Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ture, qui est devenue en peu de tems très-fréquentée. M. Blondel, outre l’Architecture qu’il y enseigne à ses éleves, fait professer dans cette école par des hommes habiles les parties des Mathématiques, de la Fortification, de la Perspective, de la Coupe des Pierres, de la Peinture, de la Sculpture, &c. relatives à l’art de bâtir. On ne pouvoit donc, à toutes sortes d’égards, faire un meilleur choix pour l’Encyclopédie.

M. Rousseau de Genêve, dont nous avons déjà parlé, & qui possede en Philosophe & en homme d’esprit la théorie & la pratique de la Musique, nous a donné les articles qui concernent cette Science. Il a publié il y a quelques années un Ouvrage intitulé, Dissertation sur la Musique moderne. On y trouve une nouvelle maniere de noter la Musique, à laquelle il n’a peut-être manqué pour être reçûe, que de n’avoir point trouvé de prévention pour une plus ancienne.

Outre les Savans que nous venons de nommer, il en est d’autres qui nous ont fourni pour l’Encyclopédie des articles entiers & très-importans, dont nous ne manquerons pas de leur faire honneur.

M. Le Monnier des Académies royales des Sciences de Paris & de Berlin, & de la Société royale de Londres, & Medecin ordinaire de S. M. à Saint-Germain-en-Laye, nous a donné les articles qui concernent l’Aimant & l’Electricité, deux matieres importantes qu’il a étudiées avec beaucoup de succès, & sur lesquelles il a donné d’excellens mémoires à l’Académie des Sciences dont il est membre. Nous avons averti dans ce volume que les articles Aimant & Aiguille aimanté sont entierement de lui, & nous ferons de même pour ceux qui lui appartiendront dans les autres volumes.

M. de Cahusac de l’Académie des Belles-Lettres de Montauban, Auteur de Zeneïde que le Public revoit & applaudit si souvent sur la scene Françoise, des Fêtes de l’Amour & de l’Hymen, & de plusieurs autres Ouvrages qui ont eu beaucoup de succès sur le Théatre lyrique, nous a donné les articles Ballet, Danse, Opéra, Décoration, & plusieurs autres moins considérables qui se rapportent à ces quatre principaux ; nous aurons soin d’avertir chacun de ceux que nous lui devons. On trouvera dans le second volume l’article Ballet qu’il a rempli de recherches curieuses & d’observations importantes ; nous espérons qu’on verra dans tous l’étude approfondie & raisonnée qu’il a faite du Théatre lyrique.

J’ai fait ou revû tous les articles de Mathématique & de Physique, qui ne dépendent point des parties dont il a été parlé ci-dessus ; j’ai aussi suppléé quelques articles, mais en très-petit nombre, dans les autres parties. Je me suis attaché dans les articles de Mathématique transcendante à donner l’esprit général des méthodes, à indiquer les meilleurs Ouvrages où l’on peut trouver sur chaque objet les détails les plus importans, & qui n’étoient point de nature à entrer dans cette Encyclopédie ; à éclaircir ce qui m’a paru n’avoir pas été éclairci suffisamment, ou ne l’avoir point été du tout ; enfin à donner, autant qu’il m’a été possible, dans chaque matiere, des principes métaphysiques exacts, c’est-à-dire, simples. On peut en voir un essai dans ce volume aux articles Action, Application, Arithmétique universelle, &c.

Mais ce travail, tout considérable qu’il est, l’est beaucoup moins que celui de M. Diderot mon collegue. Il est auteur de la partie de cette Encyclopédie la plus étendue, la plus importante, la plus desirée du Public, & j’ose le dire, la plus difficile à remplir ; c’est la description des Arts. M. Diderot l’a faite sur des mémoires qui lui ont été fournis par des ouvriers ou par des amateurs, dont on lira bien-tôt les noms, ou sur les connoissances qu’il a été puiser lui-même chez les ouvriers, ou enfin sur des métiers qu’il s’est donné la peine de voir, & dont quelquefois il a fait construire des modeles pour les étudier plus à son aise. À ce détail qui est immense, & dont il s’est acquitté avec beaucoup de soin, il en a joint un autre qui ne l’est pas moins, en suppléant dans les différentes parties de l’Encyclopédie un nombre prodigieux d’articles qui manquoient. Il s’est livré à ce travail avec un desintéressement qui honore les Lettres, & avec un zele digne de la reconnoissance de tous ceux qui les aiment ou qui les cultivent, & en particulier des personnes qui ont concouru au travail de l’Encyclopédie. On verra par ce volume combien le nombre d’articles que lui doit cet Ouvrage est considérable. Parmi ces articles, il y en a de très-étendus, comme Acier, Aiguille, Ardoise, Anatomie, Animal, Agriculture, &c. Le grand succès de l’article Art qu’il a publié séparément il y a quelques mois, l’a encouragé à donner aux autres tous ses soins ; & je crois pouvoir assûrer qu’ils sont dignes d’être comparés à celui-là, quoique dans des genres différens. Il est inutile de répondre ici à la critique injuste de quelques gens du monde, qui peu accoûtumés sans doute à tout ce qui demande la plus légere attention, ont trouvé cet article Art trop raisonné & trop métaphysique, comme s’il étoit possible que cela fût autrement. Tout article qui a pour objet un terme abstrait & général ne peut être bien traité sans remonter à des principes philosophiques, toûjours un peu difficiles pour ceux qui ne sont pas dans l’usage de réfléchir. Au reste, nous devons avoüer ici que nous avons vû avec plaisir un très-grand nombre de gens du monde entendre parfaitement cet article. À