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paralleles ; il fit percer deux trous à une de ses extrémités pour pouvoir passer un ruban : il lui fit un fourreau avec un petit morceau de linge. Le jetton ainsi garni fut introduit à plat jusque derriere la côte ; il poussa ensuite de la charpie entre le jetton & le linge dont il étoit recouvert, pour faire une pelote dans la poitrine. Les deux chefs du ruban servirent à appliquer le jetton, de façon à faire une compression sur l’orifice de l’artere.

M. Belloq a examiné dans un mémoire inséré dans le second tome de ceux de l’académie de Chirurgie, les avantages & les inconvéniens de ces différens moyens ; il les a cru moins parfaits qu’une machine en forme de tourniquet, très-compliquée, dont on voit la figure à la suite de la description qu’il en a donnée. (Y)

Ligature, (Thérapeutique.) outre les usages ordinaires & chirurgicaux des ligatures pratiquées sur les vaisseaux sanguins, le cordon ombilical, &c. dans la vûe d’arrêter l’écoulement du sang, & celles qu’on pratique aussi sur certaines tumeurs ou excroissances, comme poreaux, loupes, pour les détacher ou faire tomber. Voyez Ligature Chir. Les fortes ligatures sont comptées encore parmi les moyens d’exciter de la douleur, & de remédier par-là à diverses maladies. On les emploie dans la même vûe & aux mêmes usages que les frictions & les ventouses seches, que l’application des corps froids ou des corps brûlans, & dans les longs évanouissemens, les affections soporeuses & les hémorrhagies. Voyez ces articles. (b)

Ligature, (Musique.) Dans nos anciennes musiques étoit l’union de plusieurs notes passées diatoniquement sur une même syllabe. La figure de ces notes qui étoit quarrée, donnoit beaucoup de facilité à les lier ainsi ; ce qu’on ne sauroit faire aujourd’hui qu’au moyen du chapeau, à cause de la rondeur des notes. Voyez Chapeau liaison.

La valeur des notes qui composoient la ligature, varioit beaucoup selon qu’elles montoient ou descendoient, selon qu’elles étoient différemment liées ; selon qu’elles étoient à queue ou sans queue ; selon que ces queues étoient placées à droite ou à gauche, ascendantes ou descendantes : enfin, selon un nombre infini de regles si parfaitement ignorées aujourd’hui, qu’il n’y a peut-être pas un seul musicien dans tout le royaume de France qui entende cette partie, & qui soit en état de déchiffrer correctement des musiques de quelque antiquité.

A la traduction de quelques manuscrits de Musique du xiij. & du xiv. siecle, qu’on se propose de donner bientôt au public, on y joindra un sommaire des anciennes regles de la Musique, pour mettre chacun en état de la déchiffrer par soi-même ; c’est là qu’on trouvera suffisamment expliqué tout ce qui regarde les anciennes ligatures. (S)

Ligature, (Comm.) petites étoffes de peu de valeur, de de large, & la piece de 30 aunes. Elles se fabriquent en Normandie & en Flandres. Les premieres sont de fil, de lin & de laine, & les secondes toutes de lin : elles sont à petits carreaux ou à grandes couleurs : on les emploie en meubles.

Il y a une autre étoffe de même nom qui est soie & fil, du reste tout-à-fait semblable à la premiere.

Ligature, (Comm.) nœud qui lie les masses de soie ou celles de fil de chevron. Il faut que la ligature soit petite. Si elle est grosse, elle sera fournie de soie ou de fil de moindre valeur que la masse, & il y aura du déchet.

Ligature, dans l’Imprimerie, peut si l’on veut s’entendre des lettres doubles, voyez Lettres doubles ; mais il appartient plus positivement aux caracteres grecs, dont quelques-uns liés ensemble don-

nent des syllabes & des mots entiers. Voyez démonstration de la casse greque, Pl. d’Imprimerie.

LIGE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui lie plus étroitement que les autres.

Fief-lige est celui pour lequel le vassal s’oblige de servir son seigneur envers & contre tous. Vassal lige est celui qui possede un fief lige ; hommage lige est l’hommage dû pour un tel fief. Voyez Fief-lige & Hommage-lige. (A)

LIGÉE, Ligea, (Géogr.) île imaginaire, forgée par Folin, qui dit qu’elle prit ce nom d’une des trois sirenes, dont le corps fut jetté dans cette île. Ligée est à la vérité le nom d’une sirene, mais il n’y a point d’île qui se nomme de la sorte ; aucune des îles sirenuses ne s’appelle ainsi. Enfin la sirene Ligée eut sa sépulture à Terine, qui est une ville en terre ferme. Voyez & Sirenuses, îles. (D. J.)

LIGENCE, s. f. (Gramm. Jurisprud.) qualité d’un fief qu’on tient nûement & sans moyen d’un seigneur dont on devient ainsi homme lige. La ligence est aussi le droit du vassal à l’égard de son seigneur, comme de faire la garde de son château en tems de guerre. Un fief de ligence est celui auquel cette prérogative est attachée.

LIGNAGE, (Jurisprud.) signifie en général cognation, en matiere de succession aux propres, ou de retrait lignager quand on parle de lignage, on entend ceux qui sont de la même ligne, c’est-à-dire d’un même ordre ou suite de personnes. Voyez Ligne. (A)

LIGNE, s. f. (Géométrie.) quantité qui n’est étendue qu’en longueur, sans largeur ni profondeur.

Dans la nature, il n’y a point réellement de ligne sans largeur ni même sans profondeur ; mais c’est par abstraction qu’on considere en Géométrie les lignes comme n’ayant qu’une seule dimension, c’est-à-dire la longueur : sur quoi voyez l’article Géométrie.

On regarde une ligne comme formée par l’écoulement ou le mouvement d’un point. Voyez Point.

Il y a deux especes de lignes, les droites & les courbes. Voyez Droite & Courbe.

Si le point A se meut vers B (Pl. géom. fig. 1), il décrit par ce mouvement une ligne, & s’il va vers B par le plus court chemin, cette ligne sera une droite. On doit donc définir la ligne droite, la plus courte distance entre deux points. Si le point qui décrit la ligne, s’écarte de côté ou d’autre, & qu’il décrive par exemple, une des lignes ACB, AcB, il décrira ou une ligne courbe, comme AcB, ou bien deux ou plusieurs droites, comme ACB.

Les lignes droites sont toutes de même espece ; mais il y a des lignes courbes d’un nombre infini d’especes. Nous en pouvons concevoir autant qu’il y a de différens mouvemens composés, ou autant qu’on peut imaginer de différentes lois de rapports entre les ordonnés & les abscisses. Voyez Courbe.

Les lignes courbes se divisent ordinairement en géométriques & méchaniques.

Les lignes géométriques sont celles dont tous les points peuvent se trouver exactement & sûrement. Voyez Géométrique & Courbe.

Les lignes méchaniques sont celles dont quelques points, ou tous les points se trouvent par tatonnement, & d’une maniere approchée, mais non pas précisément. Voyez Méchanique & Courbe.

C’est pourquoi Descartes & ceux qui suivent sa doctrine, définissent les lignes géométriques, celles qui peuvent être exprimées par une équation algébrique d’un degré déterminé : on donne aussi le nom de lieu à cette espece de lignes. Voyez Lieu.

Et ils définissent les lignes méchaniques, celles qui ne peuvent être exprimées par une équation finie, algébrique, & d’un degré déterminé.

D’autres pensent que les lignes que Descartes ap-