Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nos forces ou de nos connoissances. Ainsi l’admiration est fille tantôt de notre ignorance, tantôt de notre incapacité : ces principes sont si vrais, que ce qui est admirable pour l’un, n’attire seulement pas l’attention d’un autre. Il ne faut pas confondre la surprise avec l’admiration. Une chose laide ou belle, pourvu qu’elle ne soit pas ordinaire dans son genre, nous cause de la surprise ; mais il n’est donné qu’aux belles de produire en nous la surprise & l’admiration : ces deux sentimens peuvent aller ensemble & séparément. Saint-Evremond dit que l’admiration est la marque d’un petit esprit : cette pensée est fausse ; il eût fallu dire, pour la rendre juste, que l’admiration d’une chose commune est la marque de peu d’esprit : mais il y a des occasions où l’étendue de l’admiration est, pour ainsi-dire, la mesure de la beauté de l’ame & de la grandeur de l’esprit. Plus un être créé & pensant voit loin dans la nature, plus il a de discernement, & plus il admire. Au reste il faut un peu être en garde contre ce premier mouvement de notre ame à la présence des objets ; & ne s’y livrer que quand on est rassûré par ses connoissances, & surtout par des modeles auxquels on puisse rapporter l’objet qui nous est présent. Il faut que ces modeles soient d’une beauté universellement convenue. Il y a des esprits qu’il est extrèmement difficile d’étonner ; ce sont ceux que la Métaphysique a élevés au-dessus des choses faites ; qui rapportent tout ce qu’ils voyent, entendent, &c. au possible, & qui ont en eux-mêmes un modele idéal au-dessous duquel les êtres créés restent toûjours.

ADMISSIBLE, adj. (en Droit) qui mérite l’admission. Voyez ci-dessous Admission.

ADMISSION, s. f. (Jurisprud.) action par laquelle quelqu’un est admis à une place ou dignité.

Ce terme se dit spécialement de la reception aux Ordres, ou à quelque degré dans une Faculté ; & le billet des Examinateurs en faveur du Candidat, s’appelle admittatur, parce que l’admission est exprimée par ce terme latin. Voyez Candidat.

Admission se dit aussi au Palais, des preuves & des moyens, qui sont reçûs comme concluans & pertinens. (H)

* ADMITTATUR, terme latin, s. m. (Hist. mod.) billet qu’on accorde après les examens ordonnés à ceux qui se présentent aux Ordres, à certaines dignités, aux degrés d’une Faculté, &c. lorsqu’ils ont été trouvés dignes d’y être admis.

ADMODIATEUR, ou AMODIATEUR, s. m. (Jurisprud.) Fermier qui tient un bien à titre d’admodiation. Voyez ci-dessous Admodiation.

ADMODIATION, ou AMODIATION, s. f. (Jurisprud.) terme de Coûtumes, usité en quelques Provinces pour signifier un bail, dont le prix se paye en fruits par le Fermier, lequel en retient moitié, ou plus ou moins, pour son exploitation. Amodiation est aussi synonyme en quelques endroits à bail à ferme, & se dit du bail même, dont le prix se paye en argent.

ADMONESTER, v. a. terme de Palais, c’est faire une légere correction verbale en matiere de délit. Voyez Admonition.

ADMONITION, s. f. terme de Palais, est une remontrance que fait le Juge en matiere de délit au délinquant, à qui il remontre sa faute, & l’avertit d’être plus circonspect à l’avenir.

L’admonition est moindre que le blâme, & n’est pas flétrissante, si ce n’est qu’elle soit suivie d’amende ; elle se joint le plus ordinairement avec l’aumone, & se fait à huis clos.

Le terme d’admonition s’emploie aussi en matiere ecclésiastique, & alors il est synonyme à monition. Voyez ce dernier. (H)

ADNATA, adj. f. pris subst. en Anatomie, est une

membrane épaisse & blanche, qui enveloppe le globe de l’œil, & qui en forme la tunique externe. On l’appelle en françois conjonctive. Voyez Tunique & Conjonctive. (L)

* ADOD, s. (Myth.) nom que les Phéniciens donnoient au Maître des Dieux.

ADOLESCENCE, s. f. (Physiolog.) est le tems de l’accroissement dans la jeunesse ; ou l’âge qui suit l’enfance, & qui se termine à celui où un homme est formé. Voyez Accroissement & Age. Ce mot vient du latin adolescere, croître.

L’état d’adolescence dure tant que les fibres continuent de croître & d’acquérir de la consistance. Voyez Fibre.

Ce tems se compte ordinairement depuis quatorze ou quinze ans jusqu’à vingt-cinq, quoique, selon les différentes constitutions, il puisse durer plus ou moins.

Les Romains l’appliquoient indistinctement aux garçons & aux filles ; & le comptoient depuis douze ans jusqu’à vingt-cinq pour les uns, & depuis douze jusqu’à vingt-un pour les autres. Voyez Puberté, &c.

Souvent même leurs Écrivains employoient indifféremment les termes de juvenis & adolescens pour toutes sortes de personnes en deçà de quarante-cinq ans.

Lorsque les fibres sont arrivées à un degré de consistance & de tension suffisant pour soûtenir les parties, la matiere de la nutrition devient incapable de les étendre davantage, & par conséquent elles ne sauroient plus croître. Voyez Mort. (H)

* ADOM ou ADON, (Géog. mod.) contrée qui borne la côte d’or de Guinée en Afrique.

* ADONAI, s. m. (Théol.) est, parmi les Hébreux, un des noms de Dieu, & signifie Seigneur. Les Massoretes ont mis sous le nom que l’on lit aujourd’hui Jehova, les points qui conviennent aux consonnes du mot Adonaï, parce qu’il étoit défendu chez les Juifs de prononcer le nom propre de Dieu, & qu’il n’y avoit que le Grand-Prêtre qui eût ce privilége, lorsqu’il entroit dans le Sanctuaire. Les Grecs ont aussi mis le mot Adonaï à tous les endroits où se trouve le nom de Dieu. Le mot Adonaï est dérivé d’une racine qui signifie base & fondement, & convient à Dieu, en ce qu’il est le soûtien de toutes les créatures, & qu’il les gouverne. Les Grecs l’ont traduit par κύριος, & les Latins par Dominus. Il s’est dit aussi quelquefois des hommes, comme dans ce verser du Pseaume 104. Constituit eum Dominum domûs suæ, en parlant des honneurs auxquels Pharaon éleva Joseph, où le texte hébreu porte : Adonaï. Genebrard, le Clerc, Cappel, de nomine Dei Tetragramm. (G)

ADONER, ADONE, terme de Marine, on dit le vent-adone, quand après avoir été contraire, il commence à devenir favorable, & que des rumbs ou airs de vent les plus prêts de la route qu’on doit faire, il se range vers les rumbs de la bouline, & du vent largue. Voyez Bouline. (Z)

* ADONÉE, (Myth.) nom que les Arabes donnoient au Soleil & à Bacchus, qu’ils adoroient. Ils offroient au premier tous les jours de l’encens & des parfums.

ADONIES, ou FESTES ADONIENNES, sub. f. (Myth.) qu’on célébroit anciennement en l’honneur d’Adonis favori de Venus, qui fut tué à la chasse par un sanglier dans les forêts du Mont Liban. Ces fêtes prirent naissance en Phénicie, & passerent delà en Grece. On en faisoit de semblables en Egypte en mémoire d’Osiris, Voici ce que dit Lucien de celles de Byblos en Phénicie : « Toute la Ville au jour marqué pour la solemnité, commençoit à prendre le deuil, & à donner des marques publiques