Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des racines, jusqu’à l’extrémité des branches, & sa descente des branches vers les racines, est une des plus importantes découvertes que l’on ait faites dans l’économie végétale. M. Hales, qui le premier fit des expériences pour la démontrer, la substitua avec raison à la circulation de la séve, que l’on avoit imaginée à l’imitation de celle du sang ; mais il s’en faut qu’elle lui ressemble. Les principes de la séve sont hors de la plante ; ils n’ont besoin que d’un léger travail pour être appropriés à l’être qu’ils doivent nourrir ; & c’est en montant à travers les canaux séveux, en séjournant dans les utricules, qu’ils achèvent de se perfectionner. De là, après avoir déposé leurs molécules nutritives, ils s’évaporent à travers l’écorce de la tige & des branches, sans revenir vers le point d’où ils sont partis, comme le sang. Telle est la marche de la séve terrestre. La séve aérienne pénètre à travers les pores des feuilles & des branches, & descend par des conduits propres jusque vers les racines, d’où elle s’échappe en abondance. Ce mécanisme sera plus détaillé à l’article Séve.

Mais quelle peut être la cause déterminante de cette ascension ? Qui peut obliger un fluide, doué comme tous les autres d’un certain degré de pesanteur, de remonter contre son propre poids, & de s’élever quelquefois à des hauteurs prodigieuses ? On a enfanté, pour l’explication de ce mystère végétal, une infinité de systêmes différens. Les uns l’ont attribué à la raréfaction & à la condensation de l’air, tant intérieur qu’extérieur, de la plante ; d’autres à la disposition des valvules dans les fibres longitudinales, & à la transpiration. M. Bonnet a cru découvrir dans les plantes certains mouvemens péristaltiques, principes de l’ascension de la séve ; M. de la Boisle emploie la contraction & la dilatation de l’air & des trachées ; Malpighi, l’aspérité des canaux & la température de l’air ; Grew, pour faciliter ce mouvement de la séve, la réduit en vapeurs & par-là, diminuant sa densité, augmente sa légéreté. Tous ces systêmes, & quelques autres encore, ont besoin d’être approfondis & discutés ; il n’est aucun d’eux qui ne rende raison jusqu’à un certain point de l’ascension de la séve ; par conséquent tous renferment quelques vérités : peut-être qu’en les réunissant tous nous parviendrons à expliquer clairement ce grand phénomène, (Voyez le mot Séve).

Il est encore un autre phénomène végétal ; c’est celui de l’ascension en ligne droite des tiges & des branches des plantes. (Voyez Branche & Perpendicularité) M. M.


ASNE. (Voyez Âne)


ASNÉE. (Voyez Ânée)


ASPERGE, ASPERGÈRE, ou Aspergerie. Ces deux derniers mots sont synonymes, & désignent l’endroit planté en asperge. M. le chevalier Von Linné en compte quatorze espèces, soit d’Europe, soit des autres parties du monde, & nous ne parlerons que des espèces ou variétés cultivées dans les jardins ; les autres sont plus du ressort de la botanique que de l’agri-