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Tuerie (rue de la).

Commence aux rues Saint-Jérôme et de la Vieille-Tannerie ; finit à la place du Châtelet, nos 2 et 4. Pas de numéro. Sa longueur est de 26 m. — 7e arrondissement, quartier des Arcis.

Au XIIIe siècle, c’était l’Escorcherie. En 1512, on l’appelait rue des Lessives. Elle doit son nom actuel à une tuerie, qui existait dans cette rue près de la grande boucherie. — Une décision ministérielle du 11 octobre 1806, signée Champagny, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Peu de temps après, elle fut alignée sur cette largeur qui a été maintenue par une ordonnance royale du 9 décembre 1838. Les propriétés riveraines sont alignées.

Tuileries (palais et jardin des).

1re Partie. — Origine du palais. — Constructions.

Plusieurs documents anciens nous prouvent que la tuile qu’on employait à Paris se fabriqua d’abord au bourg Saint-Germain-des-Prés, dans l’emplacement qui a longtemps conservé le nom de rue des Vieilles-Tuileries. (Cette voie publique est confondue aujourd’hui avec celle du Cherche-Midi.) On éleva dans la suite, de l’autre côté de la Seine, plusieurs fabriques de tuiles sur un terrain appelé au XIVe siècle la Sablonnière. En 1372, on comptait en cet endroit trois tuileries. Près de ces fabriques, et à côté des Quinze-Vingts, Pierre des Essarts et sa femme occupaient en 1342, une maison nommée l’hôtel des Tuileries, qu’ils cédèrent à cet hôpital avec un grand terrain qui dépendait de leur propriété. En 1416, Charles VI ordonna que toutes les tueries ou escorcheries seraient transportées hors des murs de la ville, « près ou environ des tuileries Sainct-Honoré, qui sont sur la dite rivière de Seine, outre les fossés du château du Louvre. » (Ordonnances du Louvre, tome 10, page 374.) — Nicolas Neuville de Villeroy, secrétaire des finances et audiencier de France, possédait en cet endroit, au commencement du XVIe siècle, une grande habitation avec cours et jardin clos de murs. Louise de Savoie, mère de François Ier, se trouvant incommodée du séjour de son palais des Tournelles, environné d’eaux stagnantes, résolut de changer d’air. Elle jeta les yeux sur la maison de M. de Neuville qu’elle vint habiter. La santé de Louise de Savoie ne tarda pas à se rétablir. Cette heureuse circonstance engagea François Ier à faire l’acquisition de cet hôtel. Le propriétaire reçut en dédommagement la terre de Chanteloup, près de Montlhéry. Le contrat d’échange porte la date du 12 février 1518. Louise de Savoie s’ennuya bientôt dans sa nouvelle habitation. Cette princesse en fit don à Jean Tiercelin, maître d’hôtel du dauphin, et à Julie du Trot son épouse. Les lettres qui constatent cette donation ont été enregistrées à la chambre des comptes le 23 septembre 1527.

Henri II, blessé dans un tournoi par le comte de Montgommeri, mourut à l’hôtel des Tournelles le 15 juillet 1559. À dater de cette mort, ce palais devint comme un lieu de malédiction, et fut abandonné par Catherine de Médicis. Charles IX, par lettres-patentes du 28 janvier 1563, en ordonna la démolition.

Vers cette époque, la veuve de Henri II fit l’acquisition de la maison des Tuileries, de plusieurs propriétés voisines et d’un grand terrain qui appartenait à l’hôpital des Quinze-Vingts. Les jardins furent environnés d’un mur à l’extrémité duquel on fit commencer les fortifications, du côté de la rivière, par un bastion dont le roi posa la première pierre, le 11 juillet 1566. La reine mère avait chargé Philibert Delorme de la construction de son nouveau palais. Catherine ne se contentait pas de protéger et d’encourager les arts, souvent encore elle traçait elle-même les plans des bâtiments et surveillait leur exécution. Dans la dédicace que Philibert Delorme fit à la reine-mère de son traité d’architecture, on lit ce qui suit : « Madame, je voy de jour en jour l’accroissement du grandissime plaisir que votre majesté prend à l’architecture, et comme de plus en plus votre bon esprit s’y manifeste et reluit, quand vous-même prenez la peine de portraire et esquicher les bâtiments qu’il vous plaît commander estre faits, sans y omettre les mesures des longueurs et largeurs, avec le département des logis qui véritablement ne sont vulgaires et petits, ains fort excellents et plus que admirables comme entre plusieurs est celuy du palays que vous faictes bâtir de neuf en Paris, près la porte neufve, et le Louvre maison du roy, le quel palays je conduis de votre grâce, suivant les dispositions, mesures et commandements qu’il vous plaît m’en faire, etc … »

La demeure que Catherine de Médicis fit élever consistait en un bâtiment avec un pavillon au centre et deux aux extrémités ; ces constructions étaient composées d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage. Le pavillon du milieu dans lequel fut pratiqué le grand escalier, était couvert d’une coupole. Par sa forme, ses dimensions et les détails de son architecture, cette coupole était beaucoup plus en harmonie avec les corps de bâtiments adjacents que la toiture actuelle. L’ensemble de la façade du côté du jardin, telle qu’elle fut exécutée par Philibert Delorme, se composait du pavillon central, de deux portiques couverts de terrasses et surmontés d’un étage en mansardes, et se terminait par deux corps de bâtiments percés de trois fenêtres à chaque étage et décorés de deux ordres d’architecture.

Tel était le château des Tuileries dont Catherine de Médicis fit son habitation ordinaire. Le roi occupait le Louvre. À cette époque, un astrologue prédit à la reine mère qu’elle mourrait près de Saint-Germain. On la vit aussitôt déserter tous les endroits et toutes les églises qui portaient ce nom. Elle n’alla plus à Saint-