PROLOGVE
evvevrs treſilluſtres, & vous goutteurs tres precieux, i’ay veu, receu, ouy, & entendu l’Ambaſſadeur que la ſeigneurie de voz ſeigneuries ha tranſmis par deuers ma paternité, & m’a ſemblé bien bon & facond orateur. Le ſommaire de ſa propoſition, ie reduis en trois motz[2],
lesquelz ſont de tant grande importance, que iadis
entre les Romains par ces trois motz le Preteur
reſpondoit à toutes requeſtes expoſées en iugement :
par ces trois motz, decidoit toutes controuerſies,
tous complainctz, proces, & differens, & eſtoient
les iours dictz malheureux & nefaſtes, esquelz le
Preteur n’vſoit de ces trois motz, faſtes & heureux,
esquelz d’iceulx vſer ſouloit : Vous donnez, vous
dictes, vous adiugez. O gens de bien, ie ne vous
peulx voir[3] ! La digne vertu de Dieu vous ſoit,
- ↑ Prologve dv qvart livre. Ce prologue est celui de l’édition de 1548. Voyez la Bibliographie.
- ↑ Trois motz. Les trois mots : do, dico, addico, qui se trouvent expliqués quelques lignes plus bas, reviennent p. 186-189 en tête des trois alinéas : Vous me donnez… Vous dictes… Vous adiugez.
- ↑ Gens de bien, ie ne vous peulx voir ! Voyez ci-dessus, p. 268, note sur la l. 7 de la p. 253.*
* Gens de bien… Ie ne vous peuz veoir. Voyez ci-dessus, p. 168, la note sur la l. 3 de la p. 232.* Cette espèce de dicton a été bien souvent répétée : « Ha ! gens de bien, ie ne vous puis voir, mon chappeau eſt percé. » (Du Fail, t. I, p. 297.) — « Bonnes gens, je ne vous puis voir, comme dit Maiſtre François dans ſon livre. » (La Fontaine, Lettres, au prince de Conti, nov. 1689)