ils leur donnoient une forme sphérique, comme étant celle qui convenoit le mieux à leur mouvement.

Ainsi on avoit sept cieux pour les sept planetes, savoir, le ciel de la Lune, de Mercure, de Vénus, du Soleil, de Mars, de Jupiter, & de Saturne. Voyez Planete, &c.

Le huitieme, qu’ils nommoient le firmament, étoit pour les étoiles fixes. Voyez Etoile & Firmament.

Ptolomée ajoûta un neuvieme ciel, qu’il appella primum mobile, le premier mobile. Voyez Mobile,

Après Ptolomée, Alphonse roi de Castille ajoûta deux cieux crystallins, pour expliquer quelques irrégularités qu’il avoit trouvées dans le mouvement des cieux. On étendit enfin sur le tout un ciel empyrée, dont on a fait le séjour de Dieu ; & ainsi on completta le nombre de douze cieux. Voyez Empyrée, & plus bas, Ciel des Théologiens.

On supposoit que les deux cieux crystallins étoient sans astres, qu’ils entouroient les cieux inférieurs, étoilés & planétaires, & leur communiquoient leur mouvement. Le premier ciel crystallin servoit à rendre compte du mouvement des étoiles fixes, qui les fait avancer d’un degré vers l’orient en soixante-dix ans ; d’où vient la précession de l’équinoxe. Le second ciel crystallin servoit à expliquer les mouvemens de libration par lesquels on croyoit que la sphere céleste fait des balancemens d’un pole à l’autre. Voyez Précession, Libration, &c.

Quelques-uns ont admis beaucoup d’autres cieux, selon leurs différentes vûes & hypotheses. Eudoxe en a admis vingt-trois ; Calippus, trente ; Régiomontanus, trente-trois ; Aristote, quarante-sept ; & Fracastor en comptoit jusqu’à soixante-dix.

Nous pouvons ajoûter que les Astronomes ne se mettoient pas fort en peine si les cieux qu’ils admettoient ainsi étoient réels ou non ; il leur suffisoit qu’ils pussent servir à rendre raison des mouvemens célestes, & qu’ils fussent d’accord avec les phénomenes. Voyez Hypothese, Système, &c. Chambers. (O)

Parmi plusieurs rêveries des rabbins, on lit dans le talmud qu’il y a un lieu où les cieux & la terre se joignent ; que le rabbi Barchana s’y étant rendu, il posa son chapeau sur la fenêtre du ciel, & que l’ayant voulu reprendre un moment après, il ne le retrouva plus, les cieux l’avoient emporté ; il faut qu’il attende la révolution des orbes pour le ratraper.

Ciel, (Théolog.) le ciel des Théologiens, qu’on nomme aussi le ciel empyrée, est le séjour de Dieu & des esprits bienheureux, comme des anges & des ames des justes trépassés. Voyez Dieu, Ange, &c.

Dans ce sens ciel est l’opposé de l’enfer. Voyez Enfer.

C’est ce ciel empyrée que l’Ecriture sainte nomme souvent le royaume des cieux, le ciel des cieux, & que

S. Paul, selon quelques-uns, appelle le troisieme ciel, quelquefois le paradis, la nouvelle Jérusalem, &c. Voyez Empyrée, &c.

L’on se figure ce ciel comme un endroit situé dans quelque partie bien éloignée de l’espace infini, où Dieu permet qu’on le voye de plus près, & d’une maniere plus immédiate ; où il manifeste sa gloire plus sensiblement ; où l’on a une perception de ses attributs plus adéquate, qu’on n’en peut avoir dans les autres parties de l’univers, quoiqu’il y soit également présent. Voyez Univers, Ubiquité, &c.

C’est aussi en cela que consiste ce que les Théologiens appellent vision béatifique. Voyez Vision. Quelques auteurs ont nié fort légerement, (on ne sait pas pourquoi) la réalité d’un semblable ciel local.

Les auteurs inspirés, & sur-tout le prophete Isaïe, & S. Jean l’évangéliste, font de superbes descriptions du ciel, de sa structure, de ses ornemens & embellissemens, & de la cour qui l’habite.

Le philosophe Platon, dans son dialogue sur l’ame, parle du ciel dans des termes si semblables à ceux de l’Ecriture sainte, qu’Eusebe n’hésite pas de le taxer d’avoir emprunté de-là ce qu’il en dit, de præpar. evangel. lib. XI. cap. xxxvij.

Les anciens Romains, dans leur système de Théologie, avoient une sorte de ciel qu’ils nommoient champs élysées, elysium. Voyez Champs Elysées.

Le ciel ou le paradis des Mahométans est une fiction très-grossiere, conforme au génie de leur religion. Voyez Alcoran & Mahométisme. (G)

Ciel, (Décor. théat.) on donne ce nom aux plafonds de l’opéra, lorsque le théatre représente un lieu découvert ; comme on dit le ciel d’un tableau. Lorsque le ciel est bien peint, qu’on y observe avec soin les gradations nécessaires, & qu’on a l’attention de le bien éclairer, c’est une des plus agréables parties de la décoration. L’effet seroit de la plus grande beauté, si on y faisoit servir la lumiere à rendre aux yeux du spectateur les diverses teintes du jour naturel. Dans la représentation d’une aurore, d’un jour ordinaire, ou d’un couchant, ces teintes sont toutes différentes, & pourroient être peintes à l’œil par le seul arrangement des lumieres. Les frais ne seroient pas plus considérables, peut-être même seroient-ils moindres. Cette beauté ne dépend que du soin & de l’art.

Les plafonds changent avec la décoration par le moyen du contrepoids. Voy. Décoration, Changemens, Plafonds. (B)

Ciel de carriere, est le premier banc qui se trouve au-dessous des terres en fouillant les carrieres, & qui sert de plafond à mesure qu’on les fouille.

CIEKANOW, (Géog.) petite ville de Pologne en Masovie, dans le palatinat de Czersko, capitale du Castellanio de même nom.

CIEME, (Géog.) ville de la Chine dans la province de Xantung. Lat. 36. 23.

CIERGE ÉPINEUX, (Hist. nat. bot.) plante qui doit être rapportée au genre appellé melocactus. Voy. Melocactus. (I)

Ce cierge s’appelle encore cierge du Pérou, flambeau du Pérou, cereus Peruvianus.

James a manqué de goût en obmettant dans son ouvrage la belle & bonne description que M. de Jussieu a donnée en 1716 du cierge du Pérou (Mém. de l’acad. des Sc. ann. 1716. in-4o. pag. 146. avec fig.) ; je me garderai bien de la supprimer dans un dictionnaire où la Botanique exotique, qui est la moins connue, doit tenir sa place.

Description du cierge épineux du jardin du Roi. Deux sortes de gens, remarque d’abord M. de Jussieu, nous ont parlé du cierge épineux, les uns en voyageurs, les autres en botanistes : ceux-là frappés du peu de ressemblance qu’ils ont vû de cette plante à toutes