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On mettoit aussi au rang des demi-dieux, qu’on appelloit encore semi-dii, dii minorum gentium, indigetes, les héros & les hommes qu’on avoit déifiés. Les grands dieux possédoient le ciel comme une chose qui leur appartenoit de droit, & ceux-ci comme une récompense de la maniere extraordinaire dont ils avoient vécu sur la terre. Voyez Héros, & Apothéose.

Il seroit trop long de nommer ici tous les dieux du Paganisme : on en peut trouver le détail dans le dictionnaire de Trévoux, qui en rapporte la plus grande partie comme extraite du livre d’Isaac Vossius, intitulé, de origine & progressu idololatriæ. Il n’y a point d’excès où les hommes ne se soient portés à cet égard : non contens d’avoir divinisé la vertu, ils avoient fait le même honneur au vice. Tout étoit dieu, dit Bossuet, excepté Dieu même.

On reconnoissoit pour dieux la santé, la fiévre, la peur, l’amour, la douleur, l’indignation, la pudeur, l’impudence, la fureur, la joie, l’opinion, la renommée, la prudence, la science, l’art, la fidélité, la félicité, la calomnie, la liberté, la monnoie, la guerre, la paix, la victoire, le triomphe, &c.

Mais ce qui deshonore l’humanité, est de voir un dieu Sterculus, parce que le premier il avoit enseigné à fumer les champs : la pâleur & la crainte, pallor & pavor, mis au rang des dieux, comme il y a eu les déesses Caca, Cloaima, & Muta ; & Lactance, en son liv. I. a eu raison de faire honte aux payens de ces ridicules divinités.

Enfin, la nature & le monde tout entier a passé pour un dieu. Voyez Nature.

Dieu (l’île), ou l’isle d’Yeu, (Géog. mod.) cette petite île est sur la côte de Poitou.

Dieu-le-fit, (Géog. mod.) deux petites villes de la généralité de Grenoble, dans le Dauphiné, en France.

DIEUSE, (Géog. mod.) ville de Lorraine, située sur la Seille : Long. 24. 20. lat. 48. 50.

DIEZEUGMENON, s. m. en Musique, tétracorde diezeugmenon ou des séparées, est le nom que donnoient les Grecs à leur troisieme tetracorde quand il étoit disjoint d’avec le second. V. Tétracorde & Système. (S)

DIFFAMÉ, adj. en termes de Blason, se dit du lion qui n’a point de queue. (V)

DIFFAMATOIRE, (Jurisprud.) Voyez Libelle diffamatoire.

DIFFARRÉATION, s. f. (Hist. anc.) c’étoit chez les Romains une cérémonie, par laquelle on publioit le divorce des prêtres. Voyez Divorce.

Ce mot vient de dis, qui n’est en usage que dans la composition de quelqu’autre mot, & qui signifie division, séparation, & de farreatio, cérémonie faite avec du froment, de far, froment.

La diffarréation étoit proprement un acte par lequel on dissolvoit les mariages contractés par confarréation, qui étoient ceux des pontifes. Festus dit qu’elle se faisoit avec un gâteau de froment. Vigenere dit que la confarréation & la diffarréation étoient la même cérémonie. Voyez Confarreation. Dict. de Trév. & Chambers. (G)

DIFFÉRENCE, s. f. (Métaphysique.) Lorsqu’un genre a deux especes, il faut nécessairement que l’idée de chaque espece comprenne quelque chose qui ne soit pas compris dans l’idée du genre ; autrement si chacune ne comprenoit que ce qui est compris dans le genre, ce ne seroit que le genre ; & comme le genre convient à chaque espece, chaque espece conviendroit à l’autre. Ainsi le premier attribut essentiel que comprend chaque espece de plus que le genre, s’appelle sa différence ; & l’idée que nous en avons est une idée universelle, parce qu’une seule

& même idée nous peut représenter cette différence par tout où elle se trouve, c’est-à-dire dans tous les inférieurs de l’espece. Voyez Attribut.

Exemple. Le corps & l’esprit sont les deux especes de la substance : il faut donc qu’il y ait dans l’idée du corps quelque chose de plus que dans celle de la substance, & de même dans celle de l’esprit. Or la premiere chose que nous voyons de plus dans le corps, c’est l’étendue ; & la premiere chose que nous voyons de plus dans l’esprit, c’est la pensée. Et ainsi la différence du corps sera l’étendue, & la différence de l’esprit sera la pensée, c’est-à-dire que le corps sera une substance étendue, & l’esprit une substance qui pense.

De-là on peut voir, 1°. que la différence a deux rapports, l’un au genre, qu’elle divise & partage, l’autre à l’espece, qu’elle constitue & qu’elle forme, faisant la principale partie de ce qui est enfermé dans l’idée de l’espece selon sa compréhension. D’où vient que toute espece peut être exprimée par un seul nom, comme esprit, corps ; ou par deux mots, savoir, par celui du genre & par celui de sa différence joints ensemble, ce qu’on appelle définition, comme substance qui pense, substance étendue.

On peut voir 2°. que puisque la différence constitue l’espece, & la distingue des autres especes, elle doit avoir la même étendue que l’espece, & ainsi qu’il faut qu’elles se puissent dire réciproquement l’une de l’autre, comme tout ce qui pense est esprit, & tout ce qui est esprit pense.

Néanmoins il arrive assez souvent que l’on ne voit dans certaines choses aucun attribut qui soit tel qu’il convienne à toute une espece, & qu’il ne convienne qu’à cette espece ; & alors on joint plusieurs attributs ensemble, dont l’assemblage ne se trouvant que dans cette espece, en constitue la différence. C’est ce que nous faisons dans l’idée que nous nous formons de la plûpart des animaux.

Enfin, il faut remarquer qu’il n’est pas toûjours nécessaire que les deux différences qui partagent un genre soient toutes deux positives ; mais que c’est assez qu’il y en ait une, comme deux hommes sont distingués l’un de l’autre, si l’un a une charge que l’autre n’a pas, quoique celui qui n’a pas de charge n’ait rien que l’autre n’ait. C’est ainsi que l’homme est distingué des bêtes en général, en ce que l’homme est un animal qui réfléchit, & que la bête est un animal qui sent ; car l’idée de la bete, en général, n’enferme rien de positif qui ne soit dans l’homme ; mais on y joint seulement la négation de ce qui est dans l’homme, savoir la réflexion. Art. de M. Formey.

Différence, s. f. (Arithm. & Algébre.) en Mathématiques, signifie l’excès d’une quantité à l’égard d’une autre ; si un angle est de 60 degrés & un autre de 90, leur différence est 30. Voyez Angle.

Quand on soustrait une plus petite quantité d’une plus grande, ce qui reste est appellé la différence. V. Soustraction.

La différence de longitude de deux endroits, est l’arc de l’équateur intercepté entre les méridiens de ces lieux. Voyez Longitude.

Différence ascensionelle, en Astronomie. Voyez Ascensionnel. (O)

Différence, (Géom. de l’infini.) est le nom que l’on donne aux grandeurs différentielles, ou qu’on regarde comme infiniment petites. Ainsi la différence de x est dx, celle de y est dy, &c. V. Différentiel.

Il y a des différences de tous les ordres à l’infini. La différence d’une quantité finie, est appellée différence premiere ou du premier ordre, ou simplement différence. La différence d’une quantité infiniment petite est appellée différence seconde ou différence du second ordre ; celle d’une différence seconde est appellée