Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/274

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entrer dans une plus longue dissertation sur le seigneur Urceus Codrus, qui certainement n’a jamais tant fait parler de lui, je vois que ma faute est d’avoir traduit Sermones comme l’on traduit Collegium, ou d’avoir eu trop de confiance en celui qui m’apporta ce fameux passage. Qu’on en pense ce qu’on voudra, je m’y soumets ; mais je désire qu’on soit bien convaincu que vous n’avez d’autre tort en cette occasion que de vous en être rapporté à moi. Faites imprimer ma lettre[1], si vous le jugez à propos. Loin d’en être fâché, je le désire avec ardeur, puisque ce sera une occasion de vous donner authentiquement une preuve de la sincère amitié que j’ai toujours eue pour vous. Que ne puis-je trouver celle de vous en donner de la véritable admiration que m’inspire la supériorité de vos talents !

Le duc de La Vallière.

4520. — À M. DUCLOS.
Ferney, 10 avril

Je vous assure, monsieur, que vous me faites grand plaisir en m’apprenant que l’Académie va rendre à la France et à l’Europe le service de publier un recueil de nos auteurs classiques, avec des notes qui fixeront la langue et le goût, deux choses assez inconstantes dans ma volage patrie. Il me semble que Mlle Corneille aurait droit de me bouder, si je ne retenais pas le grand Corneille pour ma part. Je demande donc à l’Académie la permission de prendre cette tâche, en cas que personne ne s’en soit emparé.

Le dessein de l’Académie est-il d’imprimer tous les ouvrages de chaque auteur classique ? Faudra-t-il des notes sur Agésilas et sur Attila, comme sur Cinna et sur Rodogune ? Voulez-vous avoir la bonté de m’instruire des intentions de la compagnie ? Exige-t-elle une critique raisonnée ? Veut-elle qu’on fasse sentir le bon, le médiocre et le mauvais ? qu’on remarque ce qui était autrefois d’usage, et ce qui n’en est plus ? qu’on distingue les licences des fautes ? Et ne propose-t-elle pas un petit modèle auquel il faudra se conformer ? L’ouvrage est-il pressé ? Combien de temps me donnez-vous ?

Puisqu’on veut bien placer ma maigre figure sous le visage

  1. Elle a été imprimée dès 1761, à la suite de la Lettre de M. de Voltaire à M. le duc de La Vallière, in-8o de vingt-huit pages, contenant, pages 1-20, la lettre au duc de La Vallière (voyez no 4531) ; pages 21-22, une traduction de la lettre à milord Lyttelton (voyez no 4254) ; pages 23-24, une traduction de la réponse de milord Lyttelton (voyez no 4318) ; pages 25-26, la réponse à Trublet (voyez no 4534) ; le dernier feuillet, paginé 1-2, contient la lettre du duc, qui avait paru dans le Journal encyclopédique du 15 mai 1761.