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admis d’avoir l’entrée libre ; il faut pour être reçû du cérémonial. Le premier est une faveur accordée par les personnes qui composent la société, en conséquence de ce qu’elles vous jugent propre à participer à leurs desseins, à goûter leurs occupations, & à augmenter leur amusement ou leur plaisir. Le second est une opération par laquelle on acheve de vous donner une entiere possession, & de vous installer dans la place que vous devez occuper en conséquence d’un droit acquis, soit par bienfait, soit par élection, soit par stipulation.

Ces deux mots ont encore dans un usage plus ordinaire, une idée commune qui les rend synonymes. Il ne faut alors chercher de différence entr’eux, qu’en ce qu’admettre semble supposer un objet plus intime & plus de choix ; & que recevoir paroît exprimer quelque chose de plus extérieur & de moins libre. C’est par cette raison qu’on pourroit dire que l’on est admis à l’Académie Françoise, & qu’on est reçû dans les autres Académies. On admet dans sa familiarité & dans sa confidence ceux qu’on en juge dignes ; on reçoit dans les maisons & dans les cercles ceux qu’on y présente ; où l’on voit que recevoir dans ce sens n’emporte pas une idée de précaution qui est attachée à admettre. Le Ministre étranger est admis à l’audience du Prince, & le Seigneur qui voyage est reçû à sa Cour.

Mieux l’on veut que les sociétés soient composées, plus l’on doit être attentif à en bannir les esprits aigres, inquiets, & turbulens, quelque mérite qu’ils aient d’ailleurs ; à n’y admettre que des gens d’un caractere doux & liant. Quoique la probité & la sagesse fassent estimer, elles ne font pas recevoir dans le monde ; c’est la prérogative des talens aimables & de l’esprit d’agrément.

* ADMETE, s. f. (Myth.) une des Nymphes Océanides.

ADMINICULE, s. m. en droit, est ce qui forme un commencement de preuve, ou une preuve imparfaite ; une circonstance ou une conjecture qui tend à former ou à fortifier une preuve.

Ce mot vient du Latin adminiculum, qui signifie appui, échalas.

Les Antiquaires se servent du mot adminicules, pour signifier les attributs ou ornemens avec lesquels Junon est représentée sur les médailles. Voyez Attribut & Symbole. (H)

ADMINISTRATEUR, s. m. (Jurisprud.) est celui qui régit un bien comme un tuteur, curateur, exécuteur testamentaire. Voyez Administration, Exécuteur testamentaire. Les peres sont les administrateurs nés de leurs enfans.

On appelle singulierement administrateurs, ceux qui régissent les biens des Hôpitaux. Voyez Hôpital.

Si une femme est chargée d’une administration, on l’appelle administratrice, & elle est obligée à rendre compte comme le feroit l’administrateur (H)

ADMINISTRATION, s. f. (Jurisprud.) est la gestion des affaires de quelque particulier ou communauté, ou la régie d’un bien. Voyez Gouvernement, Régie.

Les Princes indolens confient l’administration des affaires publiques à leurs Ministres. Les guerres civiles ont ordinairement pour prétexte la mauvaise administration, ou les abus commis dans l’exercice de la Justice, &c.

Administration se dit singulierement de la direction des biens d’un mineur, ou d’un interdit pour fureur, imbécilité, ou autre cause, & de ceux d’un Hôpital ; par un tuteur, un curateur, ou un administrateur. Voyez Mineur, Pupille, Tuteur, Curateur, Administrateur , &c.

Administration se dit aussi des fonctions ecclé-

siastiques. C’est au Curé qu’appartient exclusivement à tout autre, l’administration des Sacremens

dans sa Paroisse, Voyez Curé, Paroisse, &c. On doit refuser l’administration des Sacremens aux excommuniés. Voyez Excommunication.

En matiére bénéficiale, on distingue deux sortes d’administration, l’une au temporel, & l’autre au spirituel. Celle-ci consiste dans le pouvoir d’excommunier, de corriger, de conférer les bénéfices : l’autre dans l’exercice des droits & prérogatives attachées au bénéfice. Voyez Temporalité.

Administration s’emploie aussi au Palais comme synonyme à fournissement : ainsi l’on dit administrer des témoins, des moyens, des titres, des preuves. (H)

ADMIRABLE, adject. (Medecine.) épithete que des Chimistes ont donnée, par hyperbole, à quelques-unes de leurs compositions ; tel est le sel admirable de Glauber. On l’a appliquée généralement à toutes les pierres factices & medicinales : en voici une dont M. Lemeri donne la description à cause de ses grandes qualités.

Pulvérisez, mêlez ensemble du vitriol blanc, 18 onces ; du sucre fin, du salpetre, de chacun 9 onces ; de l’alun, 2 onces ; du sel ammoniac, 8 gros ; du camphre, 2 onces. Mettez le mêlange dans un pot de terre vernissé ; humectez-le en consistance de miel avec de l’huile d’olive ; puis mettez sur un petit feu, faites dessécher doucement la matiere jusqu’à ce qu’elle ait pris la dureté d’une pierre ; gardez-la couverte, car elle s’humecte aisément.

On observera de modérer le feu dans cette opération, à cause de la volatilité du camphre : mais quelque soin que l’on y apporte, il s’en dissipe toûjours une grande quantité. On en ajoûtera à cause de cela quelques grains dans la pierre, lorsqu’on s’en servira.

Cette pierre est détersive, vulnéraire, astringente ; elle résiste à la gangrene, arrête le sang, étant appliquée seche ou dissoute : on l’emploie dans les cataractes en collyre, contre les ulceres scorbutiques. On ne s’en sert qu’à l’extérieur. (N)

ADMIRATIF, adj. m. (Gramm.) comme quand on dit un ton admiratif, un geste admiratif ; c’est-à-dire, un ton, un geste, qui marque de la surprise, de l’admiration ou une exclamation. En terme de Grammaire, on dit un point admiratif, on dit aussi un point d’admiration. Quelques-uns disent un point exclamatif ; ce point se marque ainsi !. Les Imprimeurs l’appellent simplement admiratif, & alors ce mot est substantif masculin, ou adjectif pris substantivement, en sous-entendant point.

On met le point admiratif après le dernier mot de la phrase qui exprime l’admiration : Que je suis à plaindre ! Mais si la phrase commence par une interjection, ah, ou ha, hélas, quelle doit être alors la ponctuation ? Communement on met le point admiratif d’abord après l’interjection : Hélas ! petits moutons, que vous êtes heureux. Ha ! mon Dieu, que je souffre : mais comme le sens admiratif ou exclamatif ne finit qu’avec la phrase, je ne voudrois mettre le point admiratif qu’après tous les mots qui énoncent l’admiration. Hélas, petits moutons, que vous êtes heureux ! Ha, mon Dieu, que je souffre ! Voyez Ponctuation. (F)

* ADMIRATION, s. f. (Morale.) c’est ce sentiment qu’excite en nous la présence d’un objet, quel qu’il soit, intellectuel ou physique, auquel nous attachons quelque perfection. Si l’objet est vraiment beau, l’admiration dure ; si la beauté n’étoit qu’apparente, l’admiration s’évanoüit par la réflexion ; si l’objet est tel, que plus nous l’examinons, plus nous y découvrons de perfections, l’admiration augmente. Nous n’admirons gueres que ce qui est au-dessus