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les du son ; de sorte que la vertu élastique de ce milieu, toutes choses d’ailleurs égales, doit être plus de 700000 × 700000, c’est-à-dire plus de 490000000000 fois plus grande que n’est la vertu élastique de l’air : car les vîtesses des pulsions des milieux élastiques, toutes choses d’ailleurs égales, sont en raison sous-doublée de la directe des élasticités de ces milieux.

» Comme la vertu magnétique est plus considérable dans les petites pierres d’aimant que dans les grandes à proportion de leur volume, & que l’attraction électrique agit plus vivement sur les petits corps que sur les grands : de même la petitesse des rayons de lumiere peut contribuer infiniment à la force de l’agent, ou de la puissance qui leur fait subir les réfractions. Et si on suppose que l’éther (comme l’air que nous respirons) contienne des particules qui s’efforcent de s’éloigner les unes des autres, & que ces particules soient infiniment plus petites que celles de l’air, ou même que celles de la lumiere, leur petitesse excessive peut contribuer à la grandeur de la force par laquelle elles s’éloignent les unes des autres, rendre le milieu infiniment plus rare & plus élastique que l’air, & par conséquent infiniment moins propre à résister aux mouvemens des projectiles, & infiniment plus propre à causer la pesanteur des corps par l’effort que font ses particules pour s’étendre. Optic. p. 325. » &c. Voyez Lumiere, Elasticité, &c.

Voilà un précis des idées générales que Newton paroît avoir eues sur la cause de la gravité : cependant si on examine d’autres endroits de ses ouvrages, on est tenté de croire que cette explication générale qu’il donne dans son Optique, étoit destinée principalement à rassûrer quelques personnes que l’attraction avoit revoltées. Car ce philosophe, en avoüant que la pesanteur pourroit être produite par l’impulsion, ajoûte qu’elle pourroit aussi être produite par quelqu’autre cause : il fait mouvoir les planetes dans un grand vuide, ou du-moins dans un espace qui contient très-peu de matiere ; il remarque que l’impulsion d’un fluide est proportionnelle à la quantité de surface des corps qu’il frappe, au lieu que la gravité est comme la quantité de matiere, & vient d’une cause qui pénetre pour ainsi dire les corps ; ainsi il n’étoit pas, ce me semble, fort éloigné de regarder la gravité comme un premier principe, & comme une loi primordiale de la nature. En un mot toute cette explication est bien foible, pour ne rien dire de plus, bien vague, & bien peu conforme à la maniere ordinaire de philosopher de son illustre auteur ; & nous ne pouvons croire qu’il l’ait proposée bien sérieusement. D’ailleurs Newton parut donner son approbation à la préface que M. Cotes a mise à la tête de la seconde édition de ses Principes, & dans laquelle cet auteur soûtient, comme nous l’avons dit, que la gravité est essentielle à la matiere. Voyez aux articles Attraction & Gravitation les réflexions que nous avons faites sur cette derniere opinion.

La partie de la Méchanique qui traite du mouvement des corps en tant qu’il résulte de la gravité, s’appelle quelquefois statique. Voyez Statique.

On distingue la gravité en absolue & relative.

La gravité absolue est celle par laquelle un corps descend librement sans éprouver aucune résistance. Voyez Résistance.

Les lois de la gravité absolue se trouvent aux articles Accélération & Descente.

La gravité relative est celle par laquelle un corps descend après avoir consumé une partie de son poids à surmonter quelqu’obstacle ou résistance. Voyez Résistance.

Telle est la gravité par laquelle un corps descend le long d’un plan incliné, où une partie de sa force

est employée à surmonter la résistance ou le frottement du plan. Telle est encore la gravité par laquelle un corps descend dans un fluide. Voyez Frottement, & pour les lois de la gravité relative, consultez les articles Plan incliné, Descente, Fluide, Resistance, &c.

Centre de Gravité, voyez Centre.

La formule que nous avons donnée au mot Force centrifuge, page 120 de ce Volume, col. 1. peut servir à trouver le rapport de la force centrifuge des corps terrestres à la gravité ; car on peut connoître par les lois des pendules (voyez Pendule) le tems θ d’une vibration d’un pendule, dont la longueur seroit égale au rayon de la terre ; & on peut connoître de plus l’espace A, où la partie de la circonférence de l’équateur qu’un point quelconque de la surface de la terre décrit dans ce même tems ; & comme π est le rapport de la demi-circonférence au rayon, & AB le diametre de la terre, on aura donc en nombres très-approchés le rapport de 2 A à πAB ou de A à c’est-à-dire de l’arc A à la demi-circonférence de la terre. Or, achevant le calcul, on trouve que ce rapport est d’environ 1 à 17. Voyez le discours de M. Huyghens sur la cause de la pesanteur. Donc le rapport de la force centrifuge à la gravité sous l’équateur, est égal au quarré de , c’est-à-dire .

Les lois de la gravité des corps qui pesent dans les fluides, sont l’objet de l’Hydrostatique. Voyez Hydrostatique.

Dans cette science on divise la gravité en absolue & spécifique.

La gravité absolue est la force avec laquelle les corps tendent en embas. Voyez le commencement de cet article.

La gravité spécifique est le rapport de la gravité d’un corps à celle d’un autre de même volume. Voy. Specifique.

Pour les lois de la gravité spécifique avec les manieres de la trouver, ou de la déterminer dans les solides & dans les fluides, consultez l’article Balance hydrostatique. (O)

Gravité, voyez ci-dev. l’article Grave, (Gram. & Morale.)

Gravité, en Musique, est cette modification du son, par laquelle on le considere comme grave, ou bas par rapport à d’autres sons qu’on appelle hauts ou aigus. Voyez Son grave. C’est une des bisarreries de notre langue, qu’il n’y ait point pour opposer à ce mot de substantif propre aux sons aigus : celui d’acuité que quelques-uns ont voulu introduire, n’a pû passer.

La gravité des sons dépend de la grosseur, longueur, tension des cordes, de la longueur des tuyaux, & en général du volume & du poids des corps sonores : plus ils ont de tout cela, & plus leur gravité est grande ; car il n’y a point de gravité absolue, & aucun son n’est grave ou aigu que par comparaison. Voyez Corde & Fondamental. (S)

GRAVITER, v. n. (Physiq.) on dit dans la philosophie newtonienne, qu’un corps gravite vers un autre, pour dire qu’il tend vers cet autre corps par la force de la gravité, ou, pour parler suivant le système de Newton, qu’il est attiré par cet autre corps. Voyez Gravitation, &c.

GRAVOIR, s. m. outil de Charron, c’est une espece de marteau dont un pan est rond & plat, & l’autre pan est plat & tranchant. Il sert aux Charrons pour couper & fendre des cercles de fer & d’autres pieces.

* Gravoir, (Lunetier.) c’est un instrument avec lequel le lunetier trace dans la châsse de la lunette,