Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/111-123

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Fascicules du tome 2
pages 101 à 110

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 111 à 123

pages 123 à 130


curieuses sur les Bulles des Papes dans leur Propilæum du mois de Mai, & dans des Paralipomena, ou additions qui se trouvent communément à la fin du VIIe Tome des Acta SS. du même mois. 1o . Innocent V, dans une Bulle, qu’il donna aussi-tôt qu’il fut élu, & avant sa consécration, ne met point son nom, mais seulement Electus, Episcopus, servus servorum Dei, & il dit que c’est la coutume, & que tous ses prédécesseurs en ont ainsi usé. 2o . Dans une Bulle que Martin Ve donna le jour même de son élection, quoiqu’il ne fût encore ni Evêque, ni même Prêtre, il prend le titre d’Evêque, mais sel, & sans mettre electus, comme Innocent V, & il met son nom. Martinus Episcopus, servus servorum Dei. 3o . Depuis 800 ans le sceau des Bulles est de plomb, & représente S. Pierre & S. Paul, & ils montrent qu’on n’en peut tirer aucun avantage pour l’opinion des deux chefs ex æquo. Ce n’est point Adrien IV, qui en 1553 a commencé d’y mettre les images de ces deux Apôtres. Victorellus a cru que Jean premier étoit celui qui avoit commencé à apposer aux Bulles un sceau de plomb, sur lequel fut son nom. Le P. Mabillon n’a osé remonter plus haut que Jean IV. Les Bollandistes soutiennent que si on compare les deux sceaux, sur lesquels Victorellus se fonde avec les Bulles indubitables d’Adrien I, de Paschal I, de Nicolas I, on trouvera que ces sceaux sont du même siècle, c’est-à-dire, du IXe, & par conséquent de Jean VIIIe. 4o . Au VIIIe siècle le sceau fut carré, & con caractère barbare. 5o . Le P. Mabillon, De Re diplom. L, II, C, 14, dit qu’il a vu des privilèges de Jean IV, & de Segius I, avec chacun une Bulle, ou sceau de plomb, ce qui montre, selon lui, que Polydore Virgile s’est trompé, de rapporter le commencement de cet usage à Etienne IIIe & Adrien Ie. Domitius Raynaldus prétend qu’il est bien plus ancien, & cite une Bulle de plomb de S. Silvestre, & d’autres de Léon I, & de S. Grégoire le Grand ; mais quand cela seroit vrai de S. Grégoire, il ne peut l’être de S. Silvestre, ni même de S. Léon. 6o . Jusqu’à Jean XIIIe, il n’y a sur la Bulle, ou sur le sceau, que le nom du Pape. 7o . Dans le XIe siècle on y innova bien des choses. On commença à y marquer l’année de l’Incarnation ; & selon le P. Mabillon, ce fut Léon IXe qui introduisit cet usage, parce qu’il étoit de la famille de Empereurs de Germanie qui l’observoient ; qu’il avoit été Evêque de Toulon où cet usage se gardoit, & qu’il avoit pour Secrétaire le Doyen de Toul qui y étoit accoutumé ; Ciaconius a cru qu’on n’avoit commencé que sous Eugène IV. Au reste, par année de l’Incarnation, il faut entendre de la Nativité de Jésus-Christ. On changea aussi le commencement de l’indiction & du mois de septembre, on le recula jusqu’à Noël. 8o . Au même siècle, ou sous le même Léon IXe, commença l’usage de faire souscrire des témoins aux Bulles des Papes ; ce qui ne se faisoit auparavant que lorsque ces sortes de lettres se signoient dans un Concile, & qui commença alors à l’occasion d’un Concile tenu à Metz, où quelques Evêques du Concile étoient encore, quand Léon donna le privilège où cela s’est fait la première fois. 9o . Le même Pape est celui qui exprima le premier par un monogramme la formule Bene valete, par laquelle on finissoit les Bulles, au moins depuis Charlemagne. 10o . Enfin, ce fut au même temps que les Papes commencerent à prendre des sentences, à les mettre sur leur sceau, à y graver des croix, & plusieurs autres choses emblématiques. Voyez Ciaconius, le P. Mabillon aux endroit cités, & les Acta Sanctor. Propylæum Maii, p. 99 & 190 & Parapolim. pag. 33, 48, 59, 87, 105, 112. De Hauteserre, De Duc. & Comit. Prov. L, III, c. 4, dit que les Papes se servent d’une Bulle ou sceau de plomb pour marquer leur mépris pour l’or & l’argent.

Bulle d’or, est une ordonnance ou réglement fait par Charles IV, Empereur en l’an 1356. On dit que ce fut le célèbre Jurisconsulte Bartole qui la dressa. C’est une loi fondamentale dans l’Empire. Avant ce temps-là les cérémonies, & la forme de l’élection des Empereurs étoient douteuses & incertaines ; & le nombre des Electeurs n’étoit point fixé. Cet Edit solennel règle les fonctions, les droits, les privilèges & les prééminences des Electeurs. L’original, qui est latin, & écrit sur du vélin, est gardé à Francfort, relié in-4o . en parchemin rouge. Au dos du livre sont passés plusieurs lacs de soie noire & jaune, au bout desquels pend un sceau d’or. On l’appelle par excellence Bulle d’or, parce que les Empereurs d’Orient faisoient autrefois sceller leurs Edits d’un sceau d’or, qu’on appeloit bulle. Cette ordonnance, qui contient 30 articles, fut approuvée par tous les Princes de l’Empire, & s’observe encore aujourd’hui. L’élection se faisoit par sept Electeurs ; trois Ecclésiastiques, les Archevêques de Maience, Trèves & Cologne ; & quatre Séculiers, le Roi de Bohème, le Comte Palatin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg ; & par la Bulle d’or, le Comte Palatin marchoit après le Roi de Bohème ; mais il fut dépouillé de son Electorat en 1623. Le Duc de Bavière fut mis en sa place. Le Comte Palatin a été rétabli en 1648, par la paix de Munster : ainsi il est le huitième Electeur ; & en 1692, l’on a érigé un neuvième Electorat en faveur de la Maison de Lunebourg. Henri Gunther Thulemarius a fait des traités, De Bullis ; De Bulla Aurea Caroli V, Bulla Andronici Imper. &c. C’est un in-fol. imprimé à Francfort en 1697.

Les Bulles d’or ont été en usage chez les Empereurs d’Orient dès le temps de Louis le Débonnaire : on s’en servoit dans les actes de grande conséquence, comme en la concession des privilèges des Eglises. Aux autres occasions ils se servoient de plomb, ou de cire. Voyez sur les Bulles d’or des Empereurs, Zonatas in Theophilo, Cedrénus in Constantino Monomach. Nicetas in Mannel, Comn. L, I, Phrances, L, III, C, Leo Ostiensis Chron. Caff. C. 22 & C. 67. Curopalates de Offic. magni Logoth. & de Hauteserre, Duc. & Com. Prov. L. 3, C, 4 & dans ses notes sur Anastase, p. 160, Spelmanus fait mention d’une Bulle d’or dans un traité d’alliance fait entre le Roi François I, & Henri VIII, Roi d’Angleterre. Il y en a plusieurs autres exemples dans Du Cange & dans de Hauteserre, De Duc. & Comt. Prov. L. III, C 4, où il montre que les Rois se donnerent aussi ce droit.

Bulle. Terme de physique. Les Physiciens se servent de ce nom pour exprimer ces petits globules, ces petites bouteilles pleines d’air qui se forment sur l’eau. Bulla. Voyez au mot Bouteilles d’eau la formation de ces Bulles. On attribue la conformation de la pierre ponce spumeuse, qui paroît composée de brins de verre qui la rend transparente & friable, aux bulles de l’écume de la mer, dont la superficie composée de particules salines se coagule, se cristallise dans les cavernes où ces bulles sont poussées par les vents. Dans le niveau d’air il y a une bulle qui détermine le niveau. Ce niveau est un tube de verre rempli d’eau, à la réserve d’une petite portion qui produit la bulle. Cette bulle est extraordinairement mobile : & lorsque le niveau est couché horizontalement, & qu’elle s’arrête justement au milieu, on peut dire que cet instrument donne un niveau dans sa juste précision. Les enfans s’amusent à faire des bulles de savon.

Bulle, a aussi signifié des cloux à tête dorée, & des bossettes qu’on mettoit aux brides & harnois des chevaux ; mais sur-tout il signifioit les sceaux attachés aux patentes & lettres des Princes, & les matrices dont on se servoit pour les former, à cause qu’ils ressembloient en quelque façon à ces bouteilles, ou à ces têtes de cloux.

Bulle, Vieux mot. Arbre naissant dans des lieux humides. Arbor palustris, in locis palustribus succrescens. Des bulles, qui sont des arbres naissans dans des lieux humides, s’est fait le nom de lieu Bully. Huet. Antiq. de Caën.

BULLÉ, ÉE, adj. Qui est en forme authentique. Bullâ instructus. J’ai eu ma commission bien signée & bien bullée. On dit aussi quelquefois, un bénéfice bullé, une Abbaye bullée ; pour dire, un bénéfice consistorial, pour lequel il faut des Bulles du Pape. On dit aussi, Abbé bullé, pour un Abbé qui a un bénéfice de cette espèce. On dit, M. l’Abbé tel n’est point encore bullé ; pour dire, n’a point encore reçu ses bulles. On ne le dit que dans la conversation & dans le discours familier.

☞ BULLES, petite ville de France, en Beauvoisis, sur la Bresse, à trois lieues de Beauvais.

BULLETTE, ou BULETTE. s. f. Terme de coutumes. Le droit de bullette, ou burlette, dans le pays Messin, pour les biens en fonds, est le quarantième denier des acquisitions, & pareillement le quarantième denier des obligations. De Laurière.

BULLETIN. s. m. Ordre que donnent des Echevins ou Magistrats d’une ville pour loger des soldats, pour faire des corvées, ou les obliger à quelque autre charge publique. Schedula Magistratus restimonium continens.

Bulletin, se dit aussi des certificats de santé qu’on va prendre des Magistrats en temps de peste, pour avoir libre entrée dans les lieux où l’on a à passer.

Bulletin, se dit encore du suffrage donné par écrit. Il n’a guère d’usage qu’en parlant des suffrages donnés de la sorte pour l’élection d’un Pape. Les Cardinaux portent les bulletins dans le calice.

☞ On appelle encore bulletin, un billet par lequel on rend compte chaque jour de l’état actuel d’une affaire intéressante, d’une maladie, &c. Le bulletin de l’armée.

Bulletin, dans le commerce, est aussi un nom qu’on a donné aux billets que ceux qui avoient des comptes ouverts dans les livres de la banque royale de France, devoient envoyer ou porter aux teneurs de livres pour s’y faire ou créditer, ou débiter. Encycl.

Bulletin. C’est, en termes de Finances, le billet que l’on donne pour servir de preuve qu’on a payé les droits d’entrée & de sortie. Dict. des Finances.

Bulletins. C’est le nom qu’on donne aux Cordeliers réformés dans le temps de leur réforme en 1492. Les Cordeliers bulletins ou de la Bulle, dit M. Huet, sous prétexte d’une plus grande réforme, ayant voulu se rendre maîtres du Couvent de la ville de Caën, les Religieux qui l’habitoient, les en empêcherent.

On appelle, en termes de Marine, bulletin, un petit livret qu’on donne aux gens de mer, lorsqu’ils sont enregistrés au Bureau des Classes de la Marine, lequel contient leurs qualités, leurs signalemens, leurs âges, & le lieu de leur naissance.

BULLIARDE. s. m. C’est le nom que les Astronômes donnent à une des taches de la lune, qui est la 14e du catalogue qu’en a fait le P. Riccioli. Bullialdus. C’est le nom du célèbre Ismaël Bouillard qu’on a donné à cette tache.

☞ BULLINBROOK. Ville & Comté d’Angleterre, dans la province de Lincoln.

BULLISTE. Nom d’une Congrégation de Religieux de l’Ordre de saint François, appelés plus communément Observans. Bullista. Les Bullistes, c’est-à-dire, les Observans, car on les appeloit ainsi en quelques lieux. P. Helyot, 5. VII, p. 103. Sans doute qu’on leur donna ce nom à l’occasion de la Bulle de Léon X, du 1 Juin 1517, & remit la paix & la tranquillité entre les Observans & les Conventuels.

☞ BULLOITES, (les) peuples d’Asie, dans les Etats du Mogol, probablement les mêmes que les Bulloques.

☞ BULLOQUES, ou BALLUCHES (les) peuples d’Asie, partie dans la Perse, partie dans l’Indoustan, dans les provinces de Méeran, de Ségestan, de Buckor & de Moultan. Comme ils sont peu connus, quelques Auteurs les ont fait passer pour des Géans & des Antropophages.

☞ BULLOS, ou BOL. Petite ville de Suisse, au Canton de Fribourg, dans le Bailliage du même nom.

BULTEAU. s. m. Termes d’Eaux & Forêts. Arbre en boule. Mettre des arbres en bulteau, ou têtars, c’est-à-dire, couper la tête des arbres. Conf. de l’Ord. des Eaux & Forêts.

BULUK BACHI. s. m. Terme de relation, qui signifie chef de troupe. Præfectus turmæ, tricenarius. Les Azamoglans sont ordinairement 25 ou 30 dans une chambre, commandés par un Buluk Bachi, c’est-à-dire, chef de troupe. Du Loir, p. 100. Voyez Bostangi, car les Buluks Bachis sont aussi Commandans des Bostangis, sous le Bostangi Bachi. Le Buluk Bachi accompagne ordinairement partout les Azamoglans. Son bonnet est blanc & pointu comme ceux des Adgiamis Oglans qui en ont de jaunes, & la principale marque de sa charge est la canne qu’il porte toujours à la main, pour châtier ceux qui feroient quelque insolence. Du Loir, p. 101.

BUM.

BUMICILI. s. m. Nom d’une secte Mahométane en Afrique. Les Bumicilis sont grands sorciers. Ils combattent contre les Diables, à ce qu’ils disent & vont tout meurtris & couverts de coups, dans un grand effroi ; souvent en plein midi ils contrefont un combat en présence de tout le monde l’espace de deux ou trois heures, avec des javelots, ou zagaies, jusqu’à ce qu’ils tombent tous moulus de coups. Mais après s’être reposés un moment, ils reprennent leurs esprits, & se promenent. Je n’ai encore pu savoir quelle est leur règle ; mais on les tient pour Religieux. Marm. d’Ablanc. Ce sont des fous dignes des petites maisons.

BUN.

BUNETTE. s. f. Petit oiseau. C’est une espèce de moineau de haie, d’un plumage gris, moins gros que la fauvette, mais plus gros que le roitelet. Il fait son nid dans les haies, soit vives, soit mortes, avec un peu d’herbe séche, de la mousse verte, & du crin en dedans, à la hauteur de la ceinture, ou tout au plus des épaules d’un homme d’une taille ordinaire. Observ. sur les Ecr. mod.

☞ BUNGO. Royaume du Japon, un des plus considérables de l’Île de Ximo. Il a celui de Bugen ou Buygen au nord ; celui de Fingo au sud ; le Figen à l’ouest ; & à l’est, le bras de mer qui sépare l’Île de Ximo d’avec celle de Xicoco. Capitale Fucheo ou Funay & non Bungo.

BUNIAS. s. m. Ce mot est en usage chez les Botanistes & les Droguistes. Le bunias est le navet sauvage, qui croît ordinairement dans les blés. Il a quantité de feuilles, des fleurs jaunes ; quelquefois il y en a quelques-unes de blanches. Les gousses qui renferment la semence sont de la longueur d’un pouce, ou d’un pouce & demi, rondes en longueur : la semence est ronde, de couleur purpurine, âcre & mordicante au goût, & en tout approchante de la semence du navet domestique. La graine de bunias entre dans la composition de la thériaque, ce qui lui est propre, & ne convient point à la graine du navet domestique. Pomet.

☞ BUNTZEL. Ville de Silésie, dans la Principauté de Javer.

☞ BUNTZEL, ou PUNTZEL, ou BUNZLAU. Nom de deux Villes voisines en Bohême, l’ancienne près de Brandeis sur l’Elbe, & la nouvelle sur la Gizen.

☞ BUONDENO. Nom d’un bourg d’Italie, au Duché de Ferrare, à l’embouchure du Panaro

☞ BUPHAGE. Surnom donné à Hercule, pour avoir dévoré un bœuf tout entier dans un seul repas, lorsque les Argonautes le firent sortir de leur vaisseau, dans la crainte qu’il n’épuisât toutes leurs provisions. Ce mot vient du grec βοῦς, bœuf, & φάγειν, manger.

BUP.

BUPHONIES. s. f. pl. Fêtes que l’on célébroit à Athènes en l’honneur de Jupiter Polien, dans lesquelles on lui immoloit un bœuf, d’où elles ont pris leur nom.

BUPHTHALMUM. s. m. ou ŒIL DE BŒUF. Plante que quelques-uns appellent Cachla, dont les rejetons sont grêles & tendres, & les feuilles semblables au fenouil. Sa fleur est jaune, & plus grande que celle de la camomille. Elle est faite en manière d’œil de bœuf ; ce qui a donné le nom à cette plante, du mot grec βοῦς, bœuf, & de ὀφθαλμὸς, œil.

BUPLEURUM. s. m. ou ŒIL DE LIEVRE. Petite plante que Pline dit avoir sa tige d’une coudée, & plusieurs feuilles fort longues. Il ajoute que sa semence est bonne contre les plaies que font les serpens. M. de Neuve qui l’appelle Bupleurus, ou auricula leporis, dit qu’elle est toute semblable à l’oreille d’un liévre, d’où elle a pris son nom ; qu’elle est chaude, séche, & lithontriptique, & qu’on ne se sert que de ses feuilles en médecine.

BUPRESTE, s. f. Insecte ailé, assez semblable aux Cantharides. On prétend qu’elle fait enfler le bètail qui l’avale en paissant l’herbe sous laquelle elle est cachée. Buprestis : c’est pourquoi on lui donne ordinairement le nom d’enfle bœuf. Si un homme en mange, il aura les mêmes accidens que s’il avoit pris des cantharides. Ceux qui en ont avalé, ont un goût puant & semblable à celui du nître ; le ventre & l’estomac leur tirent étrangement comme aux hydropiques. M. de Saumaise prétend que la bupreste étoit aussi une herbe dont les Grecs se faisoient un ragoût dans leur repas. On se sert de la bupreste en médecine, de même que des chenilles qui viennent sur les pins, excepté qu’il est besoin, pour conserver ces dernières, de les faire rôtir un peu sur la cendre chaude dans une poële. Βούπρηστις. Ce mot est dérivé de la particule augmentative βοῦ, & de πρῆστις, un incendiaire, de πρήθω, brûler, à cause que cet insecte possède une qualité extrêmement inflammatoire. Dict. de James. D’autres croient que ce mot vient de βοῦς, & de πρήθω, inflo.

BUR.

☞ BURABOURG. Ville d’Allemagne, vers les frontières de la Hesse & de la Vestphalie, autrefois épiscopale, aujourd’hui ruinée.

BURAIL. s. m. Espèce de serge, ou de ratine. Il y a du burail lisse, du burail croisé, & du burail d’étoupes.

Burail a contre-poil. s. m. Cette étoffe se fait par les hautelisseurs de la Sayeterie d’Amiens.

☞ BURALISTE, Commis préposé pour recevoir dans son bureau le payement de certains droits.

☞ BURAMOS (les) ou les PAPAIS. Peuple d’Afrique, dans la Nigritie, voisin des Casangas, au tour de la rivière de San-Domingo.

BURAT. s. m. Grosse étoffe de laine qui tient quelque chose du drap, & dont les Capucins & d’autres Religieux sont habillés. Pannus lanâ rudiore contextus.

BURATÉ, ÉE. adj. Qui participe à la nature de la bure. Etamine buratée.

BURATINE, ou BURATIN. Espèce de papeline dont la chaîne est de soie fort déliée, & la trame de grosse laine. On la passe sous la calandre.

BURBAS. s. m. Petite monnoie qui se fabrique à Alger, & qui porte des deux côtés les armes ou enseignes du Dey. Six burbas ne valent guère que la moitié d’un aspre.

☞ BURCHAIM. Petite ville d’Allemagne en Bavière entre Neubourg & Ingolstadt.

☞ BURCHAUSEN. Ville d’Allemagne dans la basse Bavière, sur la rivière de Saltz.

☞ BURCZLAND. Petit pays de la Transilvanie, aux environs de Biassau, aux confins de la Valachie & de la Moldavie.

☞ BURD. Petite rivière qui a sa source au dessus de Pont-Brocard, en basse Normandie, traverse le Cotentin, & se jette dans la mer au dessous de Coutance.

☞ BURDUGON. Petite ville de la Morée, sur le Vasilipotamo.

BURDIN. Voyez Buridan.

BURDINAIRE, s. m. Burdinarius. C’est le nom que Raimond, Comte de Toulouse, donna aux Croisés qui marcherent contre lui après qu’il eut été excommunié comme hérétique Albigeois. Ils se nommoient Pélerins, d’où le Toulousain les appeloit par raillerie Burdinaires. Méz. du nom latin burdo, le bourdon d’un Pélerin.

BURE. s. f. Etoffe grossière & de peu de prix, faite de laine, dont se vêtent les pauvres gens. Les chagrins & les douleurs se trouvent plus souvent sous la soye que sous la bure. Burrus, burra. D’autres le dérivent de bourre, & du grec πυῤῥὸς, & du latin birrus ou burrus, qui signifient roux, comme il est écrit dans le Code Théodosien, parce que la bure est ordinairement de cette couleur. Les Anciens se sont servis de ce mot pour signifier plusieurs sortes d’habits. Quelquefois ils s’en sevoient pour dire un habit riche & magnifique. Ainsi Baronius dit que burrus étoit l’ancien habit des Evêques, que quelques-uns croient être la même chose que le rochet. Quelquefois il a signifié un habit vil & grossier, fait de ce que nous appelon bureau, & les Bretons burell. On trouve burellum en ce sens dans la vie de S. Yves, qui est tirée des Actes faits au XIIIe siècle. Peut-être aussi que ce mot est venu de la couleur de l’étoffe ; car Festus témoigne que les Anciens appeloient burrus, ce que l’on appela depuis rufus, roux, brun ; & Valere-Maxime dit que c’est dans cette signification que tant de femmes ont porté le surnom de burra.

Bure. Bura. Ville d’Achaïe, où, dans un antre, étoit une petite statue d’Hercule, & où ce Dieu rendoit des Oracles, non pas de vive voix, ni par le ministère des prêtres, comme cela se pratiquoit ailleurs, mais pas le moyen des osselets ou dés que les consultans jetoient sur une table. On faisoit d’abord des prières à Hercule, puis on jetoit sur une table quatre osselets ou dés, sur lesquels étoient gravés plusieurs caractères. On cherchoit dans le livre des prédictions le point qui répondoit à celui qu’on avoit amené, & la prédiction qui y étoit jointe étoit prise pour celle de Dieu (Pausan. Achaïc. c. 25).

Bure. s. f. On appelle ainsi le puits des mines, qui descend de la surface de la terre dans son intérieur. Acad. Fr. On en fait ordinairement deux à la fois : l’un pour l’établissement des pompes à épuisement ; l’autre pour remonter les matières & donner de l’air.

Les Encyclopédistes font ce nom masculin & féminin.

BUREAU. s. m. Grosse étoffe faite de laine : c’est la même chose que la bure, sinon que c’est un drap plus fort. Jus cogendi concilii. On y rapporte les affaires qui y sont renvoyées par le Conseil.

Bureau Ecclésiastique, ou Diocésain, est une assemblée de personnes Ecclésiastiques, qui sont chargées de faire dans chaque Diocèse la répartition sur chaque bénéfice du Diocèse, de ce que l’assemblée du Clergé a reglé qu’on leveroit pour les décimes & dons gratuits : cette assemblée termine les différents qu’il y a au sujet des décimes & autres impositions du Clergé. Il y a appel aux chambres Ecclésiastiques, quand la somme dont il s’agit est au dessus de vingt livres. Ecclesiastica subsidiorum Curia, Rerum as decimas & Ecclesiastica subsidia pertinentium primi cognitores. Les Bureaux diocésains sont ordinairement composés de l’Archevêque, ou Evêque, d’un député du Chapitre de la Métropolitaine, ou de la Cathédrale, d’un ou de deux députés des autres Chapitres, d’un ou de deux députés pour les Réguliers, d’un ou de deux députés pour les Curés, & quelquefois d’un député pour les Abbés & Prieurs commendataires. En quelques Diocèses le Doyen du Chapitre Cathédral est député né de son Chapitre, comme à Paris. Il y en a où la députation pour les Réguliers est attachés à certain Ordre, ou bénéfice, comme dans le Diocèse d’Aire, le Prieur de l’Abbaye de S. Sever est député né pour les Réguliers du Diocèse. Il y a des Diocèses où ils sont nommés par leur corps ou leur communauté ; il y en a où ils sont nommés par les Synodes, & en quelques-uns l’Evêque seul s’est attribué le droit de les nommer. L’Abbé Dangeau. Les Bureaux Diocésains furent accordés & établis par le contrat fait avec le Roi le 8 Août 1615. Ils ont depuis été autorisés par plusieurs Arrêts tant du Conseil, que des Parlemens, sur ce que leur Juridiction a été souvent troublée par les Baillifs & Lieutenans Généraux. Les lettres patentes du Roi en forme d’Edit du mois de Juillet 1616 les établissent encore, & leur Juridiction est confirmée par la Déclaration du mois de Mai 1626. Le Gentil.

Bureau, se dit aussi de la Juridiction non contentieuse des Trésoriers de France, qu’on appelle Bureau des Finances. Quæstoriæ Juridictionis exercendæ locus. Il y a vingt-quatre de ces Bureaux, qui sont les sièges des Trésoriers de France dans les vingt-quatre Généralités.

Le Bureau de la Ville, c’est la Juridiction du Prévôt des Marchands & Echevins. Consessus urbani Collegii.

Bureau, se dit aussi des assemblées des Juges qui travaillent à juger des procès, ou à régler des affaires. Consessus judicum ad causas disceptandas. On rapport à la Chambre des Comptes les grandes affaires au grand Bureau, & tous les comptes au second Bureau. La grand’Chambre du Parlement fait deux Bureaux. Les procès partis se vont rapporter au second Bureau. On dit qu’un Conseiller, ou Rapporteur a le Bureau ; pour dire, qu’il a commencé à rapporter un procès, ou qu’il est le premier qui doit rapporter. En ce sens on dit aussi qu’un Président a donné le Bureau à un Conseiller. Acad. Franç.

Bureau, se dit aussi des lieux où l’on traite les affaires des Communautés. Consessus ad controversias societatum communitatumque disceptandas. Le Bureau de l’Hôtel-Dieu. Le grand Bureau des pauvres, est un lieu où s’assemblent le Lundi & le Samedi, à trois heures après midi, plusieurs des plus considérables Bourgeois de Paris, qui ont été choisis de chaque Paroisse pour avoir soin des intérêts spirituels & temporels des pauvres, dont chaque Paroisse est chargée. Ces Messieurs ont pour chef le Procureur Général du Parlement, qui préside toujours à cette Compagnie, ou par lui-même, ou par quelqu’un de ses Substituts. C’est de cette Compagnie qu’on tire les Administrateurs des Hôpitaux de Paris & des environs. C’est de là qu’à Rouen l’Hôpital général s’appelle le Bureau.

Bureau, se dit aussi des lieux où l’on fait les recettes des impôts. Le Bureau du Domaine. Consessus judicum res portorii decidentium. Le Bureau des Aides. Summi Tributariæ controversiæ cognitores. Le Bureau des Gabelles, c’est le lieu où les intéressés en ces Fermes discutent leurs affaires. Tributi salarii cignitores. Il y a des Bureaux des entrées à toutes les portes. Impositi rebus invectitiis vectigalis judices. Des Bureaux des Traites foraines au passage des frontières. Mercis exportandæ custodes. Des Bureaux du papier marqué, &c. Impressæ sigillo regio chartæ custodes. Les Bureaux des Postes, des Messageries.

Bureau, se dit aussi des lieux où l’on fait quelques payemens publics. Erogationum annuarum exhedra. Il y a à l’Hôtel de Ville plusieurs Bureaux pour les payeurs des rentes. Les Bourgeois sont assurés de recevoir leur quartier de rentes à Bureau ouvert.

On appelle aussi le Bureau, le lieu où se délivrent les expéditions de Messieurs les Secrétaires d’Etat. Vivorum Regi à sanctioribus commentariis conclave. Ce Capitaine est allé prendre sa route au Bureau.

Bureau, se dit encore de certains lieux établis pour y expédier des actes publics de Justice. Le Roi par son Edit de 1669, pour le contrôle des exploits, ordonne que des Bureaux soient établis dans tous les Bailliages, Sénéchaussées, &c. où tous exploits seront registrés, à l’exception de ceux qui concernent la procédure & instruction des procès.

Bureau, est aussi une table garnie de quelques tiroirs ou tablettes, où les gens d’affaires ou d’étude écrivent & mettent leurs papiers. Abacus. J’ai enfermé ces papiers dans mon Bureau.

On dit figurément, savoir le vent du Bureau, connoître l’air du bureau ; pour dire, connoître ou pressentir le sentiment des Juges qui ont commencé de travailler à une affaire. Judicum sententiam odorari.

Bureau, se dit aussi d’un lieu établi pour vendre de certaines marchandises. Officina. Le Bureau des flambeaux.

Bureau d’adresse, est un lieu où l’on va donner & prendre des avis pour les choses dont on a besoin. Le premier dessein du Bureau d’adresse est dans les Essais de Montagne. Son premier établissement a été fait par Théophraste Renaudot, Médecin, par lettres patentes. Voyez Adresse.

On appelle Bureau d’adresse, une femme qui fait beaucoup de nouvelles, & qui les va débiter par-tout. Cette femme est un vrai Bureau d’adresse, une Gazette. Cela est familier.

Ce mot, bureau, vient de bure, & s’est dit d’abord du lieu où s’assembloient les Juges pour délibérer, parce qu’ils étoient anciennement séparés du peuple & des cliens, par de grands rideaux de bure. Sidonius Apollinaris a remarqué ces usages dans une de ses lettres, où il fait le portrait de Theodoric, & décrit la manière dont il rendoit la justice. Menest. Hist. de Lyon, p. 345.

BURELE. s. f. C’est, en termes d’Armoiries une fasce de huit pieces ou plus. Pomey.

Burelles, sont des fasces diminuées en nombre pair. Fasciæ minutæ pari numero octonæ aut etiam plures.

BURELÉ, ÉE, adj. Terme de Blâson, qui se dit d’un Ecu composé de diverses fasces d’émail différent en nombre égal, & particulièrement de dix. Scutum fasciis minutis numero pari distinctum, duplici metallo seu colore alternatum. Quand il y en a davantage, il en faut faire l’expression en blasonnant. Quand il y en a moins, on dit seulement fascé. Il faut que ces fasces diminuées soient en nombre pair ; autrement on les appelle trangles. La Rochefoucaut porte Burelé d’argent & d’azur à trois chevrons de gueules brochant sur le tout. On a fait en armoiries le terme de burelé d’une espèce de cloison à bandes, ou liteaux couchés, qui laissoient des espaces vuides d’égale largeur à ces tringles ou liteaux. Menestr. Hist. de Lyon, p. 345.

☞ BURELLA ou CITTA BURELLA. Petite ville d’Italie au Royaume de Naples, dans l’Abruzze citérieure.

☞ BUREN. Ville des Provinces-Unies, dans la Gueldre, avec titre de Comté au quartier de Betuwe.

☞ BUREN. Petite ville de Suisse, au canton de Berne, sur l’Aar.

☞ BUREN. Petite ville d’Allemagne, au Cercle de Westphalie, Evêché de Paderborn.

BURET. s. m. Espèce de poisson, d’où l’on tiroit autrefois la pourpre. Murex.

BURETTE. s. f. Petit vaisseau pour mettre du vin & de l’eau dont on se sert particulièrement à porter le vin & l’eau nécessaires pour le sacrifice de la Messe. Urceolus. Les burettes sont une partie de la chapelle d’argent d’un Prélat.

BURETTIER. s. m. C’est un nom qu’on donne à un certain nombre de Prêtres qui vont dire leurs messes à Notre-Dame, dont le principal devoir est de porter & rapporter les burettes des Chapelles.

BUREVA. Petit pays d’Espagne, qui fait partie de la Castille. Bureva. Le Royaume de Navarre étoit composé de la Cantabrie, de la Rioja, de la Bureva, que le Roi Dom Sancha avoit détachée de la Castille. P. d’Orl.

☞ BURG. Petite ville des Provinces-Unies, dans le Comté de Zuphten, sur le vieux Issel.

BURGALÈSE. s. f. Laine qui se tire de Burgos.

BURGAN de teinture. On nomme ainsi dans les Îles Antilles Françoises, un poisson testacé qui produit une espèce d’écarlatte ou de pourpre.

BURGANDINE. adj. f. C’est le nom que les ouvriers en nacre donnent à celle qui vient du Burgau, qui est un limaçon des mers des Antilles. La nacre burgandine est la plus belle de toutes.

BURGAU. s. m. Limaçon qui se trouve dans les mers des Îles Antilles. Quelques-uns écrivent BURGAULT, & d’autres BOURGO, comme Denys dans sa Descript. de l’Amérique septentrionale, P. I. C. 3, où il dit que vers la baie de Sable en Acadie, on pêche force coquillages, & entr’autres des Burgos. Les Burgaus sont aussi communs dans les mers de nos Îles, qui sont bordées de rochers, que les limaçons le sont en France. P. du Tert. Voyez aussi Lonvillers, Hist. nat. des Ant. Liv. I, ch. 19, art. 4. Il y en a de deux sortes : les premiers & les plus communs croissent quelquefois jusqu’à la grosseur du poing ; mais ordinairement ils n’en excédent pas la moitié. C’est de leur coquille que les ouvriers en nacre tirent cette belle nacre, qu’ils appellent la burgandine, & qui est plus estimée que celle des perles. Le dehors de cette coquille est gris, brun, noir & blanc ; & quand on l’a bien décrassé, elle devient argentée, & d’une grisaille si lustrée, que tout l’art d’un Emailleur n’en sauroit approcher. Pour cela on la fait passer sur la meule douce, par l’esprit de vinaigre, de sel, ou l’eau seconde, qui lui ôte toute sa crasse, & la fait devenir comme une grande opale marbrée de blanc, de vert & de noir. Le poisson qu’elle renferme a une écaille ronde, noire, & mince comme une feuille de papier, attachée à sa tête, mais qui est plus dure & plus forte que de la corne. C’est une muscle avec lequel ce poisson bouche & serre si fortement le trou de sa coquille, qu’il est impossible de l’en tirer, sans la rompre ; mais quand ils sont cuits, on les en tire aisément. C’est la nourriture ordinaire des gens peu à leur aise. Ce poisson a un certain boudin amer, que l’on dit être fiévreux, & qu’il faut tirer par l’extrémité du limaçon. On ne mange guère que ce qui est tourné en limaçon, & rempli d’une certaine masse verte, que quelques-uns disent être ses excrémens ; d’autres veulent que ce soit les herbes qu’il a mangées, mais qu’il n’a point encore digérées. C’est le sentiment du P. Du Tertre, qui dit aussi que c’est une mauvaise nourriture.

L’autre Burgau, qui est plus petit, n’est estimé que parce qu’il est plus délicatement ouvragé que le premier. Il est plat par dessous, & a un petit trou rond, dentelé, qui va depuis le milieu jusqu’au haut de la coquille, tout en tournoyant comme un limaçon ; cette coquille est de la largeur d’un écu, & de la longueur d’un pouce. P. Du Tert. Hist. des Antiq. T. IV, C. § 5. Voyez Coquillage.

Burgau. Ville & Château d’Allemagne, dans le cercle de Suabe, capitale du Margraviat du même nom, situé dans la Suabe, entre l’Evêché d’Augsbourg & le Danube, appartenant à la maison d’Autriche.

☞ BURGDORF. Petite ville, avec un château, en Suisse, dans le canton de Berne, chef-lieu d’un Bailliage du même nom.

☞ BURGEL. Petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la Haute-Saxe, en Misnie, chef-lieu d’un Bailliage de même nom, sur la Sala.

☞ BURGHELLI. s. m., ou Petits Bucentaures. Nom qu’on donne à Venise à de petites barques dont on se sert pour se promener sur les bords de la mer.

☞ BURGLEN. Petite ville de Suisse, dans le Thurgou. Il y a un village de même nom au canton d’Uri.

☞ BURGLEHN. On nommoit ainsi autrefois en Allemagne une ligue défensive entre deux familles, qui devoit avoir lieu non-seulement entre les parties existantes, mais aussi entre leurs héritiers & descendans à perpétuité, & en vertu de laquelle l’une des deux familles venant à s’éteindre, l’autre devoit lui succéder dans tous ses biens, droits & prérogatives. Encyc.

☞ BURGIAN. Ville d’Asie, dans la Khorassane, sur un lac de même nom.

☞ BURGMANN. C’est ainsi qu’on appelle, dans les deux villes de Fridberg & de Gelnhausen en Allemagne, les Conseillers de ville qui élisent le Burgrave.

BURGOS. s. m. Bravium, Masburgum, Burgi. Ville archiépiscopale d’Espagne, capitale de la Vieille-Castille. Quelques Rois de Castille ont fait leur résidence à Burgos. L’Evêché d’Auca fut transféré à Burgos en 1075, & érigé en Archevêché en 1571 par Grégoire XIIIe, à la prière de Philippe II. La cathédrale de Burgos est renommée par sa grandeur & sa beauté. L’Abbaye-Royale de Sancta-Maria de las Huelgas Bernardas, fondée par Alfonse VIIIe, vers le commencement du XIIIe siècle ne l’est pas moins. L’Abbesse de ce Monastère, qui est sous les murs de Burgos, est Supérieure de vingt-six autres couvens. Elle a le titre de Sennora. Ce Monastère n’a point d’égal en richesses & en grandeur, dit Gilles Gonzalès d’Avilla, dans le Théâtre Ecclesiast. des Eglises d’Espagne. Voyez cet Auteur sur Burgos, T. III, p. 1 & suiv. On ajoûte que l’Abbesse de las Huelgas est Dame de quatorze villes & de cinquante bourgs ou villages, dont elle nomme les Gouverneurs & les Magistrats, qu’elle dispose aussi de douze Commanderies. L’Historien que j’ai cité ne dit rien de ce détail.

☞ BURGRAVE. s. m. Burgravius. Titre & dignité en Allemagne. Les Burgraves, dans leur origine, étoient les Gouverneurs des forteresses de leur district. On le nommoit Comites Castellanes. Le Burgraviat de Nuremberg appartenoit à la maison de Brandebourg. Celui de Magdebourg à celle de Saxe. En Bohême, le principal Officier qui fait les fonctions de Viceroi, est nommé Burgrave. L’on rapporte l’origine de celui de Nuremberg à l’Empereur Henri IV, lequel donna le droit de bourgeoisie à cette ville, en 1160, après avoir fait bâtir une église à Dieu, sous l’invocation & le nom de St Gilles. D’autres rapportent ce Burgraviat à Conrad II, en 911, temps auquel Nuremberg fit partie de l’Empire Romain. Dans la Prusse, le Burgrave est une des quatre principales charges de la province. En Gueldres, le Burgrave de Nimégue est Président des états de cette province. Il y a d’autres pays où cette dignité est avilie, sur tout dans le Palatinat. De quinze familles qui jouissoient autrefois dans l’Empire du titre de Burgrave, il n’en reste plus que deux, celle de Daun & celle de Coinhberg.

Ce mot vient de burg, qui signifie Ville ou Bourg, & de Grave, qui signifie Comte, ou Juge.

BURGRAVIAT. s. m. Burgraviatûs Præfectura. C’est la charge & la dignité de Burgrave. Burgraviat est aussi le territoire dépendant d’un Burgrave.

BURGUNDE ou BURGONDE. Nom de peuple. Burgundus. Voyez Bourguignon ; c’est le même peuple, & communément on se sert du mot de Bourguignon, même en parlant des premiers Burgondes. Je n’ai vu jusqu’ici que M. de Tillemont, qui emploie le mot Burgonde. Zozime prétend que les Gots, les Carpes, les burgundes & les Borans, tous peuples qui habitoient le long du Danube, ravagerent toute l’Illyrie & toute l’Italie. Tillem}., au IVe Tom. de son Hist. des Emp. p. 17 & 18. Il distingue les Burgondes des Bourguignons. Les Gots, dit-il, après avoir vaincu les Burgondes, travailloient à les exterminer entièrement ; mais les Burgondes étoient soutenus par les Alains & les Tervinges. Une autre partie des Gots, jointe aux Taifales, faisoit la guerre aux Vandales & aux Gépides. Les Bourguignons avoient occupé divers pays sur les Allemands. Il a retenu le nom de Burgondes, pour ceux qui resterent sur les bords du Danube, & il appelle Bourguignons ceux qui passerent le Rhin, & s’établirent en Gaule.

BURGUNDIONS. s. m. pl. M. Corneille, dans son Dictionnaire-Géographique, a fait ce nom du latin Burgundiones, mais mal. Quoiqu’en parlant des anciens peuples on se serve souvent de leurs noms latins ou grecs, en y donnant une forme françoise, comme nous l’avons dit bien des fois, on n’en use pas néanmoins ainsi, par rapport à celui-ci, & l’on dit toujours Bourguignons, même en parlant des anciens peuples qui passerent le Rhin, & vinrent s’établir dans la Séquanoise, à laquelle ils donnerent le nom de Bourgogne. C’est ainsi entr’autres que parle toujours M. de Cordemoy, ne disant jamais Burgundions, lui qui par-tout ailleurs emploie les anciens noms des peuples & des pays.

☞ BURIA. Les habitans de la Carinthie appellent ainsi un vent d’Est qui regne quelquefois chez eux avec tant de violence, qu’il est capable d’emporter les voyageurs avec leurs montures, & de renverser tout ce qu’il rencontre.

☞ BURICK. Petite ville d’Allemagne, sur le Rhin, au Duché de Clèves.

BURIDAN. Nom d’homme. buridan étoit un Docteur & Recteur de l’Université de Paris dans le XIVe siècle, & il passa pour un des plus habiles Philosophes de son temps. C’est de lui qu’est venu le proverbe que l’on dit à un homme irrésolu, qui ne sait à quoi se déterminer, qu’il ressemble à l’âne de Buridan. Ce proverbe est fondé sur ce que disent les Philosohes, & que disoit apparemment Buridan, qu’un agent qui n’est pas libre entre deux objets, qui ont une égale force pour le déterminer, ne se déterminera jamais à l’un plûtot qu’à l’autre. Par exemple, un âne au milieu de deux picotins d’avoine tout semblables, également distans, agissant sur lui avec une égale force, ne se déterminera jamais à l’un plutot qu’à l’autre, & mourra de faim entre les deux. Cela me fait appréhender qu’il ne t’arrive comme à l’âne de Buridan, qui mourut de faim entre deux picotins d’avoine, faute de se résoudre auquel il devoit alonger le cou, parce qu’ils étoient également distans de lui. Mascur, p. 25. Il paroît par les Annales de Bourgogne de Paradin, L. II, p. 172, qu’en Bourgogne on dit l’âne Burdin, au-lieu de l’âne de buridan, & il rapporte une autre origine de ce proverbe. Calixte II, dit-il, prit prisonnier un Espagnol nommé Burdin, qui avoit été fait Antipape contre Gelase II, par l’Empereur Henri. C’est celui qui prit le nom de Grégoire VIIIe, au commencement du XIIe siécle. Il n’étoit pas Espagnol, mais Limousin mêné en Espagne par Bernard, Archevêque de Tolède, & élevé ensuite à l’Evêché de Crême, on le revêtit d’une peau de chévre sanglante, les cornes élevées sur son front ; on le fit monter sur un chameau, le visage tourné du côté de la queue de la bête, qu’il tenoit de la main en forme de bride, & en cet état on le promena dans Rome. Quelques-uns disent, ajoute Paradin, que le proverbe de l’âne Burdin, fréquent en Bourgogne, prit de-là son origine.

BURIN. s. m. Pointe d’acier qu’on pousse avec la main pour graver sur les métaux, soit argent, cuivre ou étain. Cœlum. On appelle une planche gravée au burin, celle dont on tire les images en taille douce, à la différence de celles qui sont gravées en eau forte, qui sont plus rudes.

Les Serruriers ont aussi des burins. Ils en ont de plats, de coulans, de carrés, & d’autres propres à piquer les rapes. Ils se servent de burins plats pour fendre les panetons des clefs, & c’est encore avec ces sortes de burins qu’ils coupent & emportent le fer à froid, lorsqu’il s’y trouve des grains.

On dit figurément d’un Graveur, que c’est un bon burin ; pour dire qu’il manie bien le burin. Cæti tractandi peritus artifex.

☞ On dit encore mieux qu’il a le burin délicat, élégant. En parlant des estampes gravées au burin, on dit c’est le burin d’un tel. On dit aussi qu’un burin a du mérite, du gout, &c. pour dire les estampes.

Burins, ou Tappes, en marine, sont les outils dont on se sert pour calfater les vaisseaux.

Burin, est aussi un terme d’arracheur de dents ; c’est un instrument d’acier avec lequel ils nettoient les dents en les raclant fortement. Dentiscalpium.

BURINER. v. a. absolu. Graver avec le burin sur les métaux. Cœlare. Buriner une planche. Faire buriner des armes. Buriner les dents, c’est les nettoyer avec le burin, comme font les arracheurs de dents. Purgare, radere, scalpere dentes.

BURINÉ, ÉE, part.

☞ BURKEN. Ville d’Asie, dans la Perse, au Turquestan.

☞ BURLATZ. Petite ville de France, dans le Languedoc, sur la riviere d’Agoût.

BURLESQUE. adj. m. & f. & s. m. Plaisant, gaillard, tirant sur le ridicule. Style bouffon, rempli d’expressions propres à faire rire ; poësie triviale & plaisante, propre à jeter du ridicule sur les choses ou sur les personnes. Jocularis, ludicra dictio. Ce mot est assez moderne, ainsi que le genre singulier de poësie qu’il exprime. Sarrasin se vantoit d’en avoir usé le premier. Il nous est venu d’Italie, où il y a quantité de Poëtes burlesques, dont le premier a été Bernica, & ensuite Lalli, Caporali, &c. La fureur burlesque se déborda en France, & y fit d’étranges ravages ; mais on s’en guérit bientôt, & elle n’y regna pas long-temps, à cause qu’on introduisit trop de licence, tant dans les sujets que dans les vers, & trop de ridicules plaisanteries. Le burlesque y étoit devenu tellement à la mode, qu’en 1649 il parut un livre avec ce titre, La passion de notre Seigneur en vers burlesques. Scaron y excella, & fut agréablement ridicule. On appelle en prose, style burlesque, celui où l’on emploie des mots qui se disent par pure plaisanterie, & qu’on ne souffre point dans le sérieux. Ce style souffre tout. Le P. Vavasseur a soutenu, dans son livre De ludicra dictione, que le burlesque a été absolument inconnu aux Anciens, quoique quelques-uns disent que du temps de Ptolomée, fils de Lagus, un nommé Raintou avoit traité en ridicule des sujets sérieux de Tragédie.

En dépit du bon sens le burlesque effronté
Trompa les yeux d’abord, plut par sa nouveauté. Boil.

Mais laissons le burlesque aux plaisans du Pont-Neuf.

Idem.


J’aime assez Bergerac, & sa burlesque audace. Id.

On voit pas plusieurs exemples que l’on vient de citer que l’on dit aussi le burlesque substantif masculin, pour signifier le style burlesque, comme on dit le françois, l’italient, l’espagnol, l’allemand, &c. pour la langue françoise, italienne, espagnolle, &c. Naudé traite du burlesque dans son Mascurat, p. 210 & suiv. où il y a plusieurs choses singulières, tant sur le style burlesque des François, que sur celui des Italiens ; & à la p. 220 & suiv. il examine si la poësie burlesque étoit en vogue chez les Latins, comme elle étoit de son temps chez les François & Italiens, & il distingue quatre espèces de poësie latine burlesque, tant ancienne que moderne.

Burlesque, adj. Il se dit par extension, de ce qui est plaisant ou extravagant. Cet homme a une mine burlesque. Posture burlesque. Cette action fut burlesque. Acad. Fr.

BURLESQUEMENT. adv. D’une manière burlesque & ridicule. Ludicrè. Cet homme parle toujours burlesquement. Il est vêtu burlesquement ; c’est-à-dire, plaisamment & ridiculement.

BURLETTE. Voyez Bullette.

BURON. s. m. Vieux mot françois, qui signifioit autrefois un lieu où l’on se retiroit pour boire & manger. Casula, gurgustium. Il n’est plus d’usage qu’en cette phrase proverbiale. Il n’a ni maison ni buron ; pour dire, qu’il n’a point de lieu certain pour y coucher ou y manger.

Ce mot vient de vibur, ou vibure, qui signifie en quelques lieux une carrière de pierre dure qui n’est point sujette à la gelée, dont il y en a beaucoup en Bassigni : de sorte que le proverbe veut dire qu’un homme n’a point de maison, ni de pierre de quoi en faire. Ménage le dérive du grec βύριον, qu’il dit avoir la même signification. En Auvergne, on appelle buron, un petit toit de berger ou de chévrier bâti sur le haut de la montagne, où il se retire, quand le temps permet d’y mener paître ses troupeaux.

BURQUET. s. m. sorte de poire appelée autrement Russette d’Angleterre. C’est une poire de Septembre & d’Octobre, qui n’est pas bonne. La Quint. T. I, p. 385.

☞ BURSAL, ALE, adj. qui s’emploie ordinairement avec le mot édit. L’édit bursal est une punition pécuniaire. Pecuniarius. Qui concerne la bourse.

☞ BURSE, BOURSE, BROUSSE & PRUSE. Ville de la Turquie en Asie, dans la Natolie, vers le mont Olympe.

BURY. s. f. Terme de Fleuriste. Nom d’une anémone à peluche. La Bury est d’un blanc sale, mêlé d’incarnat. Sa peluche est fort étroite.

BUS.

BUS, en termes de blâson, se dit de la représentation des figures humaines, quand il n’y a que la tête, le col & une partie de la poitrine finissant en pointe. Signum pectore tenus efformatum. Ainsi on dit, un bus de Religieux, un bus de femme, des bus de Reines. Dans la langue ordinaire on dit bust ou buste, en prononçant l’s.

☞ BUSART. Voyez Buse.

BUSC. s. m. Morceau de bois, d’ivoire ou de baleine, que les femmes mettent dans les corps de jupe pour se tenir droite. Assula, regula pectoralis. On fait des buscs de baleine, d’ivoire, de bois verni. On en fait aussi d’acier.

On appelle aussi buscs, un treillis dur & piqué que les Tailleurs mettent au bas du pourpoint des hommes par devant, pour leur donner plus de fermeté. virilis thoracis anterior pulvillus.

☞ On appelle aussi busc, en Architecture, un assemblage de charpente, composé d’un seuil, d’un heurtoir contre lesquels s’appuient les bas des portes d’une écluse, avec un poinçon qui joint ensemble le seuil & les heurtoirs, & quelques liens de bord pour entretenir le tout. Une porte busquée est celle qui est revêtue de cet assemblage. Encyc.

BUSCHE. Voyez BUCHE.
BUSCHER. BUCHER.
BUSCHERON. BUCHERON.
BUSCHETTE. BUCHETTE.

☞ BUSDASCAN. Voyez Badaschian.

BUSE. s. f. D’autres disent busard, & quelques autres buisard ; mais ce dernier est le moins bon & le premier est le meilleur. Oiseau de proie qu’il est impossible de dresser, qui est une espèce d’aigle poltronne. Percnos. Percnopteros. La buse est toujours affamée, crie toujours, & ne se jette que sur la proie morte. C’est de toutes les aigles celle qui a le moins de cœur. Elle est plus grande que le gerfaut, mais son vol est plus court. Sa queue est longue. Elle a quelque rapport avec le vautour. Elle est appelée par Aristote seconde espèce d’aigle ou cigogne de montagne, à cause de sa grandeur. Aldrovandus lui donne le nom d’aigle-vautour, & la décrit ainsi : elle est de la grandeur de l’aigle royale, appelée Chrysactos ; mais d’une figure ridicule ; elle a le bec presque tout droit jusqu’au milieu ; il est à l’extrémité très-crochu à la manière des vautours. Il est blanc à la partie d’enhaut jusqu’à l’endroit auquel il commence à se courber ; le reste en est noir. Le dessous est blanc, & son ouverture de couleur châtain ; ses yeux sont blanchâtres, leurs prunelles sont noires ; sa tête est pareillement blanchâtre, tirant un peu sur le brun ; son cou jusqu’à la moitié, savoir, la partie d’enhaut, est chauve & couvert de quelques petites plumes très-menues, qui blanchissent à l’extrémité de cet endroit chauve qui fait comme le milieu du cou, ainsi que de poils hérissés & crêpus, ou comme de grands crins, qui tombent sur les autres plumes. A la poitrine & au dos paroissent de semblables poils ; sur-tout le derrière jusqu’au bas du croupion elle a une espèce de cuculle qui s’étend jusqu’au milieu, finissant en pointe comme un triangle. Le champ de son pennage est d’un châtain obscur tirant sur le noir. Sa queue est longue, ses pieds sont blancs. Ses jambes sont obscures. On lui voit une tache blanche très-remarquable sur la tête.

Il y a encore une buse, ou busart de Bellon. Percnopteros, Oripelargus. On en voit grande abondance en Egypte, en Syrie & en France. Le champ de son pennage est noirâtre. Son vol est court & sa queue longue. Il a peu de cœur. Il fréquente ordinairement les environs des villages, & se perche bas. On en voit l’hiver dans les marécages. Il se nourrit d’insectes & de volailles, qu’il surprend autour des villages. Il a très-peu de cœur, & on ne le tient pas pour véritable espèce d’aigle. Voyez Bondrie.

Il y a encore une autre espèce d’oiseau qu’on appelle buse en françois, & en latin buteo, & Triorchis en grec. C’est le plus couard de tous les oiseaux. bien qu’elle soit aussi grande que le milan, elle ne laisse pas d’être poursuivie & mise en fuite par les autres petits oiseaux. Elle a le bec fort gros, d’un noir tirant sur le bleu, la membrane qui le couvre à l’endroit & proche de ses nazeaux est jaune, l’ouverture en est jaunâtre. Sa tête est platte comme celle du faucon, & d’une figure triangulaire. Sa langue est large & épaisse sans pointe. Ses yeux sont brillans, faits en ovale & éveillés. Leur prunelle est fort noire. L’iris qui l’environne est d’un gris cendré ; son cou est court & gros, & bien garni de plumes. Tout son dos, jusqu’à sa queue, est de couleur de rouille tirant sur le brun ; son ventre est entièrement blanchâtre, & semé de taches de couleur de rouille. Sa queue est large & traversée de plusieurs taches. On l’appelle Triorchis en grec, parce qu’on dit qu’elle a trois testicules.

On dit proverbialement d’un sot, d’un stupide, que c’est une buse. On dit aussi, qu’on ne sauroit faire d’une buse un épervier ; pour dire, qu’il y a des gens incapables de science & de discipline. Ce proverbe est dans le Roman de la Rose, v. 3786.

J’ai ouy, ce n’est d’huy ne d’hier,
Dire qu’on ne peut espervier
En nul temps faire d’ung buysart.

Ces deux mots, selon Ménage, viennent de buteo. Butco, buseo, busea, buse. Buseardus, busard. M. Huet dit que busard est un augmentatif de buse, & qu’il vient de l’arabe bazon, faucon, épervier. T. 2, des Dissert. rec. par M. de Tilladet, p. 181.

Buse, s. f. Terme de Mineur. Tuyau de bois ou de plomb, qui sert de communication entre les puits dans les mines, & qui y conduit l’air. Canalis.

BUSIRIS. s. m. Roi d’Egypte, fils de Neptune & de Lybie fille d’Epaphus. Il étoit si cruel, qu’il sacrifioit tous les étrangers à Jupiter. Osocrate a fait le Panégyrique de Busiris. Maximin fut appelé un autre Busiris.

Busiris, Busiris, est le nom d’une ancienne ville d’Egypte, capitale d’une Province, ou Nomus, à qui elle donnoit son nom. Quelques-uns dérivent ce nom de celui du Tyran dont nous venons de parler, d’autres de celui d’Osiris ; d’autres de Basir, fils de Cham. C’est le sentiment des Arabes. le P. Kirker, Œdip. Æg. T. I, p. 24, croit qu’elle fut ainsi nommée, parce qu’Osiris y étoit honoré, & que Busiris est la même chose que seroit en Cophte Bous Nesrisi, c’est-à-dire, Bœuf du Roi, ou Bous Osirin, Bœuf Osiris.

BUSQUE. Voyez BUSC.

BUSQUER. v. a. Chercher. Forìs quærere quod non invenias domi. fortunam tentare. Il ne se dit proprement qu’en cette phrase, busquer fortune, en parlant de ces gens sans bien, qui vont par le monde chercher à vivre, & à faire fortune.

Il signifie aussi, mettre un busc dans un corps de jupe. Cette femme ne sort jamais qu’elle ne soit busquée.

BUSQUÉ, ÉE, part. Porte Busquée. Voyez Buse, ou Architecture Hidraulique.

Ce mot vient tout pur de l’Espagnol, où le mot de buscar signifie proprement chercher.

BUSQUIÈRE, s. f. est le trou ménagé dans un corps de jupe, dans lequel les femmes fourrent leur busc. Foramen per quod regula pectoralis inseritur. On le dit aussi de l’extrémité ronde de leurs corps de jupe par où elles commencent à fourrer leurs buscs.

Busquière, se dit aussi d’une petite pièce d’étoffe brodée, que les Dames qui sont en manteau mettent devant leur estomac sur le corps de jupe, & qu’elles laissent un peu entrevoir. Tænia pectoralis.

Busquière, se dit encore d’une manière de petit crochet, que les femmes portent à la ceinture, & qui à l’un des bouts est assez souvent en forme de petite rose ornée de diamans, de perles, ou d’autres pierres précieuses. Fibula. Il y a des busquières d’argent, ou d’acier poli, pour les simples bourgeoises.

BUSSARD. s. m. Vieux mot françois, qui signifioit un vaisseau à mettre du vin, qui vient selon du Cange, de buza qu’on a dit pour buta, bouteille. Vas vinarium, œnophorum.

BUSSE. s. f. ou BUSSARD. s. m. Espèce de futaille dont on se sert particulièrement en Anjou. Le bussard est la moitié d’une pipe. Il est égal à la demi-queue d’Orléans, de Blois, de Nuis, de Dijon & de Mâcon, ce qui revient aux trois quarts du muid de Paris ; en sorte que Bussard est composé de 216, pintes de Paris.

☞ BUSSERETH. Ville d’Asie, dans l’Arabie Petrée. Voyez Bostra.

☞ BUSSETO, Buxetium. Petite ville d’Italie, en Lombardie, au duché de Plaisance, chef-lieu d’un petit pays ou état entre le duché de Parme, le Territoire de Plaisance, & le Pô qui le sépare du Crémonois.

BUSSIERE-POITEVINE. Petite ville de France dans la Marche.

☞ BUST ou BOST ville de Perse, capitale du Sablestan.

☞ BUSTE. s. m. Ouvrage de sculpture, représentant une figure humaine qui n’a que la tête, l’estomac & les épaules sans les bras. Satua dimidiâ sui parte inferné trunca. On le met d’ordinaire sur un piédestal ou une console. Quoiqu’en Peinture l’on puisse dire d’une figure, qu’il n’en paroît que le buste, comme d’un portrait à demi-corps, on ne l’appelle pourtant point un buste ; ce mot est réservé, & détemriné à ce qui est de relief. Fel.

Les Vocabulistes décident pourtant qu’en termes de peinture, on appelle Buste un portrait à demi-corps, où la personne ne paroît que jusqu’à la ceinture. On ne les en croira pas sur leur parole.

Buste, se dit aussi du tronc du corps d’un homme, depuis le cou jusqu’aux cuisses. Quelques-uns croient que ce mot vient de l’allemand brust, qui signifie l’estomac.

Ménage le dérive de busque, à cause que les femmes mettent leurs busques en cet endroit du corps, que les Italiens appellent busto.

En termes de Blâson on appelle buste, une tête d’homme ou de femme, nue ou coëffée, peinte de front jusqu’à la poitrine, & qui est sans bras. Quand il est de profil, il en faut faire mention. ☞ Dans le commerce, on appelle buste, les boëtes de sapin dans lesquelles on apporte les raisins de Damas.

BUSTROPHE. s. f. Terme dogmatique. On appelle Bustrophe la manière d’écrire de la gauche à la droite, & ensuite de la droite à la gauche, sans discontinuer sa ligne, parce que quand l’écrivain est arrivé au bout de sa ligne, au lieu d’en venir commencer une autre, comme nous le pratiquons, il courbe la première ligne en demi-cercle, & revient par une seconde ligne, qui n’est que la même continuée, au côté du papier dont il étoit parti. Les vers s’écrivoient autrefois de cette manière ; c’est pourquoi, selon Marius Victorinus, on les appeloit versus a versuris, c’est-à-dire, a repetita scriptura ex parte in quam desinit, comme les sillons du labourage, ce qui s’appelle en grec βουστροφηδὸν boum versatio, &c. d’où a été formé le mot françois Bustrophe. M. Funccius, dans son Traité de l’enfance de la langue latine, semble être du sentiment que l’on écrivoit non-seulement les vers de cette manière, mais encore tout le reste, parce que, dit-il, le mot versus signifie une ligne. Voyez Boustrophedon.

BUSTUAIRE. s. m. Gladiateur, qui se battoit autrefois chez les Romains auprès du bûcher d’un mort à la cérémonie de ses obséques. Bustuarius. La coutume fut d’abord de sacrifier des captifs sur le tombeau, ou près du bûcher des guerriers. On en voit des exemples dans Homère aux obséques de Patrocle, Iliad. Liv. XXIII. & dans les Tragiques Grecs. On croyoit que leur sang appaisoit les Dieux infernaux, & les rendoit propices aux manes du mort. Dans la suite cette coutume parut trop barbare, & au lieu de ces victimes on fit combattre des Gladiateurs, dont in crut que le sang auroit le même effet. Au rapport de Valère-Maxime, Liv. II, Ch. 4 & de Florus dans son Epitome, Marcus, & Decius, fils de Brutus, furent les premiers qui honorerent à Rome les funérailles de leur pere par ces sortes de spectacles, sous le Consulat d’Appius Claudius, & de M. Fulvius l’année 489 de Rome, & la première de la première guerre Punique. On croit que les Romains prirent cet usage cruel des Etruriens, qui peut-être l’avoient pris des Grecs.

Ce mot vient de bustum, qui signifie le bûcher sur lequel on brûloit le corps d’un mort, & auprès duquel les bustuaires se battoient, ce qui leur fit donner ce nom.

BUT.

BUT. s. m. Point où l’on vise & auquel on veut atteindre. Signum destinatum, meta, Scopus. Ce joueur de boule met tous les coups sur le but. Cet Arquebusier a remporté le prix, il a donné dans le but. Le cœur de l’homme est comme un but où chacun vise. Ablanc.

But, relativement à la conduite d’un être pensant, ou considéré comme pensant, se dit dans un sens figuré, pour signifier un objet déterminé & fixe auquel les actions de cet être sont dirigées. Finis. C’est le but que je me propose. Voilà mon but.

☞ Il ne faut pas confondre but, vues & dessin. Le but, dit M. l’Abbé Girard, est plus fixe ; c’est où l’on veut aller ; on suit les routes qu’on croit y aboutir, & l’on fait ses efforts pour y arriver. Les vues sont plus vagues ; c’est ce qu’on veut procurer ; on prend les mesures qu’on juge y être utiles ; & l’on tâche de réussir. Le dessein est plus ferme ; c’est ce qu’on veut exécuter ; on met en œuvre les moyens qui paroissent y être plus propres ; & on travaille à en venir à bout.

☞ Le dessein & les vues sont en nous ; le but est hors de nous. On se propose un but. On a des vues. On forme un dessein. Le véritable Chrétien n’a d’autre but que le Ciel, d’autre vue que de plaire à Dieu, ni d’autre dessein que de faire son salut. La raison défend de se proposer un but, où il n’est pas possible d’atteindre, d’avoir des vues chimériques, & de former des desseins qu’on ne sauroit exécuter. Si mes vues sont justes, j’ai un dessein dans la tête qui me fera arriver à mon but.

☞ Aller au but, c’est aller directement à la fin qu’on se propose. Et l’on dit toucher au but, fraper au but, pour dire, démêler un point controversé, trouver le nœud d’une affaire, d’une difficulté. Summa, cardo, nodus.

On dit adverbialement, But à but ; pour dire, d’une manière égale. Ex æquo, paribus momentis. Il joue contre un tel but à but ; il ne donne & ne reçoit aucun avantage. Ils ont fait un troc but à but ; c’est-à-dire, sans retour, troc de Gentilhomme. Se marie but à but, sans que l’un fasse aucun avantage à l’autre.

Je ne veux rien, dit-il, en se jettant par terre,
Point de souhaits, point de tonnerre,
Seigneur, demeurons but à but. Perr.

C’est-à-dire, demeurons quittes, n’ayons rien à démêler ensemble.

De but en blanc, c’est aussi une façon de parler adverbiale, qui dans le propre se dit en parlant d’armes à feu & de gens qui tirent. Cela signifie depuis le lieu où l’on est posté pour tirer, jusqu’à celui où l’on doit tirer, & où est attaché le blanc auquel on vise. ☞ C’est la portée d’un mousquet ou fusil tiré horisontalement, dont la bouche ne hausse ni ne baisse. Quand on tire de but en blanc, on suppose que le boulet ne s’écarte point de la ligne droite avant que d’arriver au but. Rectâ à lineis ad metam. Le canon des arquebuses buttières peut porter de but en blanc mille pas ou environ. Gaya, Tr. des armes.

On le dit aussi au figuré ; pour dire, tout droit, brusquement, sans réflexion, sans garder de mesure. En venir de but en blanc à l’union conjugale, il n’y a rien de si marchand que ce procédé. Mol.

BUTAGE. s. m. Droit de corvée.

☞ BUTE. s. f. Instrument de maréchal qui sert à couper la corne des chevaux. Scalprum. C’est aussi un terme de blason. On voit cet instrument sur plusieurs écus.

BUTEAU. s. m. Grossier, lourdaut, butor. Ce dernier mot est plus en usage aujourd’hui. P. de S. Julien prétend que Buteau vient de βοῦς-Θεὸς, bœuf-Dieu, qui s’est dit d’Apis, ou Sérapis, que les Gaulois adoroient aussi-bien que les Egyptiens, & que ce mot qui de soi n’est point une injure, s’est dit par ceux qui ne l’entendoient pas pour une injure, & un reproche du naturel du bœuf, qui est d’être lourd & grossier. Antiquit. de Bourg. p. 225.

BUTÉE. s. f. Terme de Maçonnerie. Voyez Buttée.

☞ BUTELER. vieux verbe. Viser à un but. Il y a d’autres sujets qui ont butelé à gauche, qui à dextre. Mont. Edit. de Rouen. 1642. p. 480.

☞ BUTER. v. n. Fraper au but. Toucher le but. Collimare, Collincare. On le dit au jeu de paume & de billard, & à d’autre jeux où l’on bute, où l’on frappe au but.

Buter. (se) v. récip. Prendre une résolution ferme, se déterminer, s’arrêter à quelque chose. Je me bute à cela. Il se bute à l’exécution de cet acte.

Buter, (se) se dit aussi de deux personnes qui sont toujours opposées, contraires l’une à l’autre. Ces deux freres se buten, sont toujours butés l’un contre l’autre. Adversari.

Buter, se dit encore dans le figuré, pour tendre à un but, à une fin. C’est à quoi je bute. Ce Prédicateur bute à l’Evêché. Tout cela est du style familier.

Buter, en Maréchallerie, se dit d’un cheval qui a les jambes si foibles, que la moindre inégalité du terrein le fait broncher. Ce cheval bute à chaque pas dans le plus beau chemin. Voyez Broncher, Chopper.

Buter, terme d’Architecture, d’Agriculture & de jardinage. Voyez Butter.

BUTÉ, ÉE, part. Gens butés l’un contre l’autre, opposés l’un à l’autre.

Buté, signifie aussi, fixé à un certain point où l’on se tient opiniâtrement. Fixus, firmus, pertinax. Il a offert une telle solle de cette charge, il est buté là ; il n’en donnera pas davantage.

En terme de chasse, on dit qu’un chien est buté, lorsque la jointure des jambes de devant lui grossit. Tumens, tumidus, inflatus. Voyez Buture.

BUTÈS. s. m. Un des Argonautes qui fut honoré après sa mort par les Athéniens comme un Héros, il eut même un autel dans le temple d’Erecthée.

☞ BUTHUS, fameux Athlète, mangeoit, dit-on, un bœuf entier dans un jour. Depuis on donna le nom de Buthus aux grands mangeurs qu’on ne peut rassassier.

BUTIÈRE. Voyez BUTTIÈRE.

BUTILIER. s. m. Nom d’un Office. Dans le chapitre de Laon, on donne ce nom au syndic du Chapitre.

BUTIN. s. m. Ce mot n’a point de pluriel. Argent, habits, bestiaux, tout ce qu’on prend sur les ennemis pendant la guerre. Præda. Chez les Grecs le butin se partageoit en commun  ; le Général en prenoit seulement une plus grosse portion. Par la discipline militaire des Romains, le butin fait sur les ennemis, appartenoit o la République. Les particuliers n’y avoient point de part ; les Généraux qui se piquoient de probité, faisoient porter au trésor public tout ce qui provenoit du pillage. Quelquefois on distribuoit le butin aux soldats pour les animer, & pour leur tenir lieu de récompense. Cette distribution dépendoit des Généraux, qui en usoient avec prudence. Autrement c’étoit un crime de péculat, que de distraire, ou de s’emparer du butin, qui régulièrement appartenoit au Sénat, & devoit être transporté dans le trésor. Les Consuls Romulius & Veturius furent condamnés pour avoir vendu le butin fait sur les Eques. Tite-Live, Liv. VIII.

Selon Grégoire de Tours le butin se partageoit anciennement au sort entre les François, & le Roi lui-même n’avoir que le lot qui lui échéoit. Grotius.

☞ Aujourd’hui par le mot de butin, on n’entend que ce que les soldats pillent sur les ennemis.

En termes de Marine quelques-uns distinguent le butin du pillage, & disent que le butin est le gros de la prise, & le pillage la dépouille des habits, hardes & coffres de l’ennemi, & de l’argent qu’il a sur sa personne jusqu’à 30 livres.

Butin, se dit figurément de tout ce qui est enlevé en quelque manière & par quelque chose que ce soit.

Comme on voit au printemps la diligente abeille,
Qui du butin des fleurs, va composer son miel.

Boil.

C’est un diminutif du bas allemand bute, qui signifie la même chose.

Butin, se dit aussi des voleurs. On a attrapé ces Bohémiens, & on s’est saisi de tout leur butin.

BUTINER. v. a. absolu. Faire du butin. Prædari, prædam facere. Ce pays est gras, il y aura bien à butiner. Ces troupes ont bien butiné en ce pays là, mais elle n’ont pu profiter de leur butin.

On dit figurément & poëtiquement, que les abeilles vont butiner sur les fleurs.

☞ BUTIREUX, EUSE. adj. Qui est de la nature du beurre. Quod ad butyri naturam accedit. On distingue dans le lait trois sortes de parties : la butireuse, qui est la crasse dont se fait le beurre ; c’est la crême, & ce qu’il y a d’onctueux qui s’éleve au dessus du lait ; la séreuse, qui est le lait clair ; & la caséeuse, qui est la plus crasse & la plus séche, dont on fait le fromage. Voyez ces mots & Lait.

BUTOR. s. m. Gros oiseau, espèce de Héron fainéant & poltron, marqué de taches rousses en forme d’étoiles, d’où vient qu’on l’appelle Ardeola asterias. On l’appelle aussi taurus, ou bos-taurus, à cause que quand il crie le bec plonge dans la boue, il fait un bruit qui imité le meuglement du taureau. C’est de-là qu’est dérivé le nom de Butor. Lorsque le butor approche de quelqu’un, il essaye de lui crever les yeux. Belon. Il y a deux espèces de butor. Le grand butor rougeâtre, & le butor hupé.

Grand Butor rougeatre. Ardea stellaris major. Est un oiseau qui approche fort du naturel du Héron ; mais il n’est ni si bon ni si estimé. Il est toujours sur les bords des étangs, & se cache dans les roseaux & les joncs, ne vivant que de poisson, de grenouilles, & des insectes qu’il y rencontre. Cet oiseau a quantité d’amers aussi-bien que le Héron. Quelques-uns font cas de sa chair ; mais elle sent trop la sauvagine. Son bec est très-dangereux ; il s’en défend parfaitement bien. Pour sa figure, il est de la grandeur d’un Héron ; mais ses jambes sont plus courtes. Il a les plumes rouannes, marquetées de taches brunes par le travers : son cou est long d’un pied & demi, bien environné de plumes pâles, marquées de taches noires ; il en est mieux garni dessus que dessous. Les plumes qui couvrent le dessus de sa tête sont noires. Il a les trous des ouïes larges, & environnés de petites plumes fauves. Son bec est droit, plus petit de beaucoup que celui du Héron, n’étant que de cinq ou six doigts de longueur, d’une couleur entre le cendré & le plombé, & tranchant par les bords, gros comme le doigt & pointu par le bout, creux par dedans avec de petites entaillures. Sa partie d’enbas s’emboîte dans celle de dessus, tellement qu’il semble quasi carré avec des canules par dessus. Il est garni de plumes noirâtres, celles de dessus son bec sont blanchâtres ; ses aîles sont grandes, & contiennent vingt-quatre grosses pennes, & quatre en chaque petit aîleron. Sa queue est courte, & composée de huit pennes à gros tuyaux ; il a les yeux rouges é ovales ; ses paupières sont sans poil ; ses jambes ont environ un pied de long ; elles sont d’une couleur entre le jaune & le plombé ; ses doigts sont grands aussi-bien que ses ongles, qui servent de cure-dents ; les curieux les font quelquefois enchâsser richement, principalement celui de l’ergot. On l’appelle Galereau en Bretagne. Il fait son nid sur le haut des branches des hauts arbres, & le construit de bûchettes. Il fait trois ou quatre œufs. quand il veut faire son cri il fourre son bec dans la bourbe, & fait un bruit que l’on entend d’une demi-lieue, comme si c’étoit le mugissement d’un bœuf. C’est à cause de cela que quelques-uns l’ont appelé Tauraus, c’est-à-dire, Taureau ; ou Bos-Taurus, Bœuf-Taureau ; & c’est de ce dernier nom latin qu’est formé le françois butor.

Butor hupé. Ardea stellaris cirrata. Cet oiseau est de tous côtés d’une même couleur ; savoir roussâtre, moins par le devant, & plus par-dessous. Ses jambes & ses pieds sont bruns ; son bec jaunâtre. Aldrovand dit qu’on en prit un dans les marais de Boulogne en Italie ; il avoit le bec long d’une palme, de couleur de corne, doit & pointu : la mandibule de dessus étoit un peu courbée vers la fin, & plus longue que celle d’en)bas, avec quelque noirceur. Il avoit le sommet de la tête noir. Son cou étoit de couleur de rouille, long de deux palmes. Il étoit noirâtre sur le dos. Il paroissoit encore tout jeune. Sa queue étoit pareillement noire ; le bas de son croupion étoit blanc ; sa queue étoit fort courte ; ses ailes étoient en partie de couleur de rouille, & en partie blanches ; ses jambes étoient longues de neuf pouces. Le cercle qui environne la prunelle de ses yeux étoit jaunâtre.

On dit figurément d’un homme stupide & mal-adroit, que c’est un gros butor ; parce que cet oiseau est sot & paresseux. Stupidus, stolidus, plumbeus, stipes. Peste soit du gros butor. ☞ On dit de même d’une femme, que c’est une butorde. Voyez cette mal-adroite, cette bouvière, cette butorde. Mol. L’expression n’est pas noble.

BUTTE. s. f. Petite terre, lieu un peu élevé par nature ou par art. Tumulus. On a rasé la butte saint Roch pour y bâtir. Ils apperçurent une butte occupée par les ennemis. Ablanc.

Butte, est aussi le jeu des Chevaliers de l’Arquebuse, la maison où tirent les Chevaliers de l’Arquebuse. Et l’on a dit la butte des Archers, la butte des Albalêtriers, la butte des Arquebusiers. Les Rois des buttes, qui étoient la même chose que les Rois des Arbalêtriers ou des Arquebusiers, c’est-à-dire, ceux qui avoient remporté le prix. Les Chefs des buttes. Voyez Le Maire, Hist. d’Orléans, pag. 315.

Butte, se dit particulièrement d’une petite élévation de terre ou de maçonnerie au milieu de laquelle on place le but où l’on tire.

Dans ce sens on appelle poudre de butte, de la poudre à canon fort fine, pour charger les arquebuses de ceux qui tirent au blanc pour les prix. Pulvis notratus tenuissimus, subtilissimus. Leur lice s’appelle aussi la butte.

Ménage dérive ce mot de botta, & botontinus, qui se trouvent chez les Latins en cette signification.

On dit figurément, être en butte à l’envie, à la médisance ; pour dire, être exposé aux traits de l’envie, de la médisance. Expositus ad invidiam, maledicentiam. Dès que l’on est trop sensible, on ne peut plus compter sur son repos, & l’on est en butte à tous ceux qui nous veulent chagriner. Bell. Le bien est en butte à ceux qui ne le font pas. Abb. d. l. Tr.

Cet illustre affligé ne veut pas dans sa chute,
Laisser à tant de maux tant de peuples en butte. Breb.

Butte, en Architecture. Voy. Buttée.

Butte. Terme de Jardinier. Motte de terre qu’on éleve au pied d’un arbre nouvellement planté pour l’affermir, ou dans laquelle on plante l’arbre. Tumulus, tuberculum. Planter des arbres en butte, c’est les planter non pas dans un trou creusé au-dessous de la superficie, mais dans une motte ou élévation de terre que l’on fait exprès au-dessus de la superficie, afin de les y planter. In tumulis conserere, plantare. Cela se pratique à l’égard des petits arbres que l’on plante dans une terre trop humide, ou qui n’est pas encore égalée & mise de niveau avec le reste du terrein. La Quint. Il se dit aussi d’un amas de terre, ou de fumier, dont on couvre une plante, ou une herbe pendant l’hiver, pour la garantir de la gelée. Voyez Butter, Jardinage.

BUTTÉE. s. f. Terme de Maçonnerie. Massif de pierres dures, qui aux deux extrémités d’un pont, soutient la chaussée & résiste à la poussée des arcades. Moles faxea. On l’appelle aussi butte & culée.

☞ BUTTER. v. a. Terme d’Architecture & de maçonnerie. Butter un mur, une voûte, c’est soutenir un mur ou une voûte par le moyen d’un pilier boutant, d’un arc boutant, pour les empêcher de s’écarter ; empêcher la poussée d’un mur, ou l’écartement d’une voûte par le moyen d’un arc ou pilier boutant ; appuyer les reins d’une voûte par quelque contrefort. Fulcire. Il faut butter ce mur.

Butter un arbre en termes de Jardinage, c’est le garnir de mottes de terres autour du pied pour le soutenir : ce qui se pratique surtout à l’égard des arbres de tige nouvellement plantés, que le vent pourroit renverser sans cette précaution.

☞ On butte encore les arbres, c’est-à-dire qu’on les contient avec de la terre amassée autour du pied, pour les garantir d’une trop grande humidité dans les terres fraîches, ou dans une terre qui n’est pas encore mise de niveau avec le reste du terrein.

Butter une Plante, c’est la couvrir de terre ou de fumier pour la garantir de la gelée pendant l’hiver.

☞ On butte aussi le céleri, les Cardes d’Artichauts &c, c’est-à-dire qu’on les entoure de terre, pour les faire blanchir.

Butter des terres, c’est les mettre en petites buttes, pour faire plus facilement écouler les eaux.

Butter un jalon, chez les Arpenteurs, c’est le mettre à la hauteur du nivellement par le moyen de la terre qu’on rapporte au pied.

BUTTIÈRE, adj. f. qui se joint avec le mot arquebuse. Arquebuse butière, espèce d’arquebuse dont on se sert pour tirer au blanc, au but. Elle ne diffère des autres qu’en ce qu’elle est plus grande & plus pesante. Les Chevaliers de l’arquebuse se servent de buttières pour tirer l’oiseau & le prix.

☞ BUTTIMAN. s. m. Poids d’usage en Perse, d’environ vingt-cinq livres.

BUTU. adj. m. Les chèvres de la Thébaïde sont grandes comme les nôtres, avec les oreilles de la grandeur d’un chien couchant bien coëffé, le visage très-agréable, avec un nez butu, très-butu comme… je voudrois bien vous donner une comparaison, mais vous savez que nous ne connoissons point de nez de perroquet. Abbé de Chaulieu, p. 241 du 2 tom. de ses œuvres in-80 Amst. 1733.

BUTURE. s. f. Terme de Chasse. Grosseur qui survient à la jointure au-dessus du pied du chiens de chasse, de sorte qu’il lui tombe des glaires qui le rendent boiteux : ce qui arrive souvent par quelque pigure d’épine.Tumor. On appelle un chien attaqué de ce mal un chien buté.

☞ BUTYREUX, EUSE. Voyez Butireux.

☞ BUTZAW. Ville d’Allemagne, dans la basse Saxe, au Duché de Merckelbourg, dans l’ancien état de l’évêque de Schwerin.

☞ BUTZBAXH. Petite ville d’Allemagne, dans la Wétéravie, dans le Comté de Solins, entre Francfort & Giesen.

BUV.

BUVABLE. adj. m. & f. Qui se peut boire. Ce vin là sera bon, mais il n’est pas encore buvable. Il est familier.

BUVANDE. s. f. A la Campagne on appelle ainsi la liqueur qu’on exprime du raisin, quand on en a tiré le vin. On verse sur le marc de l’eau, on fait agir le pressoir, & la liqueur qu’on en exprime s’appelle buvande, parce que les gens de la campagne en font leur boisson. Les Villageois font aussi de la buvande, en mettant dans une barrique des raisons, cormes, pruneaux, pommes ou poires, sur lesquels ils mettent de l’eau. On l’appelle autrement piquette ou de la boisson.

BUVANT, ANTE. part. Qui boit, ou qui est en état de boire. bibens. Cet homme a sept enfans, tous biens buvans & bien mangeans, qui se portent bien.

BUVEAU. s. m. Voyez Beveau

☞ BUVERIE. s. f. Vieux mot, c’est la même chose que Beuverie.

BUVETIER. s. m. Celui qui tient la buvette en plusieurs Juridictions. Qui potum præbet.

Elle eut du Buvetier emporté les serviettes,
Plutôt que de rentres au logis les mains nettres. Racin.

BUVETTE. s. f. Lieu établi dans toutes les Cours & Juridictions, où les Conseillers vont se rafraîchir, déjeûner & faire la colltion. Locus potioni destinatus.

Thémis inspire à la Buvette
Aux Magistrats la plus droite équité ;
A l’audience on vous répéte
Plus d’un arrêt que Bacchus a dicté.

Ce mot signifie aussi un régal qu’on fait dans les cabarets, ou autres lieux, entre amis qui se veulent réjouir. Compotatio. Mais en ce sens il n’est presque usité qu’au pluriel, & seulement dans le style simple & familier. Il est défendu par les statuts des Métiers de Paris, de faire des buvettes pour la réception d’un apprenti.

BUVEUR. s. m. Dans un sens général, celui qui boit. On dit en ce sens, vin qui rappelle son buveur, en parlant d’un vin agréable, qui invite celui qui en a bu à en boire plus d’une fois. Potator.

Buveur se dit plus souvent dans un sens odieux, de celui qui aime le vin, qui est accoutumé à en boire beaucoup. Vinipotor, ou vinipotator, vinosus. Tous les peuples du Septentrion sont de grands buveurs. Bacchus étoit le Dieu des buveurs chez les Païens. Horace a dit que les buveurs d’eau ne sont jamais que de méchans vers. S. Evr. On appelle un buveur d’eau, celui qui ne boit que de l’eau ou du vin fort trempé. Hydropotes.

Les Anatomistes appellent aussi Buveur, le troisième muscle de l’œil qui sert à le faire mouvoir du côté du nez, parce que c’est un mouvement qui se fait d’ordinaire quand on boit. M. Dionos le nomme aussi adducteur, & liseur.

BUVOTTER. v. n. Boire à petits coups réitérés. Sorbillare, pitissare. Ils passent ensemble des journées entières à buvotter. Il est familier.

BUY.

BUYE. s. f. Vieux mot qui signifie une cruche, ou vaisseau à mettre de l’eau. On dit aujourd’hui Buire. Hydria, urceus.

☞ BUYGEN ou BUGEN. Royaume le plus septentrional de l’Île de Ximo au Japon, dont la Capitale est Kokura.

BUYO. s. m. Terme de Botanique. Nard. Antoine Reche parle de trois plantes dans son Livre VIe, c. 37, qu’il nomme Buyo. Ce sont sans doute les mêmes que la queue de Renard. Saururus. Il leur donne presque les mêmes qualités & effets. Plumier.

☞ BUYTRAGO, ou BUTRAGO. Petite ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, aux confins de la vieille.

BUZ.

BUZANÇAIS ou BUZENÇOIS. Buzencæum. Ville de France en Berry. Ce mot st écrit dans Moreris, Buzenzais : cela est mal ; car on prononce Buzencès.

☞ BUZARD. s. m. Voyez Buse.

BUZE. s. f. C’est le nom qu’on donne aux tuyaux des soufflets. On les fait de fer, de cuivre, d’argent, & quelquefois de bois. Les buzes de ces soufflets furent faites avec des canons de pistolets. L’Abbé Desfontaines.

Buze, Terme de Marine, flibot, petit bâtiment. Voyez Buche

Buze, terme de mineur. Voyez Buse

☞ BUZET. Petite vile de France, dans le Languedoc, sur le Tarn, Diocèse de Toulouse.

☞ Il y a encore un bourg de ce nom dans le Bazadois, auprès de l’embouchure de la Blaise, dans la Garonne.

BYA.

BYARIS. s. m. Espèce de baleine, ainsi nommée par les Basques, & Cachelot par ceux de S. Jean de Luz. Quelques-uns croient que c’est le mâle de la baleine. Cetus, cetus mas. C’est de la cervelle de byaris, que se fait le blanc de baleine.

☞ BYCHOW. Petite ville de Lithuanie, au Palatinat de Mscislaw, sur le Nieper, entre Mohilow & Rohaczow.

☞ BYDGOST. Petite ville de Pologne, dans la Prusse Royale, la même que Bromsberg.

BYG.

BYGOIS. s. f. Nymphe d’Etrurie, qui avoit écrit des foudres, & dont les livres Etruriens des Aruspices, les livres fulgureux & leurs Rituels parloient. Servius & Cireron en font aussi mention.

BYS.

BYSANTIN. Voyez Byzantin.

BYSSE. Terme de blâson. Voyez Bisse.

BYSSE. s. m. C’est le nom de la soie dont les Anciens s’habilloient, Byssus. Elle étoit si différente de celle dont on se sert aujourd’hui, qu’on ne doit pas confondre deux choses si différentes sous un même nom. En Egypte & en Syrie on portoit du fin lin, & du bysse. Fleuri.

Le mot de bysse n’est guère en usage. Les Interprètes de l’Ecriture expliquent communément le mot byssus, qui vient du grec βύσσος, par fin lin, tant dans l’ancien que dans le nouveau Testament au ch. 16 de S. Luc 19, où il est dit dans notre édition latine au texte grec, du mauvrais riche induebatur purpurà & bysso : Mrs de Port-Royal ont traduit, qui étoit vêtu de pourpre & de lin ; ce qui n’exprime pas assez la propriété du mot byssus qui signifie quelque chose qui est plus que de simple lin. Les Pères Jésuites ont traduit, qui s’habilloit d’écarlate & de toile fine. Le P. Amelote, qui a voulu s’accommoder à nos usages, a mis dans sa version, qu’il étoit vêtu de pourpre & de soie. On lit de la même manière dans la traduction de Calvin, & dans l’espagnole imprimée à Venise en 1556 : mais byssus étoit autre chose que notre soie, comme on le peut prouver évidemment par un grand nombre d’anciens Ecrivains, & entre autres par Pollus, Liv. VII de son Onomast. ch. 17. M. Simon a traduit plus à la lettre, qui se vêtoit de pourpre & de fin lin, avec cette note : Il y avoit une espèce de fin lin qui étoit fort cher, & dont les plus grands Seigneurs se vêtoient en ce pays là & dans Egypte. ce Riche en avoit un habit de couleur de pourpre. Cela s’accorde parfaitement avec le Lexicon de Hésychius. Bochat a aussi remarqué dans son Plaleg, Liv. III, ch. 4 que ce qu’on appelle byssus étoit un lin fort délié, qui étoit souvent teint en pourpre. Pline assure que le bysse étoit une espèce de lin très-fin. Pausanias dit la même chose ; il remarque que dans toute la Grèce il ne croissoit de bysse qu’en Elide. Il faut qu’il y eût deux sortes de bysses, l’un beaucoup plus fin que l’autre ; car Bonfrétius remarque que de deux mots hébreux qui signifient bysse, il y en a un qui est toujours employé dans l’Ecriture quand il est parlé des vêtemens des Prêtres, & l’autre quand il est parlé des vêtemens des Lévites : cette conjecture paroît fort vraisemblable. Leidekker croit que le bysse étoit un lin fort fin & fort blanc.

☞ M. de Fleuri prétend que le bysse, ou byssus, étoit une soie d’un jaune doré qui provenoit de certains coquillages de mer.

☞ Aristore parle d’un byssus, tiré des pines-marines, & nomme ainsi la soie de ces coquilles.

☞ Le byssus des anciens, n’étoit peut-être qu’un terme générique, qui s’appliquoit à toutes les matières qui se filoient, & qui étoient plus précieuses que la laine.

BYZ.

BYZACÈNE, que quelques-uns écrivent BISACÈNE, ou BIZACÈNE. s. f. Byzacium, Byzacenus ager, Byzacena Provincia. Ancienne province de l’Afrique propre, dont la capitale étoit Adruméte. C’est maintenant la partie méridionale du Royaume de Tunis. La Byzacène étoit un pays très-fertile, comme on le peut voir dans Pline, Liv. XVII, ch. 5, Liv. XVIII, ch. 10 ; dans Varron, De Re Rustica, Lib. I, C. 44 & dans Silius Italic. L. IX, v. 204, où on lit communément Buxencia, au lieu de Byzacia. Cette fertilité peu commune a fait croire à Bochart dans son Phaleg, L. I, C. 25 que ce mot venoit du Phénicien ביזא, mammelle. Il confirme la conjecture par l’usage des autres langues, qui se servent du terme qui signifie mammell, pour marquer la fertilité ; témoin Homère, Iliad. I, 141, 1 Virgile 2 Gerog. v. 185, Procope parle d’une ville de la Byzacène nommée Mamma. La Byzacène fut aussi dans la suite une province Ecclésiastique.

BYZANCE. Ville très-ancienne, capitale de la Thrace. Byzantium. On ne sait pas au juste quel est le fondateur, ou l’origine & le commencement de cette ville. Plusieurs Historiens disent que ce sont les Lacédémoniens qui l’ont bâtie. Justin, Liv. IX, ch. 1 en fait honneur à Pausanias, Roi de Sparte. Isidore a copié Justin ; mais le P. Cantel, dans ses notes sur Justin, prétend que c’est là une erreur grossière de cet Historien, & que le fondateur de Byzance est Byzes ou Byzas, Général des Mégariens. C’est aussi le sentiment d’Eustathius dans ses notes sur le Géographe Denys, v. 800 & 801, où l’on pourra remarquer qu’en corrigeant Justin, le P. Cantel, s’est aussi trompé ; car il ne fait qu’un seul homme de Byzes ou Byzas, Général des Mégariens, au lieu qu’Eustathius distingue Byzes de Byzas ; & selon lui Byzas étoit fils de Céroësse, fille d’Io, & Byses étoit un Mégarien, qui conduisit-là une Colonie de ses Compatriotes, qui y bâtirent une ville, qu’ils nommerent Byzance, du nom de leur Chef. Au reste, il semble qu’il faut plutôt appeler ce fondateur Byzas que Byzes ; car les médailles de Byzance ont quelquefois d’un côté une tête d’homme avec ce mot pour légende, ΒΥΣΑΣ. Au revers une proue de vaisseau ΒΥΣΑΝΤΙΩΝ. Cette inscription du revers montre que ceux-là se trompent, qui, au rapport d’Eustathius au même endroit, disent que le nom grec de cette ville doit s’écrire par un ει, ΒΥΣΑΝΤΕΙΩΝ, & que Denys contre l’usage, & pour faire son vers avoit retranché l’ε en disant βυζάντιων. Au temps de Pline c’étoit une ville libre, & cet Auteur ajoute, Liv. IV, ch. 11, qu’avant de s’appeler Byzance, son nom étoit Lygos. eustathius dit que Sévère la nomma Antonia. Ensuite Constantin y ayant transporté le siège de l’Empire au commencement du IVe siècle, il lui donna son nom, & ce fut désormais Constantinople, ou la nouvelle Rome. Enfin, les Turcs qui la prirent l’an 1453, ont fait de Constantinople Stamboul. Elle est située sur le bosphore de Thrace, ou canal de la mer noire, sur une langue de terre qui s’avance vers l’Anatolie, dont elle n’est séparée que par un canal large d’un mille. Ce promontoire s’appeloit autrefois Chrysoceras, corne d’or. Dion dans Sévère, & Zonaras dans son histoire, ont donné la description de Byzance. Voyez encore les deux Tomes d’anciens morceaux de l’histoire de Constantinoplie que le P. Banduri a fait imprimer, & Petrus Gillius, De Topographia Constantinopoleos. Pline dit quel le premier nom de Byzance fut Ligos ; Hérodote & les autres anciens ne lui en donnent point d’autre que celui de Byzance, & quelques-uns croient que les Mégariens la bâtirent dix-sept ans après Calcédoine. Quant à moi, je serois plus volontiers de cette opinion que de celle de Justin, qui veut que Pausanias, Roi de Sparte, en soit le fondateur ; car il est constant, selon Thucydide, que lorsque ce Général Lacédémonien la prit sur les Perses, il y avoit déjà 30 ans qu’ils s’en étoient rendus maîtres, après que Darius eut passé le Bosphore pour aller contre les Scythes. Du Loir, p. 40.

Il y a eu deux autres Villes de ce nom, l’une que Ptolémée place dans l’Inde en deça du Gange ; & l’autre qu’Eustathius, à l’endroit que j’ai cité, place en Libye.

BYZANTIN, INE. adj. Qui est de Byzance, c’est-à-dire, de Constantinople. Byzantinus, Byzantius. Plusieurs personnages célèbres dans l’antiquité ont porté le surnom de Byzantin. Etienne Byzantin, Auteur d’un Dictionnaire Géographique en grec. Léon Byzantin, Théodore Byzantin, disciples de Platon l’un & l’autre ; Théodore Byzantin, Hérétique du IIe siècle, qui après avoir apostasié par la crainte de la persécution, se fit Hérétique, & nia la divinité de J. C. Cepandant en ces occasions on dit plutôt de Byzance que Byzantin. Etienne de Byzance, Théodore de Byzance, &c. Philippe ayant assiégé les Byzantins, fut obligé de lever le siège pour aller faire la guerre aux Scythes. Il ne faut pas toujours dire Byzantin, l’usage veut que l’on dise quelquefois de Byzance ; par exemple : on ne dit point, Etienne Byzantin, mais Etienne de Byzance, Auteur du livre Περὶ πολέων, De Urbibus. On dit l’histoire Byzantine, & non pas de Byzance.

Histoire Byzantine. Corps d’Histoire de Constantinople, imprimé à Paris au XVIIe siècle.

Byzantin, ou Turc. s. m. Terme de Fleuriste. Sorte d’Anémone. Anemone Byzantina, ou Turcica. Le Turc, ou Byzantin est couleur de rose. Anemone roseo colore. Chom.

☞ BZO. Ville d’Afrique, au Royaume de Maroc dans la Province de Hascore. Marmot l’appelle Bizu.