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nombre qui ne peuvent parvenir à se développer, qu’à l’aide de certaines circonstances ; telles sont les fibres qui fournissent aux reproductions dont il s’agit ici. La plaie faite à l’ancienne peau, détermine les sucs nourriciers à se porter aux fibres invisibles qui environnent les lèvres de la plaie, &c. mais sans recourir à l’existence de ces fibres invisibles, on peut se contenter d’admettre que les fibres des environs de la plaie étant mises plus au large par la destruction des fibres qui les avoisinoient, & recevant tout le suc qui étoit porté à celles-ci, doivent naturellement grossir & s’étendre davantage. »

Cette explication est fondée, comme on le voit, sur le principe que nous avons adopté, de la dilatation successive du réseau cortical par l’addition & la conversion des sucs nourriciers en parenchyme. Au mot Bourrelet nous avons fait voir qu’il se reproduisoit par le même mécanisme. Il est à croire que toutes les réparations végétales sont de même nature.

Section III.

De l’utilité de l’Écorce.

L’utilité de l’écorce est trop sensible pour que nous nous y arrêtions long-temps. Sa nature & celle des vaisseaux qui la composent, l’indiquent assez. L’élaboration des sucs circulans, l’entretien d’une humidité nécessaire, l’obstacle qu’elle oppose perpétuellement à une évaporation trop forte ou trop prompte, la réparation des plaies, &c. &c. sont les principaux avantages de l’écorce. Cela est si vrai, que lorsque quelques accidens ont dépouillé un arbre d’une grande partie de son écorce, il languit jusqu’à ce que une reproduction entière l’ait recouvert & regarni. On pourroit objecter cependant que souvent l’on voit des arbres, presque totalement écorcés, pousser encore des rejetons & des feuilles. Mais ces productions sont toujours foibles, & si l’écorce entière est enlevée, l’arbre mourra bientôt. Si, au contraire, il se trouve une bande d’écorce qui parte depuis le haut du tronc, & qui se prolonge jusqu’aux racines, l’arbre végétera encore assez bien, parce que les sèves ascendantes & descendantes trouveront des vaisseaux qui les porteront d’une extrémité à l’autre. (Voyez le mot Sève.)

L’humidité que l’écorce entretient autour de l’aubier est le principe de sa mollesse. Dès que cette humidité peut se dissiper, les fibres de l’aubier s’affermissent en se desséchant, & le bois en devient plus fort. Voyez le mot Aubier, où nous avons prouvé, par le raisonnement & l’expérience, l’effet, l’avantage d’écorcer es arbres quelque temps avant de les couper.

Section IV.

Écorce des Plantes, des Corolles & des Feuilles.

Nous n’avons considéré jusqu’à présent l’écorce que dans les plantes ligneuses ou les arbres, parce qu’il est plus facile d’en distinguer toutes les parties. Si nous descendons vers les plantes herbacées, nous la retrouverons encore, mais avec cette différence que l’écorce ne paroît point composée d’autant de parties,